Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 34
le même beau plafond de bois, mais elle se termine à chaque extrémité par une
nouvelle coupole. Les nefs latérales se prolongent de chaque côté de la cour en une
galerie. Le mihrab est une copie de celui de la mosquée de la Qasba. C’est le même
dessin général, la même disposition des riches chapiteaux et leur même nombre, les
mêmes caractères coufiques des inscriptions, les mêmes ouvertures de part et d’autre
de la retombée des arcs. La tradition almohade se rencontre aussi dans les plafonds qui
témoignent encore d’une habileté incontestable et constituent la plus belle des réussites
du sanctuaire. La cour est carrée. Le minaret se décroche en saillie sur la façade à
l’angle nord-ouest.
En fait, les deux mosquées de Bâb Dukkâla et de Muwâsîn s’inspirent, par leur
disposition architecturale et leur ordonnance décorative, des mosquées almohades,
notamment celles de la Qasba à Marrakech, de la grande mosquée à Taza et de celle de
Tinmal : le plan en T, la répartition des coupoles sur la nef de la qibla, le décor du
mihrab et du minaret. En revanche, les deux bâtiments offrent des particularités. La
salle de prière a diminué de profondeur au profit du sahn qui prend à cette époque des
proportions beaucoup plus importantes que celles des sahn-s médiévaux. Cette
tendance deviendra trop apparente dans les mosquées alaouites comme à la mosquée
al-Rwa à Meknès (Fig. 9), la mosquée al-Rsif à Fès, les mosquées de Moulay Slimane
(Fig. 10) et d’al-Sunna à Rabat. Le nombre des nefs se réduit et oscille entre deux et
quatre nefs. Celles-ci sont parallèles au mur de la qibla, une disposition qui marque un
retour au plans anciens, ceux de la mosquée du Prophète à Médine, de la mosquée
omeyyade à Damas et des deux mosquées al-Karawiyin et al-Andalus à Fès. La nef
axiale perd la majesté dont elle a hérité depuis des siècles. Les sahn-s des mosquées
saâdiennes et alaouites, contrairement à ceux des mosquées médiévales qui restent de
proportions moins importantes, se développent et perpétuent, par leurs dimensions
grandioses, le souvenir lointain des grands sahn-s des mosquées de l’Orient musulman
médiéval. Leur superficie s’est agrandie au détriment de celle de la salle de prière dans
les mosquées chérifiennes, et plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle. Les
exemples les plus éloquents à cet égard sont représentés par la mosquée de Ben Yûsuf
à Essaouira, la grande mosquée de Tétouan (œuvres du sultan alaouite Mûlây Slîmân),
et notamment par la mosquée alaouite d’al-Rwâ à Meknès (époque du sultan Sîdî
Muhammad Ibn ‘Abdallâh) dont le sahn occupe environ les deux tiers de la superficie
totale de l’édifice.
2 - Eléments pour une mosquée marocaine-type
Quelle que soit la disposition des nefs, celles-ci sont couvertes, dans la quasitotalité
des mosquées marocaines, de toits en bâtière. Au mur du fond de la salle de
prière, se creuse le mihrab qui indique la direction de la ka‘ba, et prend, dans la
34
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc