Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795)
Macao, ses supérieurs l’envoyèrent au Kiang-nan et lui confièrent les
chrétientés de Song-Kiang-fou.
Le père Joseph Henriquez, son compagnon de captivité, né à Lisbonne le
13 juin 1707, était entré au noviciat de Macao le 25 décembre 1727. Dix
ans après son entrée (1737), on le destina à la mission de Nankin, l’une
des plus florissantes, mais aussi l’une des plus éprouvées par la
persécution. Nommé en 1743 supérieur du Kiang-nan, il administra si bien
cette province, qui comptait plus de 60.000 chrétiens, évangélisés par huit
missionnaires jésuites, que l’évêque de Nankin, monseigneur don Francisco
de Santa Rosa de Viterbe, lui confia le gouvernement de ce diocèse, à titre
de vicaire-général.
Tristan d’Athémis et Joseph Henriquez furent condamnés à mort,
torturés pendant neuf mois dans leur prison et enfin étranglés le 12
septembre 1748 1 .
Après 1748, la persécution se continue dans les provinces, toujours
ardente, mais peut-être moins sanglante ; elle n’épargne ni les
missionnaires, ni les p.026 néophytes. Le père Jean-François Beuth, dans le
Hou-kouang, est fait prisonnier par le mandarin. Epuisé avant l’âgé par les
travaux du ministère, phtisique, pouvant à peine se tenir debout, il est
conduit au tribunal du mandarin de Hiang-chan, et là, exposé des heures
entières aux insultes de la populace. On le soufflette jusqu’au sang, on lui
arrache les cheveux et la barbe, et on l’expédie plus mort que vif à Macao,
où il meurt, deux mois après son arrivée, le 19 avril 1747 2 .
Dans les montagnes de Kon-tcheng, au Ho-nan, le père Jean-Baptiste de
la Roche « est obligé par la persécution d’errer à l’aventure, sans asile, ne
1 Voir, pour tous les détails qui précèdent, les Lettres édifiantes de cette époque, et, en
particulier : 1° La Relation d’une persécution générale qui s’est élevée contre la religion
chrétienne dans l’empire de la Chine en 1746 (12 e vol., p. 434) ; 2° La lettre du père
Forgeot, S. J., au père Patouillet, S. J. ; Macao, 2 décembre 1760 (12 e vol., p. 485).
2 Né à Strasbourg le 23 octobre 1706, entré au noviciat des jésuites le 25 septembre 1724,
le père Beuth arriva en Chine le 12 juillet 1744, et fut envoyé aussitôt à la mission du Houkouang.
Le père Chanseaume, dans sa lettre citée plus haut, raconte l’arrestation,
l’interrogatoire et les tortures du père Beuth, et sa mort à Macao.
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