Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) le seul et vrai moyen, ajoutait-il, de remettre tout dans l’ordre 1 . Cette lettre est du 2 mai 1782, et le 25 juillet il s’adressait directement, pour le même objet, au ministre de la Marine. La mission venait de perdre successivement, en quelques mois, trois de ses meilleurs apôtres, MM. d’Ollières, Collas et Cibot. « La Maison de Pékin, disait M. du Gad, se trouve réduite à cinq prêtres. La seule disette de sujets fera immanquablement tomber cette mission dans peu, si vous n’avez la bonté, Monseigneur, d’en remettre les tristes restes à un corps d’ecclésiastiques vertueux, capables de la soutenir pour le spirituel et le temporel, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous en supplier dans deux mémoires, envoyés en mars et en avril derniers. » Le marquis de Castries communiqua, à la date du 16 août, à M. de Vaivre, intendant général des colonies et chargé du contentieux, tous les p.386 renseignements reçus de Pékin et marquant la mésintelligence et l’anarchie qui régnaient parmi les missionnaires. Ces documents indiquaient le moyen de remédier aux désordres et d’empêcher la ruine de la mission : c’était de réunir cette mission aux Missions Étrangères. Une lettre accompagnait cette communication : « Les relations que vous avez avec les prêtres de cette association, disait le ministre, vous mettent à portée de conférer avec les supérieurs sur les moyens d’exécuter le projet de réunion. » La maison des Missions Étrangères reçut de M. de Vaivre l’offre de la mission française de Pékin ; mais elle ne crut pas devoir l’accepter par des motifs très graves que nous lisons dans un Mémoire de M. Bertin, adressé à Rome et à M. Amiot. « La Maison des Missions Étrangères, y est-il dit, n’a pu ni voulu se charger de la mission de Pékin. L’expérience a appris aux administrateurs de cette maison que leurs missions ne peuvent avoir un certain succès, lorsqu’elles sont sous une autorité spirituelle dont le titulaire ou le 1 Lettre à M. Bertin, 2 mai 1782. (Arch. de la Marine). 280
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) dépositaire est entièrement séparé et indépendant de leur maison et établissement. Quelque libre que soient l’abord et l’entrée du pays où la mission est établie, quelque relation et commerce habituel qu’y ait la France ou l’Europe, quelque tranquillité qui règne dans le pays et dans les premiers temps d’une mission, soit relativement aux missionnaires entre eux et l’évêque ou autre p.387 dépositaire de l’autorité spirituelle, il s’élève toujours par la suite mille entraves au progrès de la mission, lorsque cette autorité réside entre les mains d’une personne non seulement indépendante, mais absolument étrangère à la maison principale et au chef-lieu de la mission. Si cela arrive ou est à craindre dans les pays les plus abordables, les plus fréquentés par les Européens, et les moins alarmés sur la prédication d’un nouveau culte, comment se flatter du contraire à la Chine où les plus grands obstacles s’opposent à cette prédication ? C’est sur le fondement de cette expérience que la maison des Missions Étrangères a été effrayée et n’a pu jusqu’à présent se charger des missions françaises de la Chine. « Les motifs et les craintes que l’expérience ancienne et générale de la maison des Missions de Paris lui inspire à cet égard, ne sont rien moins qu’atténués par l’expérience récente et particulière qu’a faite la mission française de Pékin, surtout depuis l’extinction des jésuites 1 . » D’un autre côté, nous lisons dans une lettre adressée à M. Bertin par son collègue de la Marine, à la date du 15 novembre 1782 : « J’avais d’abord été persuadé comme vous, Monsieur, qu’il aurait été très p.388 utile à la mission française de Pékin que les prêtres du séminaire des Missions Étrangères eussent été chargés du remplacement des jésuites, mais un mûr examen de cette affaire m’a convaincu qu’il aurait été impossible d’en recueillir les avantages que l’État et les sciences sont en droit d’en attendre. Le corps de l’association des missions est trop peu nombreux pour qu’on puisse y trouver des savants propres à la partie littéraire, et, 1 Ici le Mémoire rapporte assez au long les difficultés qui se sont élevées entre l’évoque de Macao et celui de Nankin au sujet de la juridiction spirituelle et temporelle à Pékin. 281
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
le seul <strong>et</strong> vrai moyen, ajoutait-il, <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre tout dans l’ordre 1 .<br />
C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre est du 2 mai 1782, <strong>et</strong> le 25 juill<strong>et</strong> il s’adressait directement,<br />
pour le même obj<strong>et</strong>, au ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine. La mission venait <strong>de</strong> perdre<br />
successivement, en quelques mois, trois <strong>de</strong> ses meilleurs apôtres, MM.<br />
d’Ollières, Col<strong>la</strong>s <strong>et</strong> Cibot. « La Maison <strong>de</strong> Pékin, disait M. du Gad, se trouve<br />
réduite à cinq prêtres. La seule dis<strong>et</strong>te <strong>de</strong> suj<strong>et</strong>s fera immanquablement<br />
tomber c<strong>et</strong>te mission dans peu, si vous n’avez <strong>la</strong> bonté, Monseigneur, d’en<br />
rem<strong>et</strong>tre <strong>les</strong> tristes restes à un corps d’ecclésiastiques vertueux, capab<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> soutenir pour le spirituel <strong>et</strong> le temporel, comme j’ai déjà eu l’honneur<br />
<strong>de</strong> vous en supplier dans <strong>de</strong>ux mémoires, envoyés en mars <strong>et</strong> en avril<br />
<strong><strong>de</strong>rniers</strong>. »<br />
Le marquis <strong>de</strong> Castries communiqua, à <strong>la</strong> date du 16 août, à M. <strong>de</strong><br />
Vaivre, intendant général <strong>de</strong>s colonies <strong>et</strong> chargé du contentieux, tous <strong>les</strong><br />
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renseignements reçus <strong>de</strong> Pékin <strong>et</strong> marquant <strong>la</strong> mésintelligence <strong>et</strong><br />
l’anarchie qui régnaient parmi <strong>les</strong> missionnaires. Ces documents indiquaient<br />
le moyen <strong>de</strong> remédier aux désordres <strong>et</strong> d’empêcher <strong>la</strong> ruine <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission :<br />
c’était <strong>de</strong> réunir c<strong>et</strong>te mission aux Missions Étrangères. Une l<strong>et</strong>tre<br />
accompagnait c<strong>et</strong>te communication : « Les re<strong>la</strong>tions que vous avez avec <strong>les</strong><br />
prêtres <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te association, disait le ministre, vous m<strong>et</strong>tent à portée <strong>de</strong><br />
conférer avec <strong>les</strong> supérieurs sur <strong>les</strong> moyens d’exécuter le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
réunion. »<br />
La maison <strong>de</strong>s Missions Étrangères reçut <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Vaivre l’offre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mission française <strong>de</strong> Pékin ; mais elle ne crut pas <strong>de</strong>voir l’accepter par <strong>de</strong>s<br />
motifs très graves que nous lisons dans un Mémoire <strong>de</strong> M. Bertin, adressé à<br />
Rome <strong>et</strong> à M. <strong>Amiot</strong>.<br />
« La Maison <strong>de</strong>s Missions Étrangères, y est-il dit, n’a pu ni voulu se<br />
charger <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> Pékin. L’expérience a appris aux administrateurs<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te maison que leurs missions ne peuvent avoir un certain succès,<br />
lorsqu’el<strong>les</strong> sont sous une autorité spirituelle dont le titu<strong>la</strong>ire ou le<br />
1 L<strong>et</strong>tre à M. Bertin, 2 mai 1782. (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine).<br />
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