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72 EtrE transgEnrE En BElgiquE Le prix élevé des soins (consultations, hormones, interventions chirurgicales, épilation) et le manque de précision par rapport à leur remboursement par les assureurs et l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) constitue un autre problème pour les personnes transgenres qui sont à la recherche d’une aide psychomédicale. La pression financière peut être très élevée pour certains. Un manque d’aide spécifique peut expliquer le fait que les personnes de genre variant restent souvent longtemps seules avec leurs émotions ou que ces émotions se développent d’une manière négative (solitude, dépression, tentative de suicide) ou qu’elles recherchent un soulagement dans le milieu lesbigay. L’organisation européenne ILGA-Europe et l’organisation de jeunes IGLYO ont mené ensemble des recherches sur l’exclusion sociale des jeunes lesbiennes, homos ou bi (moyenne d’âge : 23,7 ans) en 2006. 215 Des personnes transgenres ont répondu qu’elles étaient obligées de vivre un double coming-out. La plupart croyaient qu’elles étaient homos ou lesbiennes avant de s’identifier comme transgenres. 216 Le manque d’information fondée permettant la reconnaissance en est la principale cause. Il est reconnu que les personnes de genre variant forment un groupe à risque en ce qui concerne les tentatives de suicide. L’enquête de Mathy démontre que les hommes et les femmes transgenres (quelle que soit leur orientation sexuelle) présentent plus de risques d’avoir des idées suicidaires et font plus de tentatives que les femmes hétérosexuelles non-transgenres et les hommes non-transgenres (hétéro ou homo). 217 L’enquête européenne du Whittle et al. a révélé que 29,9% des répondants avaient fait une tentative de suicide en tant qu’adulte. 218 L’étude de Whittle et Turner en 2006 a donné des résultats similaires pour l’Angleterre, avec 34% des répondants ayant fait une tentative de suicide. Ces pourcentages très élevés sont inquiétants. 219 Les diverses « cliniques du genre » auxquelles s’adressent les personnes transgenres quand elles recherchent de l’aide et désirent faire une transition sont les principales institutions qui réalisent des recherches sur leur santé physique et mentale. La Belgique peut également fournir des chiffres concernant la santé physique et sexuelle après une GRS, provenant de De Cuypere et al. 220 Il en ressort que les attentes des transsexuels sur le plan émotionnel et social sont satisfaites, ce qui est moins le cas sur le plan physique et sexuel. Il n’y a pas encore eu d’études sur les effets de l’utilisation prolongée d’hormones ou leur dosage correct. 5.2.2. Les soins de santé généraux D’après la littérature, il apparaît que les personnes transgenres ont difficilement accès à des soins réguliers ou qu’ils ont vécu des expériences négatives en la matière : un médecin généraliste qui refuse de l’aide, une hospitalisation dans le mauvais service, etc. L’augmentation du risque de contracter le sida chez les personnes transgenres a fait l’objet de quelques études. Une étude menée par Bockting et al. sur l’augmentation de ce risque pour les personnes transgenres en comparaison avec d’autres minorités sexuelles n’a pas montré de différence significative entre les hommes et les femmes transgenres et non-transgenres dans l’usage de préservatifs ou de l’attitude vis-à-vis de son usage. 221 Les personnes transgenres paraissaient avoir moins souvent plusieurs partenaires et étaient plus souvent monogames que les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Aucune différence entre personnes trangenres et femmes non-transgenres n’a été notée sur ce plan. En combinant les données relatives aux aspects utilisation de préservatifs, monogamie et partenaires multiples, les chercheurs n’ont pas découvert de différence en matière de risque de sida entre les transgenres et les non-transgenres. En comparaison avec les hommes non-transgenres, les transgenres souffraient plus de dépression et en comparaison avec les hommes et les femmes non-transgenres, ils faisaient davantage de tentatives de suicide. Simultanément, les transgenres

ont rapporté bénéficier d’un soutien minimal de la part de la famille et des amis. Les chercheurs ont constaté que les transgenres couraient un risque limité de contracter le sida mais un risque élevé de développer des problèmes de santé mentale en comparaison avec les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Notons une très faible différence entre le groupe transgenre et le groupe de femmes ayant des relations sexuelles avec des hommes et des femmes. 5.3. Enseignement Le contexte scolaire peut être un obstacle important pour les jeunes. Dans l’enseignement secondaire, le milieu scolaire est souvent plus difficile pour les transjeunes parce que, d’une part, ils subissent de fortes pressions provenant des autres jeunes de leur âge pour qu’ils se conforment aux normes de genre régnantes et, d’autre part, il y a souvent un manque total d’informations sur les thèmes transgenres. 222 Les données issues d’études ou les informations concernant les personnes de genre variant sont quasi inexistantes. 5.3.1. La conformité au genre « plus forte » que la normativité hétérosexuelle Les études de Whittle et al. démontrent que 64% des hommes transgenres ont subi des menaces ou des vexations à l’école, contre 44% des femmes transgenres. 223 Parmi ces dernières, 55% ont déclaré n’avoir subi aucune sorte de violence ou de vexation à l’école, contre 36% pour les hommes transgenres. Ceci est en contradiction avec d’autres études concernant le comportement de genre non-conforme parmi les enfants, qui établissent qu’il y a moins de tolérance pour les sissy boys (petits garçons efféminés) que pour les tomboys (petites filles au comportement masculin). 224 Whittle et al. supposent que les garçons apprennent à bien cacher leur comportement ou identité de genre non-conforme parce qu’ils se rendent compte de la pression exercée à l’école par les enfants de leur âge. 225 La conformité de genre (se comporter selon ce qu’on attend normalement des hommes et des femmes) est ainsi renforcée pour éviter le rejet social. La conformité de genre ne joue pas seulement un rôle important chez les jeunes transgenres mais a également un lien avec l’acceptation de la sexualité des lesbigays. 226 Surtout chez les adolescents, les attitudes concernant les normes du genre jouent un rôle important dans leur jugement sur l’acceptabilité des autres jeunes. D’après des études récentes de Dewaele, le discours des jeunes hétérosexuels démontrait qu’ils maintenaient l’image du « robuste gaillard macho » comme étant leur représentation idéale. 227 Dans leur discours, les filles hétérosexuelles rejettent la domination masculine et leur rôle traditionnel liés aux tâches ménagères mais conservent l’idéal masculin du protecteur. Un homme ayant beaucoup de caractéristiques féminines ne représente pas un idéal attrayant de même qu’une femme ayant beaucoup de caractéristiques masculines n’est pas attrayante pour les garçons hétérosexuels. Les jeunes hétéros se montrent plutôt négatifs vis-à-vis de ceux qui dévient des modèles traditionnels, d’après cette étude. Il en résulte que les filles ne sont pas jugées selon les mêmes normes pour certains comportements. Les filles sont beaucoup plus vite réprimandées pour certains actes. Pour les garçons, cela engendre un certain tabou lié à la manifestation de leurs émotions ou d’affection entre eux. Ils ne le font qu’en privé quand ils se sentent moins freinés (par ex. quand ils sont saouls) ou d’une manière voilée (dans le sport). Dewaele parle d’un « paradoxe hétéro normatif » dans le comportement que les jeunes adoptent vis-à-vis de la sexualité lesbigay. C’est ainsi qu’ils supposent que, d’une part, il y a toujours « un homme » et « une femme » dans les relations lesbigays et, d’autre part, ils jugent l’éducation d’un enfant par un couple lesbigay comme inappropriée parce qu’il n’y a pas de papa ou de maman. Finalement, il semble que les normes de genre provoquent également la (non) visibilité parmi les lesbigays : les lesbiennes sont moins visibles parce qu’il existe moins de stéréotypes sur les « lesbiennes hommasses » que sur les « jeannettes 73 EtrE transgEnrE En BElgiquE

ont rapporté bénéficier d’un souti<strong>en</strong> minimal de la part de la famille et des amis. Les chercheurs ont constaté<br />

que les <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s courai<strong>en</strong>t un risque limité de contracter le sida mais un risque élevé de développer des<br />

problèmes de santé m<strong>en</strong>tale <strong>en</strong> comparaison avec les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres<br />

hommes. Notons une très faible différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le groupe <strong>transg<strong>en</strong>re</strong> et le groupe de femmes ayant des relations<br />

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Le contexte scolaire peut être un obstacle important pour les jeunes. Dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire, le<br />

milieu scolaire est souv<strong>en</strong>t plus difficile pour les transjeunes parce que, d’une part, ils subiss<strong>en</strong>t de fortes<br />

pressions prov<strong>en</strong>ant des autres jeunes de leur âge pour qu’ils se conform<strong>en</strong>t aux normes de g<strong>en</strong>re régnantes et,<br />

d’autre part, il y a souv<strong>en</strong>t un manque total d’informations sur les thèmes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s. 222 Les données issues<br />

d’études ou les informations concernant les personnes de g<strong>en</strong>re variant sont quasi inexistantes.<br />

5.3.1. La conformité au g<strong>en</strong>re « plus forte » que la normativité hétérosexuelle<br />

Les études de Whittle et al. démontr<strong>en</strong>t que 64% des hommes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s ont subi des m<strong>en</strong>aces ou des vexations<br />

à l’école, contre 44% des femmes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s. 223 Parmi ces dernières, 55% ont déclaré n’avoir subi aucune<br />

sorte de viol<strong>en</strong>ce ou de vexation à l’école, contre 36% pour les hommes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s. Ceci est <strong>en</strong> contradiction<br />

avec d’autres études concernant le comportem<strong>en</strong>t de g<strong>en</strong>re non-conforme parmi les <strong>en</strong>fants, qui établiss<strong>en</strong>t<br />

qu’il y a moins de tolérance pour les sissy boys (petits garçons efféminés) que pour les tomboys (petites filles<br />

au comportem<strong>en</strong>t masculin). 224 Whittle et al. suppos<strong>en</strong>t que les garçons appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à bi<strong>en</strong> cacher leur comportem<strong>en</strong>t<br />

ou id<strong>en</strong>tité de g<strong>en</strong>re non-conforme parce qu’ils se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de la pression exercée à l’école<br />

par les <strong>en</strong>fants de leur âge. 225 La conformité de g<strong>en</strong>re (se comporter selon ce qu’on att<strong>en</strong>d normalem<strong>en</strong>t des<br />

hommes et des femmes) est ainsi r<strong>en</strong>forcée pour éviter le rejet social.<br />

La conformité de g<strong>en</strong>re ne joue pas seulem<strong>en</strong>t un rôle important chez les jeunes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s mais a égalem<strong>en</strong>t<br />

un li<strong>en</strong> avec l’acceptation de la sexualité des lesbigays. 226 Surtout chez les adolesc<strong>en</strong>ts, les attitudes concernant<br />

les normes du g<strong>en</strong>re jou<strong>en</strong>t un rôle important dans leur jugem<strong>en</strong>t sur l’acceptabilité des autres jeunes.<br />

D’après des études réc<strong>en</strong>tes de Dewaele, le discours des jeunes hétérosexuels démontrait qu’ils maint<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

l’image du « robuste gaillard macho » comme étant leur représ<strong>en</strong>tation idéale. 227 Dans leur discours, les filles<br />

hétérosexuelles rejett<strong>en</strong>t la domination masculine et leur rôle traditionnel liés aux tâches ménagères mais<br />

conserv<strong>en</strong>t l’idéal masculin du protecteur. Un homme ayant beaucoup de caractéristiques féminines ne représ<strong>en</strong>te<br />

pas un idéal attrayant de même qu’une femme ayant beaucoup de caractéristiques masculines n’est pas<br />

attrayante pour les garçons hétérosexuels. Les jeunes hétéros se montr<strong>en</strong>t plutôt négatifs vis-à-vis de ceux qui<br />

dévi<strong>en</strong>t des modèles traditionnels, d’après cette étude. Il <strong>en</strong> résulte que les filles ne sont pas jugées selon les<br />

mêmes normes pour certains comportem<strong>en</strong>ts. Les filles sont beaucoup plus vite réprimandées pour certains<br />

actes. Pour les garçons, cela <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre un certain tabou lié à la manifestation de leurs émotions ou d’affection<br />

<strong>en</strong>tre eux. Ils ne le font qu’<strong>en</strong> privé quand ils se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t moins freinés (par ex. quand ils sont saouls) ou d’une<br />

manière voilée (dans le sport). Dewaele parle d’un « paradoxe hétéro normatif » dans le comportem<strong>en</strong>t que<br />

les jeunes adopt<strong>en</strong>t vis-à-vis de la sexualité lesbigay. C’est ainsi qu’ils suppos<strong>en</strong>t que, d’une part, il y a toujours<br />

« un homme » et « une femme » dans les relations lesbigays et, d’autre part, ils jug<strong>en</strong>t l’éducation d’un <strong>en</strong>fant<br />

par un couple lesbigay comme inappropriée parce qu’il n’y a pas de papa ou de maman. Finalem<strong>en</strong>t, il semble<br />

que les normes de g<strong>en</strong>re provoqu<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t la (non) visibilité parmi les lesbigays : les lesbi<strong>en</strong>nes sont<br />

moins visibles parce qu’il existe moins de stéréotypes sur les « lesbi<strong>en</strong>nes hommasses » que sur les « jeannettes<br />

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