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Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

portés aux <strong>de</strong>rnières limites.<br />

Ils savaient que <strong>les</strong> jansénistes, <strong>les</strong> universitaires, <strong>les</strong> protestants, <strong>les</strong><br />

parlementaires <strong>et</strong> <strong>les</strong> philosophes du dix-huitième siècle s’étaient coalisés<br />

contre <strong>la</strong> Compagnie ; que parvenus à <strong>la</strong> détruire en France, ils travail<strong>la</strong>ient<br />

encore par tous <strong>les</strong> moyens possib<strong>les</strong>, à <strong>la</strong> faire disparaître du mon<strong>de</strong><br />

entier ; ils savaient que <strong>les</strong> puissances catholiques faisaient cause<br />

commune avec c<strong>et</strong>te coalition infernale, <strong>et</strong> que <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> Portugal, <strong>de</strong><br />

France, d’Espagne <strong>et</strong> <strong>de</strong> Nap<strong>les</strong> avaient rendu <strong>de</strong>s décr<strong>et</strong>s d’expulsion<br />

inspirés par <strong>les</strong> plus dangereux ennemis <strong>de</strong> l’Église ; ils savaient enfin que<br />

ces mêmes cours exerçaient sur le pape Clément XIV une pression odieuse,<br />

persévérante <strong>et</strong> acharnée pour le déterminer à sanctionner leurs décr<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

à abolir complètement l’ordre par un acte solennel <strong>de</strong> <strong>la</strong> papauté ; mais il<br />

ne leur était pas venu à l’esprit que le souverain-pontife, p<strong>la</strong>cé sous <strong>la</strong><br />

pression <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence <strong>et</strong> <strong>de</strong>s craintes <strong>les</strong> plus terrifiantes, croirait, pour le<br />

bien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, <strong>de</strong>voir supprimer par un bref une Compagnie qui avait été<br />

approuvée par <strong>les</strong> papes, ses prédécesseurs, <strong>et</strong> s’était montrée, pendant<br />

<strong>de</strong>ux sièc<strong>les</strong>, si utile à l’Église <strong>et</strong> si attachée au Saint-Siège. Et cependant<br />

une mesure si grave en elle-même <strong>et</strong> dans ses conséquences était p.141<br />

accomplie : <strong>la</strong> sentence pontificale était portée, <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s jésuites<br />

consommée.<br />

Est-il surprenant que c<strong>et</strong>te sentence, en <strong>Chine</strong>, comme partout ailleurs,<br />

ait brisé bien <strong>de</strong>s cœurs <strong>et</strong> fait couler <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes abondantes ? A Pékin, le<br />

père Hallerstein, prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong>s Mathématiques, meurt<br />

subitement, à c<strong>et</strong>te nouvelle, d’une attaque d’apoplexie, le 29 octobre<br />

1774. Quelques jours auparavant, le 23 octobre, l’aimable <strong>et</strong> savant père<br />

Michel Benoist tombe entre <strong>les</strong> bras du père Bourgeois, frappé comme d’un<br />

coup <strong>de</strong> foudre 1 . Les Pères Martial Cibot, Col<strong>la</strong>s <strong>et</strong> d’Ollières ne<br />

survécurent que peu d’années, malgré leur courageuse résignation, à une si<br />

1 On lit dans le journal <strong>de</strong> Mürr, T. IV, p. 236 : « P. Hallerstein cum duobus aliis sociis ita<br />

attonitus erat ad fulmen romanum ut apoplexia prostratus ipsam au<strong>la</strong>m attonitam fecerit. »<br />

Voir sur le père Benoist <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre du père <strong>Amiot</strong> à Bertin, 1 er nov. 1774, <strong>et</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre du père<br />

Bourgeois au père Duprez, 1 er nov. 1774.<br />

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