Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) pas tous, et tant s’en faut, à ces fortes générations de jésuites français qui, depuis un siècle, avaient fait l’admiration de la cour par leur savoir, et de l’église de Pékin par leur sainteté. Quelques années plus tard, le père d’Ollières écrira, peut-être avec un peu d’humeur et d’exagération : « La France nous faisait passer des sujets, mais ce n’étaient plus des sujets qui eussent reçu toute leur éducation, ni qui eussent passé, eux et leur vocation, par les épreuves si sagement établies dans l’Ordre. p.116 Celui-ci ne pouvait se mettre à étudier la langue tartare, ni la chinoise ; celui-là ne voulait ni prêcher, ni catéchiser ; un autre voulait aller prier lorsque les chrétiens venaient pour se confesser. Ceux que quelques talents pour les arts avaient mis en emploi au palais, ne voulaient plus s’y conduire sous la direction de l’obéissance ; tel autre, sous différents prétextes, refusait de donner au saint ministère les forces qu’il avait, et aimait mieux les dévouer à des objets scientifiques, curieux ou amusants 1 . A en juger par des renseignements de source différente, ces traits nous semblent poussés au noir. Quoiqu’il en soit, le père d’Ollières désigne ici, sans les nommer, les pères de Grammont, de Ventavon et de Poirot, arrivés à Saint-Sauveur, le premier au mois de septembre 1768, le second en octobre 1768, et le troisième le 20 octobre 1770. Le père de Grammont, venu à Pékin avec le titre de mathématicien de la cour, ne s’occupa guère que de travaux scientifiques, sans rien produire cependant qui méritât de passer à la postérité. Né le 19 mars 1736, au château de Grammont, près Auch, il entra au noviciat de Gênes le 21 mars 1750 2 . Après p.117 avoir professé six ans la grammaire, les humanités et la rhétorique, il suivit le cours de théologie, pendant lequel il se livra avec ardeur à l’étude des sciences mathématiques. 1 Lettre à son frère, curé de Lexie, près Longwi ; Pékin, 15 octobre 1780. (Arch. S. J.) 2 Ailleurs, il serait né en 1737 et ne serait entré chez les jésuites qu’en 1755. 112
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Le père de Poirot, supérieur par le talent et ses connaissances scientifiques au père de Grammont, était doué de beaucoup de facilité pour les langues ; aussi apprit-il en peu de temps le chinois et le tartare ; il traduisit même en ces deux langues une partie des saints livres. Mais imaginatif, impressionnable, très susceptible, inquiet et remuant, d’un jugement peu sûr, il manquait d’équilibre. Le noviciat ne l’avait pas suffisamment formé à l’obéissance et à la régularité. Lorrain d’origine, il était entré dans la Compagnie à Florence 1 , à l’âge de 21 ans. Peintre à la cour, assez habile et chargé officiellement de traduire du latin en tartare et réciproquement toutes les pièces diplomatiques échangées entre Saint- Pétersbourg et Pékin 2 , il parvint à gagner les bonnes grâces de l’empereur, et obtint de ce prince, pour les missionnaires de Pékin, l’autorisation de baptiser les Chinois désireux de se convertir, excepté toutefois les fils des grands seigneurs et des mandarins 3 . p.118 Le père Amiot nous a laissé, dans les Mémoires concernant les Chinois, ce portrait du père Jean-Mathieu de Ventavon : « Il était d’un naturel vif, ardent, généreux,... d’un caractère ferme et décidé. » Ce portrait est ressemblant, mais il y manque quelques traits essentiels. Passionné à l’extrême, intelligent et indépendant, il avait, en bon dauphinois, l’humeur facilement processive, et, quand il embrassait une cause, il la défendait avec ténacité, ne comptant ni avec son temps, ni avec sa peine ; il la soutenait aussi avec un dévouement qui ne respectait souvent pas assez les droits et l’honneur de l’adversaire. Nature sympathique et séduisante, il s’imposait sans effort, il entraînait ; il avait les qualités maîtresses d’un chef de parti. La suite de cette histoire nous montrera en lui ces belles qualités et ces défauts, et, il faut bien le dire, les défauts encore plus que les qualités. 1 Né le 23 octobre 1735, il entra au noviciat de Florence (alias à Rome), le 9 juillet 1756. Il enseigna 6 ans les humanités et la rhétorique (V. Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, art. de Poirot). 2 Pray impostur., p. 51, note. 3 Ibid. 113
- Page 61 and 62: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 63 and 64: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 65 and 66: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 67 and 68: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 69 and 70: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 71 and 72: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 73 and 74: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 75 and 76: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 77 and 78: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 79 and 80: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 81 and 82: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 83 and 84: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 85 and 86: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 87 and 88: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 89 and 90: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 91 and 92: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 93 and 94: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 95 and 96: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 97 and 98: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 99 and 100: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 101 and 102: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 103 and 104: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 105 and 106: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 107 and 108: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 109 and 110: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 111: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 115 and 116: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 117 and 118: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 119 and 120: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 121 and 122: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 123 and 124: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 125 and 126: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 127 and 128: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 129 and 130: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 131 and 132: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 133 and 134: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 135 and 136: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 137 and 138: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 139 and 140: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 141 and 142: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 143 and 144: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 145 and 146: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 147 and 148: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 149 and 150: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 151 and 152: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 153 and 154: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 155 and 156: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 157 and 158: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 159 and 160: Joseph Amiot, la Mission française
- Page 161 and 162: Joseph Amiot, la Mission française
<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
pas tous, <strong>et</strong> tant s’en faut, à ces fortes générations <strong>de</strong> jésuites français qui,<br />
<strong>de</strong>puis un siècle, avaient fait l’admiration <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour par leur savoir, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l’église <strong>de</strong> Pékin par leur saint<strong>et</strong>é.<br />
Quelques années plus tard, le père d’Ollières écrira, peut-être avec un<br />
peu d’humeur <strong>et</strong> d’exagération : « La France nous faisait passer <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s,<br />
mais ce n’étaient plus <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s qui eussent reçu toute leur éducation, ni<br />
qui eussent passé, eux <strong>et</strong> leur vocation, par <strong>les</strong> épreuves si sagement<br />
établies dans l’Ordre. p.116 Celui-ci ne pouvait se m<strong>et</strong>tre à étudier <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
tartare, ni <strong>la</strong> chinoise ; celui-là ne vou<strong>la</strong>it ni prêcher, ni catéchiser ; un<br />
autre vou<strong>la</strong>it aller prier lorsque <strong>les</strong> chrétiens venaient pour se confesser.<br />
Ceux que quelques talents pour <strong>les</strong> arts avaient mis en emploi au pa<strong>la</strong>is, ne<br />
vou<strong>la</strong>ient plus s’y conduire sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l’obéissance ; tel autre, sous<br />
différents prétextes, refusait <strong>de</strong> donner au saint ministère <strong>les</strong> forces qu’il<br />
avait, <strong>et</strong> aimait mieux <strong>les</strong> dévouer à <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s scientifiques, curieux ou<br />
amusants 1 .<br />
A en juger par <strong>de</strong>s renseignements <strong>de</strong> source différente, ces traits nous<br />
semblent poussés au noir. Quoiqu’il en soit, le père d’Ollières désigne ici,<br />
sans <strong>les</strong> nommer, <strong>les</strong> pères <strong>de</strong> Grammont, <strong>de</strong> Ventavon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Poirot,<br />
arrivés à Saint-Sauveur, le premier au mois <strong>de</strong> septembre 1768, le second<br />
en octobre 1768, <strong>et</strong> le troisième le 20 octobre 1770.<br />
Le père <strong>de</strong> Grammont, venu à Pékin avec le titre <strong>de</strong> mathématicien <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
cour, ne s’occupa guère que <strong>de</strong> travaux scientifiques, sans rien produire<br />
cependant qui méritât <strong>de</strong> passer à <strong>la</strong> postérité. Né le 19 mars 1736, au<br />
château <strong>de</strong> Grammont, près Auch, il entra au noviciat <strong>de</strong> Gênes le 21 mars<br />
1750 2 . Après p.117 avoir professé six ans <strong>la</strong> grammaire, <strong>les</strong> humanités <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
rhétorique, il suivit le cours <strong>de</strong> théologie, pendant lequel il se livra avec<br />
ar<strong>de</strong>ur à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sciences mathématiques.<br />
1 L<strong>et</strong>tre à son frère, curé <strong>de</strong> Lexie, près Longwi ; Pékin, 15 octobre 1780. (Arch. S. J.)<br />
2 Ailleurs, il serait né en 1737 <strong>et</strong> ne serait entré chez <strong>les</strong> jésuites qu’en 1755.<br />
112