Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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06.07.2013 Views

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) dévoués de la dernière heure de la Compagnie de Jésus en Chine, écrivait, vers la fin de 1779, à un de ses vieux amis de France, M. Brotier, ex- jésuite : « La grande mission de Chine ne fait plus que se soutenir sur les flots. Périsse plutôt ma droite que de révéler à l’Europe jusqu’où vont nos désolations et nos agonies. » Elles allèrent si loin qu’elles lui portèrent un coup mortel. « La fatale destruction de la Société, dit M. Bourgeois, lui avait donné le premier coup de la mort ; les écarts et les scandales qui sont survenus, l’ont achevé. Il est mort le 8 août 1780 de la mort des saints. » Avant de rendre le dernier soupir, il recueillit ses forces pour prier M. Bourgeois, son confesseur et ami, de faire savoir à ses anciens confrères, MM. de Ventavon, de Poirot et de Grammont, tous trois p.320 devenus ses adversaires, qu’il les portait dans son cœur et qu’il mourait leur ami. « Dites-leur bien, ajouta-t-il, que je les aime, mais que je les plains ; ils sont sortis de leur voie. 1 » C’était la première victime des salustiens. Quelques mois après, le père d’Ollières le suivait dans la tombe, frappé d’apoplexie. Malgré sa fermeté d’âme et l’énergie de sa foi, il n’avait pu résister à cette terrible épreuve de l’excommunication, affichée partout et conçue en des termes si durs et si injurieux. Mgr Salusti, qui redoutait son inflexible droiture et son influence considérable sur les néophytes, ne sut pas, après cet acte de rigueur, se tenir dans les bornes de la modération. « Dieu sait, écrit M. Bourgeois, tout ce qu’on a fait, dit, prêché et affiché depuis son excommunication... Nos malheurs sont toujours allés en croissant. Le père d’Ollières n’a pu y tenir. Il en a été la victime ou plutôt le martyr. Il mourut le 24 décembre 1780. » M. Bourgeois ajoute : « En apprenant sa mort, quels cris lamentables jetèrent nos chrétiens de la ville et ceux des provinces ! » Apôtre zélé, charitable, il était l’idole de la chrétienté. La mesure dont on l’avait si indignement frappé, au lieu de le diminuer aux yeux de ses néophytes, ne fit que le grandir et donner à ses hautes vertus un nouveau lustre. 1 Même lettre de M. Bourgeois du 15 oct. 240

p.321 Le père Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Louis Collas, mathématicien du palais, ancien président du tribunal, intimement lié par une vieille et persévérante amitié au père d’Ollières, fut tellement impressionné par la mort subite de son ami qu’il ne put dominer la douleur immense qu’il en ressentit. Il mourut le mois suivant, le 22 janvier 1781. Ainsi, en quelques mois, trois victimes de la persécution des salustiens ! Des missionnaires français qui furent toujours et malgré tout fidèles à leur devoir, il ne restait plus que MM. Amiot et Bourgeois. @ 241

p.321 Le père<br />

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

Louis Col<strong>la</strong>s, mathématicien du pa<strong>la</strong>is, ancien prési<strong>de</strong>nt du<br />

tribunal, intimement lié par une vieille <strong>et</strong> persévérante amitié au père<br />

d’Ollières, fut tellement impressionné par <strong>la</strong> mort subite <strong>de</strong> son ami qu’il ne<br />

put dominer <strong>la</strong> douleur immense qu’il en ressentit. Il mourut le mois<br />

suivant, le 22 janvier 1781.<br />

Ainsi, en quelques mois, trois victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> persécution <strong>de</strong>s salustiens !<br />

Des missionnaires français qui furent toujours <strong>et</strong> malgré tout fidè<strong>les</strong> à leur<br />

<strong>de</strong>voir, il ne restait plus que MM. <strong>Amiot</strong> <strong>et</strong> Bourgeois.<br />

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