Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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06.07.2013 Views

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Le lendemain de la consécration, Mgr promit tout ce qu’on voulut, en sorte qu’on se flattait que p.307 cette démarche irrégulière n’aurait pas de mauvaises suites, que tout resterait tranquille et que les néophytes ne s’apercevraient de rien 1 . La paix était désirable, et tous les cœurs généreux, cherchant avant tout le bien des âmes et la gloire de Dieu, la désiraient et la demandaient. Mais voici ce qui se passa, d’après la lettre de M. Bourgeois à M. Duprez 2 , celle de M. d’Ollières à son frère, et le mémoire de MM. Cibot, Bourgeois, Collas et d’Ollières 3 , à l’archevêque de Goa. Mgr Salusti avait malheureusement auprès de lui des conseillers trop écoutés, imprudents et mal inspirés ou mal éclairés, ne calculant pas assez les fâcheuses conséquences de leurs conseils. Ils détournèrent Monseigneur de la voie où il voulait entrer, et ce prélat, oubliant ses promesses de la veille, se décida à gouverner son église. Il envoya les pouvoirs aux missionnaires, de son diocèse, salustiens et bonifaciens. Les premiers les reçurent, les autres les refusèrent 4 . En même temps, il écrivait aux chrétientés des ex-jésuites, en p.308 dehors de la ville, que les bonifaciens étaient sans pouvoirs, incapables de confesser ; ainsi, ils étaient interdits sans le savoir. Il répandait aussi le bruit que les bulles et instantiis rogatus. Hinc tribus solum verbis Eminentiæ vestræ exposui nova illa dissentionum zizania, quæ inimicus homo super-seminare cepit occasione præcipitatæ consecrationis et subsecutæ deinceps strepitosæ administrationis, non expectatis Bullis pontificiis, quæ de jure et consuetudine per viam Patroni remitti debent, cumque insuper per Bullam Bonifacii VIII vetitum sit nominato ullum juridictionis actum exercere sine exhibitis Bullis, idque sub pæna nullitatis et inhabilitatis ad idem beneficium. Inde accidit ut sapientissima hac S. Sedis providentia non modo extinctum non fuerit antiquum schisma, sed novum ei superadditum. » (Arch. de la Prop.) Dans une lettre précédente du 25 juillet 1780 au même cardinal, il disait « Nihi sufficiat dicere quod cum Bullæ Pontificiæ de novis his Lusitani juris episcopatuum nominationibus husquam apparaissent, quæ tamen ad valorem adeundæ possessionis et exeundæ juridictionis de jure et praxi requiruntur... » (Arch. de la Propag.) 1 M. Bourgeois à M. Duprez, 15 oct. 1780. 2 V. Pièces justificatives, n° X. 3 Voir ce Mémoire aux Pièces justificatives, n°V. 4 « Quarta decima die, episcopus amicissimas litteras protestantibus misit... nec litteras nec facultates recipere voluerunt. » (Mémoire de 1780 à la Propapgande, cité plus haut). — Voir aussi la lettre de M. Bourgeois. 232

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) avaient été volées, à Macao ou à Canton, par des jésuites portugais ou français. Un prêtre chinois, délégué par lui, parcourait la ville, allant de maison en maison et prévenant les chrétiens que MM. Bourgeois, d’Ollières et Cibot n’avaient plus les pouvoirs, qu’il était inutile de faire appel à leur ministère. Ces messieurs, néanmoins, qui tenaient jusqu’ici leurs pouvoirs de Mgr de Nankin, continuèrent d’exercer avec les anciennes approbations 1 . Grand fut alors le mécontentement des trois ex-jésuites salustiens, en voyant que M. Bourgeois et ses amis, non seulement refusaient les approbations que leur offrait Mgr Salusti, mais qu’ils administraient toujours les sacrements avec les pouvoirs reçus de l’évêque de Nankin. Tous ces messieurs ex-jésuites français, salustiens et bonifaciens, habitaient la résidence de Saint-Sauveur, mais ils n’avaient entre eux aucune relation. En conséquence, M. de Poirot se contenta d’écrire, au nom de ses deux amis, à M. Amiot, une p.309 lettre assez peu mesurée où il blâmait sévèrement la conduite de M. Bourgeois et de ses partisans. A l’entendre, les approbations de Mgr Salusti étaient seules valables, les autres nulles et de nul effet. M. Amiot lui répondit le 13 juin : « Vous trouvez mauvais que nos messieurs français n’aient pas demandé d’être approuvés par Mgr Salusti, qu’ils aient même refusé les approbations qu’il leur offrait... sans discuter ici s’ils ont bien ou mal fait, leur conduite à cet égard pouvait être moins dure ; mais elle est une suite et comme une conséquence de la première démarche qu’ils ont faite en s’opposant à ce qu’il fût sacré. Ils croient que Mgr Salusti n’a point de juridiction, parce qu’il s’est fait consacrer contre les règles ordinaires de l’Église. Pourquoi l’auraient-ils engagé, en lui demandant d’être approuvés, à faire des actes d’un droit qu’ils lui refusent ? Suivant leur manière de penser, ces actes eussent été nuls et de 1 Nous n’examinons pas ici si les pouvoirs reçus de Mgr de Nankin, qui avait donné sa démission d’administrateur, étaient toujours valables. La situation était troublée et troublante. Nous rapportons les faits, rien de plus. 233

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

Le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> consécration, Mgr promit tout ce qu’on voulut, en<br />

sorte qu’on se f<strong>la</strong>ttait que p.307 c<strong>et</strong>te démarche irrégulière n’aurait pas <strong>de</strong><br />

mauvaises suites, que tout resterait tranquille <strong>et</strong> que <strong>les</strong> néophytes ne<br />

s’apercevraient <strong>de</strong> rien 1 . La paix était désirable, <strong>et</strong> tous <strong>les</strong> cœurs<br />

généreux, cherchant avant tout le bien <strong>de</strong>s âmes <strong>et</strong> <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong> Dieu, <strong>la</strong><br />

désiraient <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>mandaient.<br />

Mais voici ce qui se passa, d’après <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> M. Bourgeois à M.<br />

Duprez 2 , celle <strong>de</strong> M. d’Ollières à son frère, <strong>et</strong> le mémoire <strong>de</strong> MM. Cibot,<br />

Bourgeois, Col<strong>la</strong>s <strong>et</strong> d’Ollières 3 , à l’archevêque <strong>de</strong> Goa.<br />

Mgr Salusti avait malheureusement auprès <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>s conseillers trop<br />

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<strong>les</strong> fâcheuses conséquences <strong>de</strong> leurs conseils. Ils détournèrent Monseigneur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> voie où il vou<strong>la</strong>it entrer, <strong>et</strong> ce pré<strong>la</strong>t, oubliant ses promesses <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

veille, se décida à gouverner son église.<br />

Il envoya <strong>les</strong> pouvoirs aux missionnaires, <strong>de</strong> son diocèse, salustiens <strong>et</strong><br />

bonifaciens. Les premiers <strong>les</strong> reçurent, <strong>les</strong> autres <strong>les</strong> refusèrent 4 . En même<br />

temps, il écrivait aux chrétientés <strong>de</strong>s ex-jésuites, en p.308 <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />

que <strong>les</strong> bonifaciens étaient sans pouvoirs, incapab<strong>les</strong> <strong>de</strong> confesser ; ainsi,<br />

ils étaient interdits sans le savoir. Il répandait aussi le bruit que <strong>les</strong> bul<strong>les</strong><br />

<strong>et</strong> instantiis rogatus. Hinc tribus solum verbis Eminentiæ vestræ exposui nova il<strong>la</strong><br />

dissentionum zizania, quæ inimicus homo super-seminare cepit occasione præcipitatæ<br />

consecrationis <strong>et</strong> subsecutæ <strong>de</strong>inceps strepitosæ administrationis, non expectatis Bullis<br />

pontificiis, quæ <strong>de</strong> jure <strong>et</strong> consu<strong>et</strong>udine per viam Patroni remitti <strong>de</strong>bent, cumque insuper per<br />

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Bullis, idque sub pæna nullitatis <strong>et</strong> inhabilitatis ad i<strong>de</strong>m beneficium. In<strong>de</strong> accidit ut<br />

sapientissima hac S. Sedis provi<strong>de</strong>ntia non modo extinctum non fuerit antiquum schisma,<br />

sed novum ei superadditum. » (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prop.) Dans une l<strong>et</strong>tre précé<strong>de</strong>nte du 25 juill<strong>et</strong><br />

1780 au même cardinal, il disait « Nihi sufficiat dicere quod cum Bullæ Pontificiæ <strong>de</strong> novis<br />

his Lusitani juris episcopatuum nominationibus husquam apparaissent, quæ tamen ad<br />

valorem a<strong>de</strong>undæ possessionis <strong>et</strong> exeundæ juridictionis <strong>de</strong> jure <strong>et</strong> praxi requiruntur... »<br />

(Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propag.)<br />

1 M. Bourgeois à M. Duprez, 15 oct. 1780.<br />

2 V. Pièces justificatives, n° X.<br />

3 Voir ce Mémoire aux Pièces justificatives, n°V.<br />

4 « Quarta <strong>de</strong>cima die, episcopus amicissimas litteras protestantibus misit... nec litteras nec<br />

facultates recipere voluerunt. » (Mémoire <strong>de</strong> 1780 à <strong>la</strong> Propapgan<strong>de</strong>, cité plus haut). — Voir<br />

aussi <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> M. Bourgeois.<br />

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