Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795)
Pékin, on lui donna ordre de se nommer ici un grand vicaire, afin qu’au
moment de la destruction qu’on prévoyait il y eut ici un homme constitué
en dignité pour l’opérer. M. de Laimbeckhoven craignant le Portugal, se
contenta de donner ses pouvoirs au père Joseph, carme déchaussé, sans lui
donner la qualité de grand vicaire. La Propagande ne fut pas contente. Elle
pressa. Le père carme fut nommé grand vicaire.
Nos Pères portugais, zélés pour les droits de la nation, prirent la liberté
d’avertir M. l’évêque que le père carme n’étant point Portugais ne pouvait
posséder aucune dignité ecclésiastique dans les domaines de Sa Majesté
Très Fidèle. M. l’évêque répondit sans doute qu’il avait là-dessus des ordres
si pressants de la Propagande, qu’il n’avait pu faire autrement, que ce
serait à Rome et à Lisbonne à vider cette question.
Sur ces entrefaites, vint un nouvel évêque portugais à Macao. Aussitôt,
il donna ordre au père carme de quitter sa place, lui déclarant qu’il n’était
rien, la nomination de M. de Nanquin étant vaine et illusoire. Le père carme
laissa dire M. de Macao et alla son train.
M. de Macao nous fit ensuite signifier la destruction de la Compagnie. Je
répondis que n’étant ni évêque ni administrateur du diocèse de Pékin, son
excellence ne pouvait nous signifier le bref apostolique qu’en vertu d’une
commission particulière ; qu’elle nous trouverait soumis dès qu’elle la
produirait juridiquement. Nos Pères portugais signèrent entre ses mains
leur fatale destruction. Nous ne leur survécûmes que deux mois. Le bref
apostolique vint de Rome directement.
M. de Macao, allant toujours en avant, fit signifier sans façon à M. de
Nanquin qu’il le déchargeait de l’administration du diocèse de Pékin ; et
bientôt après parut ici une pancarte qui faisait le père d’Espinha, ex-jésuite
portugais, son vicaire général à Pékin et dans tout le diocèse : ordre à nous
tous de le reconnaître sous peine d’excommunication majeure. On gémit
d’une pareille entreprise, et on n’en tint compte. Le père d’Espinha et le
père carme p.492 préparaient chacun ses foudres. La chose allait éclater au
grand déshonneur de la religion, et probablement à sa perte totale. Le
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