PDF (liseuse) - Bibliothèque numérique romande

tout ce monde s’est dispersé, tout cet entrain s’est
apaisé, tout ce vacarme s’est tu. La vieille auberge
garde encore ses portes grandes ouvertes pour les
rares voyageurs qui suivent l’ancienne route de
Chambéry à Turin. Mais les vieux sont morts,
mais la vaste remise est vide, la grande cuisine est
silencieuse. Deux ou trois fois par jour, là-bas
dans la plaine, passe rapide comme la pensée le
monstre à la gueule de fer, crachant sa fumée
noire, jetant comme un ricanement le cri strident
de la vapeur qui s’échappe de ses flancs. Et
comme une protestation inutile, le grincement de
l’enseigne oubliée répond de loin à l’insulte de la
locomotive triomphante.
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La nuit tombait lorsque nous entrâmes dans
l’auberge. La cuisine resplendissait d’un feu clair
devant lequel trois marmites et un coquemar
bouillaient à grandes ondes. Une odeur de gigot
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