Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) française comptait trois jésuites chinois, qui desservaient les chrétientés aux environs de Pékin. Leur utilité se faisait surtout sentir aux époques de persécution, où les Français ne pouvaient se montrer sans s’exposer à être emprisonnés et condamnés ; « mais il ne faut pas croire, écrivait le père d’Ollières, que les prêtres chinois soient une ressource capable de soutenir la religion en Chine. Il est bien à craindre qu’elle ne se perde complètement, si jamais elle est réduite à ses propres sujets. Les prêtres de la nation peuvent servir utilement, si on les force à travailler, s’ils sont tenus de court et surveillés de près ; sans cela, ils détruisent plus qu’il n’édifient 1 . A cette époque, quelques Frères coadjuteurs rendaient les plus grands services à la cause catholique par leurs travaux artistiques au palais impérial. Le plus célèbre de tous et aussi le plus remarquable, est certainement le frère Joseph Panzi, italien d’origine, arrivé à Pékin le 12 janvier 1773, et attaché à la mission française. Il remplaçait à la cour les frères Castiglione et Attiret, tous deux décédés et dont le rare talent pour la peinture et les aimables p.126 et modestes qualités furent si longtemps appréciées de l’empereur, des princes et des mandarins. Le père de Grammont a tracé ce portrait du frère Panzi dans une lettre restée inédite du 17 novembre 1773 : « Il remplit dans le palais la charge de peintre de l’empereur. Quel bon Frère ! Douceur, modestie, humilité et charité, il a toutes les vertus qui rendent un homme agréable à Dieu et à ses frères. C’est une des plus belles fleurs qui sortent du noviciat de Gênes, et il a conservé toute sa fraîcheur et sa beauté première. Quant à son talent pour la peinture, je vous dirai qu’il en a trop pour ce pays. Comme les frères Castiglione et Attiret, il a mille peines à soumettre son art et ses inspirations à la routine de cette nation ; et cependant il le fait de bon cœur 1 Lettres édifiantes, 14 e vol., p. 662. 118
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) pour le service de cette mission 1 . Dans une lettre également inédite de 1777 de cet excellent Frère, on lit ces belles paroles où se peint toute la richesse de son cœur et sa généreuse piété : « Tout pour l’amour de Dieu ! Je suis le peintre, ou mieux, le serviteur de la mission, pour l’amour de Dieu. Je me glorifie de l’être pour son p.127 amour, et je suis bien résolu de mourir pour cette sainte Mission, quand Dieu le voudra 2 . Cette résolution, il la tint ; il la tint jusqu’à sa mort, arrivée vers 1812. Nous avons cru devoir faire connaître tout le personnel de la mission française en 1773, avant de raconter les événements qui vont suivre, événements d’une tristesse poignante. Chaque missionnaire y prendra sa part, y jouera son rôle ; et l’historien aura à constater, dans quelques-uns, plus d’une erreur de conduite au milieu des grandes obscurités de situations les plus diverses et les plus inextricables. @ 1 Lettre citée dans la notice du F. Panzi, par le père Pfister, p. 1141. Le frère Panzi, né en 1733, a écrit de Pékin quelques lettres très instructives, restées inédites et conservées dans les archives S. J. Voir sur ce Frère une lettre du père Benoist, à M..., 4 novembre 1773 (Lettres édifiantes, 13 e , volume p. 394 et suiv.) 2 Arch. S. J. 119
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
pour le service <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mission 1 .<br />
Dans une l<strong>et</strong>tre également inédite <strong>de</strong> 1777 <strong>de</strong> c<strong>et</strong> excellent Frère, on lit<br />
ces bel<strong>les</strong> paro<strong>les</strong> où se peint toute <strong>la</strong> richesse <strong>de</strong> son cœur <strong>et</strong> sa<br />
généreuse piété : « Tout pour l’amour <strong>de</strong> Dieu ! Je suis le peintre, ou<br />
mieux, le serviteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission, pour l’amour <strong>de</strong> Dieu. Je me glorifie <strong>de</strong><br />
l’être pour son p.127 amour, <strong>et</strong> je suis bien résolu <strong>de</strong> mourir pour c<strong>et</strong>te<br />
sainte Mission, quand Dieu le voudra 2 .<br />
C<strong>et</strong>te résolution, il <strong>la</strong> tint ; il <strong>la</strong> tint jusqu’à sa mort, arrivée vers 1812.<br />
Nous avons cru <strong>de</strong>voir faire connaître tout le personnel <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission<br />
française en 1773, avant <strong>de</strong> raconter <strong>les</strong> événements qui vont suivre,<br />
événements d’une tristesse poignante. Chaque missionnaire y prendra sa<br />
part, y jouera son rôle ; <strong>et</strong> l’historien aura à constater, dans quelques-uns,<br />
plus d’une erreur <strong>de</strong> conduite au milieu <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s obscurités <strong>de</strong><br />
situations <strong>les</strong> plus diverses <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus inextricab<strong>les</strong>.<br />
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1 L<strong>et</strong>tre citée dans <strong>la</strong> notice du F. Panzi, par le père Pfister, p. 1141. Le frère Panzi, né en<br />
1733, a écrit <strong>de</strong> Pékin quelques l<strong>et</strong>tres très instructives, restées inédites <strong>et</strong> conservées dans<br />
<strong>les</strong> archives S. J. Voir sur ce Frère une l<strong>et</strong>tre du père Benoist, à M..., 4 novembre 1773<br />
(L<strong>et</strong>tres édifiantes, 13 e , volume p. 394 <strong>et</strong> suiv.)<br />
2 Arch. S. J.<br />
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