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Ce document numérisé est le fruit d'un long travail approuvé par le ...

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Les enseignants apprennent que <strong>le</strong> sujet se représente à chaque acte de <strong>par</strong>o<strong>le</strong> (se<br />

donne en tant que Signifiant) et que <strong>le</strong> choix dans <strong>le</strong>s mots à chaque prise de <strong>par</strong>o<strong>le</strong> <strong>est</strong><br />

significatif de cette représentation. Ils témoignent du fait que <strong>le</strong> signifiant <strong>est</strong> un choix qui<br />

n'a rien à voir avec <strong>le</strong> hasard ou l'objectivité dans ce que <strong>le</strong>urs élèves <strong>le</strong>ur imposent « on<br />

dirait qu'ils saventquoidirepournousmettre en rogne, enfin <strong>le</strong>s miens».<br />

En s'adressant à la classe et en mesurant <strong>le</strong>s effets différents des mêmes mots, ils<br />

constatent la fausseté <strong>d'un</strong> sens des mots qui serait rattaché à des choses de façon vraie et<br />

univoque et définitive. C'<strong>est</strong> cette méprise qu'a démontrée Saussure. Le signe représente<br />

quelque chose pour quelqu'un, et la même chose pour plusieurs. Le signifiant équivoque qui<br />

fonde la <strong>par</strong>o<strong>le</strong> et ses conséquences <strong>est</strong> ce qui fait dire à cette jeune professeur: «Je ne suis<br />

pas sûre de moi, je me dis qu'ils ont des raisons dëtre en colère contre moi, quej'ai dû <strong>le</strong>ur<br />

manquerde respect<strong>par</strong> ce quej'aidit, je sais pas. On ne s'entendpas, je dois dire des choses<br />

qu'ils interprètentmal. »<br />

<strong>Ce</strong>tte mésinterprétation qui <strong>est</strong> de structure, ce mal entendu, tient à ce qu'il <strong>est</strong><br />

impossib<strong>le</strong> d'entendre un discours en ne s'en tenant qu'au signifié.<br />

Les professeurs qui disent mesurer l'écart entre <strong>le</strong> mot et la chose ne font-ils pas<br />

l'essai de l'avertissement donné <strong>par</strong> Magritte quand il disait «ceci n'<strong>est</strong> pas une pipe ». Ils<br />

constatent qu'ils ont en face d'eux «ceci n'<strong>est</strong> pas l'élève» tel qu'on <strong>le</strong>ur a décrit. Ils<br />

constatent l'écart entre la représentation du mot «élèves diffici<strong>le</strong>s» et la chose «élèves<br />

diffici<strong>le</strong>s ». La seconde, vécue avec son «quantum d'affect» dit Freud, possède en el<strong>le</strong><br />

quelque chose qui ne peut pas être dit et qui justement <strong>est</strong> ce qui dérange.<br />

Alors <strong>le</strong>s professeurs donnent un sens au réel traumatique. Ils re-baptisent <strong>le</strong>urs<br />

élèves. Et f<strong>le</strong>urissent <strong>le</strong>s signifiants pour décrire <strong>le</strong>s élèves, qui deviennent « fous, pourns,<br />

durs, ingérab<strong>le</strong>s, perchés, au taquet, é<strong>le</strong>ctrons libres, incontrôlab<strong>le</strong>s, chauds, sévères... ». Les<br />

enseignants retissent ainsi, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s mots, un fantasme pédagogique différent de <strong>le</strong>ur idéal<br />

mais nécessaire pour affronter <strong>le</strong>ur quotidien.<br />

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