Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) ordre de l’empereur de ne rien conclure, de ne rien signer d’important sans le consulter. Les plénipotentiaires des deux puissances se réunissent à Nipchou, bourgade de la Sibérie ; ils ne peuvent s’entendre et se séparent. C’était la guerre déclarée. « Laissez-moi traiter seul avec les p.XXXVI Moscovites », dit le père Gerbillon aux ambassadeurs chinois, et il obtient des Moscovites l’acceptation de toutes les propositions de paix qui leur sont soumises. Dès cette époque, il devient l’interprète indispensable dans les affaires entre la Chine et la Russie. De retour à Pékin, il enseigne à l’empereur les éléments d’Euclide, la géométrie pratique et la philosophie ; sur l’ordre du prince, il compose en tartare mandchou, avec la collaboration du père Bouvet, des traités sur la chimie, l’anatomie et les mathématiques, il construit un laboratoire de chimie et tous les instruments nécessaires pour opérer 1 . Kang-hi est si charmé des services de ces deux missionnaires, si émerveillé de leur savoir, qu’il ordonne au père Bouvet de retourner en France et de ramener autant de jésuites qu’il pourra. Le père Bouvet obéit et revient en Chine avec une quinzaine de missionnaires, parmi lesquels les Pères Dolzé, Pernon, de Broissia, de Prémare, Régis, Parrenin, Geneix, Domenge, Baborier, d’Entrecolles et Foucquet. Cinq d’entre eux seulement sont appelés à Pékin : Pernon 2 qui y succombe bientôt de fatigue, p.XXXVII Régis 3 , Parrenin 4 , d’Entrecolles 5 , et Foucquet 6 . Les autres se dispersent dans les provinces de l’empire, où ils 1 Le père Gerbillon mourut le 22 mars 1707. Voir dans la Bibliothèque de la Compagnie, art. Gerbillon, la liste de ses ouvrages. Il fut le premier supérieur général de la mission de Chine. 2 Le père Louis Pernon, né en 1663 à Montauban, jésuite en 1681, mort à Pékin le 4 novembre 1702. 3 Le père Jean-Baptiste Régis, né en Provence le 2 février 1663, entra au noviciat de la Compagnie à Avignon le 13 septembre 1679. 4 er Le père Dominique Parrenin, né au diocèse de Besançon le 1 septembre 1665, entra au noviciat d’Avignon le 1 er septembre 1685. 5 Le père François-Xavier d’Entrecolles, né à Lyon (selon d’autres, à Limoges) le 5 février 1662, entra dans la Compagnie le 5 avril 1681. Il mourut le 2 juillet 1741. 6 Le père Jean-François Foucquet, né le 12 mars 1663 en Bourgogne, se fit jésuite le 17 septembre 1681. Il mourut à Rome en 1740. 24

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) se livrent à un apostolat actif. Un mot sur ceux qui furent dirigés sur Pékin, où ils jouèrent, chacun dans sa spécialité, un rôle important : Le père Régis a laissé un beau témoignage de ses connaissances mathématiques et astronomiques dans son immense travail géodésique sur la Chine. « Le père Régis, dit Abel Rémusat, doit être compté parmi les savants religieux qui ont fait le plus d’honneur à cette mission de la Chine, si féconde en hommes distingués dans tous les genres de connaissances ». Kang-hi ayant résolu, sous l’inspiration du père Parrenin, de faire dresser la carte générale de ses États, le père Régis commença ce travail le 4 juillet 1708, p.XXXVIII avec la collaboration des pères Bouvet, Jartoux 1 , Fridelli 2 et Anne-Marie de Moyrac de Mailla 3 . Toutes les cartes particulières dressées de 1708 à 1718 furent alors réunies en une carte générale. « Quand on pense, dit A. Rémusat, qu’une entreprise géographique, plus vaste qu’aucune de celles qu’on a jamais tentées en Europe, fut achevée par quelques religieux en moins de 10 ans, on ne peut s’empêcher d’admirer cet effort d’un zèle, qui n’était pas uniquement celui de la science, quoiqu’il en servît si bien les intérêts ». Dans la préface du grand ouvrage du père du Halde, le père Régis explique les méthodes suivies pour la levée des cartes et il ajoute : « Je puis assurer qu’on n’a rien oublié pour faire un bon ouvrage. On a parcouru soi-même tous les endroits un peu considérables de toutes les provinces... soit en Tartarie, soit en Chine ». Nous devons p.XXXIX reconnaître que le travail géodésique du père Régis et de ses compagnons, admirable pour l’époque, 1 Le père Pierre Jartoux, né à Evreux (Eure), en 1668, novice de la Compagnie de Jésus en 1687, arrivé en Chine en 1701, mourut à Pékin le 30 novembre 1720. 2 Xavier Ehrenbert Fridelli, né à Lintz le 11 mars 1673, novice de la Compagnie le 12 octobre 1688, arrivé en Chine le 8 août 1705, mourut à Pékin le 4 juin 1743. 3 Le père Joseph-Marie-Anne de Moyrac de Mailla, auteur de l’Histoire générale de la Chine, en 12 vol., né le 16 décembre 1669 au diocèse de Belley, se présenta au noviciat de Lyon le 10 septembre 1686, arriva en Chine le 16 juin 1703 et mourut à Pékin le 28 juin 1748. Nous en reparlerons. Voir la liste de ses ouvrages dans la Bibliothèque de la Compagnie. 25

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

se livrent à un aposto<strong>la</strong>t actif.<br />

Un mot sur ceux qui furent dirigés sur Pékin, où ils jouèrent, chacun<br />

dans sa spécialité, un rôle important :<br />

Le père Régis a <strong>la</strong>issé un beau témoignage <strong>de</strong> ses connaissances<br />

mathématiques <strong>et</strong> astronomiques dans son immense travail géodésique sur<br />

<strong>la</strong> <strong>Chine</strong>. « Le père Régis, dit Abel Rémusat, doit être compté parmi <strong>les</strong><br />

savants religieux qui ont fait le plus d’honneur à c<strong>et</strong>te mission <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>,<br />

si fécon<strong>de</strong> en hommes distingués dans tous <strong>les</strong> genres <strong>de</strong> connaissances ».<br />

Kang-hi ayant résolu, sous l’inspiration du père Parrenin, <strong>de</strong> faire dresser <strong>la</strong><br />

carte générale <strong>de</strong> ses États, le père Régis commença ce travail le 4 juill<strong>et</strong><br />

1708, p.XXXVIII avec <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s pères Bouv<strong>et</strong>, Jartoux 1 , Fri<strong>de</strong>lli 2 <strong>et</strong><br />

Anne-Marie <strong>de</strong> Moyrac <strong>de</strong> Mail<strong>la</strong> 3 .<br />

Toutes <strong>les</strong> cartes particulières dressées <strong>de</strong> 1708 à 1718 furent alors<br />

réunies en une carte générale. « Quand on pense, dit A. Rémusat, qu’une<br />

entreprise géographique, plus vaste qu’aucune <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> qu’on a jamais<br />

tentées en Europe, fut achevée par quelques religieux en moins <strong>de</strong> 10 ans,<br />

on ne peut s’empêcher d’admirer c<strong>et</strong> effort d’un zèle, qui n’était pas<br />

uniquement celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> science, quoiqu’il en servît si bien <strong>les</strong> intérêts ».<br />

Dans <strong>la</strong> préface du grand ouvrage du père du Hal<strong>de</strong>, le père Régis explique<br />

<strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s suivies pour <strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s cartes <strong>et</strong> il ajoute : « Je puis assurer<br />

qu’on n’a rien oublié pour faire un bon ouvrage. On a parcouru soi-même<br />

tous <strong>les</strong> endroits un peu considérab<strong>les</strong> <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> provinces... soit en<br />

Tartarie, soit en <strong>Chine</strong> ». Nous <strong>de</strong>vons p.XXXIX reconnaître que le travail<br />

géodésique du père Régis <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses compagnons, admirable pour l’époque,<br />

1 Le père Pierre Jartoux, né à Evreux (Eure), en 1668, novice <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie <strong>de</strong> Jésus en<br />

1687, arrivé en <strong>Chine</strong> en 1701, mourut à Pékin le 30 novembre 1720.<br />

2 Xavier Ehrenbert Fri<strong>de</strong>lli, né à Lintz le 11 mars 1673, novice <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie le 12<br />

octobre 1688, arrivé en <strong>Chine</strong> le 8 août 1705, mourut à Pékin le 4 juin 1743.<br />

3 Le père <strong>Joseph</strong>-Marie-Anne <strong>de</strong> Moyrac <strong>de</strong> Mail<strong>la</strong>, auteur <strong>de</strong> l’Histoire générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>,<br />

en 12 vol., né le 16 décembre 1669 au diocèse <strong>de</strong> Belley, se présenta au noviciat <strong>de</strong> Lyon le<br />

10 septembre 1686, arriva en <strong>Chine</strong> le 16 juin 1703 <strong>et</strong> mourut à Pékin le 28 juin 1748. Nous<br />

en reparlerons. Voir <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> ses ouvrages dans <strong>la</strong> Bibliothèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie.<br />

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