Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) des deux cours de Rome et de Versailles 1 . » L’abbé du Gad terminait ainsi sa lettre : « La prompte exécution de ces demandes est fort à désirer. Son retard ne peut qu’être préjudiciable. Les lenteurs ordinaires de la cour de Rome font appréhender que ses réponses n’arrivent pas à temps pour être envoyées en Chine à la fin de cette année ou au commencement de la suivante. » M. Berlin communiqua cette lettre à M. de Sartines avec cette note écrite de sa main : « M. de Sartines est supplié de vouloir se souvenir de faire presser l’établissement d’un préfet apostolique pour les missions de la Chine, comme on a fait pour celle des Indes. C’est M. Amiot que l’on propose pour cette préfecture 2 . » M. Amiot n’était pas de l’avis de son ex-confrère, p.269 M. du Gad. Il voulait un supérieur ecclésiastique, qui dépendit immédiatement de Rome, mais il préférait un évêque à un préfet apostolique, et il proposait M. Potier, du séminaire des Missions Étrangères de Paris, qui évangélisait la Chine depuis longtemps. « Ce missionnaire, disait-il, est évêque d’Agatholopolis et vicaire apostolique du Su-tchuen. Il a beaucoup de piété, de sagesse et de modération, il connaît les usages de la Chine, et les moyens les plus propres à seconder les intentions du gouvernement français 3 . » Il y avait dans ce choix de la sagacité et du désintéressement ; il ne fut cependant pas agréé. Les ministres de Louis XVI ne pouvaient renoncer à leur grand désir de laisser cette mission aux mains de leurs anciens missionnaires et de perpétuer leur œuvre apostolique et scientifique par la nomination à l’épiscopat ou à la préfecture de Pékin d’un membre de la société dissoute. M. de Sartines écrivit donc, en juillet 1780, à M. Vergennes, ministre des Affaires Etrangères : « Sa Majesté a jugé nécessaire de faire demander à la cour de Rome un bref de préfet apostolique pour le Sr abbé Amiot, 1 Archives de la Marine. 2 Archives de la Marine. 3 Archives de la Marine. 208

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) missionnaire français, demeurant dans la ville de Pékin. Je vous prie d’engager M. le cardinal de Bernis de suivre cette demande avec toute la célérité possible 1 . » p.270 Le 25 juillet, le comte de Vergennes adressa la lettre de M. de Sartines au cardinal de Bernis qui la transmit au cardinal Antonelli, préfet de la Propagande ; et, le 16 août, l’ambassadeur reçut de celui-ci le billet suivant : « D’après l’approbation de notre S. Père, le cardinal préfet de la Propagande a l’honneur d’envoyer à son Éminence un mémoire en réponse à son billet respectable concernant la demande de déclarer préfet apostolique, avec les facultés les plus amples pour la mission de Pékin en Chine, M. Amiot, ci-devant membre de la Société supprimée des jésuites. Votre Éminence ne manquera pas de sentir les difficultés insurmontables qui s’opposent à l’exécution de ce projet. Elle voudra bien, en conséquence, ainsi que Sa Sainteté l’en prie instamment, employer ses bons offices pour faire goûter à sa cour celui proposé dans le mémoire que voici, c’est-à-dire de faire passer à ladite Mission les dignes prêtres des Missions Étrangères 2 . » Ce mémoire est un peu long, mais il est d’une telle importance qu’il n’est pas possible de le passer sous silence, il est daté du 16 août 1780 : « Le zèle toujours constant de S. M. très chrétienne pour la conservation des missions que les ci-devant jésuites français desservaient à la Chine, p.271 exige de la part du S. Père, les plus grands éloges, et touche son cœur paternel de la plus vive sensibilité. Si la demande que Mgr le Cardinal de Bernis a faite à la congrégation de la Propagande, en faveur de M. Amiot, n’avait eu pour objet que de le pourvoir d’une simple patente de missionnaire de ladite congrégation, on n’aurait pas hésité un moment à la lui faire expédier ; mais s’agissant de lui 1 Archives de la Marine. 2 Archives de la Marine. 209

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

missionnaire français, <strong>de</strong>meurant dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Pékin. Je vous prie<br />

d’engager M. le cardinal <strong>de</strong> Bernis <strong>de</strong> suivre c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> avec toute <strong>la</strong><br />

célérité possible 1 . »<br />

p.270<br />

Le 25 juill<strong>et</strong>, le comte <strong>de</strong> Vergennes adressa <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> M. <strong>de</strong><br />

Sartines au cardinal <strong>de</strong> Bernis qui <strong>la</strong> transmit au cardinal Antonelli, préf<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong> ; <strong>et</strong>, le 16 août, l’ambassa<strong>de</strong>ur reçut <strong>de</strong> celui-ci le bill<strong>et</strong><br />

suivant : « D’après l’approbation <strong>de</strong> notre S. Père, le cardinal préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Propagan<strong>de</strong> a l’honneur d’envoyer à son Éminence un mémoire en réponse<br />

à son bill<strong>et</strong> respectable concernant <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer préf<strong>et</strong><br />

apostolique, avec <strong>les</strong> facultés <strong>les</strong> plus amp<strong>les</strong> pour <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> Pékin en<br />

<strong>Chine</strong>, M. <strong>Amiot</strong>, ci-<strong>de</strong>vant membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société supprimée <strong>de</strong>s jésuites.<br />

Votre Éminence ne manquera pas <strong>de</strong> sentir <strong>les</strong> difficultés insurmontab<strong>les</strong><br />

qui s’opposent à l’exécution <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong>. Elle voudra bien, en conséquence,<br />

ainsi que Sa Saint<strong>et</strong>é l’en prie instamment, employer ses bons offices pour<br />

faire goûter à sa cour celui proposé dans le mémoire que voici, c’est-à-dire<br />

<strong>de</strong> faire passer à <strong>la</strong>dite Mission <strong>les</strong> dignes prêtres <strong>de</strong>s Missions<br />

Étrangères 2 . »<br />

Ce mémoire est un peu long, mais il est d’une telle importance qu’il<br />

n’est pas possible <strong>de</strong> le passer sous silence, il est daté du 16 août 1780 :<br />

« Le zèle toujours constant <strong>de</strong> S. M. très chrétienne pour <strong>la</strong> conservation<br />

<strong>de</strong>s missions que <strong>les</strong> ci-<strong>de</strong>vant jésuites français <strong>de</strong>sservaient à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>,<br />

p.271<br />

exige <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du S. Père, <strong>les</strong> plus grands éloges, <strong>et</strong> touche son cœur<br />

paternel <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus vive sensibilité.<br />

Si <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que Mgr le Cardinal <strong>de</strong> Bernis a faite à <strong>la</strong> congrégation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong>, en faveur <strong>de</strong> M. <strong>Amiot</strong>, n’avait eu pour obj<strong>et</strong> que <strong>de</strong> le<br />

pourvoir d’une simple patente <strong>de</strong> missionnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite congrégation, on<br />

n’aurait pas hésité un moment à <strong>la</strong> lui faire expédier ; mais s’agissant <strong>de</strong> lui<br />

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