Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) trouvant personne qui consente à le recevoir. 1 » Cette vie errante ne le détourne pas de l’apostolat. Au témoignage du père Amiot, il fait dans sa mission des fruits nombreux. La persécution s’étant un peu ralentie, il reprend le cours de ses travaux dans le p.027 Ho-nan et le Kon-tcheng. C’est dans cette dernière province qu’il fut arrêté en 1784. Octogénaire, aveuglé, accablé d’infirmités, il fut envoyé à Pékin pour y être jugé. Mais il ne put résister à la fatigue du voyage et succomba dans les fers, en route, disent les uns, dans les prisons de Pékin, selon d’autres. Dans la même province du Ho-nan qui avoisine le Hou-kouang et dans celle-ci, le père Louis du Gad administrait les chrétientés de Nan-iang, Siang-iang, Ngan-lo et Mieng-iang. La mission comprenait plus de trois mille chrétiens répandus sur 200 lieues de pays ; huit cents d’entre eux vivaient sur des barques. Surpris par la persécution, le père du Gad reste au milieu de ses chrétientés ; mais les poursuites dont il est l’objet, l’obligent à de grandes précautions. « Vers le soir, il va chez l’un des chrétiens les plus considérés et y vaque aux fonctions de son ministère. Il entend les confessions, il instruit ou baptise les catéchumènes et célèbre le saint sacrifice de la messe. Aussitôt que le jour approche, il monte sur une barque et y passe toute la journée. » Telle est la vie du père du Gad pendant des années ! Telle est la vie de plusieurs de ses confrères et de quelques religieux d’autres ordres ! Mais la plupart des missionnaires sont faits prisonniers ou forcés, comme Jean- Sylvain de Neuvialle, de se réfugier à Macao ; les autres, en petit nombre, échappent aux perquisitions des soldats infidèles, et, p.028 au milieu des privations les plus inouïes, dans de continuelles alertes, vivant dans les bois, sur les lacs et les rivières, ils soutiennent le courage chancelant de leurs néophytes, ils empêchent beaucoup de défections 2 . 1 Lettre du père Amiot, Pékin, 1752. Né à Paris le 3 mars 1704, entré au noviciat de la Compagnie le 5 septembre 1722, le père de la Roche arrive en Chine le 10 octobre 1740. Missionnaire d’abord dans le Hou-kouang, il remplace en 1743 le père Bataillé dans le Honan ; et c’est là que la persécution vint le surprendre. Il mourut dans les fers en 1785. 2 Lettres édifiantes de cette époque, passim., voir surtout, dans le 12 e vol., les lettres du 58
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Le 2 décembre 1750, le père Forgeot écrit au père Patouillet : « J’aurais bien souhaité pouvoir m’étendre sur les ravages que la persécution a causés dans diverses chrétientés ; j’aurais eu là-dessus le détail le plus édifiant à vous faire... Mais j’aurais été en même temps obligé d’entrer dans le détail humiliant des apostasies ; il s’en faut bien cependant qu’elles aient été en aussi grand nombre qu’on a paru vouloir le persuader. 1 » Le père André-Nicolas Forgeot était bien placé pour se renseigner, car, à cette époque, il habitait à Macao, où affluaient les missionnaires de cinq différents ordres, chassés des provinces de l’empire chinois. Plusieurs de ces derniers purent rejoindre leurs chrétientés sous divers déguisements, en petit p.029 nombre cependant, les mandarins exerçant la vigilance la plus active : et les dénonciations se multipliant de jour en jour. A cette époque (1750), « il y avait peu de Pères jésuites dans les provinces, tous ayant été ou emprisonnés, ou chassés, ou mis à mort. 2 » Les quelques missionnaires qui y restaient « avaient peine à trouver un asile pour se dérober aux recherches. Les chrétiens refusaient de les recevoir chez eux, pour ne pas s’exposer à être emprisonnés et à voir leurs biens confisqués. 3 » Beaucoup de néophytes furent condamnés à la torture et à la bastonnade ; leurs maisons furent pillées, leurs familles ruinées. La fureur des persécuteurs s’acharnait surtout contre les objets religieux : images, croix, chapelets, médailles, reliquaires, ornements d’église. Tout était brûlé, détruit. La peur, une peur déprimante, le découragement, régnaient dans la plupart des chrétientés. père Baborier (p. 332), du père de Neuvialle (p. 366), du père des Robert (p. 378), du père du Gad (p. 413), et enfin la relation d’une persécution générale (p. 434). 1 Lettres édifiantes, 12 e vol. p. 485. — Le père André-Nicolas Forgeot, né à Vézelise (Meurthe), le 9 février 1716, entré au noviciat des jésuites le 14 septembre 1733, est à Macao le 30 août 1746, et il y meurt le 1 er mars 1761. Dans sa lettre au père Patouillet, il donne les détails du martyre des pères Tristan d’Athémis et Joseph Henriquez. 2 Lettre de 1752 du père Amiot (Lettres édifiantes). 3 Même lettre du père Chanseaume à Mme de Sauveterre. 59
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
Le 2 décembre 1750, le père Forgeot écrit au père Patouill<strong>et</strong> : « J’aurais<br />
bien souhaité pouvoir m’étendre sur <strong>les</strong> ravages que <strong>la</strong> persécution a causés<br />
dans diverses chrétientés ; j’aurais eu là-<strong>de</strong>ssus le détail le plus édifiant à<br />
vous faire... Mais j’aurais été en même temps obligé d’entrer dans le détail<br />
humiliant <strong>de</strong>s apostasies ; il s’en faut bien cependant qu’el<strong>les</strong> aient été en<br />
aussi grand nombre qu’on a paru vouloir le persua<strong>de</strong>r. 1 »<br />
Le père André-Nico<strong>la</strong>s Forgeot était bien p<strong>la</strong>cé pour se renseigner, car, à<br />
c<strong>et</strong>te époque, il habitait à Macao, où affluaient <strong>les</strong> missionnaires <strong>de</strong> cinq<br />
différents ordres, chassés <strong>de</strong>s provinces <strong>de</strong> l’empire chinois. Plusieurs <strong>de</strong> ces<br />
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nombre cependant, <strong>les</strong> mandarins exerçant <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce <strong>la</strong> plus active : <strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> dénonciations se multipliant <strong>de</strong> jour en jour.<br />
A c<strong>et</strong>te époque (1750), « il y avait peu <strong>de</strong> Pères jésuites dans <strong>les</strong><br />
provinces, tous ayant été ou emprisonnés, ou chassés, ou mis à mort. 2 »<br />
Les quelques missionnaires qui y restaient « avaient peine à trouver un<br />
asile pour se dérober aux recherches. Les chrétiens refusaient <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />
recevoir chez eux, pour ne pas s’exposer à être emprisonnés <strong>et</strong> à voir leurs<br />
biens confisqués. 3 »<br />
Beaucoup <strong>de</strong> néophytes furent condamnés à <strong>la</strong> torture <strong>et</strong> à <strong>la</strong><br />
bastonna<strong>de</strong> ; leurs maisons furent pillées, leurs famil<strong>les</strong> ruinées. La fureur<br />
<strong>de</strong>s persécuteurs s’acharnait surtout contre <strong>les</strong> obj<strong>et</strong>s religieux : images,<br />
croix, chapel<strong>et</strong>s, médail<strong>les</strong>, reliquaires, ornements d’église. Tout était brûlé,<br />
détruit. La peur, une peur déprimante, le découragement, régnaient dans <strong>la</strong><br />
plupart <strong>de</strong>s chrétientés.<br />
père Baborier (p. 332), du père <strong>de</strong> Neuvialle (p. 366), du père <strong>de</strong>s Robert (p. 378), du père<br />
du Gad (p. 413), <strong>et</strong> enfin <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’une persécution générale (p. 434).<br />
1 L<strong>et</strong>tres édifiantes, 12 e vol. p. 485. — Le père André-Nico<strong>la</strong>s Forgeot, né à Vézelise<br />
(Meurthe), le 9 février 1716, entré au noviciat <strong>de</strong>s jésuites le 14 septembre 1733, est à<br />
Macao le 30 août 1746, <strong>et</strong> il y meurt le 1 er mars 1761. Dans sa l<strong>et</strong>tre au père Patouill<strong>et</strong>, il<br />
donne <strong>les</strong> détails du martyre <strong>de</strong>s pères Tristan d’Athémis <strong>et</strong> <strong>Joseph</strong> Henriquez.<br />
2 L<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> 1752 du père <strong>Amiot</strong> (L<strong>et</strong>tres édifiantes).<br />
3 Même l<strong>et</strong>tre du père Chanseaume à Mme <strong>de</strong> Sauv<strong>et</strong>erre.<br />
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