Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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06.07.2013 Views

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) était magique. Ce père, écrivait le père Gaubil, en 1729, est admirable pour obtenir des Chinois et Tartares ce qu’on souhaite avoir d’eux ; et ce qui coûterait à d’autres bien de l’embarras, des présents, etc., pour n’avoir que quelque chose bien mince et souvent peu sûr, ne coûte ordinairement au père Parrenin qu’une prière faite avec esprit et au goût des gens, et par là il obtient de très bonnes choses, et sur lesquelles on peut compter 1 . « On sait par la notice que le père Châlier a consacrée au père Parrenin dans les Lettres édifiantes 2 , que ce fut lui qui détermina l’empereur Kang-hi à faire dresser la carte de son empire. Le père Gaubil affirme la même chose dans plusieurs de ses lettres. Il ajoute que le père Parrenin eut lui-même une grande p.XLIII part au travail dans le Petcheli, le Chantong, le Leaotong et plusieurs parties de la Tartarie 3 . « Le père Parrenin employa surtout son influence au profit de l’Évangile. Suivant le témoignage du père Gaubil, il a fait estimer et protéger la religion de Kang-hi, dont il a été constamment aimé et estimé. Au temps de Yong-tching, il a maintenu et sauvé la religion que le prince et son conseil avaient résolu de perdre. C’est le père Parrenin à qui notre mission française doit sa conservation, la belle maison et l’église qu’elle a dans Pékin. Il ne déploya pas seulement son zèle à la cour et dans la capitale : C’était un excellent missionnaire ; il a procuré le baptême à plus de dix mille enfants exposés ou moribonds des infidèles, introduit la religion dans les maisons de plusieurs princes et grands, fondé ou conservé plusieurs missions considérables en Tartarie, le long de la Grande Muraille et dans les montagnes voisines de Péking. Sans flatterie, conclut le père Gaubil, on peut dire que cet illustre missionnaire a fait ici honneur à notre nation 4 . Pour terminer, disons que « les vertus religieuses les plus solides s’alliaient 1 Lettre au père Etienne Souciet, 10 octobre 1729 (Observatoire, C. 150, I, 1, p. 5). 2 Vol. 12, p. 322. 3 Lettre à M. Lange (Pour de l’Isle), 9 nov. 1733, (Dépôt des Cartes, T. IV, p. 81). 4 Lettre à Fréret, 2 octobre 1741, déjà citée. 28

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) chez le père Parrenin aux hautes qualités du diplomate et du savant » 1 . p.XLIV Ce portrait que nous venons de reproduire est bien celui du père Parrenin. Il nous serait difficile d’y ajouter quelque trait saillant. L’auteur de la mission de Chine n’a pas cru devoir parler de ses relations avec l’empereur Kang-hi, ce côté de la vie du religieux ne rentrant pas dans son sujet ; il n’en est pas de même de notre résumé historique. Kang-hi, avec sa sagacité ordinaire, devina vite toutes les ressources de cette brillante organisation : il l’aime, l’estima et se l’attacha. Il s’entretenait avec lui souvent et longtemps 2 , apprenant à son école, avec les sciences mathématiques, l’anatomie, la botanique, ladecine et la chirurgie ; il l’interrogeait sur les divers intérêts des cours d’Europe, sur leurs mœurs et leurs coutumes, sur les gouvernements, l’administration, les arts et les sciences des États les plus connus ; il lui demandait de mettre par écrit un précis de ses enseignements, de lui traduire les passages les plus curieux et les plus intéressants des livres où il avait puisé ses connaissances. Pour l’éducation religieuse du prince, pour le bien et l’avancement de la religion, le père Parrenin se prêtait à ces entretiens de chaque jour, très assujettissants, mais dont le résultat fut considérable. Tous les ordres religieux, établis en Chine, et ses confrères, français et portugais, bénéficièrent de l’estime dont l’entourait Kang-hi, de toutes les faveurs dont il jouissait. p.XLV Pendant plus de 20 ans, il fut l’interprète à la cour des légats du Saint-Siège, et des ambassadeurs du Portugal et de la Moscovie. Citons seulement les deux ambassades de Clément XI, dont nous allons parler, la première en 1705, et la seconde en 1720, toutes deux envoyées par le pape et dirigées par les patriarches Maillard de Tournon et Mezzabarba. L’empereur Kang-hi mourut le 20 décembre 1722 : il était monté sur le 1 La mission de Chine de 1722 à 1735, p. 12 et 13. 2 P. Pfister, p. 652. 29

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

chez le père Parrenin aux hautes qualités du diplomate <strong>et</strong> du savant » 1 .<br />

p.XLIV<br />

Ce portrait que nous venons <strong>de</strong> reproduire est bien celui du père<br />

Parrenin. Il nous serait difficile d’y ajouter quelque trait sail<strong>la</strong>nt. L’auteur <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> mission <strong>de</strong> <strong>Chine</strong> n’a pas cru <strong>de</strong>voir parler <strong>de</strong> ses re<strong>la</strong>tions avec<br />

l’empereur Kang-hi, ce côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie du religieux ne rentrant pas dans son<br />

suj<strong>et</strong> ; il n’en est pas <strong>de</strong> même <strong>de</strong> notre résumé historique.<br />

Kang-hi, avec sa sagacité ordinaire, <strong>de</strong>vina vite toutes <strong>les</strong> ressources <strong>de</strong><br />

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s’entr<strong>et</strong>enait avec lui souvent <strong>et</strong> longtemps 2 , apprenant à son école, avec<br />

<strong>les</strong> sciences mathématiques, l’anatomie, <strong>la</strong> botanique, <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

chirurgie ; il l’interrogeait sur <strong>les</strong> divers intérêts <strong>de</strong>s cours d’Europe, sur<br />

leurs mœurs <strong>et</strong> leurs coutumes, sur <strong>les</strong> gouvernements, l’administration,<br />

<strong>les</strong> arts <strong>et</strong> <strong>les</strong> sciences <strong>de</strong>s États <strong>les</strong> plus connus ; il lui <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong><br />

m<strong>et</strong>tre par écrit un précis <strong>de</strong> ses enseignements, <strong>de</strong> lui traduire <strong>les</strong><br />

passages <strong>les</strong> plus curieux <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus intéressants <strong>de</strong>s livres où il avait puisé<br />

ses connaissances. Pour l’éducation religieuse du prince, pour le bien <strong>et</strong><br />

l’avancement <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion, le père Parrenin se prêtait à ces entr<strong>et</strong>iens <strong>de</strong><br />

chaque jour, très assuj<strong>et</strong>tissants, mais dont le résultat fut considérable.<br />

Tous <strong>les</strong> ordres religieux, établis en <strong>Chine</strong>, <strong>et</strong> ses confrères, français <strong>et</strong><br />

portugais, bénéficièrent <strong>de</strong> l’estime dont l’entourait Kang-hi, <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong><br />

faveurs dont il jouissait.<br />

p.XLV<br />

Pendant plus <strong>de</strong> 20 ans, il fut l’interprète à <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s légats du<br />

Saint-Siège, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs du Portugal <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Moscovie. Citons<br />

seulement <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ambassa<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Clément XI, dont nous allons parler, <strong>la</strong><br />

première en 1705, <strong>et</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> en 1720, toutes <strong>de</strong>ux envoyées par le<br />

pape <strong>et</strong> dirigées par <strong>les</strong> patriarches Mail<strong>la</strong>rd <strong>de</strong> Tournon <strong>et</strong> Mezzabarba.<br />

L’empereur Kang-hi mourut le 20 décembre 1722 : il était monté sur le<br />

1 La mission <strong>de</strong> <strong>Chine</strong> <strong>de</strong> 1722 à 1735, p. 12 <strong>et</strong> 13.<br />

2 P. Pfister, p. 652.<br />

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