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68 EtrE transgEnrE En BElgiquE 5. Les paragraphes qui suivent portent sur diverses études esquissant les conditions sociales et socioculturelles des personnes transgenres. A cet égard, nous nous focalisons sur les problèmes, discriminations et inégalités auxquels les personnes transgenres sont confrontées au quotidien dans les domaines de l’emploi, des soins de santé, de l’enseignement, de l’image, des réseaux sociaux, des relations et de la parentalité, des organisations de soutien et, enfin, du sport. 5.1. Emploi La situation des personnes transgenres dans différents domaines de la vie 5.1.1. Importance du travail D’après de nombreux chercheurs, l’emploi est l’un des domaines les plus problématiques dans la vie des personnes transgenres. 191 L’étude de Whittle et al. énumère les différents domaines de la vie et secteurs où les personnes transgenres rencontrent des discriminations. 192 Il en ressort que la transition sur le lieu de travail était le moment où la discrimination et l’inégalité étaient maximales. 193 Chez Vennix, nous lisons que les organisations néerlandaises qui se chargent de la (problématique afférente à la) transsexualité avaient déjà qualifié la situation professionnelle des personnes transsexuelles comme le point le plus critique en 1993. 194 L’emploi a également été désigné comme très important dans l’étude de Motmans sur les organismes d’entraide des personnes de genre variant. 195 Le travail n’est pas uniquement important pour les ressources financières des personnes de genre variant en question. Les réactions des collègues, employeurs ou clients vis-à-vis de la transition jouent un rôle important pour le groupe des personnes transsexuelles. Le fait d’avoir (et de conserver) un emploi durant la transition est un élément-clé repris dans l’évaluation de la résistance morale de la personne qui demande une assistance. Durant l’expérience de vie réelle (période d’adoption de l’autre rôle de genre), la personne doit aussi pouvoir réaliser la transition sur son lieu de travail. 196 Cependant, cette transition sur le lieu de travail constitue justement une source importante d’inégalités de traitement et de discriminations (voir plus loin). 197 Le travail peut donc s’avérer, pour beaucoup, un obstacle à l’ouverture vis-à-vis de leur identité de genre. Dans l’étude anglaise de Whittle et al., 42 % du groupe qui ne vit pas à temps plein dans le rôle de genre souhaité (39 % des 872 répondants) déclarent que cette situation est due à leur emploi ou à leur lieu de travail. 198 Cela signifie que ces personnes vivent aujourd’hui dans ce qu’on pourrait qualifier de « travestissement », mais souhaitent en fait accomplir une transition et mener leur existence dans le rôle de genre désiré (et donc s’affirmer en tant que personnes transgenres). « Pour l’instant, mon employeur m’oblige à prendre un congé de maladie, avec toutes les conséquences en termes de perte de salaire et de contacts sociaux. Je me sens lourdement discriminé à ce niveau. » Source : TransSurvey, 2008.

5.1.2. Statut Une étude finlandaise de Lehtonen et Mustola s’est penchée sur la position de 726 lesbigays et 108 personnes transgenres sur le marché de l’emploi, et a effectué une comparaison. 199 En ce qui concerne le niveau de formation, les deux groupes s’équivalaient, mais il était surprenant de constater que le groupe de personnes transgenres comptait 16 % d’indépendants (et 61 % de salariés). Dans le groupe de lesbigays, il y avait 71 % de salariés et 3 % d’indépendants. Les personnes transgenres privilégient de toute évidence un statut indépendant sur le marché de l’emploi, ce qui leur donne plus de liberté que les salariés au niveau de leur expression de genre. 200 Les chiffres belges de De Cuypere et al. indiquent que dans le groupe de 412 répondants, il y avait tout au plus 9 % d’indépendants, 21 % d’ouvriers, 25 % d’employés et 1,7 % de fonctionnaires. 201 5.1.3. Secteurs D’après Mustola et Lehtonen, il y a un large fossé entre le groupe de travestis et le groupe de personnes transsexuelles dans l’influence qu’ils attribuent eux–mêmes à leur identité ou expression de genre sur leur choix en matière de secteur professionnel. 202 Presque tous les travestis signalent, par exemple, que leur identité et leur expression de genre n’ont exercé aucune influence sur leurs décisions. Et bien que la majorité des hommes et femmes transsexuels partagent cette opinion, ce groupe comporte une minorité déclarant que les attitudes positives ou négatives ont orienté leur choix (à titre comparatif, le groupe de lesbigays comptait environ 10 % de personnes de cet avis, soit nettement plus). Par ailleurs, seules quelques personnes trans ont indiqué avoir changé de profession en raison du climat de travail. 5.1.4. Chômage La crainte de perdre son emploi ou d’avoir des problèmes au travail en raison de sentiments liés à la nature transgenre n’est pas irréelle. En 1982 et en 1990, Kuiper a étudié un même groupe de personnes transsexuelles. 203 En 1982, 72 % des femmes trans dont le traitement n’était pas encore achevé (n=50) n’avaient pas d’emploi. La proportion était de 60 % pour celles dont le traitement était terminé (n=55). En 1990, 59 % de ces femmes trans (n=44) étaient toujours sans emploi. Parmi les hommes trans qui étaient encore en traitement en 1982 (n=11), 64 % n’avaient pas de travail, contre 40 % pour ceux qui avaient terminé leur traitement (n=25). En 1990, seuls 16 % des membres de ce groupe (n=25) étaient encore sans emploi. On peut donc en déduire que ce sont surtout les femmes trans qui rencontrent beaucoup d’obstacles dans la recherche d’un emploi. Mais même pour les hommes trans, la part de chômeurs est exceptionnellement élevée. Dans l’étude de Mulder parmi les personnes transsexuelles, 42 % des femmes trans n’avaient pas d’emploi avant la GRS. 204 Six mois après la GRS, le chômage avait augmenté à 62 % dans ce groupe. Chez les hommes trans, les chiffres étaient respectivement de 42 % et 45 %. D’après Vennix, le chômage plus important après la GRS chez le groupe de femmes trans par rapport au groupe d’hommes trans est la conséquence de plusieurs facteurs : 205 • les transsexuels homme vers femme semblent plus souvent moins convaincants dans le rôle du sexe souhaité que les transsexuels femme vers homme, et sont donc moins souvent représentatifs sur le lieu de travail ; • la transsexualité homme vers femme semble moins acceptée sur le plan social que la transsexualité femme vers homme, parce que le rôle des hommes est plus nettement délimité que celui des femmes 206 ; • les transsexuels homme vers femme éprouvent dans l’ensemble plus de problèmes psychiques que les transsexuels femme vers homme. 207 69 EtrE transgEnrE En BElgiquE

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des personnes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s. A cet égard, nous nous focalisons sur les problèmes, discriminations et inégalités<br />

auxquels les personnes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s sont confrontées au quotidi<strong>en</strong> dans les domaines de l’emploi, des soins de<br />

santé, de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, de l’image, des réseaux sociaux, des relations et de la par<strong>en</strong>talité, des organisations<br />

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5.1. Emploi<br />

La situation des personnes<br />

<strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s dans différ<strong>en</strong>ts<br />

domaines de la vie<br />

5.1.1. Importance du travail<br />

D’après de nombreux chercheurs, l’emploi est l’un des domaines les plus problématiques dans la vie des personnes<br />

<strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s. 191 L’étude de Whittle et al. énumère les différ<strong>en</strong>ts domaines de la vie et secteurs où les<br />

personnes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t des discriminations. 192 Il <strong>en</strong> ressort que la transition sur le lieu de travail<br />

était le mom<strong>en</strong>t où la discrimination et l’inégalité étai<strong>en</strong>t maximales. 193 Chez V<strong>en</strong>nix, nous lisons que les organisations<br />

néerlandaises qui se charg<strong>en</strong>t de la (problématique affér<strong>en</strong>te à la) transsexualité avai<strong>en</strong>t déjà qualifié<br />

la situation professionnelle des personnes transsexuelles comme le point le plus critique <strong>en</strong> 1993. 194 L’emploi<br />

a égalem<strong>en</strong>t été désigné comme très important dans l’étude de Motmans sur les organismes d’<strong>en</strong>traide des<br />

personnes de g<strong>en</strong>re variant. 195<br />

Le travail n’est pas uniquem<strong>en</strong>t important pour les ressources financières des personnes de g<strong>en</strong>re variant <strong>en</strong><br />

question. Les réactions des collègues, employeurs ou cli<strong>en</strong>ts vis-à-vis de la transition jou<strong>en</strong>t un rôle important<br />

pour le groupe des personnes transsexuelles. Le fait d’avoir (et de conserver) un emploi durant la transition est<br />

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Durant l’expéri<strong>en</strong>ce de vie réelle (période d’adoption de l’autre rôle de g<strong>en</strong>re), la personne doit aussi pouvoir<br />

réaliser la transition sur son lieu de travail. 196 Cep<strong>en</strong>dant, cette transition sur le lieu de travail constitue justem<strong>en</strong>t<br />

une source importante d’inégalités de traitem<strong>en</strong>t et de discriminations (voir plus loin). 197 Le travail<br />

peut donc s’avérer, pour beaucoup, un obstacle à l’ouverture vis-à-vis de leur id<strong>en</strong>tité de g<strong>en</strong>re. Dans l’étude<br />

anglaise de Whittle et al., 42 % du groupe qui ne vit pas à temps plein dans le rôle de g<strong>en</strong>re souhaité (39 % des<br />

872 répondants) déclar<strong>en</strong>t que cette situation est due à leur emploi ou à leur lieu de travail. 198 Cela signifie<br />

que ces personnes viv<strong>en</strong>t aujourd’hui dans ce qu’on pourrait qualifier de « travestissem<strong>en</strong>t », mais souhait<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> fait accomplir une transition et m<strong>en</strong>er leur exist<strong>en</strong>ce dans le rôle de g<strong>en</strong>re désiré (et donc s’affirmer <strong>en</strong> tant<br />

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« Pour l’instant, mon employeur m’oblige à pr<strong>en</strong>dre un congé de maladie, avec toutes les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong><br />

termes de perte de salaire et de contacts sociaux. Je me s<strong>en</strong>s lourdem<strong>en</strong>t discriminé à ce niveau. »<br />

Source : TransSurvey, 2008.

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