Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) donner la qualité de préfet apostolique de la mission de Pékin avec les facultés les plus amples, il est du devoir de représenter au pied du trône de Sa Majesté, les circonstances de cette mission et le système de son gouvernement. Il n’y a point à la Chine de préfets apostoliques de missions. Le gouvernement spirituel de ce vaste empire est partagé entre les trois évêchés de Pékin, de Nankin et de Macao, lesquels sont tous à la nomination de la reine de Portugal, et dans les parties où il n’y a point d’évêques, il y a des vicaires apostoliques munis de titres d’évêques in partibus, lesquels sont nommés librement par le Saint-Siège. La constitution de ce gouvernement a été établie par deux brefs, l’un d’Alexandre VIII, en 1690, et l’autre d’Innocent XII, en 1696 ; par conséquent, tous les missionnaires sans exception qui sont dans ces contrées, quoique munis de patentes de la congrégation de la Propagande, reconnaissent pour leur supérieur ou p.272 l’évêque ou le vicaire apostolique du diocèse dans lequel ils se trouvent. Si donc on introduisait aujourd’hui un nouveau système de gouvernement en créant des préfets apostoliques revêtus d’amples facultés, on préjudicierait à l’ancien et bon règlement, non sans danger de confusion et de désordre. D’abord, l’évêque de Pékin, en voyant un préfet revêtu de l’autorité apostolique, réclamerait ses droits diocésains ; il verrait de mauvais œil dans son district une dignité avec le caractère imposant de la délégation du Saint-Siège, et il implorerait pour la défense de sa cause, la protection et l’appui de la puissance qui l’a placé dans le siège qu’il occupe. En second lieu, il s’élèverait une grande dispute, difficile à prévenir, quelques sages précautions que l’on prît, pour savoir quelles devraient être les personnes soumises au nouveau préfet apostolique. Si on voulait y soumettre tous les ex-jésuites de la Province de Pékin, il se formerait aussitôt un corps composé d’individus de cette société éteinte, lequel se trouverait exempt de la juridiction de l’ordinaire contre les dispositions du 210

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) bref de Clément XIV, Dominus ac Redemptor, par lequel ce pontife s’étant réservé de prendre les mesures nécessaires pour les missions, ordonna, le 24 août 1773, que les missionnaires de la Compagnie supprimée, fussent habilités p.273 à la vérité aux fonctions du ministère apostolique, mais qu’ils dépendissent entièrement des évêques, des vicaires apostoliques et des autres ordinaires. C’est, en effet, ce qui a été exécuté dans toutes les missions que les ci-devant jésuites desservaient dans les différentes parties du monde ; on n’a jamais donné aucune juridiction aux individus de cet institut supprimé, et encore moins a-t-on voulu en former un corps gouverné par un chef qui fut exempt de l’autorité des ordinaires. De cette manière on a conservé la paix, et on n’a pas perdu le fruit qu’on devait attendre des travaux d’un grand nombre d’ouvriers. On ne doit pas non plus négliger d’observer une autre circonstance qui est que dans la province de Pékin, outre les ex-jésuites français, il y en a aussi de portugais et d’autres nations. Les étrangers ne voudraient certainement pas dépendre du nouveau préfet français, et les Français, déliés de leur premier vœu d’obéissance envers leur supérieur régulier, pour ce qui concernait l’observance de l’institut, répugneraient à s’assujettir à tout autre lien, hors celui de leur propre ordinaire. Mais quand même ils voudraient s’y assujettir, néanmoins le nouveau préfet ne durerait pas longtemps, parce que le peu de jésuites français qui sont restés à Pékin, venant à mourir, les sujets lui manqueraient, et il ne serait pas à propos d’en substituer de nouveaux pour ne pas p.274 avoir l’air de reproduire l’ombre d’un institut déjà supprimé. En outre, il serait bien embarrassant et bien dangereux de fixer les facultés à donner à ce nouveau préfet. Mgr l’évêque de Pékin et les missionnaires, qui en dépendent, sont amplement pourvus de facultés spirituelles ; ce prélat peut les conférer à tous ceux qui veulent s’exercer à cultiver la vigne du Seigneur. Comme tous reconnaissent le même supérieur et la source commune d’où dérive leur autorité, tous unanimement, avec le même zèle, la même subordination et sous la 211

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

bref <strong>de</strong> Clément XIV, Dominus ac Re<strong>de</strong>mptor, par lequel ce pontife s’étant<br />

réservé <strong>de</strong> prendre <strong>les</strong> mesures nécessaires pour <strong>les</strong> missions, ordonna, le<br />

24 août 1773, que <strong>les</strong> missionnaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie supprimée, fussent<br />

habilités p.273 à <strong>la</strong> vérité aux fonctions du ministère apostolique, mais qu’ils<br />

dépendissent entièrement <strong>de</strong>s évêques, <strong>de</strong>s vicaires apostoliques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

autres ordinaires. C’est, en eff<strong>et</strong>, ce qui a été exécuté dans toutes <strong>les</strong><br />

missions que <strong>les</strong> ci-<strong>de</strong>vant jésuites <strong>de</strong>sservaient dans <strong>les</strong> différentes parties<br />

du mon<strong>de</strong> ; on n’a jamais donné aucune juridiction aux individus <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

institut supprimé, <strong>et</strong> encore moins a-t-on voulu en former un corps<br />

gouverné par un chef qui fut exempt <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong>s ordinaires. De c<strong>et</strong>te<br />

manière on a conservé <strong>la</strong> paix, <strong>et</strong> on n’a pas perdu le fruit qu’on <strong>de</strong>vait<br />

attendre <strong>de</strong>s travaux d’un grand nombre d’ouvriers.<br />

On ne doit pas non plus négliger d’observer une autre circonstance qui<br />

est que dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Pékin, outre <strong>les</strong> ex-jésuites français, il y en a<br />

aussi <strong>de</strong> portugais <strong>et</strong> d’autres nations. Les étrangers ne voudraient<br />

certainement pas dépendre du nouveau préf<strong>et</strong> français, <strong>et</strong> <strong>les</strong> Français,<br />

déliés <strong>de</strong> leur premier vœu d’obéissance envers leur supérieur régulier,<br />

pour ce qui concernait l’observance <strong>de</strong> l’institut, répugneraient à s’assuj<strong>et</strong>tir<br />

à tout autre lien, hors celui <strong>de</strong> leur propre ordinaire. Mais quand même ils<br />

voudraient s’y assuj<strong>et</strong>tir, néanmoins le nouveau préf<strong>et</strong> ne durerait pas<br />

longtemps, parce que le peu <strong>de</strong> jésuites français qui sont restés à Pékin,<br />

venant à mourir, <strong>les</strong> suj<strong>et</strong>s lui manqueraient, <strong>et</strong> il ne serait pas à propos<br />

d’en substituer <strong>de</strong> nouveaux pour ne pas p.274 avoir l’air <strong>de</strong> reproduire<br />

l’ombre d’un institut déjà supprimé.<br />

En outre, il serait bien embarrassant <strong>et</strong> bien dangereux <strong>de</strong> fixer <strong>les</strong><br />

facultés à donner à ce nouveau préf<strong>et</strong>. Mgr l’évêque <strong>de</strong> Pékin <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />

missionnaires, qui en dépen<strong>de</strong>nt, sont amplement pourvus <strong>de</strong> facultés<br />

spirituel<strong>les</strong> ; ce pré<strong>la</strong>t peut <strong>les</strong> conférer à tous ceux qui veulent s’exercer à<br />

cultiver <strong>la</strong> vigne du Seigneur. Comme tous reconnaissent le même<br />

supérieur <strong>et</strong> <strong>la</strong> source commune d’où dérive leur autorité, tous<br />

unanimement, avec le même zèle, <strong>la</strong> même subordination <strong>et</strong> sous <strong>la</strong><br />

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