Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795)
condamné au bûcher et exécuté comme hérétique, après un procès, dit
Voltaire, où « l’excès du ridicule et de l’absurdité fut joint à l’excès
d’horreur. » Les jésuites furent bannis du Portugal par un décret royal du 3
septembre 1759, et la persécution déchaînée contre eux par le ministre
tout puissant s’étendit aux missionnaires, qui furent soumis aux plus
incroyables vexations.
Mgr de Laimbeckhoven, jésuite, ne pouvait espérer être mieux traité
que ses frères en religion, que les jésuites de son diocèse. Tout secours lui
fut obstinément refusé 2 . Il se vit alors dans une p.169 position
inextricable 3 : « Mes ouailles, dit-il, sous le coup de la persécution ou de la
crainte, attendaient de moi quelques secours, et moi, j’étais réduit à la plus
extrême pauvreté, disons le mot, à la mendicité, sans secours, sans
ressources, sans aucun moyen de soutenir ma vie. J’étais comme entre le
marteau et l’enclume. A qui m’adresser ? A qui recourir ? A quelle porte
frapper ? 4 »
Sa situation devint si terrible, si difficile, qu’il songea à démissionner 5 .
Mais les conseils de ses amis le retinrent à son poste de combat. Il n’eut
pas à s’en repentir. « La Providence vint l’assister au plus fort de ses
épreuves par des prodiges extraordinaires 6 . »
C’est le 31 août 1757 qu’il avait pris possession p.170 du siège de Pékin
par une lettre datée de King-tcheou-fou, dans le Hou-Kouang. Cette
nouvelle charge, loin d’améliorer sa position, ne fit qu’accroître sa
1 Cette lettre se conserve aux archives des jésuites de Changhaï (Chine) ; elle est de 1757.
2 Il faut dire, pour être juste, que sur les instances de l’archevêque de Goa, il reçut, de
1763 à 1766, son traitement, mais de 1766 à 1780, il ne toucha plus une obole.
3 Lettre au père d’Oliveira, dans Mürr, XI, p. 200 et suiv.
4 Même lettre.
5 Il écrivait, en 1771, au général Ricci, à Rome : « Puisque depuis 5 ans, je n’ai plus aucun
revenu, que le roi de Portugal ne veut absolument aucun jésuite dans les États soumis à son
patronage ; que je suis abandonné du seul qui me soutenait jusqu’aujourd’hui, le primat de
Goa, ne vaudrait-il pas mieux résigner mon siège, et aller passer le peu de jours qui me
restent, dans un collège de la Germanie ? Qu’en pense Votre Paternité ? (Lettre inédite,
arch. S. J.)
6 Lettre déjà citée au père d’Oliveira.
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