Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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p.231 Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) On aurait pu cependant, pour le bien de la paix, passer par dessus, mais ils ont encore encouragé sous main les Portugais à s’emparer comme eux de leurs biens propres 1 . » En terminant sa lettre du 16 novembre, M. de Ventavon propose de substituer au décret du 30 novembre 1776, un plan de l’administration des biens, dont voici les principaux articles : 1. Nomination pour trois ans, à la pluralité des voix, d’un procureur ou économe ; 2. Ce procureur ne pourra aliéner aucun fonds ni faire d’entreprise ; 3. Ce même procureur présentera ses comptes tous les trois mois aux missionnaires français, et les fera signer par eux avant de les envoyer en France. On a le droit de s’étonner qu’il ne soit fait mention, dans ce plan proposé par M. de Ventavon, ni de Mgr de Nankin, ni des propagandistes comme administrateurs, ni du souverain-pontife comme propriétaire des biens de la mission ! p.232 M. Bertin répondit à M. de Ventavon le 29 janvier 1779, par des observations de M. du Gad, l’ancien supérieur des Missions de Chine, auquel le ministre communiqua les lettres de son correspondant. Voici un court extrait de ces observations : « M. Bourgeois a eu des liaisons assez fréquentes avec le portugais Espinha, principal auteur du schisme, mais pour l’en retirer et l’engager à imiter la soumission (à Mgr de Nankin) des autres corps de missionnaires. On a eu en main une preuve sans réplique de ce fait dans une lettre de l’évêque de Nankin, qui disculpe pleinement M. Bourgeois sur ce point contre ses accusateurs. « Il n’y a qu’à lire les lettres de M. Bourgeois depuis trois ans, consulter sa conduite depuis l’extinction de la Société et la publication du bref, qui a été différée d’une année en Chine, pour juger s’il a voulu s’emparer des biens de la mission, et non pas plutôt si on ne lui est pas redevable de leur 1 Arch. de la Prop. — Nous évitons de parler des missionnaires portugais autant que possible, puisque notre travail est sur la mission française. 184

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) conservation. Il a dû, étant supérieur légitime de la maison, jusqu’à la notification du bref destructif, se comporter et agir en supérieur, et ceux qui paraissent mécontents ont mauvaise grâce de l’inculper en ce point, contre les lois établies. Depuis la promulgation du bref, sans s’arroger, comme on le publie, le titre ou l’exercice de despote, il a pourvu à tous les besoins de la mission et des particuliers ; les choses ont été leur train ordinaire. Il a caché prudemment la p.233 connaissance de l’état des biens à ceux qui n’avaient pas droit de l’avoir et qui demandaient hautement des pensions et voulaient faire bande à part. Que voit-on en cela autre chose que la conduite d’un sage économe, qui cherche à conserver le bien qui court risque d’être dissipé ? « L’évêque de Nankin, comme supérieur ecclésiastique, a été sollicité par les mécontents de dresser un plan d’administration à leur gré, pour l’ôter à M. Bourgeois. Le missionnaire de la Propagande (P. Joseph), chargé par le Saint-Siège de la promulgation du bref et de son exécution, a aussi été prié d’interposer son autorité pour la même fin. Qu’en est-il résulté ? L’un et l’autre, ou en refusant de se mêler de cette affaire, ou en ne proposant à M. de Ventavon que des projets qui ne le contentaient pas, ont bien fait sentir qu’il n’y avait rien de mieux qu’à laisser M. Bourgeois faire le bien commun, malgré les opposants 1 . » Cette réponse ne satisfit nullement M. de Ventavon et ses adhérents, comme on le voit par sa lettre du 6 décembre 1779, où il dit que la vérité est altérée ou déguisée d’un bout à l’autre dans les observations de M. du Gad 2 . Etait-il possible de convaincre des missionnaires, qui, avant tout, voulaient se débarrasser de M. Bourgeois, qui leur était antipathique, p.234 et qui, tout en proclamant bien haut à Pékin qu’il fallait remettre les biens à la disposition du souverain-pontife, ne cherchaient qu’à les administrer eux-mêmes ? 1 Arch. de la Propagande. 2 Ibid. 185

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

conservation. Il a dû, étant supérieur légitime <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison, jusqu’à <strong>la</strong><br />

notification du bref <strong>de</strong>structif, se comporter <strong>et</strong> agir en supérieur, <strong>et</strong> ceux<br />

qui paraissent mécontents ont mauvaise grâce <strong>de</strong> l’inculper en ce point,<br />

contre <strong>les</strong> lois établies. Depuis <strong>la</strong> promulgation du bref, sans s’arroger,<br />

comme on le publie, le titre ou l’exercice <strong>de</strong> <strong>de</strong>spote, il a pourvu à tous <strong>les</strong><br />

besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission <strong>et</strong> <strong>de</strong>s particuliers ; <strong>les</strong> choses ont été leur train<br />

ordinaire. Il a caché pru<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> p.233 connaissance <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s biens à<br />

ceux qui n’avaient pas droit <strong>de</strong> l’avoir <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>mandaient hautement <strong>de</strong>s<br />

pensions <strong>et</strong> vou<strong>la</strong>ient faire ban<strong>de</strong> à part. Que voit-on en ce<strong>la</strong> autre chose<br />

que <strong>la</strong> conduite d’un sage économe, qui cherche à conserver le bien qui<br />

court risque d’être dissipé ?<br />

« L’évêque <strong>de</strong> Nankin, comme supérieur ecclésiastique, a été sollicité par<br />

<strong>les</strong> mécontents <strong>de</strong> dresser un p<strong>la</strong>n d’administration à leur gré, pour l’ôter à<br />

M. Bourgeois. Le missionnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong> (P. <strong>Joseph</strong>), chargé par le<br />

Saint-Siège <strong>de</strong> <strong>la</strong> promulgation du bref <strong>et</strong> <strong>de</strong> son exécution, a aussi été prié<br />

d’interposer son autorité pour <strong>la</strong> même fin. Qu’en est-il résulté ? L’un <strong>et</strong><br />

l’autre, ou en refusant <strong>de</strong> se mêler <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te affaire, ou en ne proposant à M.<br />

<strong>de</strong> Ventavon que <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s qui ne le contentaient pas, ont bien fait sentir<br />

qu’il n’y avait rien <strong>de</strong> mieux qu’à <strong>la</strong>isser M. Bourgeois faire le bien commun,<br />

malgré <strong>les</strong> opposants 1 . »<br />

C<strong>et</strong>te réponse ne satisfit nullement M. <strong>de</strong> Ventavon <strong>et</strong> ses adhérents,<br />

comme on le voit par sa l<strong>et</strong>tre du 6 décembre 1779, où il dit que <strong>la</strong> vérité<br />

est altérée ou déguisée d’un bout à l’autre dans <strong>les</strong> observations <strong>de</strong> M. du<br />

Gad 2 . Etait-il possible <strong>de</strong> convaincre <strong>de</strong>s missionnaires, qui, avant tout,<br />

vou<strong>la</strong>ient se débarrasser <strong>de</strong> M. Bourgeois, qui leur était antipathique, p.234<br />

<strong>et</strong> qui, tout en proc<strong>la</strong>mant bien haut à Pékin qu’il fal<strong>la</strong>it rem<strong>et</strong>tre <strong>les</strong> biens à<br />

<strong>la</strong> disposition du souverain-pontife, ne cherchaient qu’à <strong>les</strong> administrer<br />

eux-mêmes ?<br />

1 Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong>.<br />

2 Ibid.<br />

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