Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) souverain-pontife dès le lendemain de son arrivée en Chine. On m’a écrit qu’il fit ensuite afficher aux portes des églises et aux carrefours des écrits contenant ce qu’on a inventé de plus odieux contre la Compagnie. De là, tournant ses vues vers Canton, il voulut saisir le père Lefebvre, supérieur de notre mission ; mais il y échoua 1 . » Un mémoire de M. de Sartines, ministre de la Marine, envoyé au cardinal de Bernis, ambassadeur près le Saint-Siège 2 , achèvera de nous faire connaître les dispositions peu sympathiques de Mgr de Sylva à l’égard des fils de saint Ignace. « L’évêque de Macao, est-il dit dans ce mémoire, a poussé l’égarement jusqu’à lancer une sentence d’excommunication contre le procureur de la mission française (le père Lefèvre, supérieur général des jésuites de Chine) à Canton, pour ne pas lui avoir remis l’argent et les biens de la mission. Ce procureur, p.174 pour revenir en France, a été obligé de se cacher plusieurs mois, et ce prélat lui a envoyé en France, dans une lettre, la sentence de sa prétendue excommunication, sous prétexte de la lui notifier 3 . » Nous avons dit que les missionnaires portugais font serment, en partant de Lisbonne, de ne reconnaître aucun dignitaire sans le patronat, à moins qu’il n’ait l’attache du roi de Portugal. Le père Joseph, nommé vicaire- général par la Propagande, ne l’avait pas. C’était une atteinte au droit du patronat ; ils protestèrent, et le père d’Espinha prévint l’évêque de Macao de cette nomination illégale, en même temps qu’il lui apprenait de quelle manière l’évêque de Nankin était entré en possession du diocèse de Pékin, Il lui dit aussi que l’évêque de Nankin recevait immédiatement les décrets de Rome et non par la voie du Portugal 4 . 1 Lettre au père Duprez, 25 mai 1775. (Arch. S. J.) 2 Ce mémoire, du 20 janvier 1780, était destiné au cardinal Antonelli, préfet de la Propagande. 3 Arch. de la Marine. — Le père Lefèvre revint en France en 1775. Il avait été nommé supérieur général de la mission de Chine, en 1762, à la place du père du Gad, fait prisonnier par les émissaires de Pombal et gardé en prison à Lisbonne pendant plusieurs années. 4 Amiot, lettre au père de Poirot, 1780. (Arch. S. J.) 148

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Mgr de Sylva reçut avec empressement la plainte des Pères portugais. Pour agir avec plus de force, il se charge, sans autre façon, de l’administration du diocèse de Pékin, et fait signifier à son collègue de Nankin qu’il le décharge de cette administration. Ce sans-gêne a de quoi étonner ; il étonne, en effet. p.175 L’évêque n’en a cure. Il s’adresse ensuite au primat de Goa, à qui il appartient de nommer un administrateur dans toute l’étendue de la métropole 1 . Afin de justifier cette conduite arbitraire et déplacée, il prétend que l’évêché de Pékin n’étant qu’un démembrement de celui de Macao, il veut rentrer dans tous ses droits sur cette ancienne portion de son diocèse lorsqu’elle n’a pas de pasteur propre pour la gouverner 2 . Il ajoute que Mgr de Nankin s’est mis en possession de l’administration de Pékin sur le vain titre de la proximité et sans la commission de Mgr le primat de Goa 3 , laquelle lui était nécessaire pour cela, que l’administration revenait de droit à l’évêque de Macao, comme ayant le siège le plus ancien 4 . » En même temps, afin de bien établir et d’affermir son autorité, il choisit pour grand vicaire et proviseur général, le père Joseph d’Espinha, ancien provincial du Japon, ancien vice-provincial de la mission portugaise en Chine, et alors recteur du collège des Portugais à Pékin et vice-président du p.176 tribunal des Mathématiques. Il le charge de notifier à la mission française et aux deux maisons portugaises le bref de Clément XIV, que lui- même a reçu dans toutes les formes légales, en passant par la chancellerie de Lisbonne 5 ; et le bref une fois intimé aux Pères portugais, il prend sous sa protection leur mission, leur permet de vivre en communauté, leur confie l’administration de leurs biens, le gouvernement de leurs églises et la direction de leurs congrégations religieuses et de leurs œuvres à Pékin et 1 M. Bourgeois à M. Bertin, 21 juin 1781. (Arch. S. J.) 2 Amiot à M. Bertin, 15 sept. 1776 (Arch. de la Marine). 3 Le père Amiot, dans la même lettre, dit que l’évêque de Nankin avait obtenu l’approbation de l’ancien archevêque de Goa. 4 Lettre du père d’Ollières à son frère, déjà citée. 5 Amiot à M. Bertin, 15 sept. 1776 (Arch. de la Marine). 149

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

Mgr <strong>de</strong> Sylva reçut avec empressement <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte <strong>de</strong>s Pères portugais.<br />

Pour agir avec plus <strong>de</strong> force, il se charge, sans autre façon, <strong>de</strong><br />

l’administration du diocèse <strong>de</strong> Pékin, <strong>et</strong> fait signifier à son collègue <strong>de</strong><br />

Nankin qu’il le décharge <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te administration. Ce sans-gêne a <strong>de</strong> quoi<br />

étonner ; il étonne, en eff<strong>et</strong>. p.175 L’évêque n’en a cure. Il s’adresse ensuite<br />

au primat <strong>de</strong> Goa, à qui il appartient <strong>de</strong> nommer un administrateur dans<br />

toute l’étendue <strong>de</strong> <strong>la</strong> métropole 1 .<br />

Afin <strong>de</strong> justifier c<strong>et</strong>te conduite arbitraire <strong>et</strong> dép<strong>la</strong>cée, il prétend que<br />

l’évêché <strong>de</strong> Pékin n’étant qu’un démembrement <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Macao, il veut<br />

rentrer dans tous ses droits sur c<strong>et</strong>te <strong>ancienne</strong> portion <strong>de</strong> son diocèse<br />

lorsqu’elle n’a pas <strong>de</strong> pasteur propre pour <strong>la</strong> gouverner 2 . Il ajoute que Mgr<br />

<strong>de</strong> Nankin s’est mis en possession <strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong> Pékin sur le vain<br />

titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> proximité <strong>et</strong> sans <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> Mgr le primat <strong>de</strong> Goa 3 ,<br />

<strong>la</strong>quelle lui était nécessaire pour ce<strong>la</strong>, que l’administration revenait <strong>de</strong> droit<br />

à l’évêque <strong>de</strong> Macao, comme ayant le siège le plus ancien 4 . »<br />

En même temps, afin <strong>de</strong> bien établir <strong>et</strong> d’affermir son autorité, il choisit<br />

pour grand vicaire <strong>et</strong> proviseur général, le père <strong>Joseph</strong> d’Espinha, ancien<br />

provincial du Japon, ancien vice-provincial <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission portugaise en<br />

<strong>Chine</strong>, <strong>et</strong> alors recteur du collège <strong>de</strong>s Portugais à Pékin <strong>et</strong> vice-prési<strong>de</strong>nt du<br />

p.176<br />

tribunal <strong>de</strong>s Mathématiques. Il le charge <strong>de</strong> notifier à <strong>la</strong> mission<br />

française <strong>et</strong> aux <strong>de</strong>ux maisons portugaises le bref <strong>de</strong> Clément XIV, que lui-<br />

même a reçu dans toutes <strong>les</strong> formes léga<strong>les</strong>, en passant par <strong>la</strong> chancellerie<br />

<strong>de</strong> Lisbonne 5 ; <strong>et</strong> le bref une fois intimé aux Pères portugais, il prend sous<br />

sa protection leur mission, leur perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> vivre en communauté, leur<br />

confie l’administration <strong>de</strong> leurs biens, le gouvernement <strong>de</strong> leurs églises <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

direction <strong>de</strong> leurs congrégations religieuses <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs œuvres à Pékin <strong>et</strong><br />

1 M. Bourgeois à M. Bertin, 21 juin 1781. (Arch. S. J.)<br />

2 <strong>Amiot</strong> à M. Bertin, 15 sept. 1776 (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine).<br />

3 Le père <strong>Amiot</strong>, dans <strong>la</strong> même l<strong>et</strong>tre, dit que l’évêque <strong>de</strong> Nankin avait obtenu l’approbation<br />

<strong>de</strong> l’ancien archevêque <strong>de</strong> Goa.<br />

4 L<strong>et</strong>tre du père d’Ollières à son frère, déjà citée.<br />

5 <strong>Amiot</strong> à M. Bertin, 15 sept. 1776 (Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine).<br />

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