Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Les bonifaciens n’envisageaient pas la situation au même point de vue que les salustiens. Abstraction faite des circonstances où l’on se trouvait, ils étudièrent avec soin la décrétale Injunctæ 1 , et, de p.297 cette étude il ressortit pour eux, avec évidence, qu’ils n’étaient pas obligés d’adhérer à la décision des salustiens, et que Mgr Salusti ne pouvait se faire consacrer sans les bulles. En outre, le long retard des bulles permettait de soupçonner ou de craindre qu’il n’y eut eu un changement dans la nomination de l’évêque par suite d’opposition du Portugal. Cette éventualité n’échappa pas aux salustiens eux-mêmes. Dès lors, la sagesse conseillait d’attendre les bulles. Les trois ex-jésuites, MM. de Ventavon, de Poirot et de Grammont en jugèrent autrement. Exerçant sur Mgr Salusti une influence considérable, ils l’engagèrent vivement et le déterminèrent à se faire consacrer sans les bulles, malgré l’avis contraire des autres missionnaires français et portugais, à l’exception de M. da Rocha 2 . Mgr de Delcon, qui s’était longtemps montré hésitant au sujet de la p.298 consécration, avait fini par céder aux instances que lui firent les salustiens. La cérémonie du sacre fut donc fixée au deux avril. Le père Joseph, carme déchaussé et missionnaire apostolique, toujours vicaire général de l’évêque de Nankin, adressa, la veille du sacre, à Mgr Salusti, la déclaration suivante : 1 Voici le texte de la décrétale injunctæ de Boniface VIII, en l’an 1300 : « Sancimus ut Episcopi et alii prælati superiores..., qui apud dictam sedem promoventur, aut confirmationis, consecrationis, vel benedictionis munus recipiunt, ad commissas eis ecclesias absque dictæ sedis litteris hujus modi, eorum promotionem, confirmationem, consecrationem sen benedictionem continentibus, accedere vel bonorum ecclesiasticorum administrationem accipere non præsumant : nullique eos absque dictarum litterarum ostensione recipiant aut eis pareant vel intendant. » 2 Mémoire de Mgr de Govea : « R. D. Episcopus cessit rationibus salustinorum, et contemptis juridicis protestationibus bonifaciorum, fuit consecratus. Tres ex-jésuitæ Galli, corpus unum facientes cum alumnis Sacræ Congregationis, suaserunt D. Episcopo ut a R. D. Episcopo Delconensi consecrationem susciperet, non obstantibus rationibus in contrarium adductis a Lusitanis et a cæteris gailis et ab ipso delconensi episcopo, qui per mullum etiam tempus de consecratione facienda hæsitavit.. » 226
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) « Je soussigné, ayant connaissance des lettres envoyées par la Sacrée Congrégation au révérendissime et illustrissime Père Jean-Damascène et à moi, par lesquelles Elle le désigne comme évêque de Pékin, et que, par suite, je deviens déchargé des fonctions de vicaire qu’on m’avait imposées, je déclare que mon autorité de vicaire a cessé entièrement, ainsi que la précaire administration de ce diocèse de Pékin 1 . » Dès le mercredi de Pâques, quatre jours avant p.299 la consécration, M. Bourgeois avait appris par le père Eusèbe de Citadella, propagandiste, ce qui se passait au camp des salustiens, et l’avait prié de passer chez lui. « Il me dit, écrit-il à son ami Duprez, que les bulles n’étaient sûrement pas arrivées, que malgré cela on travaillait à des habits pontificaux, et que, s’il n’y avait point d’opposition, Mgr de Delcon ferait la consécration dans quatre ou cinq jours, c’est-à-dire, le jour de Quasimodo. Au narré, j’entrevis tous les maux qui menaçaient notre mission française. Connaissant Mgr de Delcon depuis plusieurs années, je pris le parti de lui écrire, persuadé que, suivant les lois canoniques, il ne passerait pas outre, en cas d’opposition. De leur côté, les Pères portugais, qui gouvernaient presque les trois-quarts de la chrétienté de Pékin, en firent autant. Au surplus, ils avaient une raison personnelle, sur laquelle on ne les fera jamais passer. En venant aux missions, ils font serment de ne reconnaître aucune personne constituée en dignité sans l’attache du roi. « Mgr de Delcon répondit à ma lettre, dimanche matin seulement, à six heures, et m’avoua qu’il n’avait pas les bulles 2 , mais que les lettres reçues de Rome suffisaient pleinement pour la consécration. » 1 Ego infra scriptus conscius ex S. Congregationis litteris ad illustrissimum et reverend. P. Jo. Damascenum et ad me scriptis cum ejusdem destinatione in episcopum Pekinensem, me remanere liberum ab officio vicarii, antea mihi imposito, hinc declaro omnem meam vicaru authoritatem cessare eum omni alia præcaria hujus Pekinensis diæcescos administratione. Pekini, die I a Aprilis 1780. JOSEPH, a S. Theresia carm. disc. miss. apost. (Arch. de la Prop.) 2 Mgr de Govea dit dans son mémoire : « Minister regius Ulyssiponensis expedivit Bullas et regias epistolas per Goam ; quaee expeditio unum plus quam solitum annum ad sinas adventum retardavit. » 227
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
« Je soussigné, ayant connaissance <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres envoyées par <strong>la</strong> Sacrée<br />
Congrégation au révérendissime <strong>et</strong> illustrissime Père Jean-Damascène <strong>et</strong> à<br />
moi, par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> Elle le désigne comme évêque <strong>de</strong> Pékin, <strong>et</strong> que, par<br />
suite, je <strong>de</strong>viens déchargé <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> vicaire qu’on m’avait imposées,<br />
je déc<strong>la</strong>re que mon autorité <strong>de</strong> vicaire a cessé entièrement, ainsi que <strong>la</strong><br />
précaire administration <strong>de</strong> ce diocèse <strong>de</strong> Pékin 1 . »<br />
Dès le mercredi <strong>de</strong> Pâques, quatre jours avant p.299 <strong>la</strong> consécration, M.<br />
Bourgeois avait appris par le père Eusèbe <strong>de</strong> Cita<strong>de</strong>l<strong>la</strong>, propagandiste, ce<br />
qui se passait au camp <strong>de</strong>s salustiens, <strong>et</strong> l’avait prié <strong>de</strong> passer chez lui. « Il<br />
me dit, écrit-il à son ami Duprez, que <strong>les</strong> bul<strong>les</strong> n’étaient sûrement pas<br />
arrivées, que malgré ce<strong>la</strong> on travail<strong>la</strong>it à <strong>de</strong>s habits pontificaux, <strong>et</strong> que, s’il<br />
n’y avait point d’opposition, Mgr <strong>de</strong> Delcon ferait <strong>la</strong> consécration dans<br />
quatre ou cinq jours, c’est-à-dire, le jour <strong>de</strong> Quasimodo. Au narré,<br />
j’entrevis tous <strong>les</strong> maux qui menaçaient notre mission française.<br />
Connaissant Mgr <strong>de</strong> Delcon <strong>de</strong>puis plusieurs années, je pris le parti <strong>de</strong> lui<br />
écrire, persuadé que, suivant <strong>les</strong> lois canoniques, il ne passerait pas outre,<br />
en cas d’opposition. De leur côté, <strong>les</strong> Pères portugais, qui gouvernaient<br />
presque <strong>les</strong> trois-quarts <strong>de</strong> <strong>la</strong> chrétienté <strong>de</strong> Pékin, en firent autant. Au<br />
surplus, ils avaient une raison personnelle, sur <strong>la</strong>quelle on ne <strong>les</strong> fera<br />
jamais passer. En venant aux missions, ils font serment <strong>de</strong> ne reconnaître<br />
aucune personne constituée en dignité sans l’attache du roi.<br />
« Mgr <strong>de</strong> Delcon répondit à ma l<strong>et</strong>tre, dimanche matin seulement, à six<br />
heures, <strong>et</strong> m’avoua qu’il n’avait pas <strong>les</strong> bul<strong>les</strong> 2 , mais que <strong>les</strong> l<strong>et</strong>tres reçues<br />
<strong>de</strong> Rome suffisaient pleinement pour <strong>la</strong> consécration. »<br />
1 Ego infra scriptus conscius ex S. Congregationis litteris ad illustrissimum <strong>et</strong> reverend. P.<br />
Jo. Damascenum <strong>et</strong> ad me scriptis cum ejus<strong>de</strong>m <strong>de</strong>stinatione in episcopum Pekinensem, me<br />
remanere liberum ab officio vicarii, antea mihi imposito, hinc <strong>de</strong>c<strong>la</strong>ro omnem meam vicaru<br />
authoritatem cessare eum omni alia præcaria hujus Pekinensis diæcescos administratione.<br />
Pekini, die I a Aprilis 1780.<br />
JOSEPH, a S. Theresia carm. disc.<br />
miss. apost.<br />
(Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prop.)<br />
2 Mgr <strong>de</strong> Govea dit dans son mémoire : « Minister regius Ulyssiponensis expedivit Bul<strong>la</strong>s <strong>et</strong><br />
regias episto<strong>la</strong>s per Goam ; quaee expeditio unum plus quam solitum annum ad sinas<br />
adventum r<strong>et</strong>ardavit. »<br />
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