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22 EtrE transgEnrE En BElgiquE d’entraide pour les personnes transgenres sont également issus d’une préoccupation d’ordre social. Ils consti- tuent la première source de soutien, d’information et d’activisme civil à l’échelon mondial pour de nombreu- ses personnes de genre variant, ainsi que leurs familles, leurs amis et leur environnement. En d’autres termes, leur nécessité est une conséquence de l’intolérance sociale et non d’une lacune mentale. 38 Les GID Reform Advocates s’étonnent en outre que cela ne soit pas mentionné dans le diagnostic des troubles de l’identité de genre (gender identity disorder, GID) chez les adultes (voir plus loin). Enfin, la position du travestisme dans le DSM et la CIM-10, à savoir dans la liste des perversions sexuelles telles que la pédophilie, l’exhibitionnisme, le fétichisme, etc., est également contestée par les GID Reform Advocates car cette classification corrobore des stéréotypes (erronés) et associe l’expression intergenre à un comportement criminel ou néfaste. 2.2.2. Transsexualité Une personne transsexuelle est une personne qui s’estime appartenir à l’autre sexe sur les plans psychique, social et sexuel. En général, mais pas toujours, une personne transsexuelle voudra et pourra entamer un traitement destiné à modifier son sexe. En fait, la transsexualité n’a rien à voir avec la sexualité mais tout à voir avec le conflit (dysphorie de genre) entre le sexe biologique et l’identité de genre. 39 La distinction par rapport aux personnes qui s’identifient comme travestis ou transgenristes est souvent assimilée à l’ « opposition totale » entre le sexe de naissance et l’identité de genre. 40 Pour d’autres, la transsexualité est une non-identité et une phase transitoire entre l’un et l’autre sexe. 41 La transsexualité compte parmi les expressions de genre possibles et s’accompagne parfois d’une profonde détresse psychique. Cette dernière peut aussi être liée à l’ignorance, aux préjugés et aux réactions générales de l’environnement social, ainsi qu’au stigmate culturel qui entoure le transgendérisme. Quand le malaise visà-vis du corps prend le dessus, de nombreuses personnes transsexuelles trouvent une solution via son adaptation hormonale et/ou chirurgicale. Il n’existe aucune unanimité quant aux origines des troubles de l’identité de genre. 42 Les facteurs les plus étudiés sont les facteurs parentaux/familiaux et biologiques, mais aujourd’hui, aucune étude biologique ou psychologique n’a offert une explication suffisante aux troubles de l’identité de genre. 43 Le DSM III (1980) comporte une nouvelle catégorie de troubles, intitulée « Troubles psychosexuels », qui comprend notamment les « Trouble de l’identité sexuelle ». Dans le DSM III-R (1987), la catégorie de troubles libellée « Troubles psychosexuels » est entièrement supprimée. Bon nombre des troubles qui y étaient décrits se retrouvent dans la nouvelle catégorie « Troubles sexuels », qui inclut aussi la variance de genre sous l’intitulé « Trouble de l’identité sexuelle», en ordre alphabétique après les troubles alimentaires. Les définitions restent identiques à celles du DSM III, mais la « transsexualité » y occupe une position plus centrale. Le concept « transgenre » commence à être usité entre la publication du DSM III (1980) et du DSM IV (1994) 44 , ce que le DSM IV (1994) traduit sous l’appellation « Autres troubles de l’identité sexuelle ». Dans le DSM IV (1994), la catégorie « Troubles sexuels » est rebaptisée « Troubles sexuels et de l’identité sexuelle ». La sous-section intitulée « Troubles de l’identité sexuelle » est remplacée par le terme « Trouble de l’identité sexuelle » au singulier. Le terme « transsexualité » est supprimé. Le principal changement réside dans la reclassification du trouble de l’identité de genre comme étant un trouble sexuel plutôt que psychologique. Il arrive immédiatement après le « Voyeu-

isme » et les « Perversions » dans la catégorie « Troubles sexuels et de l’identité sexuelle ». Le DSM IV-TR (2000) parle toujours de « Trouble de l’identité de genre chez les adolescents et les adultes » (302.85) dans la section « Troubles sexuels et d’identité de genre », sous-section « Troubles de l’identité de genre ». A titre de comparaison, signalons que la CIM-10 (2007) mentionne le trouble d’identité de genre dans la catégorie « Troubles mentaux et du comportement (F00-F99) », sous-catégorie « Troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte (F60-F69) » . Les GID Reform Advocates s’opposent à la terminologie « Troubles de l’identité de genre ». Le DSM-IV-TR (2000) souligne l’identité et l’expression intergenre en tant que source d’un trouble mental, et non la détresse engendrée par la dysphorie de genre. C’est justement cette focalisation que les GID Reform Advocates jugent problématique. Comme l’APA n’établit aucune distinction entre la diversité de genre et le malaise dû au genre, elle a miné la nécessité médicale du traitement de réassignation sexuelle pour les personnes transsexuelles qui en ont besoin. En effet, la dysphorie de genre n’est pas explicitement classifiée comme une condition médicale susceptible d’être traitée, de sorte que les interventions chirurgicales remédiant au malaise sont aisément considérées comme de la chirurgie cosmétique par les assureurs, les instances publiques et les employeurs. 45 Les GID Reform Advocates formulent, à cet égard, un argument récurrent dans les discussions relatives à la suppression ou non des GID des systèmes de classification : la crainte d’une perte de l’accès au traitement (et surtout aux opérations coûteuses) en l’absence d’une classification officielle des GID. 2.2.3. Transgendérisme Le terme « transgendériste » s’utilise sous deux acceptions : sur le plan médical, il est considéré comme une catégorie intermédiaire (temporaire) ; sur le plan social et politique, il est souvent confondu avec « transgenre », un terme regroupant le travestissement, le transgendérisme et la transsexualité. Chez un transgendériste, les identités de genre féminine et masculine sont toutes deux présentes avec la « même force ». 46 Cela signifie qu’il peut avoir le sentiment d’être autant homme que femme ou ni homme ni femme. Il peut également se sentir tantôt homme, tantôt femme. Une adaptation physique est parfois souhaitée (en partie) afin d’harmoniser l’identité sexuelle et l’identité de genre. Cela peut se traduire, entre autres, par une simple thérapie hormonale ou une simple mastectomie. Les sentiments liés à la « dysphorie de genre » sont décrits comme partiels, ambivalents et non permanents. 47 D’autres estiment que le transgendérisme n’est qu’un stade intermédiaire (prolongé) vers la transformation sexuelle complète48 et considèrent les transgendéristes comme des hommes vivant en femmes et des femmes vivant en hommes, sans vouloir (de prime abord) subir un changement complet de leur sexe. Les facteurs contextuels, comme la relation avec un partenaire, les enfants, la famille ou le travail, et la crainte de perdre tout cela, peuvent justifier l’adoption d’une position entre le travestissement et la transsexualité. La considération de tous les transgendéristes à cette aune serait injuste envers les personnes qui adoptent une position transgenre indépendamment des influences contextuelles (ou précisément malgré ces influences). Même si une personne a vécu quelque temps en tant que transgendériste, puis subit une réassignation sexuelle complète pour diverses raisons, cela n’enlève rien à la « justesse » de l’identité transgenre durant la période précédente. 23 EtrE transgEnrE En BElgiquE

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d’<strong>en</strong>traide pour les personnes <strong>transg<strong>en</strong>re</strong>s sont égalem<strong>en</strong>t issus d’une préoccupation d’ordre social. Ils consti-<br />

tu<strong>en</strong>t la première source de souti<strong>en</strong>, d’information et d’activisme civil à l’échelon mondial pour de nombreu-<br />

ses personnes de g<strong>en</strong>re variant, ainsi que leurs familles, leurs amis et leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. En d’autres termes,<br />

leur nécessité est une conséqu<strong>en</strong>ce de l’intolérance sociale et non d’une lacune m<strong>en</strong>tale. 38 Les GID Reform<br />

Advocates s’étonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre que cela ne soit pas m<strong>en</strong>tionné dans le diagnostic des troubles de l’id<strong>en</strong>tité de<br />

g<strong>en</strong>re (g<strong>en</strong>der id<strong>en</strong>tity disorder, GID) chez les adultes (voir plus loin).<br />

Enfin, la position du travestisme dans le DSM et la CIM-10, à savoir dans la liste des perversions sexuelles telles<br />

que la pédophilie, l’exhibitionnisme, le fétichisme, etc., est égalem<strong>en</strong>t contestée par les GID Reform Advocates<br />

car cette classification corrobore des stéréotypes (erronés) et associe l’expression interg<strong>en</strong>re à un comportem<strong>en</strong>t<br />

criminel ou néfaste.<br />

2.2.2. Transsexualité<br />

Une personne transsexuelle est une personne qui s’estime appart<strong>en</strong>ir à l’autre sexe sur les plans psychique,<br />

social et sexuel. En général, mais pas toujours, une personne transsexuelle voudra et pourra <strong>en</strong>tamer un traitem<strong>en</strong>t<br />

destiné à modifier son sexe. En fait, la transsexualité n’a ri<strong>en</strong> à voir avec la sexualité mais tout à voir<br />

avec le conflit (dysphorie de g<strong>en</strong>re) <strong>en</strong>tre le sexe biologique et l’id<strong>en</strong>tité de g<strong>en</strong>re. 39 La distinction par rapport<br />

aux personnes qui s’id<strong>en</strong>tifi<strong>en</strong>t comme travestis ou transg<strong>en</strong>ristes est souv<strong>en</strong>t assimilée à l’ « opposition totale<br />

» <strong>en</strong>tre le sexe de naissance et l’id<strong>en</strong>tité de g<strong>en</strong>re. 40 Pour d’autres, la transsexualité est une non-id<strong>en</strong>tité et<br />

une phase transitoire <strong>en</strong>tre l’un et l’autre sexe. 41<br />

La transsexualité compte parmi les expressions de g<strong>en</strong>re possibles et s’accompagne parfois d’une profonde<br />

détresse psychique. Cette dernière peut aussi être liée à l’ignorance, aux préjugés et aux réactions générales<br />

de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t social, ainsi qu’au stigmate culturel qui <strong>en</strong>toure le transg<strong>en</strong>dérisme. Quand le malaise visà-vis<br />

du corps pr<strong>en</strong>d le dessus, de nombreuses personnes transsexuelles trouv<strong>en</strong>t une solution via son adaptation<br />

hormonale et/ou chirurgicale.<br />

Il n’existe aucune unanimité quant aux origines des troubles de l’id<strong>en</strong>tité de g<strong>en</strong>re. 42 Les facteurs les plus étudiés<br />

sont les facteurs par<strong>en</strong>taux/familiaux et biologiques, mais aujourd’hui, aucune étude biologique ou psychologique<br />

n’a offert une explication suffisante aux troubles de l’id<strong>en</strong>tité de g<strong>en</strong>re. 43<br />

Le DSM III (1980) comporte une nouvelle catégorie de troubles, intitulée « Troubles psychosexuels », qui compr<strong>en</strong>d<br />

notamm<strong>en</strong>t les « Trouble de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle ». Dans le DSM III-R (1987), la catégorie de troubles libellée<br />

« Troubles psychosexuels » est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t supprimée. Bon nombre des troubles qui y étai<strong>en</strong>t décrits se<br />

retrouv<strong>en</strong>t dans la nouvelle catégorie « Troubles sexuels », qui inclut aussi la variance de g<strong>en</strong>re sous l’intitulé<br />

« Trouble de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle», <strong>en</strong> ordre alphabétique après les troubles alim<strong>en</strong>taires. Les définitions rest<strong>en</strong>t<br />

id<strong>en</strong>tiques à celles du DSM III, mais la « transsexualité » y occupe une position plus c<strong>en</strong>trale. Le concept « <strong>transg<strong>en</strong>re</strong><br />

» comm<strong>en</strong>ce à être usité <strong>en</strong>tre la publication du DSM III (1980) et du DSM IV (1994) 44 , ce que le DSM IV<br />

(1994) traduit sous l’appellation « Autres troubles de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle ». Dans le DSM IV (1994), la catégorie<br />

« Troubles sexuels » est rebaptisée « Troubles sexuels et de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle ». La sous-section intitulée « Troubles<br />

de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle » est remplacée par le terme « Trouble de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle » au singulier. Le terme<br />

« transsexualité » est supprimé. Le principal changem<strong>en</strong>t réside dans la reclassification du trouble de l’id<strong>en</strong>tité<br />

de g<strong>en</strong>re comme étant un trouble sexuel plutôt que psychologique. Il arrive immédiatem<strong>en</strong>t après le « Voyeu-

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