Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) canoniques de leur opposition, ni leur défense personnelle. Les Français adressèrent leurs rapports au gouvernement français, au primat des Indes et à leurs amis, et les Portugais écrivirent directement à la couronne de Portugal. Les évêques du patronat agirent de même. p.357 Quant au mémoire rédigé par M. Cibot et adressé à l’archevêque de Goa, il fut envoyé par celui-ci à la Propagande. La seconde source de renseignements provenait de Mgr Salusti, de Mgr de Delcon, de MM. de Ventavon, de Poirot, de Grammont et da Rocha, ex- jésuites, du père Joseph et des propagandistes, à l’exception du père Eusèbe de Citadella. Après le sacre, ils envoyèrent à la Propagande un long mémoire exposant les raisons qui les avaient déterminés à procéder à la cérémonie, sans les bulles. Ce mémoire, rédigé par Mgr Salusti et signé par les deux évêques et par les missionnaires salustiens, n’est que le développement de la déclaration de la fin de mars avant le sacre. A la suite de la signature de Mgr Salusti, chaque signataire motive son vote par une déclaration spéciale 1 . Des lettres particulières de la même source affluèrent encore à la Propagande. Les plus importantes sont assurément celles de M. de Ventavon, et parmi celles-ci il en est une, adressée, le 15 septembre 1780, au Cardinal préfet de la Propagande, dont un passage mérite d’être cité. « Vus les documents qui font foi entière 2 , p.358 Mgr Damascène a été consacré avec l’approbation de tous ceux qui sont demeurés énergiquement fidèles au Saint-Siège. En cela, si par hasard nous avons 1 Voir ce Mémoire aux Pièces justificatives, n° IX. 2 Ventavon au Préfet de la Propagande, 15 septcmbre 1780 : « Visis documentis Romanis quæ plenam fidem faciunt, Dominus Damascenus cum approbatione omnium qui constanter ex parte sanctæ sedis fortes steterunt, consecratus fuit. In hoc, si forte erravimus, errando, et Deo et Sanctæ Sedi, obsequium præstare credidimus, hinc meo et omnium nomine, rogo illustrissimam Dominationem Vestram, ut bona officia sua interponat, ne in Brevi Pontificio apponatur hoc verbum Sanamus quod culpam supponere videtur : libentissime quidem omni correctioni et pænitentiæ caput flectere parati sumus ; sed pro certo habemus Schismaticos, occasione huius verbi Sanamus, coram christianis omnibus, cum magno strepitu, et tum episcopi, tum omnium nostrum dedecore, buccinaturos nos cecidisse lite, se vero plenam victoriam retulisse, unde petulantiores adhuc et audaciores evaderent. » 262
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) erré, nous avons cru obéir à Dieu et au Saint-Siège. C’est pourquoi en mon nom et au nom de tous, je prie Son Éminence d’interposer ses bons offices, afin que, dans un bref pontifical, on n’appose pas le sanamus, qui paraît admettre une faute. Nous sommes très volontiers prêts à baisser la tête devant une correction et une pénitence ; mais nous tenons pour certain que les schismatiques, à l’occasion de ce mot, en présence de tous les chrétiens, crieront à grand tapage et au déshonneur, soit de l’évêque, soit de nous tous, que nous avons succombé dans le procès et qu’ils ont, eux, remporté une entière victoire, et ils en deviendront et plus ardents et plus audacieux. » La pensée qui se dégage de ce passage n’échappera à personne : M. de Ventavon n’était pas sûr p.359 d’avoir bien agi ; il craignait d’être blâmé avec ses adhérents. La suite de la lettre est dirigée contre les missionnaires portugais et français qui, non seulement ne reconnaissent pas l’évêque, mais attaquent continuellement son autorité et à Pékin et dans les missions. « La meilleure partie des chrétiens et les plus honorables d’entre eux, dit M. de Ventavon, sont du parti de l’évêque, dont l’élection leur a été très agréable 1 ... M. Amiot, après avoir oscillé d’ici, de là, a fini par passer dans le camp des révoltés... Le père Eusèbe est rongé de jalousie, parce que le père Damascène lui a été préféré pour l’épiscopat ; il a adopté le parti et le patronage des Français. La Congrégation devrait lui adresser une sévère admonestation. » L’archevêque de Goa, l’évêque de Nankin 2 , p.360 M. 1 A la même époque, le père Colas (15 sept. 1780) écrivait à M. Bertier : « Ces messieurs se flattent qu’on surprendra au souverain-pontife un Sanamus. Comme ils ont fait voir qu’ils ne craignent pas d’avancer hardiment les faits les plus notoirement faux, il est fort à craindre qu’ils n’aient l’impudence d’assurer que tous les chrétiens, hormis un petit nombre attaché à trois ou quatre missionnaires obstinés, ont reconnu le nouvel évêque. Ce que je viens de dire est fondé sur les discours de quelques-uns d’entre eux. » 2 Ventavon au Préfet de la Propagande, 6/9-1781 : « De D no Nankinensi nihil aliud dicendum nisi tritum axioma idem manens idem semper facit idem. Sacræ Congregationi olim parum affectus et multo minus post datum sibi coadjutorem, D ni Bourgeois et patris Eusebii pertinaciam fovet ; alio modo nocere bonæ causæ jam non potest, nisi ad supra dictos aliquot scribendo litteruras, quibus missis in Galliam D nus Bourgeois in sui justificationem utetur. » 263
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
erré, nous avons cru obéir à Dieu <strong>et</strong> au Saint-Siège. C’est pourquoi en mon<br />
nom <strong>et</strong> au nom <strong>de</strong> tous, je prie Son Éminence d’interposer ses bons offices,<br />
afin que, dans un bref pontifical, on n’appose pas le sanamus, qui paraît<br />
adm<strong>et</strong>tre une faute. Nous sommes très volontiers prêts à baisser <strong>la</strong> tête<br />
<strong>de</strong>vant une correction <strong>et</strong> une pénitence ; mais nous tenons pour certain<br />
que <strong>les</strong> schismatiques, à l’occasion <strong>de</strong> ce mot, en présence <strong>de</strong> tous <strong>les</strong><br />
chrétiens, crieront à grand tapage <strong>et</strong> au déshonneur, soit <strong>de</strong> l’évêque, soit<br />
<strong>de</strong> nous tous, que nous avons succombé dans le procès <strong>et</strong> qu’ils ont, eux,<br />
remporté une entière victoire, <strong>et</strong> ils en <strong>de</strong>viendront <strong>et</strong> plus ar<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> plus<br />
audacieux. »<br />
La pensée qui se dégage <strong>de</strong> ce passage n’échappera à personne : M. <strong>de</strong><br />
Ventavon n’était pas sûr p.359 d’avoir bien agi ; il craignait d’être blâmé<br />
avec ses adhérents.<br />
La suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre est dirigée contre <strong>les</strong> missionnaires portugais <strong>et</strong><br />
français qui, non seulement ne reconnaissent pas l’évêque, mais attaquent<br />
continuellement son autorité <strong>et</strong> à Pékin <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> missions. « La meilleure<br />
partie <strong>de</strong>s chrétiens <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus honorab<strong>les</strong> d’entre eux, dit M. <strong>de</strong> Ventavon,<br />
sont du parti <strong>de</strong> l’évêque, dont l’élection leur a été très agréable 1 ... M.<br />
<strong>Amiot</strong>, après avoir oscillé d’ici, <strong>de</strong> là, a fini par passer dans le camp <strong>de</strong>s<br />
révoltés... Le père Eusèbe est rongé <strong>de</strong> jalousie, parce que le père<br />
Damascène lui a été préféré pour l’épiscopat ; il a adopté le parti <strong>et</strong> le<br />
patronage <strong>de</strong>s Français. La Congrégation <strong>de</strong>vrait lui adresser une sévère<br />
admonestation. » L’archevêque <strong>de</strong> Goa, l’évêque <strong>de</strong> Nankin 2 , p.360 M.<br />
1 A <strong>la</strong> même époque, le père Co<strong>la</strong>s (15 sept. 1780) écrivait à M. Bertier : « Ces messieurs<br />
se f<strong>la</strong>ttent qu’on surprendra au souverain-pontife un Sanamus. Comme ils ont fait voir qu’ils<br />
ne craignent pas d’avancer hardiment <strong>les</strong> faits <strong>les</strong> plus notoirement faux, il est fort à<br />
craindre qu’ils n’aient l’impu<strong>de</strong>nce d’assurer que tous <strong>les</strong> chrétiens, hormis un p<strong>et</strong>it nombre<br />
attaché à trois ou quatre missionnaires obstinés, ont reconnu le nouvel évêque. Ce que je<br />
viens <strong>de</strong> dire est fondé sur <strong>les</strong> discours <strong>de</strong> quelques-uns d’entre eux. »<br />
2 Ventavon au Préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong>, 6/9-1781 : « De D no Nankinensi nihil aliud<br />
dicendum nisi tritum axioma i<strong>de</strong>m manens i<strong>de</strong>m semper facit i<strong>de</strong>m. Sacræ Congregationi<br />
olim parum affectus <strong>et</strong> multo minus post datum sibi coadjutorem, D ni Bourgeois <strong>et</strong> patris<br />
Eusebii pertinaciam fov<strong>et</strong> ; alio modo nocere bonæ causæ jam non potest, nisi ad supra<br />
dictos aliquot scribendo litteruras, quibus missis in Galliam D nus Bourgeois in sui<br />
justificationem ut<strong>et</strong>ur. »<br />
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