Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) C. — Autre mémoire concernant la mission française établie à Pékin, en Avril 1782. p.457 La mission française de la Chine mérite que le gouvernement daigne s’en occuper ; elle a été jusqu’à présent très utile à la propagation et au soutien de la foi, et on l’a regardée non sans raison comme un appui souvent nécessaire aux négociants que la France entretient à Canton, et dont les missionnaires sont les avocats et les interprètes dans toutes les occasions où leur accès à la cour peut épargner aux Français des désagréments ou leur procurer des avantages. La correspondance littéraire qu’ils entretiennent avec leur patrie peut être encore regardée comme un avantage pour l’État. Cette mission est actuellement menacée d’une ruine prochaine, encore moins par le défaut d’ouvriers que par la division qui règne entre les missionnaires. Nous avons fourni dans un mémoire dernièrement envoyé à Mgr le marquis de Castries, ministre d’État, ayant le département de la Marine, les moyens d’arrêter les mauvaises dispositions du nouvel évêque et des missionnaires qui se sont déclarés pour lui. Nous craignons, cependant que d’après le caractère entreprenant de ce prélat et de ses adhérents ces moyens ne soient pas assez efficaces ; nous osons soumettre aux lumières de Mgr le marquis de Castries une vue nouvelle et qui nous paraît propre à tout concilier. Il avait été question d’établir un évêché à Moukden, dans la Tartarie chinoise et au delà de la grande muraille. Ce projet a été communiqué à son éminence, Mgr le cardinal de Bernis. Il a été répondu que l’exécution en serait difficile et éprouverait beaucoup de longueur. Le mal est si pressant, le danger de la ruine de cette mission si prochaine est si vraisemblable qu’il exige un prompt remède. Nous croyons donc qu’il serait à propos d’envoyer à Pékin un vicaire apostolique, d’obtenir du pape pour lui une pleine, entière et indépendante juridiction dans tous les districts de la mission française, de soustraire par conséquent ces districts et ceux qui y travaillent, à la p.458 juridiction de l’évêque de Pékin et de tout autre 330 @
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) évêque ou vicaire apostolique (soit portugais, soit de la Propagande), et d’enjoindre de la part du pape et du roi à tous les missionnaires français et appartenant à la mission française de se soumettre pour le spirituel et temporel à l’autorité du vicaire apostolique. Afin même de ne pas perdre de temps, on pourrait jeter les yeux pour ce vicariat apostolique sur un Français qui depuis longtemps est missionnaire à la Chine et s’y conduit avec beaucoup de piété, de sagesse et de modération, et connaît très bien les usages chinois et les moyens les plus propres à seconder les intentions du gouvernement. Ce missionnaire est de la maison du séminaire des Missions Etrangères. Il s’appelle M. Potier, il est évêque d’Agathopolis et travaille avec succès à la Chine dans la province du Su-tschuen. Il pourrait avoir un coadjuteur qu’il laisserait dans sa mission. Il se transporterait aisément à Pékin, et pourrait, avec plus de facilité qu’aucun autre, y rétablir l’ordre et la paix. D’ailleurs étant neutre dans la querelle qui s’est élevée entre le nouvel évêque et les missionnaires au sujet de cette consécration précipitée, il est à présumer qu’il trouverait moins de prévention de part et d’autre, et des moyens plus sûrs de tout concilier. Nous voyons encore un très grand avantage dans l’exécution de ce projet, c’est qu’on déterminerait par là MM. les directeurs des Missions Étrangères de Paris à se charger de la mission française de Pékin et de ses dépendances, à adopter pour ses membres ceux des missionnaires qui consentiraient à travailler sous les ordres du nouveau vicaire apostolique, et à fournir à cette mission et aux districts qui en dépendent une recrue de missionnaires élevés et formés dans la maison de Paris, rue du Bac. Cette augmentation d’ouvriers est très importante, et il n’y a qu’un corps ou de religieux ou d’ecclésiastiques zélés qui puisse désormais réparer les brèches que le temps et les circonstances ont faites à cette mission autrefois si florissante. (Arch. de la Marine, de l’Institut et S. J.) 331
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
C. — Autre mémoire concernant <strong>la</strong> mission française établie à Pékin, en<br />
Avril 1782.<br />
p.457<br />
La mission française <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> mérite que le gouvernement<br />
daigne s’en occuper ; elle a été jusqu’à présent très utile à <strong>la</strong> propagation<br />
<strong>et</strong> au soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi, <strong>et</strong> on l’a regardée non sans raison comme un appui<br />
souvent nécessaire aux négociants que <strong>la</strong> France entr<strong>et</strong>ient à Canton, <strong>et</strong><br />
dont <strong>les</strong> missionnaires sont <strong>les</strong> avocats <strong>et</strong> <strong>les</strong> interprètes dans toutes <strong>les</strong><br />
occasions où leur accès à <strong>la</strong> cour peut épargner aux Français <strong>de</strong>s<br />
désagréments ou leur procurer <strong>de</strong>s avantages. La correspondance littéraire<br />
qu’ils entr<strong>et</strong>iennent avec leur patrie peut être encore regardée comme un<br />
avantage pour l’État. C<strong>et</strong>te mission est actuellement menacée d’une ruine<br />
prochaine, encore moins par le défaut d’ouvriers que par <strong>la</strong> division qui<br />
règne entre <strong>les</strong> missionnaires. Nous avons fourni dans un mémoire<br />
<strong>de</strong>rnièrement envoyé à Mgr le marquis <strong>de</strong> Castries, ministre d’État, ayant le<br />
département <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine, <strong>les</strong> moyens d’arrêter <strong>les</strong> mauvaises dispositions<br />
du nouvel évêque <strong>et</strong> <strong>de</strong>s missionnaires qui se sont déc<strong>la</strong>rés pour lui. Nous<br />
craignons, cependant que d’après le caractère entreprenant <strong>de</strong> ce pré<strong>la</strong>t <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> ses adhérents ces moyens ne soient pas assez efficaces ; nous osons<br />
soum<strong>et</strong>tre aux lumières <strong>de</strong> Mgr le marquis <strong>de</strong> Castries une vue nouvelle <strong>et</strong><br />
qui nous paraît propre à tout concilier.<br />
Il avait été question d’établir un évêché à Mouk<strong>de</strong>n, dans <strong>la</strong> Tartarie<br />
chinoise <strong>et</strong> au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> muraille. Ce proj<strong>et</strong> a été communiqué à<br />
son éminence, Mgr le cardinal <strong>de</strong> Bernis. Il a été répondu que l’exécution<br />
en serait difficile <strong>et</strong> éprouverait beaucoup <strong>de</strong> longueur. Le mal est si<br />
pressant, le danger <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mission si prochaine est si<br />
vraisemb<strong>la</strong>ble qu’il exige un prompt remè<strong>de</strong>. Nous croyons donc qu’il serait<br />
à propos d’envoyer à Pékin un vicaire apostolique, d’obtenir du pape pour<br />
lui une pleine, entière <strong>et</strong> indépendante juridiction dans tous <strong>les</strong> districts <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> mission française, <strong>de</strong> soustraire par conséquent ces districts <strong>et</strong> ceux qui<br />
y travaillent, à <strong>la</strong> p.458 juridiction <strong>de</strong> l’évêque <strong>de</strong> Pékin <strong>et</strong> <strong>de</strong> tout autre<br />
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