Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) temps que nous célébrons la messe, car on sait bien que toutes ces prétendues censures ne nous ont rien fait changer, dans notre conduite ordinaire. Les violences du père Damascène et de ses partisans ont produit un effet opposé à celui qu’ils se proposaient : ils n’ont gagné que très peu de chrétiens ; s’ils avaient pu entraîner la foule comme ils l’espéraient, il ne leur eût pas été difficile de s’emparer du temporel et il y a de bonnes preuves que c’est à quoi ils visaient. Dans ces circonstances fâcheuses, nous venons de faire une perte considérable dans la personne de M. Cibot, mort le 8 d’août, à 3 heures après midi, d’une maladie très longue, causée par un épuisement de forces, également regretté des chrétiens et de ceux des missionnaires qui s’intéressent aux progrès de la mission. Il a été insulté, après sa mort, par le parti du nouvel évêque ; dès le soir même, on nous rapporta que M. Lan, prêtre chinois de cette maison, était allé avertir en plusieurs endroits, que M. Cibot était sûrement damné ; on a répondu qu’il n’était pas permis de prier pour lui, aucun missionnaire de ce parti n’a voulu lui rendre les devoirs que la religion rend au dernier des fidèles, ceux d’entre eux qui sont de notre maison, ceux des autres maisons ont passé, repassé devant son cercueil sans lui dire un requiescat in pace. M. Cibot est mort paisiblement, s’appuyant sur la miséricorde du Seigneur, avec toute la confiance d’un enfant qui va à son père ; c’était son expression, il se voyait mourir et n’a perdu la connaissance qu’environ une demi-heure avant sa mort. M. l’évêque de Delcon, vicaire apostolique du Chansi, qui a sacré le père Damascène, était retourné dans sa province ; il a de là, écrit à M. de Nanking qu’il avait des scrupules assez vifs sur la consécration qu’il avait faite, et le 28 d’août il est mort presque subitement. Le premier écrit chinois, publié par ces messieurs, portait le nom de p.484 M. de Delcon, et était contre M. d’Ollières ; et une circonstance qui n’a pu être ménagée à dessein a été cause que M. d’Ollières a été le premier qui lui ait rendu ici publiquement les devoirs funèbres. M. de Nanking a fortement blâmé et la consécration du père Damascène et l’usage qu’il a fait d’une juridiction prétendue ; mais en même temps, M. de Nanking a dit qu’il ne voulait pas 338
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) se mêler des affaires de Péking, ajoutant que la Sacrée Congrégation avait déclaré que son administration était finie. La paix et la tranquillité de M. Cibot sur le point de paraître devant Dieu, les scrupules de M. de Delcon, le blâme formel de M. de Nanking, ont affermi ceux de nos chrétiens qui ne se sont pas jetés dans le parti du père Damascène, mais les missionnaires de ce parti n’en sont pas moins déterminés à aller en avant. On assure qu’ils veulent envoyer au premier jour les missionnaires chinois de notre maison qu’ils ont tous gagnés avant la consécration du père Damascène, troubler les missions du dehors ; quelques-uns d’entre eux ont essayé déjà d’y répandre le trouble dans un voyage précédent ; mais la plupart des chrétiens n’ont pas voulu les croire par la seule persuasion ou que s’il n’y avait pas eu de bonnes raisons qui nous eussent empêchés de reconnaître le père Damascène, nous l’aurions certainement reconnu. Ils ont été choqués lorsqu’on leur a dit, que quand ils viendraient en ville, ils ne devaient pas s’adresser à nous ; qu’ils devaient aller aux missionnaires de la Propagande ; mais nous ne pouvons savoir quel effet produira une seconde attaque jointe peut-être au refus des sacrements pour ceux qui ne voudraient pas acquiescer. Au moment où se font ces arrangements pour envahir nos missions, nous sommes à la veille de recevoir des nouvelles d’Europe qui éclairciront peut-être ce qui regarde la promotion du père Damascène, il semble que cette circonstance, qui devrait rendre ceux de ce parti plus circonspects, les engage à redoubler d’efforts. Depuis le commencement de cette affaire, ceux qui l’ont poussée ne cessent de répéter que s’ils avaient différé d’agir, il eût fallu peut-être attendre les bulles du père Damascène pendant plusieurs années. Ils prétendent en même temps, p.485 et ils ont déclaré hautement, que si les bulles venaient avant qu’il y eût un jugement porté sur ce qui vient de se passer, dès là même et par cette seule raison, toutes les censures qui viennent d’être lancées, non seulement se trouveraient en pleine force, mais qu’il ne nous serait pas même permis de douter de leur validité pour le passé. Une assertion aussi singulière n’a pas besoin de commentaires ; du reste, les lois de l’Église nous mettent à l’abri non seulement pour le passé, mais 339
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
temps que nous célébrons <strong>la</strong> messe, car on sait bien que toutes ces<br />
prétendues censures ne nous ont rien fait changer, dans notre conduite<br />
ordinaire. Les violences du père Damascène <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses partisans ont produit<br />
un eff<strong>et</strong> opposé à celui qu’ils se proposaient : ils n’ont gagné que très peu<br />
<strong>de</strong> chrétiens ; s’ils avaient pu entraîner <strong>la</strong> foule comme ils l’espéraient, il ne<br />
leur eût pas été difficile <strong>de</strong> s’emparer du temporel <strong>et</strong> il y a <strong>de</strong> bonnes<br />
preuves que c’est à quoi ils visaient.<br />
Dans ces circonstances fâcheuses, nous venons <strong>de</strong> faire une perte<br />
considérable dans <strong>la</strong> personne <strong>de</strong> M. Cibot, mort le 8 d’août, à 3 heures<br />
après midi, d’une ma<strong>la</strong>die très longue, causée par un épuisement <strong>de</strong> forces,<br />
également regr<strong>et</strong>té <strong>de</strong>s chrétiens <strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s missionnaires qui<br />
s’intéressent aux progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission. Il a été insulté, après sa mort, par<br />
le parti du nouvel évêque ; dès le soir même, on nous rapporta que M. Lan,<br />
prêtre chinois <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te maison, était allé avertir en plusieurs endroits, que<br />
M. Cibot était sûrement damné ; on a répondu qu’il n’était pas permis <strong>de</strong><br />
prier pour lui, aucun missionnaire <strong>de</strong> ce parti n’a voulu lui rendre <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>voirs que <strong>la</strong> religion rend au <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s fidè<strong>les</strong>, ceux d’entre eux qui<br />
sont <strong>de</strong> notre maison, ceux <strong>de</strong>s autres maisons ont passé, repassé <strong>de</strong>vant<br />
son cercueil sans lui dire un requiescat in pace. M. Cibot est mort<br />
paisiblement, s’appuyant sur <strong>la</strong> miséricor<strong>de</strong> du Seigneur, avec toute <strong>la</strong><br />
confiance d’un enfant qui va à son père ; c’était son expression, il se voyait<br />
mourir <strong>et</strong> n’a perdu <strong>la</strong> connaissance qu’environ une <strong>de</strong>mi-heure avant sa<br />
mort. M. l’évêque <strong>de</strong> Delcon, vicaire apostolique du Chansi, qui a sacré le<br />
père Damascène, était r<strong>et</strong>ourné dans sa province ; il a <strong>de</strong> là, écrit à M. <strong>de</strong><br />
Nanking qu’il avait <strong>de</strong>s scrupu<strong>les</strong> assez vifs sur <strong>la</strong> consécration qu’il avait<br />
faite, <strong>et</strong> le 28 d’août il est mort presque subitement. Le premier écrit<br />
chinois, publié par ces messieurs, portait le nom <strong>de</strong> p.484 M. <strong>de</strong> Delcon, <strong>et</strong><br />
était contre M. d’Ollières ; <strong>et</strong> une circonstance qui n’a pu être ménagée à<br />
<strong>de</strong>ssein a été cause que M. d’Ollières a été le premier qui lui ait rendu ici<br />
publiquement <strong>les</strong> <strong>de</strong>voirs funèbres. M. <strong>de</strong> Nanking a fortement blâmé <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
consécration du père Damascène <strong>et</strong> l’usage qu’il a fait d’une juridiction<br />
prétendue ; mais en même temps, M. <strong>de</strong> Nanking a dit qu’il ne vou<strong>la</strong>it pas<br />
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