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idéaux, ses identifications et se positionner dans son rapport à la mort. En d'autres termes, il<br />

doit trouver <strong>le</strong> mode d'emploi de sa jouissance.<br />

Dans ce changement, l'ado<strong>le</strong>scence <strong>est</strong> un passage, un seuil, un hiatus. C'<strong>est</strong> «ce<br />

renouveau », pointé <strong>par</strong> Lacan 290 qui fait des ado<strong>le</strong>scents des SDF pour <strong>le</strong>ur jouissance, <strong>le</strong>ur<br />

angoisse, <strong>le</strong>ur désir.<br />

Un ado<strong>le</strong>scent se col<strong>le</strong>tte à cela alors qu'il <strong>est</strong> encore dans <strong>le</strong> roman oedipien qui<br />

avait tout pris en charge pour lui. Et c'<strong>est</strong> peut-être de solitude et d'angoisse devant ce qu'ils<br />

ont à affronter seuls, que souffrent ces ado<strong>le</strong>scents pas commodes.<br />

La contrainte représentée <strong>par</strong> la somme de cet affrontement intime peut devenir<br />

pathologique et provoquer empêchements et débordements. Les extrêmes du désir des actes<br />

hors-normes (tels que décrits <strong>par</strong> D Lebreton 291 ) pour établir des limites ordaliques aux<br />

corps et aux volontés sont des solutions pour sortir de cette impasse.<br />

Les passages à l'acte sont alors revendiqués comme autant de tentatives de solutions<br />

qui déplacent dans <strong>le</strong> Réel ce qui ne peut pas passer <strong>par</strong> <strong>le</strong> symbolique, l'acte plutôt que <strong>le</strong><br />

mot. Les jeunes skateurs que j'ai rencontrés, disent qu'ils ne portent pas de protections pour<br />

marquer <strong>le</strong>urs corps-« <strong>le</strong>s cicatrices, ça <strong>le</strong> fait»-qu'ils s'accrochent aux bus ou sautent<br />

« quinze marches d'escalier» (alors qu'ils ont quinze ans...). Ils témoignent de cette façon de<br />

<strong>le</strong>ur nécessité de s'éprouver pour t<strong>est</strong>er <strong>le</strong>ur envie de vivre. Et quand <strong>le</strong>s pratiques sportives<br />

ne sont pas <strong>le</strong>s structures d'accueil, faute d'autre structure symbolique proposée <strong>par</strong> la<br />

société, ces tentatives deviennent transgressions, défis verbaux, vio<strong>le</strong>nces physiques.<br />

L'insécurité langagière dont <strong>par</strong><strong>le</strong> Joseph Rossett02 92 , confronte <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents aux<br />

conséquences de l'équivoque de la langue, <strong>le</strong>ur fait prendre la mesure de son incomplétude<br />

à tout dire et <strong>le</strong>ur montre <strong>le</strong>ur maîtrise encore néophyte du langage comme outil de relation<br />

socia<strong>le</strong>. C'<strong>est</strong> cette insécurité qui <strong>le</strong>ur fait choisir souvent <strong>le</strong> passage à l'acte plutôt que <strong>le</strong>s<br />

mots comme médium d'expression de soi vers <strong>le</strong> monde.<br />

La traversée de l'ado<strong>le</strong>scence ne peut se réduire ni à une maturation biologique, ni à<br />

une histoire socia<strong>le</strong>. Chromosomes et société ne font pas tout dans <strong>le</strong>s débordements et <strong>le</strong>s<br />

refus. L'ado<strong>le</strong>scence ne se résume pas à la traversée des stades piagétiens ni aux<br />

caractéristiques <strong>d'un</strong>e catégorie d'acteurs décrite <strong>par</strong> la sociologie. Un autre niveau logique<br />

entre en jeu, c'<strong>est</strong> celui des expériences affectives, de corps ou de <strong>par</strong>o<strong>le</strong>. Conservées comme<br />

enfouies au fond de l'inconscient, el<strong>le</strong> se consument comme braises sous <strong>le</strong>s cendres. Le vent<br />

290 JLacan, Préface à L'éveil du printemps de Frank Wedekind 1890, Gallimard, 1974.<br />

291 D Lebreton, Passions du risque, Métailié, Paris, 19%.<br />

292 op dt.<br />

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