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Ce document numérisé est le fruit d'un long travail approuvé par le ...

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dégoûte de <strong>travail</strong><strong>le</strong>r», dit Hanna. « Mr W des fois, ilnous casse devant <strong>le</strong>s autres. Ça se fait<br />

pas », reprend un autre élève. <strong>Ce</strong>tte cassure <strong>est</strong> cel<strong>le</strong> de l'image que <strong>le</strong>s élèves veu<strong>le</strong>nt<br />

donner d'eux, et cel<strong>le</strong> qu'ils reçoivent d'eux.<br />

Les professeurs confirment l'importance et <strong>le</strong>s effets de cette relation. Aliénore dit<br />

qu'el<strong>le</strong> a du « arrêter de dénigrer celui qui fait une bêtise devant <strong>le</strong>s autres. C'<strong>est</strong> des effets<br />

pires que la connerie ». Gabriel<strong>le</strong> précise « à <strong>par</strong>tir du moment où tout ce que j'avais à <strong>le</strong>ur<br />

reprocher, je l'ai dit <strong>d'un</strong>e manière calme, en tête à tête, pas devant toute la classe, au lieu<br />

de crier, ça a étémieux». Un professeur ajoute« ça sert à rien d'engueu<strong>le</strong>r un élève devant<br />

<strong>le</strong>s autres, ça <strong>le</strong> rabaisse et ça sertà rien. Il <strong>est</strong> obligé de se défendre devant sespotes, sinon,<br />

ilpasse pour un soumis ». C'<strong>est</strong> cette soumission à la langue de l'Autre dont ne veu<strong>le</strong>nt pas<br />

<strong>le</strong>s élèves en présence de <strong>le</strong>urs camarades. Dans <strong>le</strong> «tête à tête» avec <strong>le</strong> professeur, Hs<br />

semb<strong>le</strong>nt accepter que l'axe symbolique (1), celui de la <strong>par</strong>o<strong>le</strong>, recouvre l'axe imaginaire (2),<br />

pour <strong>le</strong>s identifier.<br />

On peut éga<strong>le</strong>ment noter que ces élèves, s'ils font tout pour se ressemb<strong>le</strong>r<br />

(vêtements, attitudes, langages), tentent <strong>par</strong> tous <strong>le</strong>s moyens de décliner <strong>le</strong>urs singularités.<br />

Comme pour marquer dans <strong>le</strong>ur rapport à l'Autre qu'ils demandent à être respectés pour<br />

<strong>le</strong>ur singularité, pour <strong>le</strong>ur différence. N<strong>est</strong> ce pas ce qu'a entendu ce professeur quand il dit<br />

« moi je marque <strong>le</strong>urs différences plutôt que de dire « vous êtes tous <strong>par</strong>eils» je <strong>le</strong>ur dis<br />

« vous n ëtespas<strong>par</strong>eils ».<br />

S'il <strong>est</strong> diffici<strong>le</strong> de discerner <strong>le</strong>s points d'énonciation signifiants, révélateurs du<br />

singulier du sujet dans <strong>le</strong>s conduites ou <strong>le</strong>s expressions tel<strong>le</strong>ment « socio dupliquées» des<br />

élèves, <strong>le</strong> singulier du sujet <strong>est</strong> omniprésent. Si <strong>le</strong>s postures et <strong>le</strong>s <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s des élèves comme<br />

« symptôme <strong>par</strong>tagé» sont uniformisantes, dans la langue de « l'authentique cité 351» comme<br />

dit Ph Lacadée, «la1angue» existe. Ne faut-il pas alors s'organiser pour construire des<br />

moments et des lieux où <strong>le</strong>s élèves pourraient dire <strong>le</strong>ur singularité, <strong>le</strong>ur unicité. ?<br />

La langue à <strong>par</strong>t des élèves <strong>est</strong> un élément de cohésion et d'identification extrême­<br />

ment fort. C'<strong>est</strong> à sa distance que <strong>le</strong> professeur <strong>est</strong> identifié. <strong>Ce</strong>lui qui ne comprend pas <strong>le</strong><br />

minimum <strong>est</strong> jaugé comme définitivement hors sujet « des fois ilcomprendpas ce qu'on dit.<br />

Quand on s'embrouil<strong>le</strong>, on<strong>par</strong><strong>le</strong> comme entrenous. Même aveclui, on n'apas<strong>le</strong> temps de<br />

penserà <strong>par</strong><strong>le</strong>r bien. S11 nous comprendpas c'<strong>est</strong> dommagepourlui», précise un élève.<br />

351 PH Lacadée, Le ma<strong>le</strong>ntendu de l'enfant, Payot Lausanne, 2004, p 308-343.<br />

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