Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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française 1 . » p.244 Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Le 28 janvier, sous le pli de la lettre précédente, il ajoute ce mot : Je vous recommande la mission dont le roi vous a confié l’administration. Toutefois M. Bertin, qui n’était plus ministre de la Marine, ni chargé des intérêts de la mission, ne faisait que transmettre, dans sa lettre du 27 janvier, la pensée de son successeur, M. de Sartines. Il appartenait à ce dernier de trancher encore une fois et officiellement cette grave question du temporel. C’est ce qu’il fit par sa lettre du 24 janvier 1779, adressée à M. Bourgeois. Quoiqu’elle soit un peu longue, nous croyons devoir là donner en entier, à cause de son importance et de certains faits nouveaux qu’elle contient. Elle répond à la lettre écrite à M. Bertin par M. Bourgeois le 16 décembre 1777. « Le roi — à qui j’ai rendu compte de ce qui vous a été demandé par le père Joseph de la Propagande, comme vicaire de M. l’évêque de Nankin, et de la réponse que vous avez faite — me charge de p.245 vous mander qu’il a approuvé votre réponse très modérée ; il va faire donner des ordres à ce sujet à son ambassadeur à Rome, mais en même temps il m’a chargé de vous instruire plus particulièrement de ses volontés. « Sa Majesté sait que Sa Sainteté a désapprouvé les écarts de l’évêque de Macao et de quelques personnes de la Propagande, relativement à l’extension qu’ils ont voulu donner pour le temporel des missions françaises de la Chine au bref qui éteint la Société des jésuites. Ce bref est, en effet, bien différemment entendu en Europe, comme vous l’avez justement observé au vicaire de M. l’évêque de Nankin, et ces personnes n’iraient à 1 Dans cette lettre du 27 janvier, M. Bertin répond à M. de Ventavon qui lui avait écrit que certains ex-jésuites, surtout M. Bourgeois, prétendaient s’emparer des biens de la mission et qu’ils professaient une grande antipathie contre la Propagande et ses missionnaires : Les propagandistes et les Portugais n’ont aucun titre ni prétexte de s’ingérer dans le temporel de la mission... Non seulement M. Bourgeois n’a pas voulu s’emparer des biens de la mission, mais on lui en doit la conservation. (Institut de France, Bibl.) 192
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) rien moins qu’à en faire un titre d’usurpation sur les droits des fondateurs et des souverains. Le roi sait aussi que pendant que ces personnes donnaient dans ces écarts à la Chine, elles écrivaient à Rome pour persuader qu’un des ministres du roi voulait rétablir l’institut des jésuites à Pékin. Cette espèce d’extravagance doit vous faire sentir jusqu’où conduirait un défaut de fermeté vis-à-vis de gens capables de la croire ou de la débiter ! « Vous devez savoir que Louis XIV a fondé seul les missions françaises de la Chine, que lui ou ses successeurs ont depuis accru les missions par leurs dons, et qu’elles ne se soutiennent encore que par les nouveaux bienfaits du roi régnant et de son p.246 aïeul qui viennent d’y destiner de nouveaux à Paris pour les soutenir. Louis XIV avait confié cette œuvre aux jésuites, et depuis leur extinction, le roi, en continuant les missionnaires actuels en qualité de prêtres séculiers, a formé et soutient encore à ses frais, à Paris, une administration chargée de faire élever dans les collèges et séminaires différents de Paris les sujets destinés à les remplacer. « Le roi n’est donc pas seulement le protecteur de l’œuvre de ces missions et le souverain des sujets qui y sont attachés, il est le fondateur de l’œuvre et le maître unique du temporel et des biens qu’il y a appliqués et ne cesse d’y donner, comme des accroissements qu’ils pourraient avoir reçus par l’économie des administrateurs auxquels il les avait confiés, ou par la piété des fidèles ou par tout autre moyen. Vous n’en avez encore aujourd’hui l’administration qu’à titre de dépôt que le roi, depuis l’extinction des jésuites, vous a confié comme à des prêtres séculiers, à vous et aux ecclésiastiques séculiers qu’il vous prépare pour successeurs ; et vous n’oublierez pas que le premier devoir d’administrateurs et de dépositaires fidèles, est la garde inviolable du dépôt qui leur est confié, et que le premier point de ce devoir est de n’en rendre compte à d’autres qu’à celui dont on le tient, à moins qu’il ne le permette. « Loin de vous en donner la liberté en ce moment, le roi vous défend très expressément et à toutes p.247 autres personnes attachées aux 193
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
rien moins qu’à en faire un titre d’usurpation sur <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>s fondateurs<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s souverains. Le roi sait aussi que pendant que ces personnes<br />
donnaient dans ces écarts à <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, el<strong>les</strong> écrivaient à Rome pour<br />
persua<strong>de</strong>r qu’un <strong>de</strong>s ministres du roi vou<strong>la</strong>it rétablir l’institut <strong>de</strong>s jésuites à<br />
Pékin. C<strong>et</strong>te espèce d’extravagance doit vous faire sentir jusqu’où<br />
conduirait un défaut <strong>de</strong> ferm<strong>et</strong>é vis-à-vis <strong>de</strong> gens capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croire ou<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> débiter !<br />
« Vous <strong>de</strong>vez savoir que Louis XIV a fondé seul <strong>les</strong> missions françaises<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, que lui ou ses successeurs ont <strong>de</strong>puis accru <strong>les</strong> missions par<br />
leurs dons, <strong>et</strong> qu’el<strong>les</strong> ne se soutiennent encore que par <strong>les</strong> nouveaux<br />
bienfaits du roi régnant <strong>et</strong> <strong>de</strong> son p.246 aïeul qui viennent d’y <strong>de</strong>stiner <strong>de</strong><br />
nouveaux à Paris pour <strong>les</strong> soutenir. Louis XIV avait confié c<strong>et</strong>te œuvre aux<br />
jésuites, <strong>et</strong> <strong>de</strong>puis leur extinction, le roi, en continuant <strong>les</strong> missionnaires<br />
actuels en qualité <strong>de</strong> prêtres séculiers, a formé <strong>et</strong> soutient encore à ses<br />
frais, à Paris, une administration chargée <strong>de</strong> faire élever dans <strong>les</strong> collèges<br />
<strong>et</strong> séminaires différents <strong>de</strong> Paris <strong>les</strong> suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong>stinés à <strong>les</strong> remp<strong>la</strong>cer.<br />
« Le roi n’est donc pas seulement le protecteur <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> ces<br />
missions <strong>et</strong> le souverain <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s qui y sont attachés, il est le fondateur<br />
<strong>de</strong> l’œuvre <strong>et</strong> le maître unique du temporel <strong>et</strong> <strong>de</strong>s biens qu’il y a appliqués<br />
<strong>et</strong> ne cesse d’y donner, comme <strong>de</strong>s accroissements qu’ils pourraient avoir<br />
reçus par l’économie <strong>de</strong>s administrateurs auxquels il <strong>les</strong> avait confiés, ou<br />
par <strong>la</strong> piété <strong>de</strong>s fidè<strong>les</strong> ou par tout autre moyen. Vous n’en avez encore<br />
aujourd’hui l’administration qu’à titre <strong>de</strong> dépôt que le roi, <strong>de</strong>puis l’extinction<br />
<strong>de</strong>s jésuites, vous a confié comme à <strong>de</strong>s prêtres séculiers, à vous <strong>et</strong> aux<br />
ecclésiastiques séculiers qu’il vous prépare pour successeurs ; <strong>et</strong> vous<br />
n’oublierez pas que le premier <strong>de</strong>voir d’administrateurs <strong>et</strong> <strong>de</strong> dépositaires<br />
fidè<strong>les</strong>, est <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> invio<strong>la</strong>ble du dépôt qui leur est confié, <strong>et</strong> que le<br />
premier point <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>voir est <strong>de</strong> n’en rendre compte à d’autres qu’à celui<br />
dont on le tient, à moins qu’il ne le perm<strong>et</strong>te.<br />
« Loin <strong>de</strong> vous en donner <strong>la</strong> liberté en ce moment, le roi vous défend<br />
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