Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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06.07.2013 Views

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) qu’ils adhèrent fortement au parti de M. Bourgeois, je les crois plutôt égarés que conduits par la malice. M. Bourgeois, qui pénètre mieux les conséquences des choses, opère par eux, il se cache le plus qu’il peut et fait par les autres ce qu’il n’ose faire par lui-même 1 . » p.241 Toute la correspondance de M. Bourgeois, sa conduite à Pékin, le témoignage de ceux qui ont vécu dans son intimité et l’ont vu à l’œuvre, tout proteste contre un portrait si peu ressemblant. On voit que M. de Ventavon veut discréditer auprès de son évêque le religieux rendu à la vie séculière. Si ce prêtre était vraiment tel qu’il le peint et dans cette lettre et dans beaucoup d’autres, on se demande comment son ordre put lui confier le gouvernement de la mission française à Pékin. Telle était, en 1778, la situation déplorable entre les missionnaires français sécularisés de Pékin. * Pendant ces luttes intestines à la résidence de Saint-Sauveur, le père Joseph de Sainte-Thérése ne restait pas inactif. Pressé par d’autres (le parti de M. de Ventavon), p.242 écrit M. Bourgeois, il revenait de temps en temps à la charge et me signifiait d’avoir à me conformer au bref pour le temporel de la mission, nonobstant la protection et les arrangements du roi, jusqu’à ce que le souverain-pontife eût déclaré là-dessus sa volonté. Ses tentatives ne lui ont pas réussi ; mes réponses ont coupé court à tout, et il n’a pas osé aller plus loin 2 . Le 15 décembre 1777, le père carme se présente de nouveau et 1 Si excellentia sua esset Pekini, aliter sentiret de D no Bourgeois ; Nullum callidiorem illo vidi hic Pekini, et qui magis apposite juxta ventos vela sua dirigere sciat : modo promptus humiliter cedere et ad aliorem pedes quasi se projicere, si sua utilitas et circumstantiæ requirant ; modo, improvise agens et despotice, si fulgeat spes se posse evincere... Ille conjunctim cum D no Le Fèvre et tribus lusitanis excellentiæ V æ sufficienter notis, tricarum omnium autores sunt aut fautores. Alios scilicet Dollières, Cibot, Collas et paucos, quamvis partibus D ni Bourgeois fortiter adhæreant, potius tamen errore quam malicia duci credo. Utitur illis D us Bourgeois, qui cum melius introspiciat rerum consequentias, occultat se quantum potest, et per alios facit quod per se facere non audet. » (Arch. de la Prop.) 2 Lettre inédite à M. Duprez, 31 juillet 1776 (Arch. S. J.) 190

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) renouvelle ses injonctions. « Nous lui avons répondu, écrit M. Bourgeois à M. Bertin, que dès l’an passé nous avons su que Louis XVI lui-même avait eu la bonté de faire écrire à son ambassadeur à Rome pour nous conserver notre mission et nos biens ; qu’il était à présumer que tous les souverains ayant pu disposer des biens de la Compagnie dans leurs États, la France avait le même droit. Le père Joseph n’avancera pas. Cependant, pour assurer les arrangements et les bontés de Sa Majesté pour nous, ou, pour mieux dire, pour procurer la paix à cette mission, j’ose supplier Votre Grandeur de faire en sorte que Sa Sainteté dise un mot. C’est une chose aisée, si elle n’est pas déjà faite. Nous attendons cette nouvelle grâce de votre bonté pour nous et de votre zèle pour notre chère mission 1 . » p.243 M. Bertin répond à cette lettre le 27 janvier 1779 : « Rome n’a nulle part prétendu que les dispositions générales du bref sur les biens des jésuites apportassent le plus léger changement aux droits des fondateurs, des souverains, ni des personnes, relativement aux biens même de la Société des jésuites, tels que ceux des maisons professes, noviciats, etc. ; à plus forte raison pour ceux dont ils n’étaient qu’administrateurs et dépositaires, tels que ceux des séminaires, collèges, missions et autres établissements qui leur étaient confiés. Les dispositions du bref, partout où on les exécuterait, même judaïquement et à la lettre, ne sont que conservatoires des droits de toutes les parties, et si on eût été capable à Rome de l’entendre autrement, on eût soulevé toute la chrétienté. M. le nonce, qui vint, il y a quelque temps, s’entretenir avec moi sur les missions de la Chine, me parut fort scandalisé de la conduite de Mgr de Macao et de ses adhérents, n’approuva pas d’avantage celle des propagandistes dont je lui fis part, et il s’amusa avec moi de l’excellent avis qu’ils avaient donné au pape, que je voulais rétablir l’institut des jésuites à Pékin, et que cela était sûr ; mais il est fort éloigné, ainsi que sa cour, de prétendre le plus léger partage ni interposition (sans l’aveu du roi) dans le temporel de la mission 1 Pékin, 16 décembre 1777 (Bibl. de l’Inst.). 191

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

qu’ils adhèrent fortement au parti <strong>de</strong> M. Bourgeois, je <strong>les</strong> crois plutôt<br />

égarés que conduits par <strong>la</strong> malice. M. Bourgeois, qui pénètre mieux <strong>les</strong><br />

conséquences <strong>de</strong>s choses, opère par eux, il se cache le plus qu’il peut <strong>et</strong><br />

fait par <strong>les</strong> autres ce qu’il n’ose faire par lui-même 1 . »<br />

p.241<br />

Toute <strong>la</strong> correspondance <strong>de</strong> M. Bourgeois, sa conduite à Pékin, le<br />

témoignage <strong>de</strong> ceux qui ont vécu dans son intimité <strong>et</strong> l’ont vu à l’œuvre,<br />

tout proteste contre un portrait si peu ressemb<strong>la</strong>nt. On voit que M. <strong>de</strong><br />

Ventavon veut discréditer auprès <strong>de</strong> son évêque le religieux rendu à <strong>la</strong> vie<br />

séculière. Si ce prêtre était vraiment tel qu’il le peint <strong>et</strong> dans c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong><br />

dans beaucoup d’autres, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment son ordre put lui confier<br />

le gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission française à Pékin.<br />

Telle était, en 1778, <strong>la</strong> situation déplorable entre <strong>les</strong> missionnaires<br />

français sécu<strong>la</strong>risés <strong>de</strong> Pékin.<br />

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Pendant ces luttes intestines à <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Saint-Sauveur, le père<br />

<strong>Joseph</strong> <strong>de</strong> Sainte-Thérése ne restait pas inactif.<br />

Pressé par d’autres (le parti <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Ventavon), p.242 écrit M.<br />

Bourgeois, il revenait <strong>de</strong> temps en temps à <strong>la</strong> charge <strong>et</strong> me signifiait d’avoir<br />

à me conformer au bref pour le temporel <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission, nonobstant <strong>la</strong><br />

protection <strong>et</strong> <strong>les</strong> arrangements du roi, jusqu’à ce que le souverain-pontife<br />

eût déc<strong>la</strong>ré là-<strong>de</strong>ssus sa volonté. Ses tentatives ne lui ont pas réussi ; mes<br />

réponses ont coupé court à tout, <strong>et</strong> il n’a pas osé aller plus loin 2 .<br />

Le 15 décembre 1777, le père carme se présente <strong>de</strong> nouveau <strong>et</strong><br />

1 Si excellentia sua ess<strong>et</strong> Pekini, aliter sentir<strong>et</strong> <strong>de</strong> D no Bourgeois ; Nullum callidiorem illo<br />

vidi hic Pekini, <strong>et</strong> qui magis apposite juxta ventos ve<strong>la</strong> sua dirigere sciat : modo promptus<br />

humiliter ce<strong>de</strong>re <strong>et</strong> ad aliorem pe<strong>de</strong>s quasi se projicere, si sua utilitas <strong>et</strong> circumstantiæ<br />

requirant ; modo, improvise agens <strong>et</strong> <strong>de</strong>spotice, si fulgeat spes se posse evincere... Ille<br />

conjunctim cum D no Le Fèvre <strong>et</strong> tribus lusitanis excellentiæ V æ sufficienter notis, tricarum<br />

omnium autores sunt aut fautores. Alios scilic<strong>et</strong> Dollières, Cibot, Col<strong>la</strong>s <strong>et</strong> paucos, quamvis<br />

partibus D ni Bourgeois fortiter adhæreant, potius tamen errore quam malicia duci credo.<br />

Utitur illis D us Bourgeois, qui cum melius introspiciat rerum consequentias, occultat se<br />

quantum potest, <strong>et</strong> per alios facit quod per se facere non aud<strong>et</strong>. » (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prop.)<br />

2 L<strong>et</strong>tre inédite à M. Duprez, 31 juill<strong>et</strong> 1776 (Arch. S. J.)<br />

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