Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Le père Philippe-Marie Grimaldi, né dans le Piémont, en 1639, et entré au noviciat des jésuites le 14 janvier 1657, avait été appelé à Pékin (1671) pour s’y occuper de travaux d’astronomie et de mécanique. Tour à tour vice-provincial, recteur de la mission portugaise de Pékin, visiteur de la Chine et du Japon (1695-1697), honoré du titre d’ambassadeur par l’empereur, il fut regardé dans tout l’empire et auprès des missionnaires et des fidèles comme un saint religieux, un savant de premier ordre, un diplomate droit et avisé 1 . Il mourut le 8 novembre 1712. Pendant les absences du père Grimaldi, lesquelles furent assez fréquentes et de longue durée, le père Thomas Pereyra remplit les fonctions de vice-président du tribunal des Mathématiques. Son beau talent pour la musique lui avait conquis les bonnes grâces de Kang-hi, qui s’y adonnait avec passion. Il fit construire et mettre dans l’église des Pères portugais un orgue de grande dimension ; puis, au haut de la tour de la même église, il plaça une belle horloge et une série de cloches fondues par ses soins suivant les proportions de l’harmonie. Arrivé à Pékin au mois de janvier 1673, il expira le 24 décembre 1708 2 . p.XXX A l’époque où nous sommes arrivés, il n’y avait à Pékin qu’une mission, la mission portugaise, qui comptait cinq ou six missionnaires, logés dans deux maisons, et faisait partie de la vice-province portugaise de Chine. Le vice-provincial résidait, soit à Pékin, soit à Nankin, soit à Macao, soit à Chang-haï. Mais, vers la fin du XVIIe siècle, une autre mission, la mission française, qui fait surtout l’objet de cette étude, s’établit à Pékin. @ 1 V. la liste de ses ouvrages dans la Bibliothèque de la Compagnie, art. Grimaldi. 2 Le père Thomas Pereyra, du diocèse de Braga, en Portugal, naquit le 1 er novembre 1645, à Martinho da Valle et entra au noviciat de Coïmbe le 25 septembre 1663. V. la Bibliothèque de la Compagnie, art. Pereyra. 20

p.XXXI Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) II Mission française La mission française de Chine a pris naissance sous cette triple inspiration : la propagation de l’Évangile, l’avancement des sciences, l’influence de la France. Le père de Fontaney nous a raconté, dans une lettre au père de la Chaise 1 , les origines de cette mission : « Ce fut vers la fin de 1684, dit-il, que Dieu fit naître l’occasion d’envoyer des missionnaires français en Chine. On travaillait alors, en France, par ordre du roi, à réformer la géographie. MM. de l’académie royale des Sciences, qui étaient p.XXXII chargés de ce soin, avaient envoyé des personnes habiles de leur corps dans tous les ports de l’Océan et de la Méditerranée, en Angleterre, en Danemark, en Afrique et aux îles d’Amérique, pour y faire les observations nécessaires. On était plus embarrassé sur le choix des sujets qui seraient envoyés aux Indes et à la Chine, parce que ces pays sont moins connus en France, et que MM. de l’académie couraient risque de n’y être pas bien reçus, et de donner ombrage aux étrangers dans l’exécution de leur dessein. On jeta donc les yeux sur les jésuites, qui ont des missions en tout ce pays-là, et dont la vocation est d’aller partout où ils espèrent faire plus de fruit, pour le salut des âmes. « Feu M. Colbert me fit l’honneur de m’appeler un jour, avec M. Cassini, pour me communiquer ses vues. Ce sage ministre me dit ces paroles que je n’ai pas oubliées : « Les sciences, mon Père, ne méritent pas que vous preniez la peine de passer les mers, et de vous réduire à vivre dans un autre monde, éloigné de votre patrie et de vos amis. Mais comme le désir 1 Lettre du père de Fontaney, missionnaire de la Compagnie de Jésus à la Chine, au révérend père de la Chaise, S. J., confesseur du roi. A Tcheou-chan, port de la Chine, dans la province de Tché-kian, à 18 lieues de Nimpo, le 13 février 1703 (Lettres édifiantes..., T. IX, p. 388 édit. de Lyon, 1819). 21 @

p.XXXI<br />

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

II<br />

Mission française<br />

La mission française <strong>de</strong> <strong>Chine</strong> a pris naissance sous c<strong>et</strong>te triple<br />

inspiration : <strong>la</strong> propagation <strong>de</strong> l’Évangile, l’avancement <strong>de</strong>s sciences,<br />

l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.<br />

Le père <strong>de</strong> Fontaney nous a raconté, dans une l<strong>et</strong>tre au père <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Chaise 1 , <strong>les</strong> origines <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mission : « Ce fut vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> 1684, dit-il,<br />

que Dieu fit naître l’occasion d’envoyer <strong>de</strong>s missionnaires français en <strong>Chine</strong>.<br />

On travail<strong>la</strong>it alors, en France, par ordre du roi, à réformer <strong>la</strong> géographie.<br />

MM. <strong>de</strong> l’académie royale <strong>de</strong>s Sciences, qui étaient p.XXXII chargés <strong>de</strong> ce<br />

soin, avaient envoyé <strong>de</strong>s personnes habi<strong>les</strong> <strong>de</strong> leur corps dans tous <strong>les</strong><br />

ports <strong>de</strong> l’Océan <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, en Angl<strong>et</strong>erre, en Danemark, en<br />

Afrique <strong>et</strong> aux î<strong>les</strong> d’Amérique, pour y faire <strong>les</strong> observations nécessaires.<br />

On était plus embarrassé sur le choix <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s qui seraient envoyés aux<br />

In<strong>de</strong>s <strong>et</strong> à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, parce que ces pays sont moins connus en France, <strong>et</strong><br />

que MM. <strong>de</strong> l’académie couraient risque <strong>de</strong> n’y être pas bien reçus, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

donner ombrage aux étrangers dans l’exécution <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>ssein. On j<strong>et</strong>a<br />

donc <strong>les</strong> yeux sur <strong>les</strong> jésuites, qui ont <strong>de</strong>s missions en tout ce pays-là, <strong>et</strong><br />

dont <strong>la</strong> vocation est d’aller partout où ils espèrent faire plus <strong>de</strong> fruit, pour le<br />

salut <strong>de</strong>s âmes.<br />

« Feu M. Colbert me fit l’honneur <strong>de</strong> m’appeler un jour, avec M. Cassini,<br />

pour me communiquer ses vues. Ce sage ministre me dit ces paro<strong>les</strong> que je<br />

n’ai pas oubliées : « Les sciences, mon Père, ne méritent pas que vous<br />

preniez <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> passer <strong>les</strong> mers, <strong>et</strong> <strong>de</strong> vous réduire à vivre dans un<br />

autre mon<strong>de</strong>, éloigné <strong>de</strong> votre patrie <strong>et</strong> <strong>de</strong> vos amis. Mais comme le désir<br />

1 L<strong>et</strong>tre du père <strong>de</strong> Fontaney, missionnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie <strong>de</strong> Jésus à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, au<br />

révérend père <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaise, S. J., confesseur du roi. A Tcheou-chan, port <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, dans<br />

<strong>la</strong> province <strong>de</strong> Tché-kian, à 18 lieues <strong>de</strong> Nimpo, le 13 février 1703 (L<strong>et</strong>tres édifiantes..., T.<br />

IX, p. 388 édit. <strong>de</strong> Lyon, 1819).<br />

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