Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) surtout à la capitale, des fruits abondants de conversion. Sur vingt prédicateurs, seize p.259 appartenaient à l’ordre dissous, et parmi ces derniers, le plus célèbre de tous était le père de Beauregard, qui prononça à Notre-Dame ce fameux discours, où il prédisait les horreurs de la révolution et montrait d’avance l’impudique Vénus assise sur l’autel à la place du Dieu de sainteté. Ce mouvement religieux réveille la haine des ennemis de la Compagnie. Les dénonciations pleuvent de tous côtés, les pamphlets se répandent un peu partout, le Parlement porte ses plaintes aux pieds du trône, et le roi se laisse arracher, au mois de mai, un édit contre les membres dispersés de la Compagnie de Jésus. Par une des dispositions de l’édit, il leur était interdit de vivre plusieurs ensemble, d’exercer aucune fonction de supérieur ou de professeur dans une maison d’éducation. Ce n’était pas le moment de donner suite au projet d’établissement de l’abbé du Gad. En conséquence, le ministre lui écrivit de Fontainebleau, le 9 septembre 1777 : « J’ai rendu compte au roi de la proposition que vous m’avez faite d’établir et de diriger à Paris une maison de retraite destinée à l’instruction des sujets qui se voueront à la mission de la Chine. Sa Majesté n’a pas jugé à propos d’approuver cet établissement. Lorsqu’il s’agira de remplacer quelque missionnaire, vous pourrez indiquer des ecclésiastiques parmi p.260 ceux qui auront assez de zèle pour se livrer aux travaux de cette Mission 1 . » Cependant l’orage s’apaisa peu à peu, et on reprit le projet du nouvel établissement. Mais pour ne pas être entravé de nouveau par les oppositions parlementaires, le ministre jugea opportun de mettre dans ses intérêts les chefs de la cour judiciaire. 1 Arch. de la Marine. 202
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Le 5 juin 1778, il adressa à M. d’Aligre, premier président, et à M. Joly de Fleury, procureur général du parlement de Paris, la lettre suivante : « Sur le compte que j’ai rendu au roi de l’état où était la fondation que Louis XIV avait faite des missions françaises à la Chine, Sa Majesté a jugé qu’il était nécessaire pour la religion et même utile à notre commerce et aux Belles-Lettres de maintenir cet établissement. S. M. est disposée en conséquence à confier à M. l’abbé Dugad de Vitré la correspondance et la conduite des affaires qui peuvent concerner cette mission. Un des objets essentiels et le plus difficile est de trouver et de préparer des sujets pour remplir cette fondation... Avant de chercher aucun sujet de cette espèce et de les placer ou faire élever suivant l’objet de cette destination, dans les collèges ou maisons qui seront jugés convenables, j’ai cru devoir proposer à S. M. de vous en p.261 faire part et de vous demander si vous ne trouvez aucun inconvénient à cet arrangement 1 ... » M. d’Aligre rendit à M. de Sartines une réponse aussi favorable que possible 2 , et M. Joly de Fleury, qui, en 1761, avait prononcé, n’étant alors qu’avocat p.262 général, un sanglant réquisitoire contre l’institut de saint Ignace, écrivit qu’il s’en rapportait à la réponse du premier président. L’abbé du Gad étant allé voir le procureur, en fut bien reçu, et le fit savoir à 1 La lettre de M. de Sartines se terminait ainsi : « Si vous ne trouvez point d’inconvénients à cet arrangement, mon intention est de proposer en même temps à S. M. d’ordonner au Sr de Vitré de vous rendre compte, toutes les fois que vous le jugerez à propos, des mesures qui seront par lui prises à cet égard, et du succès, bon ou mauvais, qu’elles pourraient avoir. » (Arch. de la Marine). 2 Lettre de M. d’Aligre à M. de Sartines : « J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, le 5 de ce mois, par laquelle vous me marquez que le roi a jugé qu’il était nécessaire pour la religion et même pour l’intérêt de l’État de maintenir la fondation faite par Louis XIV de missions françaises à la Chine ; que dans cet objet, S. M. est disposée à confier au Sr abbé Dugad de Vitré la conduite de cet établissement. Vous observez, Monsieur, que les soins du directeur doivent se porter sur deux parties principales : la première consiste à choisir des sujets qui puissent être actuellement chargés des fonctions importantes de la mission ; la seconde consiste à préparer des successeurs à ces premiers missionnaires. Je ne doute pas que le Sr Dugad et ceux qui vous jugerez à propos de lui associer ne remplissent les intentions du roi pour le choix des sujets les plus capables qu’il s’agit d’envoyer actuellement à la Chine. Puisque vous désirez que le Sr abbé Dugad me communique ses projets pour l’éducation des jeunes gens destinés à remplacer dans la suite les premiers missionnaires ; j’apporterai à cette partie la plus grande attention pour que les vues de religion et de bienfaisance de S. M. soient exécutées, et je verrai M. Dugad toutes les fois qu’il le voudra. 16 juin 1778. » (Arch. de la Marine). 203
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
Le 5 juin 1778, il adressa à M. d’Aligre, premier prési<strong>de</strong>nt, <strong>et</strong> à M. Joly<br />
<strong>de</strong> Fleury, procureur général du parlement <strong>de</strong> Paris, <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre suivante :<br />
« Sur le compte que j’ai rendu au roi <strong>de</strong> l’état où était <strong>la</strong> fondation que<br />
Louis XIV avait faite <strong>de</strong>s missions françaises à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, Sa Majesté a jugé<br />
qu’il était nécessaire pour <strong>la</strong> religion <strong>et</strong> même utile à notre commerce <strong>et</strong><br />
aux Bel<strong>les</strong>-L<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> maintenir c<strong>et</strong> établissement. S. M. est disposée en<br />
conséquence à confier à M. l’abbé Dugad <strong>de</strong> Vitré <strong>la</strong> correspondance <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
conduite <strong>de</strong>s affaires qui peuvent concerner c<strong>et</strong>te mission. Un <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s<br />
essentiels <strong>et</strong> le plus difficile est <strong>de</strong> trouver <strong>et</strong> <strong>de</strong> préparer <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s pour<br />
remplir c<strong>et</strong>te fondation... Avant <strong>de</strong> chercher aucun suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te espèce <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>les</strong> p<strong>la</strong>cer ou faire élever suivant l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>stination, dans <strong>les</strong><br />
collèges ou maisons qui seront jugés convenab<strong>les</strong>, j’ai cru <strong>de</strong>voir proposer<br />
à S. M. <strong>de</strong> vous en p.261 faire part <strong>et</strong> <strong>de</strong> vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si vous ne trouvez<br />
aucun inconvénient à c<strong>et</strong> arrangement 1 ... »<br />
M. d’Aligre rendit à M. <strong>de</strong> Sartines une réponse aussi favorable que<br />
possible 2 , <strong>et</strong> M. Joly <strong>de</strong> Fleury, qui, en 1761, avait prononcé, n’étant alors<br />
qu’avocat p.262 général, un sang<strong>la</strong>nt réquisitoire contre l’institut <strong>de</strong> saint<br />
Ignace, écrivit qu’il s’en rapportait à <strong>la</strong> réponse du premier prési<strong>de</strong>nt.<br />
L’abbé du Gad étant allé voir le procureur, en fut bien reçu, <strong>et</strong> le fit savoir à<br />
1 La l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Sartines se terminait ainsi : « Si vous ne trouvez point d’inconvénients à<br />
c<strong>et</strong> arrangement, mon intention est <strong>de</strong> proposer en même temps à S. M. d’ordonner au Sr<br />
<strong>de</strong> Vitré <strong>de</strong> vous rendre compte, toutes <strong>les</strong> fois que vous le jugerez à propos, <strong>de</strong>s mesures<br />
qui seront par lui prises à c<strong>et</strong> égard, <strong>et</strong> du succès, bon ou mauvais, qu’el<strong>les</strong> pourraient<br />
avoir. » (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine).<br />
2 L<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> M. d’Aligre à M. <strong>de</strong> Sartines : « J’ai reçu, Monsieur, <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre que vous m’avez fait<br />
l’honneur <strong>de</strong> m’écrire, le 5 <strong>de</strong> ce mois, par <strong>la</strong>quelle vous me marquez que le roi a jugé qu’il<br />
était nécessaire pour <strong>la</strong> religion <strong>et</strong> même pour l’intérêt <strong>de</strong> l’État <strong>de</strong> maintenir <strong>la</strong> fondation<br />
faite par Louis XIV <strong>de</strong> missions françaises à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> ; que dans c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>, S. M. est disposée<br />
à confier au Sr abbé Dugad <strong>de</strong> Vitré <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong> c<strong>et</strong> établissement. Vous observez,<br />
Monsieur, que <strong>les</strong> soins du directeur doivent se porter sur <strong>de</strong>ux parties principa<strong>les</strong> : <strong>la</strong><br />
première consiste à choisir <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s qui puissent être actuellement chargés <strong>de</strong>s fonctions<br />
importantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission ; <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> consiste à préparer <strong>de</strong>s successeurs à ces premiers<br />
missionnaires. Je ne doute pas que le Sr Dugad <strong>et</strong> ceux qui vous jugerez à propos <strong>de</strong> lui<br />
associer ne remplissent <strong>les</strong> intentions du roi pour le choix <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s <strong>les</strong> plus capab<strong>les</strong> qu’il<br />
s’agit d’envoyer actuellement à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>. Puisque vous désirez que le Sr abbé Dugad me<br />
communique ses proj<strong>et</strong>s pour l’éducation <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong>stinés à remp<strong>la</strong>cer dans <strong>la</strong> suite<br />
<strong>les</strong> premiers missionnaires ; j’apporterai à c<strong>et</strong>te partie <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> attention pour que <strong>les</strong><br />
vues <strong>de</strong> religion <strong>et</strong> <strong>de</strong> bienfaisance <strong>de</strong> S. M. soient exécutées, <strong>et</strong> je verrai M. Dugad toutes<br />
<strong>les</strong> fois qu’il le voudra. 16 juin 1778. » (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine).<br />
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