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76 EtrE transgEnrE En BElgiquE actualizing agent dans le développement de l’identité des répondants transgenres. 245 En d’autres termes, l’in- formation diffusée par les médias aide ces personnes dans leur propre reconnaissance, améliore l’accès à l’information et leur donne une image pour la société. Les études de Motmans évoquaient déjà l’influence des grands événements médiatiques (comme par ex. Dana International lors du festival eurovision de la chanson) sur le nombre de personnes se présentant à la Genderstichting. 246 Whittle et al. parlent également de l’influence des médias sur les chiffres de présence dans les organisations de soutien aux pairs. 247 Il fait référence au rôle des médias dans la façon de présenter les hommes et les femmes trans. Les femmes trans sont rarement présentées dans un cadre familial et pour elles, on met plutôt l’accent sur l’intervention chirurgicale et non sur l’intégration sociale et finalement l’acceptation. 5.5. Réseaux sociaux Les expériences vécues avec les familles et les amis et leurs réactions lorsque quelqu’un fait son coming-out en tant que transgenre sont rarement décrites dans la littérature, mais elles sont d’une grande importance pour la personne en question. Les changements au niveau du réseau social d’une personne sont liés à la perte ou au gain de soutien, à la reconnaissance et au bien-être émotionnel. 5.5.1. Le voisinage Après une transition ou un changement de rôle, se présenter comme travesti ou vivre son identité transgenre peut entraîner un profond changement de position pour ces personnes vis-à-vis du voisinage, dans les associations et dans la société locale. Ainsi, depuis leur transition, 20% des répondants dans l’étude anglaise de Whittle et al. se sentent exclus de manière informelle de leur voisinage et de la communauté. 248 Par exemple, ils n’étaient plus invités à des événements sociaux et/ou ne participaient plus aux réseaux locaux. « Je suis une femme. J’en ai l’apparence. Je vis en femme. Je pense en femme. Je sens en femme. Mais je veux vivre une vie de femme tranquille, et pour cela, je vais devoir laisser tout et tout le monde derrière moi. Et cela fait terriblement mal. Je n’ai pas de mots pour le dire. Les gens m’ont fait tellement souffrir, que je me suis endurcie. Je ne peux pas faire autrement. La seule solution pour moi, c’est de déménager et de couper tout contact avec tous ceux que j’ai connus avant ma transition. J’espère que le monde sera un jour un lieu de tolérance et de respect. Je l’espère vraiment, mais je n’y crois pas. » Source : TransSurvey, 2008 D’après Mustola et Lehtonen, des facteurs positifs ou négatifs dans l’entourage ont une influence sur la décision de déménager chez un tiers des répondants transsexuels. 249 Pour les travestis, cela ne joue aucun rôle. Mustola et Lehtonen l’expliquent par le fait que les transsexuels subissent davantage un contrôle social et suscitent des réactions d’étonnement de leur entourage quand ils parcourent le processus de transition. 250 Par contre, les travestis fréquentent souvent d’autres villes quand ils veulent vivre leur identité féminine (en cachette). Dès lors, l’ambiance dans leur lieu de résidence a moins d’importance.

5.5.2. Vie familiale Pour de nombreuses personnes transgenres, la perte de la relation avec le partenaire, qui peut mener à la perte de leur domicile ainsi qu’à d’importants soucis financiers, et/ou la perte de contact avec les membres de la famille et les enfants sont d’importants éléments déclencheurs d’une crise personnelle qui peut mener au suicide ou à la tentative de suicide. Pour d’autres, le soutien de la famille d’origine est excellent et la personne est acceptée dans l’identité de genre choisie. 251 Les réactions des parents, grands-parents, enfants et autres membres de la famille sont imprévisibles. Whittle et al. décrivent le danger d’abus dans le cadre familial : les personnes trans courent le plus de risque d’abus au début du cross-dressing, quand ils sont à la recherche d’aide pour un changement de sexe, quand ils veulent informer les enfants ou d’autres membres de la famille et lorsqu’ils subissent la GRS. 252 Quand les personnes trans débutent le cross-dressing, il arrive que les membres de la famille aient beaucoup de difficultés à comprendre ces changements et que souvent au début, ils les rejettent. Pour les personnes trans, cette réaction peut engendrer la perte d’anciens réseaux sociaux et familiaux ainsi que de l’aide apportée par ces personnes : 45% des répondants mentionnent une perte de relation avec leur famille ou un membre de la famille à la suite de leur cross-dressing, leur transition ou l’adoption de leur rôle de genre ; 37% se sentent exclus des événements familiaux à la suite de leur transition ou de l’adoption de leur rôle de genre et 36% ont des membres de la famille qui ne leur parlent plus à cause de leur transition ou de l’adoption de leur rôle de genre. 253 Il est évident que cette perte va souvent de pair avec de grandes tensions émotionnelles, un déséquilibre mental et même la dépression. 5.6. Relations avec le partenaire, préférences sexuelles et parentalité Hines souligne à juste titre que les thèmes du partenaire et de la parentalité des personnes transgenres ne sont pas seulement négligés dans la sociologie de la famille, mais qu’ils passent également inaperçus dans les recherches menées en matière de genre. 254 Les thèmes de la sexualité et des préférences sexuelles, du désir d’enfant et de la gestion de la (perte de) fertilité ont eux aussi été peu étudiés. 5.6.1. Relations avec le partenaire et préférences sexuelles Les relations avec le partenaire subissent de fortes pressions quand quelqu’un révèle son statut de travesti, transgenre ou transsexuel. Il y a eu très peu d’études sur les relations entre un transsexuel et son/sa partenaire, la plupart du temps l’accent était mis sur la différence entre les relations des hommes trans et des femmes trans. 255 Le thème de la manière dont cette population vit sa sexualité est lui aussi très peu étudié. 256 Les mythes assimilant un travesti et un transgenre à un homosexuel ont la vie dure. Les études de Vennix nuancent ce propos. 257 Il a découvert que l’orientation sexuelle des travestis hommes était principalement hétérosexuelle (89,5%) ; les transgenres sont beaucoup plus souvent bisexuels ou manifestent une orientation sexuelle vers le même sexe et enfin les femmes transsexuelles sont plus orientées vers les hommes (les hommes transsexuels ne sont pas inclus dans l’étude). 258 Les constatations de Mustola vont dans le même sens, comme mentionné plus haut : elle a constaté que la majorité des travestis sont des hommes qui se disent hétérosexuels et que seule une minorité s’identifie comme bisexuelle. 259 77 EtrE transgEnrE En BElgiquE

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actualizing ag<strong>en</strong>t dans le développem<strong>en</strong>t de l’id<strong>en</strong>tité des répondants <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s. 245 En d’autres termes, l’in-<br />

formation diffusée par les médias aide ces personnes dans leur propre reconnaissance, améliore l’accès à<br />

l’information et leur donne une image pour la société. Les études de Motmans évoquai<strong>en</strong>t déjà l’influ<strong>en</strong>ce des<br />

grands événem<strong>en</strong>ts médiatiques (comme par ex. Dana International lors du festival eurovision de la chanson)<br />

sur le nombre de personnes se prés<strong>en</strong>tant à la G<strong>en</strong>derstichting. 246 Whittle et al. parl<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t de l’influ<strong>en</strong>ce<br />

des médias sur les chiffres de prés<strong>en</strong>ce dans les organisations de souti<strong>en</strong> aux pairs. 247 Il fait référ<strong>en</strong>ce au rôle<br />

des médias dans la façon de prés<strong>en</strong>ter les hommes et les femmes trans. Les femmes trans sont rarem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tées<br />

dans un cadre familial et pour elles, on met plutôt l’acc<strong>en</strong>t sur l’interv<strong>en</strong>tion chirurgicale et non sur<br />

l’intégration sociale et finalem<strong>en</strong>t l’acceptation.<br />

5.5. Réseaux sociaux<br />

Les expéri<strong>en</strong>ces vécues avec les familles et les amis et leurs réactions lorsque quelqu’un fait son coming-out <strong>en</strong><br />

tant que <strong>transg<strong>en</strong>re</strong> sont rarem<strong>en</strong>t décrites dans la littérature, mais elles sont d’une grande importance pour<br />

la personne <strong>en</strong> question. Les changem<strong>en</strong>ts au niveau du réseau social d’une personne sont liés à la perte ou au<br />

gain de souti<strong>en</strong>, à la reconnaissance et au bi<strong>en</strong>-être émotionnel.<br />

5.5.1. Le voisinage<br />

Après une transition ou un changem<strong>en</strong>t de rôle, se prés<strong>en</strong>ter comme travesti ou vivre son id<strong>en</strong>tité <strong>transg<strong>en</strong>re</strong><br />

peut <strong>en</strong>traîner un profond changem<strong>en</strong>t de position pour ces personnes vis-à-vis du voisinage, dans les associations<br />

et dans la société locale. Ainsi, depuis leur transition, 20% des répondants dans l’étude anglaise de<br />

Whittle et al. se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t exclus de manière informelle de leur voisinage et de la communauté. 248 Par exemple,<br />

ils n’étai<strong>en</strong>t plus invités à des événem<strong>en</strong>ts sociaux et/ou ne participai<strong>en</strong>t plus aux réseaux locaux.<br />

« Je suis une femme. J’<strong>en</strong> ai l’appar<strong>en</strong>ce. Je vis <strong>en</strong> femme. Je p<strong>en</strong>se <strong>en</strong> femme. Je s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> femme. Mais je<br />

veux vivre une vie de femme tranquille, et pour cela, je vais devoir laisser tout et tout le monde derrière<br />

moi. Et cela fait terriblem<strong>en</strong>t mal. Je n’ai pas de mots pour le dire. Les g<strong>en</strong>s m’ont fait tellem<strong>en</strong>t souffrir,<br />

que je me suis <strong>en</strong>durcie. Je ne peux pas faire autrem<strong>en</strong>t. La seule solution pour moi, c’est de déménager et<br />

de couper tout contact avec tous ceux que j’ai connus avant ma transition. J’espère que le monde sera un<br />

jour un lieu de tolérance et de respect. Je l’espère vraim<strong>en</strong>t, mais je n’y crois pas. »<br />

Source : TransSurvey, 2008<br />

D’après Mustola et Lehton<strong>en</strong>, des facteurs positifs ou négatifs dans l’<strong>en</strong>tourage ont une influ<strong>en</strong>ce sur la décision<br />

de déménager chez un tiers des répondants transsexuels. 249 Pour les travestis, cela ne joue aucun rôle. Mustola<br />

et Lehton<strong>en</strong> l’expliqu<strong>en</strong>t par le fait que les transsexuels subiss<strong>en</strong>t davantage un contrôle social et suscit<strong>en</strong>t des<br />

réactions d’étonnem<strong>en</strong>t de leur <strong>en</strong>tourage quand ils parcour<strong>en</strong>t le processus de transition. 250 Par contre, les<br />

travestis fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t d’autres villes quand ils veul<strong>en</strong>t vivre leur id<strong>en</strong>tité féminine (<strong>en</strong> cachette). Dès<br />

lors, l’ambiance dans leur lieu de résid<strong>en</strong>ce a moins d’importance.

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