Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 111
5. Fixer des priorités (pour établir des phases de restauration du plus abîmé au mieux conservé
ou pour sauver en priorité les éléments caractéristiques fragilisés).
6. Sensibiliser et expliquer la démarche de restitution eu égard à l’historicité de l’islam en ce
lieu. Transmettre l’idée que l’ancienne mosquée est un témoin de l’histoire, veiller à ne pas
l’abîmer.
7. Restaurer selon les plans originaux, en faisant appel aux doyens locaux et aux artisans locaux
pour satisfaire cette contrainte. Restaurer et restituer impliquent donc l’utilisation des
procédés locaux et l’intervention des maalmines locaux.
8. Améliorer les procédés en cas de nécessité (étanchéité) en respectant toujours la compatibilité
des matériaux (la chaux et non le ciment pour le bâtit en terre) pour prévenir toute pathologie
exogène aux procédés locaux.
Cette méthode très respectueuse est d’autant plus probante que le coût de
restauration en milieu rural est moindre que dans une cité et qu’il est donc moins cher
de restaurer avec les procédés locaux que de faire venir des matériaux exogènes et de
les mettre en œuvre 6 . Il est vrai cependant que la restitution est plus longue et moins
facile à mettre en œuvre ; cependant, placée entre les mains des doyens d’une
communauté, elle permet de resserrer le lien social tout en donnant une très grande
fierté à ceux qui la mettent en œuvre.
Nous pouvons également ajouter que cette action a été connue dans toute la région
au point que ce modèle, compris de tous, est en train de se diffuser. Les habitants
d’Assa sont heureux de recevoir des délégations de personnes désireuses de s’informer
en rencontrant tous les acteurs de cette expérience.
Conclusion
En conclusion, il apparaît que, sans revenir à l’éternel débat entre le qâdim et le jadîd
(ou la querelle des anciens et des modernes), il est ici démontré comment il est simple et
peu onéreux de restaurer les mosquées du Sud marocain. Ces deux exemples prouvent
que des actions de restauration comme de réhabilitation peuvent associer l’identité
locale, la mémoire, l’histoire et les besoins actuels des communautés.
Cependant, à l’échelle du royaume, seule une action commune interministérielle
entre le Ministère des Habous et celui de la Culture peut durablement inverser la
tendance qui est à la destruction du patrimoine architectural sacré. L’action de
sensibilisation qui s’appuie sur des propositions concrètes en montrant des modèles
réalisés peut ensuite être associée à la force du cadre réglementaire.
6 La mosquée de Sîdi El Wali, dont il ne restait qu’un pan de mur et le mihrab, a nécessité, pour être restituée à
l’identique, moins de 200 journées-hommes de travail pour des matériaux locaux disponibles sur place (pierre
gratuite, transport à assurer), bois de palme et chaux à acheter. Un coût dérisoire inférieur au tiers de ce que cela
aurait coûté en béton de ciment armé ou en parpaings pour un résultat très apprécié localement.
Un patrimoine sacré en péril ...
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