Être transgenre en Belgique (PDF, 1.84 MB) - igvm - Belgium
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« Je suis un travesti à plein temps : je m’habille tous les jours <strong>en</strong> femme et je vis pratiquem<strong>en</strong>t toute la<br />
journée <strong>en</strong> femme. Je m’habille chic et classique. Pour moi, cela n’a ri<strong>en</strong> à voir avec le sexe. Je me s<strong>en</strong>s<br />
une femme à l’intérieur et à l’extérieur et cela me r<strong>en</strong>d heureux. Je n’ose pas vraim<strong>en</strong>t me manifester à<br />
l’extérieur et je trouve dommage que nous soyons si mal acceptés. L’éternelle question rhétorique : ‘A qui<br />
faisons-nous du mal et pourquoi un homme ne peut-il pas se travestir ?’ Les femmes port<strong>en</strong>t aussi des<br />
vêtem<strong>en</strong>ts d’hommes, non ? Je me s<strong>en</strong>tirais mieux si je pouvais me prés<strong>en</strong>ter au monde extérieur comme<br />
travesti ou ‘<strong>en</strong> femme’. »<br />
Source : TransSurvey, 2008.<br />
Il convi<strong>en</strong>t de distinguer le travestissem<strong>en</strong>t du phénomène des drag que<strong>en</strong>s et drag kings (ou male<br />
impersonators) 34 des milieux homos et queers, bi<strong>en</strong> que les deux ai<strong>en</strong>t le cross-dressing <strong>en</strong> dénominateur<br />
commun. L’objectif des drags homos et lesbi<strong>en</strong>nes est de jouer avec les codes de g<strong>en</strong>re et de créer une marge<br />
d’ironie au sein de ces codes. Chez les travestis, <strong>en</strong> revanche, les codes de g<strong>en</strong>re n’ont aucune connotation<br />
humoristique : les hommes qui se travestiss<strong>en</strong>t sont mus par un besoin intérieur et sont sincères dans leurs<br />
t<strong>en</strong>tatives de s’id<strong>en</strong>tifier occasionnellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que femme. Le travestissem<strong>en</strong>t peut se retrouver chez les<br />
femmes comme chez les hommes. Mais comme notre culture estime acceptables les vêtem<strong>en</strong>ts masculins ou<br />
un style masculin chez les femmes, les femmes travesties demeur<strong>en</strong>t relativem<strong>en</strong>t invisibles. 35 Cela se traduit<br />
même par l’abs<strong>en</strong>ce des femmes dans la catégorie DSM du travestisme.<br />
Le travestissem<strong>en</strong>t fut le premier (et longtemps le seul) terme repris dans le DSM : le DSM I (1952) et le DSM II<br />
(1968) ne parl<strong>en</strong>t que de travestisme. Dès la fin des années 1980, l’APA modifie le terme <strong>en</strong> « Travestissem<strong>en</strong>t<br />
fétichiste » (1987). Le DSM IV-TR (2000) compr<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t le diagnostic « Fétichisme de transvestic » (302.3)<br />
sous la section « Troubles sexuels et de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle », ainsi que la sous-section « Paraphilies ». Cette<br />
étiquette diagnostique du DSM a fait l’objet de nombreuses critiques, notamm<strong>en</strong>t des GID Reform Advocates. 36<br />
D’une part, le titre de cette catégorie sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que le travestissem<strong>en</strong>t relève toujours du fétichisme, ce qui<br />
lui confère une connotation sexuelle, alors que le cross-dressing chez les hommes est souv<strong>en</strong>t aussi une<br />
expression sociale d’une id<strong>en</strong>tité vécue dans leur for intérieur sans qu’il soit question de sexualité. Par ailleurs,<br />
la définition du DSM IV-TR limite le diagnostic aux hommes hétérosexuels. Les femmes et les homosexuels<br />
masculins, quant à eux, peuv<strong>en</strong>t porter ce qu’ils veul<strong>en</strong>t sans se voir coller l’étiquette d’un trouble m<strong>en</strong>tal. Le<br />
critère est donc plus strict pour les hommes hétéros que pour les femmes ou les hommes homos, <strong>en</strong> plus de<br />
nier l’exist<strong>en</strong>ce des travestis féminins. Il est toutefois curieux que le même comportem<strong>en</strong>t soit qualifié de<br />
pathologique pour un groupe et pas pour un autre. 37<br />
La CIM (2007) m<strong>en</strong>tionne le travestisme <strong>en</strong> tant que « Travestisme bival<strong>en</strong>t » (F64.1) dans la catégorie « Troubles<br />
m<strong>en</strong>taux et comportem<strong>en</strong>t » (F00-F99), sous-catégorie « Troubles de la personnalité et du comportem<strong>en</strong>t<br />
chez l’adulte » (F60-F69). On n’y retrouve aucune allusion au sexe ou à la nature sexuelle, de sorte que la définition<br />
est égalem<strong>en</strong>t ouverte aux homos et aux femmes. La CIM comporte égalem<strong>en</strong>t la sous-catégorie<br />
« Travestisme fétichiste » (F65.1) dans la catégorie « Troubles de la préfér<strong>en</strong>ce sexuelle » (F65). La répartition<br />
<strong>en</strong>tre « Travestisme bival<strong>en</strong>t » et « Travestisme fétichiste » est importante. Le premier relève de la catégorie<br />
« respectable » des « Troubles de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle » (F64) ; le second est repris dans la catégorie « Troubles<br />
de la préfér<strong>en</strong>ce sexuelle » (F65). De façon assez remarquable, dans la CIM, « l’appart<strong>en</strong>ance à une sous-culture<br />
du travestissem<strong>en</strong>t » est placée parmi les symptômes du « phénomène du travestissem<strong>en</strong>t ». Dans ce<br />
contexte, les GID Reform Advocates argu<strong>en</strong>t qu’un diagnostic psychiatrique basé sur une affiliation sociale,<br />
culturelle ou politique est scandaleux. Ils établiss<strong>en</strong>t une comparaison avec les suffragettes, qui exigèr<strong>en</strong>t le<br />
droit de vote au début des années 1900 et fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite qualifiées d’hystériques puis internées. Les groupes<br />
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EtrE transgEnrE En BElgiquE