Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) en dehors de la capitale 1 . p.177 L’évêque de Nankin repoussa, comme il fallait s’y attendre, les prétentions injustifiées de son collègue par trop entreprenant. De là un conflit de juridiction entre les deux prélats et entre leurs représentants, le père Joseph de Sainte-Thérése et le père d’Espinha 2 . p.178 La plupart des missionnaires, français et propagandistes, restèrent fidèles à Mgr de Nankin et continuèrent à tenir de lui leurs pouvoirs. Les Portugais, au contraire, excepté le père da Rocha, reconnurent l’évêque de 1 Lettre du père André Rodriguez, président du tribunal des Mathématiques. Pékin, résidence de S. Joseph, 15 août 1777 (Traduit du portugais et tiré de Christ. Mürr). Ordinis suppressi Bulla Patres in angustias, easque gravissimas redegit : societatis enim æmuli (rivaux) ejus facultates ad se rapere nitebantur. Quapropter socii macaensem ad episcopum confugiunt, quid consiliï sibi capiendum, quid faciendum, ex eo intellecturi. Quippe volebant rem nullam sanctæ sedi contrariam moliri, nec quidquam conficere, quod jus patronatas, de quo rex fidelissimus gaudet, posset violare. Negotium hoc Episcopo magnæ admodum curæ cordique fuit, qui Pekinensis sedis (quam mors P. Polycarpi de Souza, è Soc. Jesu et lusitani vacuam reddiderat) se administratorem et gubernatorem nuncupavit, episcopo Nankinensi répugnante. Macai episcopus protegit ac défendit Patres ; atque ex eo tempore quo Episcopatûs hujus possessionem adiit, et bonorum quæ erant in patrum potestate administrationem suscepit, reliquit integrum illorum regimen sociis, eo quo prius modo has possessiones gubernare solebant. Confirmavit binos ecclesiarum duarum Procuratores, Præfectos coetuum christianorum, congregationum, missionum, etc. Constituit suum ibidem Provisorem et Vicarium generalem, P. Josephum Espinha, qui prius provinciæ japoniæ ac vice-provinciæ sinensi præerat. Omnia hæc perfecit episcopus Macænsis addita hac cum clausula : quandiu Majestas fidelissima contrarium non ordinarit. Etiamnum ibi degunt Patres, qui generalem ante persecutionem vivebant, nimirum P. Felix da Rocha, primus tribunalis Mathematici præses ; P. Josephus Espinha, generalis modo vicarius, est præses secundus, et P. Andræas Rodriguez, qui epistolam hanc exaravit, tertius extat ejusdem tribunalis præfectus. P. Josephus Bernardus collegii honorum curam gerit. Christianis cœtibus P. Sichelbarth præpositus. 2 Voici la lettre par laquelle le père d’Espinha signifie au père Joseph de Sainte-Thérèse qu’il n’est plus Grand Vicaire : Révérende in Christo Pater Excellentissimus ac Reverendissimus Dominus Episçopus Macænsis literis ad me datis die 24 julii hujus anni monet : Suum esse nominare Vicarium Diæcesis huius Pekinensis, dum proprio Pastore viduata sit : et de facto agere iam de nominando viro, qui dictum munus agat. Injungit subinde mihi, significem Peternidati Vestræ nomine suo, ac nomine Regis fidelissimi, et hisce meis significatum habeat, nec potuisse Excellentissimum ac Reverendissimum Dominum Nankinensem nominare Vicarium huius Diocesis Peternitatem Vestram ; nec Paternita tem Vestram acceptare potuisse dictum Munus, Jubet propterea desistat statim. Meum est rogare Paternitatem Vestram dignetur mihi rescribere, quid ego possim ad hæc respondere ; urget enim Dominus Excellentissimus pro responso. Commendo me SS. Sacrificiis suis, et sum. Paternitatis Vestræ Admodum Revde. minimus Serras. Pekini, die 21 septembris 1775. Joseph. ESPINHA. 150
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Macao pour leur légitime évêque et lui demandèrent les pouvoirs par l’entremise de son vicaire-général. Ainsi, le diocèse de Pékin se trouva divisé en deux partis, le parti de Nankin et celui de Macao. Le père Collas explique dans son Mémoire de novembre 1780 par quelles raisons les Pères français continuèrent à reconnaître Mgr de Nankin pour leur légitime évêque : « Dès le commencement de cette affaire, dit-il, quelques missionnaires portugais ont prétendu que l’évêque de Nankin n’avait pris l’administration du diocèse de Pékin que sous le titre d’évêque le plus proche. Quelque irrégulière qu’ait pu être la manière dont il s’est mis en possession de l’administration du diocèse de Pékin, le métropolitain ou primat de Gao, auquel il appartenait de nommer p.179 un administrateur, ne l’ignorait pas, et, n’en ayant point nommé d’autre, cela suffisait pour rendre valides dans le for intérieur les pouvoirs qu’il a ensuite donnés dans le diocèse, pour exercer les fonctions de missionnaire. C’était ce qu’il y avait de plus important pour eux, et la longue possession dont il avait joui suffisait pour les engager à lui obéir jusqu’à ce qu’il y eût un jugement rendu sur cette affaire, ou que celui à qui il appartenait de nommer un administrateur, en nommât un d’une manière authentique. Tel est le principe sur lequel les ex-jésuites français réglèrent leur conduite 1 . » Cette conduite était bien la plus sage à cette heure de trouble, et tous les Français, sécularisés et non sécularisés, s’y conformèrent en refusant de se soumettre à l’autorité du père d’Espinha. « Nous esquivâmes les avances du père d’Espinha. « Nous d’Ollières, en opposant la possession paisible de Mgr de Nankin et en disant que les deux évêques devaient d’abord faire juger leurs prétentions par une autorité supérieure, et qu’en attendant ce jugement, nous resterions attachés à celui qui avait la possession 2 . » Le père Amiot fit part, le 15 septembre 1775, de cette décision à M. Bertin, qui lui répondit le p.180 30 novembre 1777 : « J’approuve 1 Arch. de la Propagande. 2 Lettre déjà citée du père d’Ollières à son frère. 151
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
Macao pour leur légitime évêque <strong>et</strong> lui <strong>de</strong>mandèrent <strong>les</strong> pouvoirs par<br />
l’entremise <strong>de</strong> son vicaire-général. Ainsi, le diocèse <strong>de</strong> Pékin se trouva<br />
divisé en <strong>de</strong>ux partis, le parti <strong>de</strong> Nankin <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> Macao.<br />
Le père Col<strong>la</strong>s explique dans son Mémoire <strong>de</strong> novembre 1780 par<br />
quel<strong>les</strong> raisons <strong>les</strong> Pères français continuèrent à reconnaître Mgr <strong>de</strong> Nankin<br />
pour leur légitime évêque : « Dès le commencement <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te affaire, dit-il,<br />
quelques missionnaires portugais ont prétendu que l’évêque <strong>de</strong> Nankin<br />
n’avait pris l’administration du diocèse <strong>de</strong> Pékin que sous le titre d’évêque<br />
le plus proche. Quelque irrégulière qu’ait pu être <strong>la</strong> manière dont il s’est<br />
mis en possession <strong>de</strong> l’administration du diocèse <strong>de</strong> Pékin, le métropolitain<br />
ou primat <strong>de</strong> Gao, auquel il appartenait <strong>de</strong> nommer p.179 un administrateur,<br />
ne l’ignorait pas, <strong>et</strong>, n’en ayant point nommé d’autre, ce<strong>la</strong> suffisait pour<br />
rendre vali<strong>de</strong>s dans le for intérieur <strong>les</strong> pouvoirs qu’il a ensuite donnés dans<br />
le diocèse, pour exercer <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> missionnaire. C’était ce qu’il y<br />
avait <strong>de</strong> plus important pour eux, <strong>et</strong> <strong>la</strong> longue possession dont il avait joui<br />
suffisait pour <strong>les</strong> engager à lui obéir jusqu’à ce qu’il y eût un jugement<br />
rendu sur c<strong>et</strong>te affaire, ou que celui à qui il appartenait <strong>de</strong> nommer un<br />
administrateur, en nommât un d’une manière authentique. Tel est le<br />
principe sur lequel <strong>les</strong> ex-jésuites français réglèrent leur conduite 1 . »<br />
C<strong>et</strong>te conduite était bien <strong>la</strong> plus sage à c<strong>et</strong>te heure <strong>de</strong> trouble, <strong>et</strong> tous<br />
<strong>les</strong> Français, sécu<strong>la</strong>risés <strong>et</strong> non sécu<strong>la</strong>risés, s’y conformèrent en refusant <strong>de</strong><br />
se soum<strong>et</strong>tre à l’autorité du père d’Espinha. « Nous esquivâmes <strong>les</strong> avances<br />
du père d’Espinha. « Nous d’Ollières, en opposant <strong>la</strong> possession paisible <strong>de</strong><br />
Mgr <strong>de</strong> Nankin <strong>et</strong> en disant que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux évêques <strong>de</strong>vaient d’abord faire<br />
juger leurs prétentions par une autorité supérieure, <strong>et</strong> qu’en attendant ce<br />
jugement, nous resterions attachés à celui qui avait <strong>la</strong> possession 2 . »<br />
Le père <strong>Amiot</strong> fit part, le 15 septembre 1775, <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te décision à M.<br />
Bertin, qui lui répondit le p.180 30 novembre 1777 : « J’approuve<br />
1 Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propagan<strong>de</strong>.<br />
2 L<strong>et</strong>tre déjà citée du père d’Ollières à son frère.<br />
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