Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) (administrateur), à dû avoir de reste près de 4.000 taëls (le taël vaut 7 fr. 10 de France) ; pendant le temps que le partage a subsisté, il avait environ mille taëls de revenu annuel, provenant des biens de la mission ; il s’est fait des revenus particuliers avec un fonds de mille taëls qu’on lui a donnés comme aux autres avant la publication du bref de Clément XIV 1 . Ces mille taëls, qu’ils appellent munus matris morientis, furent donnés à chacun par M. Bourgeois, dernier supérieur jésuite de la mission française, afin qu’ils eussent de quoi retourner en Europe s’ils le jugeaient à propos, ou afin qu’ils p.402 eussent un supplément à la pension que la S. Congrégation a coutume de faire à ses missionnaires. M. Bourgeois m’a dit qu’il avait donné avis de cette disposition à son Éminence M. le Cardinal-préfet de la Propagande 2 . » Le rapport de M. Raux sur M. de Grammont n’est pas exact, du moins en ce qui concerne les biens de la mission, et lui-même, dans sa loyauté, le reconnut plus tard. A sa demande, la S. Congrégation avait ordonné à l’ancien administrateur de restituer intégralement toutes les sommes dont il était redevable. Aussitôt l’ordre transmis, M. de Grammont fit parvenir par procureur à M. Raux les contrats de deux boutiques en compensation, disait-il, d’une somme de 1.700 taëls, qu’il avait, du reste, l’intention de restituer depuis son départ de Pékin pour Canton. Quant aux 3.639 taëls qu’on lui réclamait encore, il prétendait ne pas les devoir, et il était prêt à affirmer par serment qu’à la fin de son administration, il ne lui restait que 700 taëls. Il ajoutait que M. Bourgeois avait commis dans ses comptes de graves inexactitudes, parce qu’il ignorait les nombreuses dépenses faites par lui, à l’époque de son année d’économat, — dela grande différence entre ses comptes et ceux de M. Raux 3 . 1 Le Bulletin de la Société historique et archéologique de Périgueux, Art. par Georges Bilssière, cite une lettre très sévère de M. Bertin à M. de Grammont, 22 novembre 1787. 2 Archives de la Propagande. 3 M. Raux écrivait à Rome le 14 décembre 1790 : « Ad D. Grammont quod attinet, cum significassem illi mandatum Eminentiarum Vestrarum restituendi videlicet missioni nostræ quidquid, ex bonis communibus sine justo titulo acceperat, statim per procuratorem restituit mihi contractus unius summæ 1700 taelium, asserens talem semper habuisse intentionem a 290

p.403 Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Cependant, les difficultés ou malentendus élevés en 1785 entre M. Raux et MM. de Poirot et de Grammont au sujet des biens de la mission, ne nuisirent en rien à la bonne harmonie qui, dès le début, s’établit entre les lazaristes et les ex-jésuites. « Nous vivons en commun dans la plus grande intimité, écrivait alors M. Bourgeois ; on dirait qu’ils se sont faits ex- jésuites, et que nous nous sommes faits lazaristes 1 . » p.404 Le temps n’altéra point cette union de la première heure ; aucun nuage ne vint jamais en troubler la belle sérénité. « De toutes parts on félicitait M. Raux de la paix, de l’union et de la concorde qui régnaient entre les prêtres de la mission et les ex-jésuites 2 . » Ces félicitations n’étaient que l’expression de la vérité. Le 16 novembre 1788, M. Raux écrivait à M. de Vaivre : « Mes confrères et moi nous vivons dans la plus intime cordialité avec les ex-jésuites de cette résidence ; nous n’avons qu’à nous louer de leurs attentions et des services qu’ils nous rendent 3 . M. Bertin, qui porte le plus grand intérêt à la mission française, est heureux de ces nouvelles. Sa réponse à M. Bourgeois, du 25 octobre 1786, témoigne de sa parfaite satisfaction ; mais il avoue en même temps qu’il tempore quo Pekino Cantonem se contulit. At relative ad residuum 3.639 taelium, quod juxta rationes à D o Bourgeois supputatas, quarum summarium Romam et Parisios olim misi, remanere debebat in manibus D ni Grammont post suam administrationem, dictus D. Grammont negat accuratas esse illas supputationes ; dicit se paratum esse juramento firmare nihil sibi, expleto œconomatu, remansisse quam summam septingentorum taelium circiter, additque multas à se tunc temporis factas esse particulares expensas, cum supputando ignoraverit ; hinc evenit tan ta illa differentia in residuis ab utroque assignatis. » Plus tard, à son retour à Pékin, M. de Grammont remit à M. Raux tout ce qu’il devait à la mission. «.La maison est sur un bon pied, écrivait, le 7 nov. 1788, M. Bourgeois à M. Duprez ; nous avons trouvé le moyen de faire rentrer toutes les rentes. » (Arch. S. J.) 1 Lettre à M. Bertin, 20 novembre 1785. — Dans les lettres à son ami Duprez, M. Bourgeois parle toujours de cette union. Il écrit, le 4 oct. 1786 : « Nous vivons tous dans l’union et la cordialité la plus parfaite » ; le 9 nov. 1787 : « Nous sommes ensemble, lazaristes et exjésuites, comme des frères » ; 10 avril 1788 : « Avec les lazaristes nous vivons dans la plus parfaite cordialité » ; le 6 novembre 1788 et les années suivantes, il répète que les lazaristes et les ex-jésuites vivent en frères, dans une parfaite union, et chaque fois il fait l’éloge de M. Raux. M. Bourgeois écrit dans les mêmes termes (27 juin 1789) à M. Brotier, ex-jésuite, à Paris. 2 Rapport sur l’administration de M. Raux. (Arch. de la congr. de la mission). 3 Dans la Relation de l’état de la mission française de la Chine en 1788, adressée à M. Fontaine, M. Raux appelle les ex-jésuites français, ses braves coopéraleurs et dignes prédécesseurs. 291

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

(administrateur), à dû avoir <strong>de</strong> reste près <strong>de</strong> 4.000 taëls (le taël vaut 7 fr.<br />

10 <strong>de</strong> France) ; pendant le temps que le partage a subsisté, il avait environ<br />

mille taëls <strong>de</strong> revenu annuel, provenant <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission ; il s’est<br />

fait <strong>de</strong>s revenus particuliers avec un fonds <strong>de</strong> mille taëls qu’on lui a donnés<br />

comme aux autres avant <strong>la</strong> publication du bref <strong>de</strong> Clément XIV 1 . Ces mille<br />

taëls, qu’ils appellent munus matris morientis, furent donnés à chacun par<br />

M. Bourgeois, <strong>de</strong>rnier supérieur jésuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission française, afin qu’ils<br />

eussent <strong>de</strong> quoi r<strong>et</strong>ourner en Europe s’ils le jugeaient à propos, ou afin<br />

qu’ils p.402 eussent un supplément à <strong>la</strong> pension que <strong>la</strong> S. Congrégation a<br />

coutume <strong>de</strong> faire à ses missionnaires. M. Bourgeois m’a dit qu’il avait<br />

donné avis <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te disposition à son Éminence M. le Cardinal-préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Propagan<strong>de</strong> 2 . »<br />

Le rapport <strong>de</strong> M. Raux sur M. <strong>de</strong> Grammont n’est pas exact, du moins<br />

en ce qui concerne <strong>les</strong> biens <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission, <strong>et</strong> lui-même, dans sa loyauté, le<br />

reconnut plus tard. A sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, <strong>la</strong> S. Congrégation avait ordonné à<br />

l’ancien administrateur <strong>de</strong> restituer intégralement toutes <strong>les</strong> sommes dont il<br />

était re<strong>de</strong>vable. Aussitôt l’ordre transmis, M. <strong>de</strong> Grammont fit parvenir par<br />

procureur à M. Raux <strong>les</strong> contrats <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux boutiques en compensation,<br />

disait-il, d’une somme <strong>de</strong> 1.700 taëls, qu’il avait, du reste, l’intention <strong>de</strong><br />

restituer <strong>de</strong>puis son départ <strong>de</strong> Pékin pour Canton. Quant aux 3.639 taëls<br />

qu’on lui réc<strong>la</strong>mait encore, il prétendait ne pas <strong>les</strong> <strong>de</strong>voir, <strong>et</strong> il était prêt à<br />

affirmer par serment qu’à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> son administration, il ne lui restait que<br />

700 taëls. Il ajoutait que M. Bourgeois avait commis dans ses comptes <strong>de</strong><br />

graves inexactitu<strong>de</strong>s, parce qu’il ignorait <strong>les</strong> nombreuses dépenses faites<br />

par lui, à l’époque <strong>de</strong> son année d’économat, — <strong>de</strong> là <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> différence<br />

entre ses comptes <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> M. Raux 3 .<br />

1 Le Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société historique <strong>et</strong> archéologique <strong>de</strong> Périgueux, Art. par Georges<br />

Bilssière, cite une l<strong>et</strong>tre très sévère <strong>de</strong> M. Bertin à M. <strong>de</strong> Grammont, 22 novembre 1787.<br />

2 Archives <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong>.<br />

3 M. Raux écrivait à Rome le 14 décembre 1790 : « Ad D. Grammont quod attin<strong>et</strong>, cum<br />

significassem illi mandatum Eminentiarum Vestrarum restituendi vi<strong>de</strong>lic<strong>et</strong> missioni nostræ<br />

quidquid, ex bonis communibus sine justo titulo acceperat, statim per procuratorem restituit<br />

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