Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795)
et on lut : Vous recevrez vos bulles par la voie de Portugal avec les
instructions du roi, auxquelles vous aurez soin de vous conformer. Et
comme si les bulles eussent été lues en entier, on commença cette
fameuse consécration. On lut aussi une lettre de M. de Castelli.
Ce n’eut été qu’un demi mal, si on s’en était tenu là. Le grand point
était de ne point usurper la juridiction avant l’arrivée des bulles. Car
comme la bulle de Boniface VIII n’oblige les individus qu’à résister à
l’exercice de la juridiction : Nulli agnoscant, nulli parcant, nulli intendant ;
on eut été tranquille, et nos chers néophytes ne se seraient aperçus de
rien. M. Salusti, le lendemain de la consécration promit tout ce qu’on
voulut, en sorte qu’on se flattait qu’une démarche si irrégulière n’aurait
point de mauvaises suites. Nous ne le connaissions pas assez. Trois mois
avant sa consécration il avait écrit au Sénat et au gouverneur de Macao
pour avoir des nouvelles de ses chères bulles ; dans cette lettre voici
comment il s’exprime : « Ob zelum ac bonum christianitatis timeri quod
tradita fuerint (bullæ) jesuitis ; id enim esset ovem mittere in os lupi, quod
eos cogitem magis falsos nomines ac impios orbis. » Nous savons cette
anecdote d’une personne constituée en dignité à Macao.
Vers le même temps, dans une conversation particulière qu’il eut avec
un missionnaire, il entra dans une espèce de fureur contre le père Dollières,
et faisant plusieurs fois de la tête le geste menaçant de l’animal auquel on
met Prenum in cornu, il disait : Attendez, attendez que ma mitre soit une
fois affermie sur ma tête, j’userai ses cornes contre cet homme là. Vous
verrez qu’il est quelquefois homme de parole.
Dans le temps qu’il promettait de ne point usurper la juridiction, il disait
à nos chrétientés du dehors que nous p.517 étions sans pouvoirs, incapables
de les confesser, en sorte que nous étions interdits sans le savoir ; mais
bientôt, il ne se cacha plus. Dix jours après sa consécration, il chargea un
de nos missionnaires chinois élevé en France d’aller de maisons en maisons
déclamer contre nous.
Ce Père que depuis 9 ou 10 ans nous nourrissions gratis, retrouva
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