Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) représentant, soit des sujets pieux, soit des édifices, tels qu’églises, etc. ». Pour beaucoup de visiteurs, ce qu’il dit de la religion n’a pas moins d’intérêt que les curiosités occidentales 1 . Ces heureux débuts semblaient présager dans cette ville un bel avenir au christianisme. Il n’en fut rien. Le nouveau vice-roi de Canton chassait, en 1589, les missionnaires de Tchao-king. Cette expulsion fut, en définitive, un coup de la Providence. Le père de Ruggieri avait été envoyé à Rome pour y entretenir Sixte-Quint des intérêts de la mission 2 , et le p.XIV père Ricci, après un séjour assez long à Chao-tchen, et quelques excursions dans d’autres villes de la province de Canton, résolut de sortir de cette province, de pénétrer jusqu’au cœur de la Chine et d’aller, si c’était possible, se fixer dans la capitale du céleste empire. Il était bien l’apôtre indiqué pour cette belle entreprise. Né le 6 octobre 1552, à Macerata, dans les États pontificaux, entré au noviciat des jésuites le 15 août 1571, il avait, après de brillantes études faites dans sa ville natale, étudié le droit à Rome ; et plus tard, ses années de philosophie et de théologie terminées au collège romain, il s’était appliqué, sous la direction du célèbre père Christophe Clavius, aux mathématiques, à la cosmographie et à l’astronomie. Désireux depuis des années d’être envoyé aux missions des Indes, il savait que ces sciences seraient pour lui le moyen peut-être le plus efficace de conduire ces peuples de l’extrême-orient à la foi catholique. Aussi les étudia-t-il avec ardeur et l’on peut dire qu’il les possédait telles qu’on les connaissait à cette époque. 1 Ibid., p. 206. 2 Le père Valignano désirait obtenir de l’empereur de Chine la liberté pour les missionnaires de se fixer dans le pays et d’y enseigner leur religion. Pour cela, il fallait organiser une ambassade à Pékin, et pensant qu’il était préférable d’en laisser l’initiative au souverainpontife, il chargea le père de Ruggieri d’aller à Rome informer le pape sur la situation de la Chine. Le père de Ruggieri y arriva en 1589, Sixte-Quint mourait en 1590 et ses trois successeurs décédés en moins de trois ans ne purent guère penser à la Chine. Le père de Ruggieri, envoyé à Palerme pour se reposer, y mourut en 1607. 10

p.XV Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Ce religieux avait encore, à son service, pour cette mission, une intrépidité peu commune et un merveilleux esprit de décision réglé par l’intelligence et la sagesse. Il parlait facilement la langue des Chinois, il s’était familiarisé, depuis son arrivée à Macao, avec leurs mœurs, leurs habitudes tout le cérémonial des mandarins et des lettrés. Le père Valignano, son provincial, pouvait donc compter sur lui ; il le pressa de réaliser ses projets d’ambition apostolique et de porter tous ses efforts sur Pékin. Au mois de juin 1598, le père Ricci part de Nan-tchang avec le père Lazare Cattaneo 1 et deux Chinois, dont l’un frère coadjuteur, et il entre à Pékin, le 7 septembre, veille de la nativité de la Sainte-Vierge. Il ne peut, ni faire parvenir ses présents à l’empereur, ni lui faire connaître son arrivée, ni obtenir de s’établir dans la capitale. Après deux mois de séjour, force lui est de quitter Pékin. Le 6 février 1599, il est à Nankin, où bientôt il reçoit la visite des hauts mandarins, attirés « par le bruit de sa vie vertueuse et son enseignement moral et religieux, autant que par sa réputation de mathématicien et de cosmographe ». Bientôt, « on ne l’appelle plus que d’un titre réservé à p.XVI Confucius et à un très petit nombre de sages anciens, le Ching-jen, saint d’occident 2 ». Cependant, il ne perdait pas de vue à Nankin son objectif principal : la ville impériale. Le 18 mai 1600, il reprend le chemin de la capitale, accompagné du père Diego Pantoja 3 , espagnol, et de deux frères chinois. Le 24 janvier 1701, il est à Pékin. Tous les présents qu’il avait réunis à grands frais pour l’empereur lui 1 Le père Lazare Cattaneo, né en 1566 à Sazzana, près Gênes, entré dans la Compagnie de Jésus en 1581, arrivé en Chine en 1594, mort à Hang-tcheou en 1640. 2 Études, ibid, p. 766. 3 Le père Diego Pantoja, né à Valdémora, diocèse de Séville, en 1571, entré au noviciat de Tolède en 1589, arrivé à Macao en 1599, mourut dans celle ville au mois de janvier 1618. 11

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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

Ce religieux avait encore, à son service, pour c<strong>et</strong>te mission, une<br />

intrépidité peu commune <strong>et</strong> un merveilleux esprit <strong>de</strong> décision réglé par<br />

l’intelligence <strong>et</strong> <strong>la</strong> sagesse. Il par<strong>la</strong>it facilement <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong>s Chinois, il<br />

s’était familiarisé, <strong>de</strong>puis son arrivée à Macao, avec leurs mœurs, leurs<br />

habitu<strong>de</strong>s tout le cérémonial <strong>de</strong>s mandarins <strong>et</strong> <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>trés.<br />

Le père Valignano, son provincial, pouvait donc compter sur lui ; il le<br />

pressa <strong>de</strong> réaliser ses proj<strong>et</strong>s d’ambition apostolique <strong>et</strong> <strong>de</strong> porter tous ses<br />

efforts sur Pékin.<br />

Au mois <strong>de</strong> juin 1598, le père Ricci part <strong>de</strong> Nan-tchang avec le père<br />

Lazare Cattaneo 1 <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux Chinois, dont l’un frère coadjuteur, <strong>et</strong> il entre à<br />

Pékin, le 7 septembre, veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> nativité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sainte-Vierge. Il ne peut, ni<br />

faire parvenir ses présents à l’empereur, ni lui faire connaître son arrivée,<br />

ni obtenir <strong>de</strong> s’établir dans <strong>la</strong> capitale.<br />

Après <strong>de</strong>ux mois <strong>de</strong> séjour, force lui est <strong>de</strong> quitter Pékin. Le 6 février<br />

1599, il est à Nankin, où bientôt il reçoit <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s hauts mandarins,<br />

attirés « par le bruit <strong>de</strong> sa vie vertueuse <strong>et</strong> son enseignement moral <strong>et</strong><br />

religieux, autant que par sa réputation <strong>de</strong> mathématicien <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

cosmographe ». Bientôt, « on ne l’appelle plus que d’un titre réservé à p.XVI<br />

Confucius <strong>et</strong> à un très p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> sages anciens, le Ching-jen, saint<br />

d’occi<strong>de</strong>nt 2 ».<br />

Cependant, il ne perdait pas <strong>de</strong> vue à Nankin son objectif principal : <strong>la</strong><br />

ville impériale. Le 18 mai 1600, il reprend le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale,<br />

accompagné du père Diego Pantoja 3 , espagnol, <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux frères chinois.<br />

Le 24 janvier 1701, il est à Pékin.<br />

Tous <strong>les</strong> présents qu’il avait réunis à grands frais pour l’empereur lui<br />

1 Le père Lazare Cattaneo, né en 1566 à Sazzana, près Gênes, entré dans <strong>la</strong> Compagnie <strong>de</strong><br />

Jésus en 1581, arrivé en <strong>Chine</strong> en 1594, mort à Hang-tcheou en 1640.<br />

2 Étu<strong>de</strong>s, ibid, p. 766.<br />

3 Le père Diego Pantoja, né à Valdémora, diocèse <strong>de</strong> Séville, en 1571, entré au noviciat <strong>de</strong><br />

Tolè<strong>de</strong> en 1589, arrivé à Macao en 1599, mourut dans celle ville au mois <strong>de</strong> janvier 1618.<br />

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