Yerushalaim 31 2002-4.pdf - Chretiens-juifs.org
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protestants évangéliques, Frères Moraves et<br />
piétistes, qui furent des artisans d’une amitié<br />
entre Juifs et chrétiens.<br />
C’est le pasteur Paul Rabaud-Saint-<br />
Étienne qui exigera que la Déclaration des<br />
droits de l’homme de 1789 ne comporte pas la<br />
tolérance, mais la liberté religieuse dont les<br />
Juifs de France bénéficieront aussi<br />
(l’Émancipation).<br />
XIXe siècle.<br />
En France , les dernières mesures<br />
vexatoires à l’encontre des protestants datent<br />
du Second Empire:<br />
- en ville, les temples doivent être bâtis<br />
dans l’alignement sans rien, comme un<br />
clocher, qui rappelle une église,<br />
- alors que Napoléon III confie au<br />
préfet Hausmann, qui est protestant, la<br />
rénovation de Paris.<br />
- la droite nationaliste fait un<br />
amalgame entre Juifs et protestants (Jean<br />
Baubérot, L’anti-protestantisme politique à la<br />
fin du XIXe siècle).<br />
En Angleterre, en revanche, il existe un<br />
courant philosémite dans lequel s’inscrira la<br />
Déclaration Balfour de 1917 qui pose le<br />
principe d’un foyer national Juif créé sur la<br />
terre d’Israël.<br />
Remarque : Si nous n’avons jamais<br />
parlé de « peuple déicide », c’est pour les<br />
mêmes raisons théologiques qui nous<br />
retiennent de faire de Marie la « Mère de<br />
Dieu ». Brièvement dit : on peut donner tout<br />
son sens à l’incarnation sans souscrire à l’idée<br />
d’une continuation de celle-ci dans l’Église<br />
comme institution ecclésiastique.<br />
Le discours sur la substitution a marqué<br />
le protestantisme, dans la théologie et dans la<br />
philosophie comme chez Hegel. Mais au plan<br />
théologique et pratique, il a rencontré une<br />
certaine limitation du fait que, pour nous,<br />
l’Église n’est pas première, c’est la Parole de<br />
Dieu et la foi qui le sont. De plus, chez nous, la<br />
réalité de l’Église n’est pas dans sa tête, mais<br />
dans les églises locales unies par le lien<br />
synodal. Enfin notre théologie est plutôt celle<br />
de l’accomplissement d’Israël réalisé une fois<br />
pour toutes en Jésus Christ et en lui seul (le<br />
pro nobis de Luther) . Donc, non dans l’Église,<br />
Corps de Christ en vertu de sacrements<br />
agissant par eux-mêmes, mais dans l’Église,<br />
corps de Christ dans la mesure où ses<br />
membres ont intériorisé leur être en Christ (voir<br />
la revue Sens 9-10/2000, pp. 417-462,<br />
Réflexions protestantes, documents<br />
rassemblés par Michel Leplay, texte de la<br />
Commission Foi et Constitution du Conseil<br />
œcuménique des Églises, Bristol, février 1967,<br />
pp. 437-438).<br />
XX e siècle :<br />
Dans tous les pays d’Europe et dans le<br />
protestantisme européen, aux XIX e et XX e<br />
siècles, hormis les courants antisémites<br />
déclarés, les entreprises de conversion des<br />
Juifs ou, au contraire, les personnes<br />
intéressées par le dialogue avec les Juifs et les<br />
études juives, les Juifs sont ignorés,<br />
discrédités, ou méprisés, même si ces attitudes<br />
sont, le plus souvent, vécues de façon non<br />
agressives.<br />
En Allemagne et sans doute aussi<br />
ailleurs, les Juifs convertis au protestantisme<br />
ne sont pas parfaitement intégrés aux Églises,<br />
ils forment un groupe à part, attitude qui sera<br />
condamnée par l’Assemblée du Conseil<br />
œcuménique des Églises, à Amsterdam, en<br />
1948.<br />
En France, toutefois, on peut noter que<br />
la première personne à dénoncer la<br />
machination dont le capitaine Dreyfus avait été<br />
l’objet fut un protestant alsacien, le député<br />
Scheurer-Kestner.<br />
Les ‘‘années de plomb’’ :<br />
En Allemagne , les chrétiens<br />
protestants dans leur grande majorité optent<br />
pour l’<strong>org</strong>anisation hitlérienne des ‘‘Chrétiens<br />
allemands’’. Lors des élections ecclésiastiques<br />
de juillet 1933 (trois mois après l’accession<br />
démocratique au pouvoir du chancelier Adolf<br />
Hitler) plus de 75 % des suffrages se portent<br />
sur le choix d’une Église évangélique de la<br />
nation allemande (Encyclopaedia Universalis,<br />
édition électronique, 2001, clé : Barmen). Si<br />
Hitler n’est pas protestant d’origine, la plupart<br />
des hauts dignitaires nazis le sont, des<br />
théologiens protestants éminents signent le<br />
manifeste des universitaires et intellectuels<br />
allemands, en faveur d’Hitler.<br />
On peut y voir le résultat du<br />
Kulturprotestantismus qui identifie<br />
protestantisme et messianisme de la nation<br />
allemande, avec, pour aggraver la situation, la<br />
misère dans laquelle le traité de Versailles<br />
avait plongé l’Allemagne et la menace que le<br />
<strong>Yerushalaim</strong> n°<strong>31</strong> - page 17