Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) de convertir les infidèles et de gagner des âmes à Jésus-Christ, porte souvent vos Pères à entreprendre de pareils voyages, je souhaiterais qu’ils se servissent de l’occasion, et que, dans le temps où ils ne sont pas si occupés à la prédication de l’Évangile, ils fissent sur les lieux quantité d’observations qui nous manquent pour la perfection des sciences et des arts. » p.XXXIII La mort de Colbert suspendit quelque temps l’exécution de ce dessein. Son successeur, le marquis de Louvois, le reprit et demanda aux supérieurs de la Compagnie six jésuites habiles dans les mathématiques. Les pères de Fontaney, Gerbillon, le Comte, de Visdelou, Bouvet et Tachard furent choisis. « Ce fut là, dit Abel Rémusat, le premier noyau de cette mission française de la Chine, si célèbre pendant plus de cent ans, et dont les membres ont tant contribué à faire connaître les contrées orientales de l’Asie » 1 . Tous ces religieux étaient des hommes distingués, d’un talent supérieur, instruits, zélés, dans la force de l’âge 2 . Ils partirent de Brest le 3 mars 1685, et n’arrivèrent à Pékin que le 7 février 1688. L’empereur leur fit l’accueil le plus aimable, leur témoigna son grand p.XXXIV désir de les garder, et, le 4 juillet 1693, il leur donna, dans la première enceinte de son palais, une maison et un vaste emplacement pour y bâtir une église 3 . Le père de Fontaney, religieux exemplaire et d’un zèle éprouvé, avait toutes les qualités d’un fondateur de mission ; mais forcé de 1 Mélanges asiatiques, II, p. 214. 2 Le père Jean de Fontaney, qui enseignait depuis huit ans les mathématiques au collège Louis-le-Grand, était né en 1643 au diocèse de Saint-Pol-de-Léon (Bretagne) et entré au noviciat des jésuites le 11 octobre 1658. — Le père Jean-François Gerbillon, né à Verdun le 11 juin 1654, avait été reçu au noviciat de Nancy le 6 octobre 1670. — Le père Louis le Comte, né le 10 octobre 1655, à Bordeaux, s’était fait jésuite à l’âge de 16 ans. — Le père Claude de Visdelou, né en Bretagne, le 11 mars 1656, s’était donné à Dieu le 5 septembre 1673, au noviciat de Paris. — Le père Joachim Bouvet, né le 18 juillet 1656, s’était présenté au noviciat le 9 octobre 1678. — Le père Tachard, bien que désigné, ne parvint pas en Chine. 3 Même lettre du 13 février, du père de Fontaney au père de la Chaise. Le bon accueil reçu par les Pères français fut surtout dû au père Verbiest, qui avait beaucoup agi pour les faire venir en Chine et mourut avant leur arrivée. 22

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) rentrer en France pour les besoins de la mission, il ne revit la Chine en 1701 que pour la quitter de nouveau au commencement de 1703. La mission française n’exista pas régulièrement comme distincte et indépendante de la vice-province portugaise, avant 1700. C’est le 3 novembre 1700 que le révérend père général Thyrse Gonzalez nomma le père François Gerbillon premier supérieur, avec pouvoir de vice-provincial pour tous les jésuites français de Chine. La mission française était dès lors séparée de la mission portugaise. Avant cette séparation, un grand événement religieux se passait en Chine. Innocent XII nommait des évêques et des vicaires apostoliques pour chaque province de la Chine. Aucun d’eux, excepté l’évêque de Nankin 1 , n’appartenait à la Compagnie de Jésus. p.XXXV L’évêque d’Argolis fut nommé à l’évêché de Pékin. « Ces messieurs, écrit le père de Fontaney, allaient se trouver en face de difficultés insurmontables, dans des pays inconnus, où la défiance et les soupçons sont comme l’âme du gouvernement. Ils s’adressèrent à nous, nous priant d’être leur appui à la cour 2 . » Les jésuites, qu’on accuse d’être jaloux et exclusifs, s’y employèrent de tout leur pouvoir et réussirent à les faire accepter dans tout l’empire, malgré l’opposition des mandarins 3 . En 1704, le père de Fontaney arrive en France, où ses supérieurs l’ont appelé pour rendre compte de l’état de la mission française. Fatigué, on l’y retient ; il meurt à la Flèche, le 16 janvier 1710. Le père Gerbillon, à Pékin, gagne tellement la confiance de Kang-hi, que ce prince le charge d’accompagner ses ambassadeurs en Sibérie, où ils vont traiter de la paix avec le czar de Moscovie. Les ambassadeurs avaient 1 Mgr Alexandre Ciceri, né à Côme (Italie), le 27 mai 1637, entré dans la Compagnie de Jésus en 1655, arrivé en Chine en 1680, fut nommé évêque de Nankin en 1696 par le Pape Innocent XII, et mourut en 1704. 2 Même lettre du père de Fontaney. 3 Ibid. — Voir dans cette lettre les témoignages de reconnaissance que les Pères français de Pékin reçurent à cette occasion. 23

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

rentrer en France pour <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission, il ne revit <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> en<br />

1701 que pour <strong>la</strong> quitter <strong>de</strong> nouveau au commencement <strong>de</strong> 1703.<br />

La mission française n’exista pas régulièrement comme distincte <strong>et</strong><br />

indépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> vice-province portugaise, avant 1700. C’est le 3<br />

novembre 1700 que le révérend père général Thyrse Gonzalez nomma le<br />

père François Gerbillon premier supérieur, avec pouvoir <strong>de</strong> vice-provincial<br />

pour tous <strong>les</strong> jésuites français <strong>de</strong> <strong>Chine</strong>. La mission française était dès lors<br />

séparée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission portugaise.<br />

Avant c<strong>et</strong>te séparation, un grand événement religieux se passait en<br />

<strong>Chine</strong>. Innocent XII nommait <strong>de</strong>s évêques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s vicaires apostoliques pour<br />

chaque province <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>. Aucun d’eux, excepté l’évêque <strong>de</strong> Nankin 1 ,<br />

n’appartenait à <strong>la</strong> Compagnie <strong>de</strong> Jésus. p.XXXV L’évêque d’Argolis fut nommé<br />

à l’évêché <strong>de</strong> Pékin. « Ces messieurs, écrit le père <strong>de</strong> Fontaney, al<strong>la</strong>ient se<br />

trouver en face <strong>de</strong> difficultés insurmontab<strong>les</strong>, dans <strong>de</strong>s pays inconnus, où <strong>la</strong><br />

défiance <strong>et</strong> <strong>les</strong> soupçons sont comme l’âme du gouvernement. Ils<br />

s’adressèrent à nous, nous priant d’être leur appui à <strong>la</strong> cour 2 . » Les<br />

jésuites, qu’on accuse d’être jaloux <strong>et</strong> exclusifs, s’y employèrent <strong>de</strong> tout<br />

leur pouvoir <strong>et</strong> réussirent à <strong>les</strong> faire accepter dans tout l’empire, malgré<br />

l’opposition <strong>de</strong>s mandarins 3 .<br />

En 1704, le père <strong>de</strong> Fontaney arrive en France, où ses supérieurs l’ont<br />

appelé pour rendre compte <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission française. Fatigué, on l’y<br />

r<strong>et</strong>ient ; il meurt à <strong>la</strong> Flèche, le 16 janvier 1710.<br />

Le père Gerbillon, à Pékin, gagne tellement <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong> Kang-hi, que<br />

ce prince le charge d’accompagner ses ambassa<strong>de</strong>urs en Sibérie, où ils<br />

vont traiter <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix avec le czar <strong>de</strong> Moscovie. Les ambassa<strong>de</strong>urs avaient<br />

1 Mgr Alexandre Ciceri, né à Côme (Italie), le 27 mai 1637, entré dans <strong>la</strong> Compagnie <strong>de</strong><br />

Jésus en 1655, arrivé en <strong>Chine</strong> en 1680, fut nommé évêque <strong>de</strong> Nankin en 1696 par le Pape<br />

Innocent XII, <strong>et</strong> mourut en 1704.<br />

2 Même l<strong>et</strong>tre du père <strong>de</strong> Fontaney.<br />

3 Ibid. — Voir dans c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre <strong>les</strong> témoignages <strong>de</strong> reconnaissance que <strong>les</strong> Pères français <strong>de</strong><br />

Pékin reçurent à c<strong>et</strong>te occasion.<br />

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