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Ce document numérisé est le fruit d'un long travail approuvé par le ...

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Une des causes d'accrochage dans la <strong>le</strong>çon, <strong>est</strong> souvent l'impact <strong>d'un</strong> mot dit <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

professeur. Notamment quand celui-ci reproche quelque chose à l'élève qui n'ap<strong>par</strong>aît pas,<br />

pour ce dernier, justifié. En symétrie, <strong>le</strong> registre de langage, <strong>le</strong>s <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s des élèves, perçues<br />

comme outrancières ou injurieuses <strong>par</strong> <strong>le</strong> professeur, alors qu'el<strong>le</strong>s ne sont pas reçues<br />

comme tel <strong>par</strong> <strong>le</strong>s élèves peuvent induire des conflits. <strong>Ce</strong>t écart à la langue de l'Autre, que<br />

nous préciserons avec Aliénore plus avant, <strong>est</strong> souvent source d'embrouil<strong>le</strong> pour la <strong>le</strong>çon.<br />

Pour noter l'écart de perception des mots, Hanna dit que « ils disent queje <strong>le</strong>urmanque de<br />

respect. Enfin eux ce qu'ils pensent que c'<strong>est</strong> ça.». Lorenn explique: « C'<strong>est</strong> sa maJJiêre de<br />

<strong>par</strong><strong>le</strong>r qu'el<strong>le</strong> a, qui énerve <strong>le</strong>s profs. Nous on a l'habitude. Voila, on y Fait plus attention.<br />

Bon, el<strong>le</strong> sënerve trop vite, mais c'<strong>est</strong> normal<strong>par</strong>fois. El<strong>le</strong> <strong>est</strong> pas agressive, el<strong>le</strong> s'énerve<br />

mais c'<strong>est</strong><strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong> <strong>est</strong>honnête. El<strong>le</strong> jouepas à la petite fi11e modè<strong>le</strong> tout ça, qui dit que<br />

d'accord El<strong>le</strong>s <strong>est</strong>pasmalpolie etils croivent qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong>uren veut, maispas du tout, el<strong>le</strong> en a<br />

rien à faire d'eux. »<br />

Pourtant on peut entendre dans la suite de son propos que c'<strong>est</strong> précisément à <strong>par</strong>tir<br />

du professeur que se déc<strong>le</strong>nchent <strong>le</strong>s choses. Lorenn poursuit: «<strong>Ce</strong> qu'el<strong>le</strong> aime pas c'<strong>est</strong><br />

commenty <strong>par</strong><strong>le</strong>nt eux. Parce que même s'ils<strong>par</strong><strong>le</strong>nt bien tout ça, avec des bel<strong>le</strong>sphrases et<br />

des beauxmots, ils disent des trucs quise fontpas. »<br />

<strong>Ce</strong>tte formu<strong>le</strong> « dire des trucs qui se font pas» souligne peut-être la va<strong>le</strong>ur que <strong>le</strong>s<br />

élèves donnent aux <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s. <strong>Ce</strong> qui se dit et ce qui se fait ap<strong>par</strong>aît comme équiva<strong>le</strong>nt. Le<br />

faire et <strong>le</strong> dire ont <strong>le</strong> même mérite et <strong>le</strong>s mêmes conséquences. On pourrait interroger cette<br />

similitude et se demander si el<strong>le</strong> ne témoigne pas de la préva<strong>le</strong>nce de certaines<br />

identifications imaginaires?<br />

Les embrouil<strong>le</strong>s peuvent être éga<strong>le</strong>ment un moyen de s'étalonner dans <strong>le</strong> groupe. Un<br />

élève précise: « quand on s'embrouil<strong>le</strong> comme ça on voit bien quije suis <strong>par</strong>rapport aux<br />

autres, <strong>le</strong>s rapports de force et tout ça ». <strong>Ce</strong>la peut laisser penser que de tel<strong>le</strong>s attitudes sont<br />

un moyen de prédi<strong>le</strong>ction d'identification horizonta<strong>le</strong>, entre pairs, pour <strong>le</strong>s élèves. Et quand<br />

<strong>le</strong> dire ou <strong>le</strong>s actes du professeur tentent de rompre cette relation <strong>par</strong> l'image, là encore<br />

surgissent des· réactions. Un élève explique « ilnous empêche d'être avec nos amis. Il veut<br />

qu'on <strong>le</strong> regarde, qu'on l'écoute. Il croit quoi? Qu'on veut tout faire comme lui 1... » ,<br />

comme pour montrer que la relation spéculaire n'<strong>est</strong> pas recherchée avec <strong>le</strong> professeur, mais<br />

avec <strong>le</strong>s petits autres.<br />

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