Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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p.281 Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) L’année suivante, 4 février 1779, le cardinal Castelli adressait la lettre suivante au père Jean Damascène : « En même temps que la présente, Votre Seigneurie recevra par la voie du Portugal les bulles et pouvoirs pour cet épiscopat, qui, par une volonté spéciale de la divine Providence, est venu tomber sur elle, c’est-à-dire, sur un sujet, qui comprenant la langue 1 et connaissant parfaitement les lieux et les personnes, saura de bon gré se charger de ce fardeau, et se préparer à la fonction pastorale à l’égard d’un troupeau privé de pasteur depuis bien des années, et qui a besoin par conséquent de soins et de la sollicitude la plus attentive. Le zèle de Votre Grandeur sera guidé par la grâce du Seigneur afin de ramener l’utrumque unum, à savoir, pacifier le chisme, qui est né au milieu de plusieurs ex-jésuites français et portugais. Vous êtes le pasteur, donc tous doivent vous reconnaître comme tel et dépendre de vous dans les choses spirituelles ; car l’autorité précaire qui avait été attribuée à d’autres pendant la vacance du siège a pris fin absolument. Nous voulons espérer que tous entendront la voix du nouveau pasteur. Mais si quelqu’un résiste, p.282 s’entête, comme on a eu trop longtemps, à en souffrir de la part de M. Espinha, Votre Grandeur doit user de son autorité et porter contre les réfractaires des censures, suivant la gravité des délits. En attendant l’amélioration des choses, nous prions le Seigneur de vous assister et de vous accorder les plus vraies et les plus parfaites consolations 2 . » Avec sa lettre du 29 juillet, Mgr Borgia avait envoyé à Mgr Salusti un exemplaire imprimé de l’allocution consistoriale prononcée par le Saint- effugium ad declinandam episcopi juridictionem. Ex parte Galliæ, experietur adhuc Sa Congregatio Multas difficultates. » (Arch. de la Prop.) 1 « Il ne savait ni lire, ni écrire, ni parler le chinois. » (Lettre de M. d’Ollières à son frère, déjà citée). 2 Cette lettre est contresignée par Mgr Etienne Borgia, secrétaire. (Traduit de l’italien). 216

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Père, le 20 du même mois, en le créant évêque. Cette lettre et celle du cardinal Castelli étaient munies du sceau de la Propagande, et signées, la première de Mgr Borgia, son secrétaire, et la seconde du cardinal préfet et du secrétaire. La même congrégation envoya à l’évêque élu une lettre destinée à l’évêque de Delcon, laquelle enjoignait à celui-ci d’aller à Pékin consacrer Mgr Salusti 1 . Elle le dispensait de se faire assister par deux autres évêques et l’autorisait à les remplacer par deux ecclésiastiques. Mgr Salusti reçut encore deux lettres de la p.283 Sacrée Congrégation, l’une pour l’évêque de Nankin, l’autre pour son grand vicaire, le père Joseph de Sainte-Thérése, lettres leur ordonnant de cesser toute administration de l’église de Pékin avant le sacre du nouvel évêque et de la remettre entre ses mains. Tous ces documents, à l’exception des bulles et des pouvoirs que la cour de Portugal devait expédier de Lisbonne avec les Intentions de Sa Majesté, arrivèrent à Pékin au commencement de novembre 1779. Mgr Salusti montra bien à tous les missionnaires de Pékin la lettre de Mgr Borgia, du 29 juillet 1778 et celle du cardinal Castelli, du 4 février 1779, mais jamais il ne donna connaissance, avant sa consécration, des autres documents, si ce n’est à ses amis intimes et aux missionnaires de la Propagande. Ces documents avaient cependant une valeur réelle. Quant aux bulles et pouvoirs, comme ils se faisaient attendre et que Mgr Salusti était pressé de les avoir, ce prélat demanda vers la fin de novembre au gouverneur et au Sénat de Macao si ses provisions étaient venues. Sa lettre contenait cette phrase assez singulière : « Je crains qu’on ne les ait confiées à quelque jésuite. Ce serait bien jeter la brebis à la gueule du loup, car ce sont les gens les plus perfides p.284 et les plus impies que je connaisse au monde. » De Macao il lui fut répondu « que les deux seuls 1 Mgr Salusti dit dans son Mémoire de 1780 à la Propagande que c’est lui qui avait invité Mgr Burger à le consacrer. (Pièces justificatives, n° IX). 217

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

Père, le 20 du même mois, en le créant évêque.<br />

C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> celle du cardinal Castelli étaient munies du sceau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Propagan<strong>de</strong>, <strong>et</strong> signées, <strong>la</strong> première <strong>de</strong> Mgr Borgia, son secrétaire, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

secon<strong>de</strong> du cardinal préf<strong>et</strong> <strong>et</strong> du secrétaire.<br />

La même congrégation envoya à l’évêque élu une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>stinée à<br />

l’évêque <strong>de</strong> Delcon, <strong>la</strong>quelle enjoignait à celui-ci d’aller à Pékin consacrer<br />

Mgr Salusti 1 . Elle le dispensait <strong>de</strong> se faire assister par <strong>de</strong>ux autres évêques<br />

<strong>et</strong> l’autorisait à <strong>les</strong> remp<strong>la</strong>cer par <strong>de</strong>ux ecclésiastiques. Mgr Salusti reçut<br />

encore <strong>de</strong>ux l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> <strong>la</strong> p.283 Sacrée Congrégation, l’une pour l’évêque <strong>de</strong><br />

Nankin, l’autre pour son grand vicaire, le père <strong>Joseph</strong> <strong>de</strong> Sainte-Thérése,<br />

l<strong>et</strong>tres leur ordonnant <strong>de</strong> cesser toute administration <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> Pékin<br />

avant le sacre du nouvel évêque <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rem<strong>et</strong>tre entre ses mains.<br />

Tous ces documents, à l’exception <strong>de</strong>s bul<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pouvoirs que <strong>la</strong> cour<br />

<strong>de</strong> Portugal <strong>de</strong>vait expédier <strong>de</strong> Lisbonne avec <strong>les</strong> Intentions <strong>de</strong> Sa Majesté,<br />

arrivèrent à Pékin au commencement <strong>de</strong> novembre 1779.<br />

Mgr Salusti montra bien à tous <strong>les</strong> missionnaires <strong>de</strong> Pékin <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong><br />

Mgr Borgia, du 29 juill<strong>et</strong> 1778 <strong>et</strong> celle du cardinal Castelli, du 4 février<br />

1779, mais jamais il ne donna connaissance, avant sa consécration, <strong>de</strong>s<br />

autres documents, si ce n’est à ses amis intimes <strong>et</strong> aux missionnaires <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Propagan<strong>de</strong>. Ces documents avaient cependant une valeur réelle.<br />

Quant aux bul<strong>les</strong> <strong>et</strong> pouvoirs, comme ils se faisaient attendre <strong>et</strong> que Mgr<br />

Salusti était pressé <strong>de</strong> <strong>les</strong> avoir, ce pré<strong>la</strong>t <strong>de</strong>manda vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> novembre<br />

au gouverneur <strong>et</strong> au Sénat <strong>de</strong> Macao si ses provisions étaient venues. Sa<br />

l<strong>et</strong>tre contenait c<strong>et</strong>te phrase assez singulière : « Je crains qu’on ne <strong>les</strong> ait<br />

confiées à quelque jésuite. Ce serait bien j<strong>et</strong>er <strong>la</strong> brebis à <strong>la</strong> gueule du<br />

loup, car ce sont <strong>les</strong> gens <strong>les</strong> plus perfi<strong>de</strong>s p.284 <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus impies que je<br />

connaisse au mon<strong>de</strong>. » De Macao il lui fut répondu « que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux seuls<br />

1 Mgr Salusti dit dans son Mémoire <strong>de</strong> 1780 à <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong> que c’est lui qui avait invité<br />

Mgr Burger à le consacrer. (Pièces justificatives, n° IX).<br />

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