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Ce document numérisé est le fruit d'un long travail approuvé par le ...

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éaction Donc, je lui ai dit, « OK, je t'ai vu, tu enfreins <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, donc tu es privé de goûter ». Il <strong>est</strong> devenu<br />

vert, il juste dit c'<strong>est</strong> pas moi, comme d'habitude, mais sans conviction. Il savait bien que c'était juste. Je lui<br />

ai dit que ce n'était pas acceptab<strong>le</strong> d'être vio<strong>le</strong>nt physiquement, qu'un être humain n'a pas à faire comme<br />

ça. Ca m'a fait mal au cœur, mais je sais que je ne peux pas déroger à cette règ<strong>le</strong> du donnant-donnant. Mais<br />

là, j'ai bien vu qu'il était pris dans un di<strong>le</strong>mme, je sentais qu'il lutait. Des fois, il <strong>par</strong>t au quart de tour, mais<br />

bon, cela n'arrive plus, je <strong>le</strong> désamorce, même sans rien dire, <strong>d'un</strong> regard, (en sou<strong>le</strong>vant un peu <strong>le</strong>s sourcils,<br />

Pair surprise et un condescendante) qui veut dire « ça suffit, tu vas pas commencer à délirer! ». Il me fait un<br />

petit g<strong>est</strong>e, de la main ou de la tête, qui veut dire «OK, j'ai compris, j'arrête ». Mais il peut même être gentil<br />

maintenant. L'autre jour, il avait fabriqué un éventail, et comme il faisait très chaud, il s'<strong>est</strong> mis à<br />

m'éventer. C'était mignon, avant jamais il n'aurait fait ça pour un prof, il me disait «ça va madame? ».<br />

Avant, il ne m'aurait pas donné d'air comme ça. Mais ce jour là, j'ai bien vu à son regard qu'il n'allait pas se<br />

contrô<strong>le</strong>r. Il avait son petit sourire et là tu sais que c'<strong>est</strong> foutu. Il avait ce petit sourire qui dit« j'ai trop envie<br />

et j'aime ça ». Et rien ne peut l'empêcher. Je ne l'ai pas exclu, mais je l'ai privé de goûter.<br />

YF: Tu vois cette attitude, ce fi'non retour Ji en EPS?<br />

MW: Non, dans <strong>le</strong> gymnase, il <strong>est</strong> tout <strong>le</strong> temps, instantanément dans « je fais la connerie qui me passe <strong>par</strong><br />

la tête sans réfléchir ». ils sont déjà en autonomie, ils sont <strong>par</strong> groupes, ils ne sont pas tout <strong>le</strong> temps sous<br />

mon regard. Il a rien qui l'empêche. Il ne fait pas de différence entre la cour de récréation et <strong>le</strong> cours d'EPS.<br />

Je <strong>par</strong>s du principe qu'il ne peut pas se contrô<strong>le</strong>r, et je ne lui propose que des situations, des consignes qui <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong>nt. Enfin qui ne lui laissent que peu d'espace pour inventer une bêtise.<br />

Mme L: Ca je <strong>le</strong> fais aussi. Je ne lui laisse pas ramener son cahier/classeur chez lui. Ca ne sert à rien de toute<br />

façon, il ne révise pas. Donc, je lui donne en début de cours, il col<strong>le</strong> ses textes, il copie <strong>le</strong> cours et il me <strong>le</strong><br />

rend à la fin de l'heure, comme ça je corrige, je rectifie. C'<strong>est</strong> <strong>le</strong> seul pour qui je fais ça. C'<strong>est</strong> comme toi, je<br />

ne lui laisse pas l'occasion de faire <strong>le</strong>s choses de travers. Pour qu'il révise, je lui donne <strong>le</strong>s jours où on se<br />

revoit <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain. Il me <strong>le</strong> rend dés que <strong>le</strong> cours commence, et quand il faut commencer à noter, je lui<br />

redonne. Le fait de venir me demander son cahier, d'avoir demandé s'il pouvait venir <strong>le</strong> chercher, de<br />

retourner à sa place, ça crée des habitudes qui lui permettent de se déplacer et de savoir que <strong>le</strong> cours a<br />

commencé. Une sorte de rituel, pour lui l'entrée dans la sal<strong>le</strong> de classe, ça ne veut pas dire que c'<strong>est</strong> un.<br />

cours. Il faut plus, moi j'ai trouvé ça. Ca marche avec lui, avec d'autres c'<strong>est</strong> différent. Même s'il arrive en<br />

retard, qu'il ne col<strong>le</strong> pas tout, il prend à peu prés ses cours. C'<strong>est</strong> loin d'être <strong>par</strong>fait, mais il <strong>est</strong> plus scolaire.<br />

YF: Vous avezposédevant toute la classe, <strong>le</strong> fait qu'ilavaitdroit à un traitementdifférent des autres? Vous<br />

avez symboliquementmarquécettesingularisation ?<br />

MW: Moi je ne l'ai pas fait, <strong>par</strong>ce que au sein de la classe, il y a 4 ou 5 gamins qui sont comme lui, lui c'<strong>est</strong><br />

<strong>le</strong> pire, <strong>le</strong> plus radical, <strong>le</strong> plus récidiviste, mais <strong>le</strong>s autres de temps en temps, chacun <strong>le</strong>ur tour, ils sont<br />

capab<strong>le</strong>s du même genre de comportement. rai eu peu d'énoncer des règ<strong>le</strong>s spécia<strong>le</strong>s pour Maxime, et pas<br />

pour <strong>le</strong>s autres. ils m'auraient immanquab<strong>le</strong>ment dit «quoi, M'sieur lui il a pas de mot et nous on a un<br />

mot? QJ.Ioi? Lui, il peur ne pas s'asseoir quand vous donnez <strong>le</strong>s consignes et nous on doit? C'<strong>est</strong> injuste!<br />

Nous on vous démonte <strong>le</strong> gymnase! Pour vous montrer qu'on <strong>est</strong> aussi capab<strong>le</strong> que lui de faire des<br />

conneries, de faire des trucs aussi dingues que lui. Je n'ai pas pris ce risque. Ca c'<strong>est</strong> fait de façon discrète, <strong>le</strong>s<br />

autres ne sont pas dupes, mais c'<strong>est</strong> pas officiel. Déjà, je renonçais à un de mes idéaux, l'égalité, alors je<br />

n'allais pas l'annoncer à toute la classe. Liberté Egalité fraternité, j'y tiens avec ces gamins, je <strong>le</strong>ur dis.<br />

L'égalité c'<strong>est</strong> <strong>le</strong>s mêmes règ<strong>le</strong>s pour tous, la liberté, c'<strong>est</strong> <strong>le</strong> droit de penser différemment des autres en<br />

respectant pour autant <strong>le</strong>s autres, et fraternité, c'<strong>est</strong> <strong>le</strong> fait de considérer <strong>le</strong>s autres comme des frères pour<br />

peu qu'on se donne la peine de <strong>le</strong>s connaître, on <strong>le</strong> vérifie. Même des sixièmes, ils comprennent ça. En<br />

instaurant <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s ne soient pas <strong>le</strong>s mêmes pour tous, qu'el<strong>le</strong>s ne soient pas respectées<br />

<strong>par</strong>eil<strong>le</strong>ment pour tous, il y a une idée d'injustice qui ap<strong>par</strong>aîtrait très vite. Le seul truc peut être où j'ai<br />

accepté une singularisation, c'<strong>est</strong> quand H en quatrième m'a dit «Monsieur, en début de cours, je vous<br />

donne mon carnet, et comme ça si je fais une connerie, vous la marquez tout de suite. » il vient en cours, il<br />

me donne son carnet, et bon, je dois dire que depuis qu'il a proposé ça, il se tient plus pénard qu'au<strong>par</strong>avant.<br />

Enfin, il fait rien de« signalab<strong>le</strong> ». je sais pas pourquoi, il a fait ça.<br />

YF: Peut être qu'il faudrait <strong>le</strong>ur<strong>par</strong><strong>le</strong>r de la notion d'équité. Et du fait que ce ne sontpas<strong>le</strong>s mêmesrèg<strong>le</strong>s<br />

pourtous mais quepourchacun, ils'agit de respecterla même chose. De respecterla même chose, maispas<br />

de la même façon, pas avec<strong>le</strong>smêmesnormes, tant quela fraternité, ce respect de l'autre dont vous<strong>par</strong><strong>le</strong>z,<br />

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