Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) à une prison perpétuelle. Les missionnaires des églises de Pékin parvinrent à force d’argent à nous faire passer des secours abondants qui nous rétablirent. Nous pouvons dire qu’après Dieu nous leur devons la vie. Dès lors rien ne nous manqua. Nous avions tout habits, vivres, douceurs, etc., avec profusion. Je priai ces messieurs de vouloir bien mettre des bornes à leurs largesses excessives. Dès le commencement, le père de Ventavon et deux autres présentèrent des apologies auxquelles on ne répondit rien ; ils demandèrent notre liberté de quelque manière que ce fût... La vérité, la justice et la reconnaissance nous prescrivent de publier le zèle et la charité de ces messieurs, mais en particulier, du père de Ventavon, qui se sacrifiait pour nous. Je reçus en prison plusieurs lettres du père Bourgeois ; je puis rendre témoignage qu’il seconda de son mieux le zèle du père de Ventavon, et il a droit à toute notre reconnaissance 1 . » p.417 Mgr ajoute dans sa lettre : « Après avoir, dans la cathédrale, rendu grâces à Dieu..., nous nous retirâmes chez les Français... Nous sommes confus de la charité et de la générosité avec laquelle ils nous traitent. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour nous consoler ; nous sommes dans l’abondance de tout, et il leur semble que nous n’avons jamais assez 2 . » M. Bourgeois complète l’éloge que Mgr fait de M. de Ventavon par ces quelques lignes de sa lettre du 29 octobre 1787 à M. Duprez : « L’empereur qu’il servait depuis 20 ans avait pour lui des bontés, et c’est surtout à son crédit que les douze missionnaires, qui étaient condamnés à une prison perpétuelle, doivent leur délivrance 3 . » M. de Ventavon ne survécut pas deux ans à la délivrance des missionnaires, prisonniers à Pékin. « Malgré les travaux qui l’attendaient et les dangers auxquels il fallait s’exposer, il voulut aller donner une mission 1 Nouvelles lettres édifiantes, T. II. — Relation de M. de Saint-Martin, évêque de Caradre ; pp. 228 et suiv ; — Mgr Dufresse, vicaire apostolique du Su-tchuen, leur rendit plus tard le même témoignage. M. Amiot raconte la délivrance de ces 12 missionnaires dans une lettre du 20 novembre 1785, publiée dans les Mémoires de Chine, T. XV, pp. 3 et suiv. — Nous la reproduisons en partie aux Pièces justificatives. 2 Voir la même relation dans les Nouvelles Lettres édifiantes. 3 Arch. S. J. 298
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) dans les montagnes du couchant », pendant le Carême de 1787. Comme d’habitude, il ne prit aucun ménagement. Déjà fatigué, il n’écoutait que son dévouement. Une maladie grave qu’il y contracta, l’obligea de rentrer à Pékin, épuisé, ne p.418 tenant plus debout. L’empereur lui envoya ses médecins, qui le traitèrent longtemps, lui prodiguant les soins les plus assidus. Il était trop tard : le mal était trop avancé, incurable. « Il mourut le 27 mai 1787, jour de la Pentecôte, dans les plus beaux sentiments de piété 1 . » Ce missionnaire fit oublier, dans les dernières années de sa vie, l’opposition faite à ses anciens confrères de Saint-Sauveur, soit par entraînement, soit par irréflexion, soit aussi, peut-être, par un sentiment du devoir mal compris. Il y avait en lui la plus riche nature qu’on pût voir, un beau talent d’artiste, un caractère aimable et séduisant, un amour vrai des âmes, un grand dévoûment à l’Église. Les natures les mieux douées se laissent, à certaines heures, sous la force irrésistible des circonstances, envelopper d’ombres ; mais peu à peu la lumière perce les nuages, le jour se fait, et tout revient à son premier éclat. Il en fut ainsi du missionnaire Mathieu de Ventavon. M. Bourgeois écrivait à M. Duprez, le 9 novembre 1787 : « La mort de M. de Ventavon a augmenté ma besogne. » Depuis que le tribunal de la cour l’avait déchargé de l’administration des biens de la mission, M. Bourgeois partageait son temps entre la prière et les bonnes œuvres, mais les bonnes œuvres p.419 en avaient la plus large part. Il devint le père des pauvres à l’assistance desquels il consacrait sans réserve les secours qu’il recevait annuellement d’Europe, se passant, pour leur venir en aide, de tout ce qui était du delà de l’absolu nécessaire 2 . Déjà chargé de la direction des femmes chrétiennes avant l’arrivée des lazaristes, il conserva ce ministère sous le supériorat de M. Raux. Ce ministère, d’une importance capitale pour le maintien de la foi, absorbait la majeure partie de ses 1 M. Bourgeois à M. Duprez : lettres du 27 octobre 1787, 9 novembre 1787, 17 novembre 1787, 7 novembre 1788, passim. 2 Lettre de M. Amiot à M. de la Tour, ancien secrétaire du roi, 31 [sic] novembre 1792. (Bibl. de l’Institut et papiers de la famille Amiot). 299
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
à une prison perpétuelle. Les missionnaires <strong>de</strong>s églises <strong>de</strong> Pékin parvinrent<br />
à force d’argent à nous faire passer <strong>de</strong>s secours abondants qui nous<br />
rétablirent. Nous pouvons dire qu’après Dieu nous leur <strong>de</strong>vons <strong>la</strong> vie. Dès<br />
lors rien ne nous manqua. Nous avions tout habits, vivres, douceurs, <strong>et</strong>c.,<br />
avec profusion. Je priai ces messieurs <strong>de</strong> vouloir bien m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s bornes à<br />
leurs <strong>la</strong>rgesses excessives. Dès le commencement, le père <strong>de</strong> Ventavon <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>ux autres présentèrent <strong>de</strong>s apologies auxquel<strong>les</strong> on ne répondit rien ; ils<br />
<strong>de</strong>mandèrent notre liberté <strong>de</strong> quelque manière que ce fût... La vérité, <strong>la</strong><br />
justice <strong>et</strong> <strong>la</strong> reconnaissance nous prescrivent <strong>de</strong> publier le zèle <strong>et</strong> <strong>la</strong> charité<br />
<strong>de</strong> ces messieurs, mais en particulier, du père <strong>de</strong> Ventavon, qui se sacrifiait<br />
pour nous. Je reçus en prison plusieurs l<strong>et</strong>tres du père Bourgeois ; je puis<br />
rendre témoignage qu’il seconda <strong>de</strong> son mieux le zèle du père <strong>de</strong> Ventavon,<br />
<strong>et</strong> il a droit à toute notre reconnaissance 1 . »<br />
p.417<br />
Mgr ajoute dans sa l<strong>et</strong>tre : « Après avoir, dans <strong>la</strong> cathédrale, rendu<br />
grâces à Dieu..., nous nous r<strong>et</strong>irâmes chez <strong>les</strong> Français... Nous sommes<br />
confus <strong>de</strong> <strong>la</strong> charité <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> générosité avec <strong>la</strong>quelle ils nous traitent. Ils<br />
font tout ce qu’ils peuvent pour nous consoler ; nous sommes dans<br />
l’abondance <strong>de</strong> tout, <strong>et</strong> il leur semble que nous n’avons jamais assez 2 . »<br />
M. Bourgeois complète l’éloge que Mgr fait <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Ventavon par ces<br />
quelques lignes <strong>de</strong> sa l<strong>et</strong>tre du 29 octobre 1787 à M. Duprez : « L’empereur<br />
qu’il servait <strong>de</strong>puis 20 ans avait pour lui <strong>de</strong>s bontés, <strong>et</strong> c’est surtout à son<br />
crédit que <strong>les</strong> douze missionnaires, qui étaient condamnés à une prison<br />
perpétuelle, doivent leur délivrance 3 . »<br />
M. <strong>de</strong> Ventavon ne survécut pas <strong>de</strong>ux ans à <strong>la</strong> délivrance <strong>de</strong>s<br />
missionnaires, prisonniers à Pékin. « Malgré <strong>les</strong> travaux qui l’attendaient <strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> dangers auxquels il fal<strong>la</strong>it s’exposer, il voulut aller donner une mission<br />
1 Nouvel<strong>les</strong> l<strong>et</strong>tres édifiantes, T. II. — Re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Saint-Martin, évêque <strong>de</strong> Caradre ;<br />
pp. 228 <strong>et</strong> suiv ; — Mgr Dufresse, vicaire apostolique du Su-tchuen, leur rendit plus tard le<br />
même témoignage. M. <strong>Amiot</strong> raconte <strong>la</strong> délivrance <strong>de</strong> ces 12 missionnaires dans une l<strong>et</strong>tre<br />
du 20 novembre 1785, publiée dans <strong>les</strong> Mémoires <strong>de</strong> <strong>Chine</strong>, T. XV, pp. 3 <strong>et</strong> suiv. — Nous <strong>la</strong><br />
reproduisons en partie aux Pièces justificatives.<br />
2 Voir <strong>la</strong> même re<strong>la</strong>tion dans <strong>les</strong> Nouvel<strong>les</strong> L<strong>et</strong>tres édifiantes.<br />
3 Arch. S. J.<br />
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