Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
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Sous le h<strong>au</strong>t Patronnage du Commandeur <strong>des</strong> Croyants<br />
Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu Le glorifie<br />
Le Ministère <strong>des</strong> Habous<br />
et <strong>des</strong> Affaires Islamiques<br />
à organisé<br />
un colloque sous le thème :<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong><br />
<strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
le Lundi 2 Joumada II 1428 (18 Juin 2007)<br />
à Rabat
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Conception & mise en page :<br />
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Impression :<br />
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Dépôt légal : 0000000<br />
ISSN : 00000000
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Sa Majest le Roi Mohammed VI que Dieu Le Glorifie
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SOMMAIRE<br />
Allocution de Mr. Ahmed Toufiq ................................ 7<br />
Ministre <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong> Affaires Islamiques (Traduction)<br />
Allocution de Mr. El Montacir Bensaïd .......................... 9<br />
Directeur de l’Ecole Nationale d’Architecture<br />
Normes juridico religieuses pour la construction <strong>des</strong> mosquées ........ 13<br />
M. Ismail alkhatib (Traduction)<br />
<strong>Les</strong> mosquées marocaines : étude de l’organisation spatiale ........... 22<br />
MM. A. Touri, A. Tahiri et A. Elkhammar<br />
Le mur de la qibla et la nef axiale fonction et symbolique ............ 43<br />
Mme Mina Lamghari<br />
<strong>Les</strong> mosquées marocaines : tendances historiques<br />
et contemporaines ............................................ 51<br />
M. Derouiche Abdelaziz, Directeur <strong>des</strong> mosquées (Traduction)<br />
La mosquée marocaine en milieu rural :<br />
Cas de la province de Tata. ..................................... 81<br />
M. M. Belatik et M. Atki<br />
<strong>Les</strong> mosquées du Sud. ......................................... 105<br />
Mme.Salima Najji<br />
Architectures <strong>des</strong> Minarets, prototypes, évolution esthétique<br />
à travers le monde musulman ................................... 119<br />
M. A. Rhaddioui<br />
La mosquée : un repère dans la ville .............................. 125<br />
M. Hassan kharmich<br />
Localisation <strong>des</strong> mosquées dans la trame urbaine eu égard<br />
<strong>au</strong>x mobilités quotidiennes <strong>des</strong> usagers. ........................... 131<br />
M. M. Achour<br />
Equipement en mosquées : Nouvelles normes urbaines ............... 141<br />
M. Derouiche Abdelaziz<br />
Recommandations (Traduction) ................................... 163<br />
Texte du message adresse à Sa Majeste Mohammed VI,<br />
que dieu l’assiste (Traduction) .................................... 165
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Allocution du Professeur Ahmed Taoufik<br />
Ministre <strong>des</strong> Habous et Affaires Islamiques<br />
Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux ;<br />
Que la prière et la paix soient avec le plus Noble <strong>des</strong> Messagers d'Allah, notre<br />
Seigneur Sidna Mohammed, ainsi qu'avec Sa Famille et Ses Compagnons.<br />
Messieurs les Ministres,<br />
Honorables Oulémas,<br />
Ingénieurs, Architectes et Enseignants Chercheurs,<br />
Mesdames, Messieurs,<br />
Il m'est agréable, à l'ouverture <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x de ce colloque scientifique qui bénéficie<br />
du H<strong>au</strong>t patronage de Sa majesté Le Roi que Dieu Le Glorifie, de vous souhaiter la<br />
bienvenue et de vous remercier pour avoir répondu à l'invitation <strong>des</strong> organisateurs. Je<br />
suis convaincu que votre participation donnera un caractère particulier à ce colloque qui<br />
s'inscrit dans le cadre de «la Journée <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong>», dont la célébration a été lancée par<br />
Sa Majesté Le Roi, à Marrakech, à l'occasion de la fête du «Mawlid al-Nabawi».<br />
Mesdames et Messieurs,<br />
L'édification <strong>des</strong> mosquées est fortement liée <strong>au</strong> culte et à la foi <strong>des</strong> musulmans.<br />
Elle est l'expression de l'identité musulmane et de la civilisation islamique largement<br />
répandue dans le temps et l'espace. Le Saint Coran accorde une grande importance <strong>au</strong>x<br />
mosquées et incite à leur construction. L'injonction divine y est sans équivoque<br />
lorsqu'Allah dit: «dans <strong>des</strong> demeures dont Allah a <strong>au</strong>torisé l'édification et que Son Nom<br />
y soit invoqué». Pour sa part, la tradition de notre prophète insiste sur la construction<br />
et la multiplication <strong>des</strong> mosquées dans toutes les contrées pour que celles-ci procurent<br />
<strong>au</strong> fidèle la paix de l'âme et la tranquillité de l'esprit.<br />
Au <strong>Maroc</strong>, comme vous le savez et depuis l'arrivée de l'Islam, la mosquée a pris une<br />
place de choix dans le CCEur <strong>des</strong> marocains. Elle représente pour eux, à la fois un lieu<br />
de prière, une institution d'enseignement et de formation où l'on acquiert la science et<br />
la connaissance et un espace de convivialité, d'échange et de resserrement <strong>des</strong> liens<br />
d'amour et d'amitié.<br />
Allocution du Professeur Ahmed Taoufik<br />
7
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<strong>Les</strong> souverains de la glorieuse dynastie alaouite ont de tout temps manifesté le plus<br />
grand intérêt envers les mosquées, leur accordant la plus grande <strong>des</strong> attentions que ce<br />
soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l'édification, de l'équipement ou de l'encadrement. Suivant la<br />
tradition de ses glorieux ancêtres, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu Le<br />
Glorifie, n'avait pas manqué d'ordonner, dans son discours du Trône de l'année 2000<br />
«de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de rendre à la mosquée sa mission<br />
de lieu de prière, d'institution d'enseignement, de formation, de prédication et de<br />
conseil et d'en faire <strong>au</strong>ssi un centre où les oulémas, hommes et femmes,<br />
entreprendraient l'encadrement <strong>des</strong> citoyens pour qu'ils soient mieux intégrés dans une<br />
société saine, consciente et solidaire». Il avait de même ordonné, que Dieu l'Assiste,<br />
dans son discours du vendredi 30 avril 2004 à Casablanca, prononcé à l'occasion de<br />
l'institution <strong>des</strong> Conseils <strong>des</strong> Oulémas et la réorganisation du champ religieux, la<br />
révision et la refonte de la législation relative <strong>au</strong>x lieux de culte afin qu'elle soit en<br />
phase avec les normes architecturales et permette la pratique religieuse dans un climat<br />
de quiétude.<br />
Comment nos mosquées peuvent-elles donc être <strong>des</strong> centres de formation culturelle<br />
et d'orientation religieuse et humanitaire, jouant pleinement leur rôle? Comment<br />
adapter l'architecture marocaine <strong>au</strong> développement de la vie et <strong>des</strong> besoins spirituels<br />
<strong>des</strong> fidèles qui fréquentent les mosquées tout en lui préservant son âme et son<br />
<strong>au</strong>thenticité et en faisant en sorte, dans le même temps, qu'elle accompagne les<br />
nouve<strong>au</strong>tés qui apparaissent dans les domaines de la construction et de l'architecture?<br />
Ce sont là quelques unes <strong>des</strong> questions <strong>au</strong>xquelles tenteront de répondre les diverses<br />
communications de ce colloque que je souhaite voir enrichi par vos interventions, vos<br />
remarques et vos propositions.<br />
8<br />
Mesdames et Messieurs,<br />
Si l'on se penche sur l'architecture de nos mosquées, nous remarquerons que nous<br />
nous trouvons face à un patrimoine précieux, qui a su garder sa personnalité et sa<br />
spécificité et qui a su réussir son développement, en résistant à travers les âges, à tout<br />
ce qui, dans les courants culturels et idéologiques extérieurs <strong>au</strong>xquels il était exposé,<br />
pouvait l'altérer; il sut rester solidement ancré dans son originalité, perpétuant pour les<br />
générations successives les glorieux apports de nos ancêtres et l'éclat de la civilisation<br />
qu'ils ont légué.<br />
Le modèle marocain utilisa <strong>des</strong> formes et <strong>des</strong> éléments architectur<strong>au</strong>x qui lui<br />
donnèrent une originalité singulière sans qu'il vienne à perdre les caractéristiques de<br />
l'architecture islamique. Architectes et artistes développèrent par la suite le modèle par<br />
<strong>des</strong> innovations produites dans diverses directions. Il m'est donc agréable, à cette<br />
occasion, d'inviter les chercheurs marocains à réserver <strong>au</strong>x mosquées la part qui doit<br />
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être la leur dans leurs étu<strong>des</strong>, leurs analyses et leurs recherches, afin qu'ils découvrent<br />
et qu'ils fassent connaître le patrimoine architectural si riche que renferme notre pays.<br />
Mesdames et Messieurs,<br />
L'édification <strong>des</strong> lieux de culte, comme vous savez, compte parmi les services<br />
fondament<strong>au</strong>x et urgents que réclament les citoyens dans tout nouve<strong>au</strong> lotissement,<br />
toute extension urbaine ou tout complexe d'habitation. La non obtention de cette<br />
demande ou le retard à la concrétiser pousse les citoyens à créer <strong>des</strong> oratoires souvent<br />
dépourvus de toute condition adéquate de sécurité et d'encadrement, sans que l'on<br />
omette les problèmes que peuvent entrainer certains de ces cas et qui nécessitent la<br />
conjugaison <strong>des</strong> efforts afin d'en extirper les racines et en éradiquer les c<strong>au</strong>ses.<br />
Pour remédier à de telles situations et éviter que de semblables ne se produisent à<br />
l'avenir, le Ministère a mis en place, en collaboration avec le Ministère délégué <strong>au</strong>près<br />
du Premier Ministre chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme, <strong>des</strong> normes nouvelles pour<br />
la production de mosquées, et ce, dans le souci de répondre <strong>au</strong>x besoins <strong>des</strong> habitants<br />
<strong>des</strong> nouvelles zones urbaines en oratoires et en gran<strong>des</strong> mosquées, respectant les<br />
conditions de réalisation et garantissant la présence de toutes les composantes d'un lieu<br />
de culte. Ceci en plus <strong>des</strong> deux programmes lancés par le Ministère, le plan normal et<br />
le plan exceptionnel, qui visent à réduire le déficit en mosquées et satisfaire les besoins<br />
futurs.<br />
Aussi bien, Mesdames et Messieurs, devrons nous faire de l'occasion qui nous est<br />
offerte, un moment de réflexion et un point de départ pour mobiliser les volontés et<br />
stimuler les énergies en vue de mettre en CEuvre les directives éclairées de Sa Majesté<br />
le Roi Mohammed VI, Amir al-Mouminin, que Dieu Le Glorifie, concernant le<br />
domaine.<br />
Encore une fois je vous réitère la bienvenue et prie Dieu pour qu'II bénisse votre<br />
rencontre et couronne vos trav<strong>au</strong>x de succès et de réussite.<br />
Que la Paix, la Miséricorde et la Bénédiction d'Allah soient avec vous.<br />
Allocution du Professeur Ahmed Taoufik<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Allocution M. El Montacir BENSAÏD<br />
Directeur de l’Ecole Nationale d’Architecture<br />
MM. les Ministres,<br />
Mesdames et Messieurs,<br />
Je voudrais, pour commencer, en mon nom et <strong>au</strong> nom de l’école Nationale<br />
d’Architecture, saluer l’initiative du Ministère <strong>des</strong> Affaires Islamiques pour l’organisation<br />
de cette journée, doublement, d’une part pour nous avoir donner l’occasion de débattre<br />
d’un sujet qui est extrêmement important <strong>au</strong>ssi bien dans notre paysage urbain que dans<br />
notre culture et notre foi : celui de la mosquée et d’<strong>au</strong>tre part, de nous permettre, nous qui<br />
sommes en amont de la formation <strong>des</strong> concepteurs de nous sensibiliser sur la nécessité,<br />
urgente, de donner une enveloppe, un visage spécifiquement ou typiquement marocain à<br />
nos édifices religieux. Cela dit, la mosquée a une double dimension : Elle est d’abord le<br />
centre spirituel vers lequel nous nous dirigeons pour trouver le calme, la sérénité et le<br />
recueillement, nécessaires à la pratique de nos croyances, loin <strong>des</strong> nuisances et <strong>des</strong> bruits<br />
de la ville. Cette dimension spirituelle en fait un bâtiment qui ne peut, en <strong>au</strong>cun cas, être<br />
anodine ou comparable à un tout <strong>au</strong>tre bâtiment que l’architecte conçoit. La 2ème<br />
dimension de cet édifice est sa présence dans le paysage urbain, en tant que repère, en tant<br />
que noy<strong>au</strong>, en tant que centre de rayonnement spirituel dont la silhouette caractéristique se<br />
détache dans le ciel marocain. D’abord par son volume ; et deuxièmement par son<br />
minaret, qui en fait un repère tel un phare qui dirigerait les navires. C’est pourquoi je<br />
voudrais attirer l’attention de cette honorable assemblée sur ces caractéristiques qui<br />
doivent être traitées avec le plus grand respect et la<br />
Plus grande préc<strong>au</strong>tion. En tant que concepteur, un architecte ne peut en <strong>au</strong>cun cas<br />
travailler, débattre, ou se pencher sur la conception d’un tel édifice sans avoir en mémoire,<br />
d’une façon permanente, sa composante essentiellement religieuse. Donc l’exercice ne<br />
peut se faire d’une façon classique ou routinière tel que nous le faisons pour le traitement<br />
d’un immeuble, d’un bâtiment administratif, ou d’une villa. Il va,donc, être important,<br />
pour nous, d’avoir un certain nombre de repères, de normes et de dimensions <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de<br />
la conception, qui seront nos axes d’orientation dans l’élaboration de ce h<strong>au</strong>t lieu du culte<br />
qu’est la mosquée marocaine, dans le rite malékite, que nous pratiquons,tout en attirant<br />
l’attention sur la nécessité pour nous tous, de garder la créativité et la liberté que doit avoir<br />
un concepteur face <strong>au</strong> défi qui lui est lancé dans une quelconque démarche architecturale.<br />
Allocution de M. El Montacir Bensaïd<br />
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C’est pourquoi, <strong>au</strong>jourd’hui, à l’occasion de cette journée, tout en écoutant les débats,<br />
en discutant <strong>des</strong> différentes composantes, <strong>des</strong> différentes problématiques <strong>des</strong> mosquées,<br />
il m’apparaît essentiel que pour nous, en tant que formateurs, de nous retrouver, à la fin,<br />
avec <strong>des</strong> orientations claires et pratiques, à même de nous servir de garde-fou, dans les<br />
conceptions à venir.<br />
Par ailleurs ces orientations ou recommandations ne doivent pas entraver la créativité<br />
mais la guider. Mon inquiétude serait de traduire l’exercice, de la conception de la<br />
mosquée, en un exercice purement mathématique, qui donnerait une normalisation<br />
anodine, monotone, d’un bâtiment qui doit refléter une dimension spirituelle unique.<br />
Nous allons, donc, écouter avec be<strong>au</strong>coup d’attention les interventions, nous allons y<br />
contribuer, nous allons transmettre <strong>au</strong>ssi le message, dans la formation et nous avons<br />
l’ambition, grâce <strong>au</strong> soutien du ministère <strong>des</strong> affaires islamiques et en partenariat avec lui,<br />
d’aller plus loin et d’arriver peut être dans un temps assez court, à l’élaboration d’un<br />
cahier de charges et d’un guide pour la conception <strong>des</strong> édifices religieux.<br />
Nous devons nous rappeler, à tous, que l’usager principal de la mosquée est la<br />
spiritualité et que le second en est l’homme. Comment ces deux composantes, totalement<br />
différentes, l’une immatérielle et l’<strong>au</strong>tre matérielle doivent entrer les unes avec les <strong>au</strong>tres,<br />
en symbiose, en harmonie dans un cadre qui lui est propice. Dans les églises du 14ème<br />
siècle, du 15ème et du 16ème siècle l’acte de construire, de <strong>des</strong>siner ou de bâtir une église<br />
était un acte religieux en soi, c’est-à-dire que le concepteur était, lui-même,engagé<br />
spirituellement dans le processus, pas seulement en tant que concepteur mais en tant que<br />
croyant,que fidèle, il serait important que pour les mosquées, de h<strong>au</strong>ts nive<strong>au</strong>x, de gran<strong>des</strong><br />
tailles, une démarche que je ne dirai pas analogue mais empreinte d’un même esprit et un<br />
même engagement puissent accompagnés l’exercice, de façon à ce que le reflet du<br />
bâtiment, en phase finale, soit le reflet d’une spiritualité et d’une religion qui est la notre.<br />
Je vous souhaite be<strong>au</strong>coup de courage, je souhaite <strong>au</strong>x intervenants de garder en tête<br />
l’importance de la normalisation mais en même temps l’importance de la liberté dans la<br />
conception et dans la créativité et que ces deux choses ne sont pas incompatibles. Cela a<br />
été fait un peu partout en occident : il y a <strong>des</strong> normes pour tous les bâtiments publics, il<br />
y a <strong>des</strong> normes pour tous les lieux de culte<br />
Je pense que nous pouvons faire, de même, tout en gardant, en préservant, un<br />
patrimoine architectural qui est le patrimoine, encore une fois je le dis et je le redis, qui<br />
est le patrimoine nord- africain et qui est un patrimoine marocain, qui est un patrimoine<br />
particulier où le minaret a une symbolique particulière, le mihrab en a une <strong>au</strong>tre, le sahn,<br />
et la dimension de la mosquée avec les matéri<strong>au</strong>x qui la composent, en sont d’<strong>au</strong>tres<br />
éléments, tout <strong>au</strong>ssi, spécifiques<br />
Je vous remercie, Mesdames et Messieurs, et je vous souhaite à tous, plein de succès<br />
lors de cette journée.<br />
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L’ARCHITECTURE DES MOSQUÉES<br />
Professeur Ismail Khatib<br />
Membre du Conseil Local <strong>des</strong> Oulémas de TETOUAN<br />
<strong>Les</strong> mosquées sont les lieux les plus aimés de Dieu, dont le Tout Puissant a <strong>au</strong>torisé<br />
qu’elles soient édifiées et que Son Nom y soit invoqué. Quand une mosquée est bâtie et<br />
que les prières y sont invoquées, que le coran y est récité, le Nom du Clément invoqué,<br />
la science y est répandue ainsi que d’<strong>au</strong>tres glorieux services, alors tout ceux qui ont<br />
participé à son édifice et à la continuation <strong>des</strong> bonnes vertus pour laquelle elle a été<br />
érigée, que ce soit par leurs ressources financières ou leurs conseils, ou par n’importe<br />
quels <strong>au</strong>tres efforts fournis dans ce sens, sont récompensés par Dieu.<br />
Etant donné le rang élevé <strong>des</strong> mosquées et leur h<strong>au</strong>te position, Dieu les a mise dans<br />
Sa h<strong>au</strong>te estime. Le Tout Puissant a dit : «Y a-t-il plus outrageant que celui qui<br />
s’oppose à l’invocation du nom d’Allah dans Ses mosquées et qui œuvre à leurs<br />
<strong>des</strong>tructions» (Al Baqaara 114).<br />
Dieu a dit <strong>au</strong>ssi : «Seuls sont admis à fréquenter les mosquées d’Allah ceux qui<br />
croient en lui et <strong>au</strong> jugement Ultime. (Attoubah, 18). Et le Très H<strong>au</strong>t a dit encore : <strong>Les</strong><br />
mosquées ont pour vocation le culte d’Allah, ne priez d’<strong>au</strong>tre qu’Allah.<br />
De nombreux textes d’ordre général ont porté sur les mosquées, comme la parole<br />
divine : «Vous n’atteindrez pas la piété sans faire de dons charitables <strong>des</strong> biens que vous<br />
chérissez, et quelque charité que vous faite Dieu en a connaissance. (Al omrane, 92)<br />
Ce verset coranique invite à dépenser dans le bien, et la construction de mosquée<br />
est sans nul doute, l’un <strong>des</strong> meilleurs moyens de faire le bien.<br />
D’<strong>au</strong>tres textes, citent les mosquées d’une façon plus explicite, tels que la parole du<br />
Très H<strong>au</strong>t : «[Sa Lumière éclaire] <strong>des</strong> édifices érigés selon Sa permission et où Son<br />
Nom sera invoqué ; là Allah sera glorifié, matin et soir».<br />
Dieu a <strong>au</strong>torisé la construction et l’édification <strong>des</strong> mosquées d’une manière qui sied<br />
à leur place et leur objectif, ainsi il en est de leur maintenance et entretien.<br />
Dieu le Clément a instruit que l’édification de mosquées est une activité [digne] de<br />
prophète quand Il a dit : «Et rappelle-toi lorsqu’Abraham et Ismaïl, après avoir mené<br />
L’architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
13
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à bien la construction <strong>des</strong> assises du Temple, ont fait cette prière : Seigneur, daigne<br />
accepter de nous ce mo<strong>des</strong>te ouvrage : Tu es Celui qui entend tout et dont le savoir est<br />
Transcendant.»<br />
L’édification de mosquée étant un bienfait gratifiant, Abraham et Ismaïl prièrent<br />
Dieu d’accepter leur labeur. Ainsi, toute personne, contribuant de quelques façons que<br />
ce soit, à l’édification d’une mosquée, devrait croire qu’elle a réalisé une bonne action<br />
qui mérite récompense, et prier Dieu de l’accepter.<br />
Le texte coranique certifie que les bâtisseurs de mosquées sont de vrais croyants<br />
Ainsi, Dieu a dit : «seuls sont admis à fréquenter les mosquées d’Allah ceux qui croient<br />
en Lui et <strong>au</strong> jugement Ultime..» La fréquentation <strong>des</strong> mosquées est manifestée soit par<br />
la présence permanente dans la mosquée, sa grande fréquentation ou par sa<br />
construction et son entretien. Or, la fréquentation, que ce soit pour la prière ou pour la<br />
récitation du Coran et <strong>des</strong> textes sacrés, ne peut se réaliser sans qu’il y ait eu<br />
préalablement construction et entretien de mosquée.<br />
Be<strong>au</strong>coup de Hadiths du prophète, que le Salut et la Prière soient sur lui, ont porté<br />
sur la fréquentation et l’édification de mosquées. L’un de ces Hadiths dit : «celui qui<br />
construit une mosquée, petite ou grande soit elle, Dieu lui construira une demeure <strong>au</strong><br />
Paradis». De plus, l’édification de mosquée est une action gratifiante même à titre<br />
posthume, se perpétue et rejoint le croyant jusqu’après sa mort. Le Hadith dit, dans ce<br />
sens : «ce qui atteint le croyant de ses bonnes actions et bienfaits, même à titre outretombe,<br />
est : une science qu’il a enseigné et diffusé, un Livre dont il a hérité, une<br />
<strong>des</strong>cendance qu’il a laissé dans le droit chemin ou une mosquée qu’il a bâti».<br />
Vu que la mosquée occupe une place prépondérante dans la religion musulmane, le<br />
Prophète Sidna Mohamed (P.S) s’est attelé, dès les premiers jours de l’Hégire, à la<br />
construction de la première mosquée de l’Islam. Cette noble action, a donné le départ<br />
<strong>au</strong> processus d’édification de multitude de mosquées partout dans le monde. Ce<br />
processus ne s’est pas arrêté jusqu’à nos jours.<br />
D’<strong>au</strong>tre part, étant donnée que le musulman est tenu de se conformer à la légalité<br />
islamique et à la morale religieuse, avant toute action, et vu la place prépondérante de la<br />
mosquée dans la cité musulmane et que de nombreux textes sont venus organiser et<br />
réglementer l’édification <strong>des</strong> mosquées, plusieurs Oulémas se sont attelés à préciser et<br />
expliquer dans le détail tous ces différents textes.<br />
Ainsi, non seulement, on trouve de nombreux écrits émanant <strong>des</strong> Oulémas,<br />
expliquant et détaillant les différents textes se rapportant à la construction de mosquées,<br />
mais <strong>au</strong>ssi d’<strong>au</strong>tres contenant <strong>des</strong> volets complets sur les Hadiths de Sidna Mohamed<br />
(P.S). Parmi ces écrits on peut citer dans Sahih Moslim «le Livre <strong>des</strong> mosquées et <strong>des</strong><br />
lieux de culte», le volet : «de la construction <strong>des</strong> mosquées et ses obligations».<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Par ailleurs, dans «le Livre de prière» de Sahih El Boukhari, on trouve plusieurs<br />
chapitres sur la construction de mosquées comme : «de la construction <strong>des</strong> mosquées»<br />
et «de l’entraide dans la construction de mosquées» ou encore «Du recours <strong>au</strong>x<br />
menuisiers et artisans pour le bois du «Minbar» et mosquée», et la section «du<br />
bâtisseur de mosquée».<br />
<strong>Les</strong> Fqihs et Oulémas ont, ainsi, largement étudié les orientations de la religion<br />
musulmane traitant de la construction <strong>des</strong> mosquées. <strong>Les</strong> textes de la Doctrine<br />
Malékites, entre <strong>au</strong>tres, contiennent diverses règles et dispositions concernant le sujet.<br />
Parmi ces textes, on peut déceler dans le Livre «Annawazel», une vision claire de se<br />
qu’a été la construction <strong>des</strong> mosquées à l’Occident Islamique durant différentes<br />
époques.<br />
Enfin, pour clarifier davantage les propos en ce qui concerne l’édification et la<br />
rénovation <strong>des</strong> mosquées, du point de vue de la loi musulmane, on va traiter le sujet<br />
selon les sections suivantes :<br />
L’architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
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SECTION I :<br />
EMPLACEMENT DE LA MOSQUEE<br />
Nul doute que, pour construire une mosquée, il f<strong>au</strong>drait lui choisir l’emplacement<br />
idéal, la mosquée ayant une relation étroite avec le paysage urbanistique. Le Prophète<br />
(P.S) a précisé le sens de ce paysage. Dans les textes de Aicha, il est dit que le prophète<br />
a ordonné que «la mosquée soit bâtie dans les demeures et qu’elle soit nettoyée et<br />
parfumée»<br />
L’environnement immédiat de la mosquée doit être pris en considération, la<br />
mosquée devrait être érigée dans un espace propre, loin de tout endroit produisant <strong>des</strong><br />
déchets ou saletés. Sa place devrait être <strong>au</strong> cœur <strong>des</strong> agglomérations pour qu’elle<br />
puisse jouer son rôle de centre de rayonnement <strong>au</strong>tour duquel s’aggloméreraient les<br />
résidences et les différentes institutions et être ainsi l’objet d’intérêt du voisinage.<br />
<strong>Les</strong> Oulémas ont insisté sur la salubrité de la mosquée et de celle de son<br />
environnement.<br />
Cheikh Al Wazzani, dans son Livre «Al miyar El Jadid», citant la réponse de<br />
Cheikh Ben Nacer sur la possibilité d’accomplir la prière dans une mosquée dans<br />
laquelle s’infiltre <strong>des</strong> poussières entrainées par les vents, a rapporté qu’il f<strong>au</strong>t clore, si<br />
possible, les issues d’où proviennent ces poussières, <strong>au</strong>trement, si l’endroit comporte<br />
<strong>des</strong> impuretés mêlées à ces poussières. La prière ne serait valable que sur un linge<br />
propre.<br />
A priori, l’une <strong>des</strong> préc<strong>au</strong>tions à prendre pour la construction d’une mosquée est le<br />
choix du site adéquat afin d’éviter de clore les issues. Le site devrait être, <strong>au</strong>ssi, loin<br />
de toute source de pollution, les salles d’e<strong>au</strong> devraient être en dehors de la mosquée<br />
comme stipulé dans le Hadith du prophète (P.S) : «Il est conseillé de tenir loin de vos<br />
mosquée vos jeunes enfants, vos différents, vos aliénés, vos commerces, et de ne pas<br />
h<strong>au</strong>sser vos voix, de ne pas poser de limites ni brandir vos sabres et de prévoir les<br />
salles d’e<strong>au</strong> <strong>au</strong>x entrées».<br />
La doctrine Malékite institut, comme stipulé dans «Miyar Al Wanchiri (p. 422, v. 8),<br />
recommande de mettre les salles d’e<strong>au</strong> à l’extérieur <strong>des</strong> mosquées.<br />
Par ailleurs, les musulmans se sont évertués dans l’art de construction <strong>des</strong><br />
mosquées, espaces aimés par Dieu, ont montré un intérêt particulier pour leur<br />
édification. Pour cela, ils ont fourni de larges moyens et de grands efforts.. La Dynastie<br />
Alaouite, particulièrement, a, dans ce sens de tout temps, le mérite dans l’édification,<br />
la maintenance de mosquées, ainsi que la prise en charge <strong>des</strong> personnes qui s’en<br />
occupent.<br />
16<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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L’architecte musulman, sans dévier de la structure générale du model établi par le<br />
Prophète, a tenu compte de tous les détails dans le <strong>des</strong>ign de mosquées. Il a fait usage<br />
de coupoles pour les toitures, a fait preuve d’innovation en ce qui concerne les<br />
volumes, les formes et l’ornement <strong>des</strong> arca<strong>des</strong> et <strong>des</strong> voutes, et s’est intéressé<br />
spécialement <strong>au</strong>x faça<strong>des</strong> et <strong>au</strong>x entrées.<br />
<strong>Les</strong> chercheurs en matière d’architecture de mosquées dénombrent sept types<br />
architectur<strong>au</strong>x de mosquées, parmi lesquels on trouve, en premier lieu, le modèle<br />
marocain. Ce dernier se distingue principalement par sa valorisation <strong>des</strong> oratoires et<br />
l’approfondissement de son intérieur jusqu’à la forme quadrilatère ou presque, tout en<br />
valorisant le «Sahn». <strong>Les</strong> caractéristiques du modèle marocain, s’approchent<br />
considérablement de l’architecture de la mosquée du Prophète que la Prière et le Salut<br />
soient sur Lui.<br />
L’architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
17
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 18<br />
SECTION II :<br />
PRECEPTES DES CONSTRUCTIONS DES MOSQUEES<br />
Le Prophète (P.S) a établi les règles générales relatives <strong>au</strong> <strong>des</strong>ign et l’édification <strong>des</strong><br />
mosquées, quand il a planifié et construit la mosquée de «QIBAA» et la mosquée de<br />
Médine. L’Imam Bokhari, dans son Livre «Sahib», a cité que d’après une information<br />
provenant de NAFII, Abdellah a dit que la mosquée du Prophète a été, de son vivant,<br />
construite de briques, les toitures de palmes et les piliers de bois de palmier. Alors que<br />
ABOU BAKR, compagnon du prophète, n’y a rien ajouté, OMAR IBN KHATTAB,<br />
<strong>au</strong>tre compagnon du prophète, l’a reconstruite selon les mêmes procédés que du temps<br />
du prophète. Tandis que le compagnon OTHMANE l’a modifié en y ajoutant d’<strong>au</strong>tres<br />
matéri<strong>au</strong>x : les murs ont été construites de pierres taillées et de plâtres, les toitures<br />
remplacées par du bois précieux provenant de l’Inde (saj)»<br />
Si la structure générale de la mosquée établie par le prophète a été maintenue par<br />
Ses Compagnons et ceux qui leur ont succédé, son architecture a be<strong>au</strong>coup évolué<br />
depuis l’ère du Calife OTHMANE. L’architecture de la mosquée s’est inspirée de<br />
l’environnement qui l’entoure, que ce soit par la forme quadrilatère ou par les<br />
matéri<strong>au</strong>x utilisés. <strong>Les</strong> modifications et <strong>au</strong>tres élargissements apportés durant l’ère<br />
d’OTHOMANE s’expliquent par la disponibilité <strong>des</strong> ressources financières suites <strong>au</strong>x<br />
conquêtes. Ainsi, la mosquée du Prophète a été élargie, les matéri<strong>au</strong>x améliorés, et<br />
même, depuis l’époque de AL WALID BEN ABDELMALEK IBN MARWANE lors<br />
du règne <strong>des</strong> derniers Compagnons, ornementée. Cependant, certains Oulémas ont<br />
récusé tout ornement de mosquées en s’appuyant sur <strong>des</strong> paroles de prophètes<br />
prohibant de tels actes, alors que d’<strong>au</strong>tres les ont <strong>au</strong>torisé à condition que le but<br />
escompté soit de reh<strong>au</strong>sser et ennoblir la mosquée. Dans ce sens, IBN MOUNIR a dit<br />
dans son Livre «FATH EL BARI» : «si les gens bâtissent leurs demeures et les<br />
embellissent, la mosquée en est plus digne afin de lui éviter la mésestimation.<br />
Enfin, les caractéristiques architecturales <strong>des</strong> mosquées sont restées immuables de<br />
par leurs significations et philosophies et de par les exigences d’être <strong>des</strong> espaces de<br />
culte et de sciences.<br />
18<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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SECTION III :<br />
LES ELEMENTS ARCHITECTURAUX FONDAMENTAUX<br />
<strong>Les</strong> styles architectur<strong>au</strong>x, ont varié malgré qu’ils aient tous gardé le cachet de<br />
l’architecture Islamique. Jusqu’<strong>au</strong> quatrième siècle, la majorité de mosquées, y compris<br />
celles marocaines, comportèrent un «Sahn» (Patio) non couvert cerné de deux ou trois côtés<br />
de pavillons tout en élargissant le pavillon de la Qibla et celui qui lui fait face.<br />
<strong>Les</strong> architectes musulmans ont tenu à prendre en considération, dans leur <strong>des</strong>ign de la<br />
mosquée, les orientations du Prophètes (P.S) et surtout celle consistant à valoriser le<br />
premier rang, telle cette orientation rapportée par ABI HOUREIRA citant le prophète : «Si<br />
les gens savaient l’importance de l’appel et du premier rang, ils se seraient rués vers la<br />
première rangée». Le premier rang est l’élément essentiel définissant les plans <strong>des</strong><br />
mosquées sous sa forme longitudinale avec un axe principal parallèle à l’orientation du mur<br />
de la Qibla conformément <strong>au</strong> Hadith du prophète. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>tres rangées viennent en<br />
complémentarité selon le prolongement de la première.<br />
L’architecte musulman a <strong>au</strong>ssi, pris en compte l’orientation du prophète : «Si le passant<br />
entre les rangées savait ce qu’il lui en coûtait, il se serait figé 40 fois <strong>au</strong> lieu de le faire». Pour<br />
cela, le <strong>des</strong>igner a placé les portes de la mosquée selon <strong>des</strong> normes architecturales ne<br />
permettant pas le passage entre les rangées. C’est pour cette raison que la plupart <strong>des</strong> entrées<br />
se situent soit à l’arrière, soit sur les côtés.<br />
Le nombre élevé de poutres est <strong>au</strong>ssi un facteur qui divise les rangées, obstrue la vue de<br />
l’orateur, alors qu’il est conseillé d’être en face de celui-ci. Toutes ces contraintes ont<br />
poussé le <strong>des</strong>igner à éviter <strong>au</strong> maximum la mise en place de poutre. Dans les textes du<br />
«Miyar Al Jadid», il est rapporté qu’il y avait plusieurs mosquées d’Andalousie dépourvues<br />
de toitures afin d’éviter toute poutre.<br />
Le «Minbar» l’oratoire prend une place prépondérante dans l’architecture <strong>des</strong><br />
mosquées, on le trouve mobile dans certains cas, fixe dans d’<strong>au</strong>tres. <strong>Les</strong> oratoires mobiles<br />
sont connus dans l’Occident Islamique, tandis que les mosquées d’Orient utilisent souvent<br />
<strong>des</strong> balcons en guise d’oratoire. Le <strong>Maroc</strong>, Quand à lui, a conservé le modèle de l’oratoire<br />
du prophète sous sa forme générale, avec <strong>des</strong> escaliers, le tout casé dans une niche du côté<br />
droit du Mihrab. Quand à l’oratoire mobile, il constitue une solution importante pour la<br />
visibilité de la première rangée. L’industrie marocaine <strong>des</strong> oratoires a progressé durant<br />
l’époque <strong>des</strong> Almoahad, l’exemple en est l’oratoire de la mosquée Al Koutoubia qui date<br />
de l’époque suscitée.<br />
L’architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
19
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Si dans toute architecture l’orientation est un critère très important et dépend de<br />
plusieurs paramètres, l’orientation <strong>des</strong> mosquées, quand à elle, ne peut dépendre de certains<br />
de ces paramètres puisqu’elle est régie par la parole divine qui dit : «Orientes toi vers la<br />
Mosquée Sacrée, et où que vous soyez, orientez-vous vers Lui». L’orientation vers la Qibla<br />
est une condition de validité de la prière et, par conséquent, l’architecte de la mosquée doit<br />
s’assurer avant tout de la direction de la Qibla pour que l’oratoire soit orienté exactement<br />
vers elle.<br />
L’oratoire est devenu une partie primordiale dans l’architecture <strong>des</strong> mosquées. Il<br />
n’existait pas du temps du prophète, ni durant celui <strong>des</strong> Califes. Le premier qui le créa fût<br />
OMAR BEN ABDELAZIZ. Par la suite, l’oratoire prit be<strong>au</strong>coup d’ampleur de la part <strong>des</strong><br />
<strong>des</strong>igners et architectes <strong>des</strong> mosquées, à tel point que certains oratoires sont devenus<br />
célèbres et caractéristiques de leurs créateurs ou de leurs époques.<br />
Comme il a porté son intérêt sur l’oratoire, l’architecte s’est intéressé <strong>au</strong>ssi à la partie en<br />
face de cet oratoire en créant une coupole couvrant cette partie importante de la mosquée<br />
qui englobe le «Minbar» et la chambre de l’orateur. La coupole fit son entrée dans les<br />
mosquées, avec be<strong>au</strong>coup de variétés dans sa géométrie et ses ornements, durant la fin du<br />
premier siècle, et est devenue partie essentielle.<br />
Nul doute que le Sahn (patio) de la mosquée est considérée comme un élément<br />
fondamental dans la mosquée, puisque il y en avait un, non couvert, dans la mosquée du<br />
prophète. L’architecte musulman est resté fidèle à cette tradition car on a rarement trouvé<br />
une mosquée, grande ou petite soit-elle, sans Sahn correspondant à sa taille. Le Sahn est<br />
sources de lumière et d’air pour les <strong>au</strong>tres parties de la mosquée. Comme il est espace<br />
supplémentaire pour les croyants quand il n’y en a plus dans les parties couvertes. Le sahn<br />
est généralement doté de fontaines à partir <strong>des</strong>quelles coule de l’e<strong>au</strong> douce utilisée pour la<br />
salubrité et donnant <strong>au</strong> Sahn une touche de be<strong>au</strong>té comme c’est le cas dans la mosquée Al<br />
Qaraouyine.<br />
20<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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SECTION IV :<br />
LES ELEMENTS ARCHITECTURAUX<br />
COMPLEMENTAIRES<br />
En plus <strong>des</strong> éléments fondament<strong>au</strong>x de la mosquée, d’<strong>au</strong>tres éléments ont été<br />
introduits et sont devenus partie intégrante de la mosquée.<br />
En premier lieu, on trouve le minaret qui fut introduit, comme il est dit, par<br />
MOAWIYA BEN ABI SOUFIANE dans la mosquée de Damas. Alors que OMAR<br />
BEN ABDELAZIZ fut le premier à l’inclure dans la mosquée du prophète, en<br />
construisant un minaret dans chacun <strong>des</strong> quatre coins, mesurant soixante «DIRAA»<br />
(Bras) de longueur et huit «DIRAA» (Bras) de largeur.<br />
<strong>Les</strong> <strong>des</strong>igners ont donné plusieurs formes <strong>au</strong>x minarets, ronde, carré ou hexagonale.<br />
<strong>Les</strong> géométries <strong>des</strong> minarets ont <strong>au</strong>ssi varié selon les époques ainsi que les ornements<br />
et les parures. Certains minarets ont atteint un nive<strong>au</strong> inégalé de be<strong>au</strong>té de par leurs<br />
architectures et leurs ornements. <strong>Les</strong> minarets, <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, se sont caractérisés par leur<br />
forme carrée, cette forme qui fut prise, comme on croit, du modèle du premier minaret<br />
à partir duquel BILAL appelait à la prière, à l’<strong>au</strong>be de l’Islam.<br />
SAMHOUDI a cité dans son ouvrage «Wafae Al Wafae» : «Dans la demeure de<br />
Abdellah Ben Omar» se trouvait une esplanade orientée vers la Qibla d’où Bilal<br />
appelait à la prière en y accédant à l’aide d’escaliers en paille. Cette esplanade était<br />
carrée.»<br />
Sans <strong>au</strong>cun doute, les premiers minarets étaient carrés ressemblant à celui de la<br />
mosquée du Prince <strong>des</strong> Croyants Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu le<br />
glorifie et guide ses pas. Sa Majesté qui suit les traces de ses glorieux ancêtres, que<br />
Dieu lui confère le triomphe et la victoire. Que Dieu comble Sa Majesté en la personne<br />
de S.A.R le Prince Héritier Moulay El Hassan, S.A.R le Prince Moulay Rachid et<br />
l’ensemble de l’illustre famille Chérifienne.<br />
Que Dieu agrée l’action de quiconque a contribué dans la construction d’une<br />
mosquée, a participé à sa préservation. Dieu est omni-<strong>au</strong>dient et ex<strong>au</strong>ce les prières de<br />
Ses serviteurs.<br />
Louanges à Dieu Souverain et Maitre <strong>des</strong> Mon<strong>des</strong>.<br />
L’architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
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ANNEXES<br />
1. MOSLIM, livre <strong>des</strong> Moquées et lieux de culte, chapitre : Des bienfaits de la<br />
construction de mosquées, Tarmoudi Hadith 318.<br />
2. Tarmoudi (Jamâa)- Hadith 819<br />
3. Par Ahmed, preuve à l'appui et par Abou Daoud<br />
4. Tome 1, page 69<br />
5. Sahih AL BOUKHARI - Hadith 446<br />
6. En expliquant le Hadith 446<br />
7. AL BOUKHARI<br />
8. Par AL BOUKHARI- Hadith 510, et MOSLIM – Hadith 507<br />
9. 1:537<br />
10. ASSAMHOUDI – Wafâa Al Wafa, 1:370<br />
11. Precedent 1:526<br />
12. Wafâa Al Wafa 1:530<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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APERÇU SUR L'ORGANISATION SPATIALE<br />
DES MOQUÉES MAROCAINES<br />
Introduction<br />
Abdalaziz TOURI<br />
Ahmed S. ETTAHIRI<br />
& Abdallatif EL KHAMMAR<br />
<strong>Les</strong> mosquées marocaines ne sont pas bâties suivant la même ordonnance architecturale.<br />
Elles présentent, <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> siècles et selon les tendances régionales, <strong>des</strong> plans divers.<br />
Ceux-ci varient également en fonction de la superficie du terrain à construire, de son<br />
implantation dans le tissu urbain et de sa disposition topographique. Néanmoins, les<br />
éléments constitutifs du plan restent presque les mêmes dans la plupart <strong>des</strong> gran<strong>des</strong><br />
mosquées, et leur schéma-type se compose <strong>des</strong> masses architecturales suivantes : une<br />
salle de prière à nefs et à travées, une salle pour la remise du minbar, une chambre pour<br />
l’imam, une cour à ciel ouvert bordée ou non de galeries, un minaret, une salle<br />
d’ablutions-latrines. Ces édifices peuvent contenir d’<strong>au</strong>tres annexes : une chambre<br />
funéraire, bayt al-gnâyz, pouvant prendre <strong>des</strong> dimensions importantes et porter alors le<br />
nom de Gami’ al-Gana’iz (mosquée <strong>des</strong> morts) une chambre pour le muwaqqit, une <strong>au</strong>tre<br />
pour le muezzin, une bibliothèque, une madrasa et une fontaine.<br />
1- Des mosquées monumentales et deux écoles<br />
architecturales<br />
Nos connaissances sur les mosquées datant <strong>des</strong> premiers temps de l’Islam <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
restent limitées en raison de l’indigence <strong>des</strong> indications textuelles et de l’insuffisance<br />
<strong>des</strong> données archéologiques.<br />
<strong>Les</strong> informations textuelles dont on dispose sont majoritairement rapportées par le<br />
géographe andalou Abû ‘Ubayd al-Bakrî (5e /11e siècle). Elles sont sommaires et<br />
portent principalement sur certaines mosquées de villes assez importantes comme<br />
celles d’Asila, d’al-Basra, de Jrâwa Maknâsa et de Fès.<br />
A Asila, Abû ‘Ubayd al-Bakrî fait état de la présence d’une grande mosquée. Il<br />
signale que celle-ci fut l’œuvre du gouverneur idrisside d’al-Basra et Tanger al-Qâsim,<br />
fils d’Idrîs II 1 . Cette grande mosquée se trouve à l’intérieur de l’enceinte de la ville qui<br />
1 Abû ‘Ubayd Al-Bakrî, Description de l’Afrique Septentrionale, texte arabe, Paris, 1965, p. 124.<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
23
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se creuse de cinq portes 2 et abrite un souk hebdomadaire très prospère. Al-Bakrî<br />
précise, en outre, que cet édifice religieux comporte cinq nefs et se situe à proximité<br />
de la mer dont les vagues atteignent les murs pendant les pério<strong>des</strong> de tempête 3 . <strong>Les</strong><br />
dires d’al-Bakr? concernant l’édifice sont entièrement reprises et confirmées, quatre<br />
siècles plus tard, par le géographe arabe Ibn ‘Abd al-Mun‘im al-Himyarî dans son<br />
Rawd al-Mi‘târ 4 .<br />
La grande mosquée d’al-Basra<br />
Abû ‘Ubayd al-Bakrî qualifie al-Basra 5 de madîna et note que celle-ci est<br />
circonscrite dans une enceinte bâtie en pierre et terre (tûb) et percée de dix portes. Il<br />
écrit que la ville dispose d’une grande mosquée qui renferme sept nefs 6 . Toutefois,<br />
l’<strong>au</strong>teur ne fournit <strong>au</strong>cun détail historique sur l’édifice et se contente de signaler que<br />
celui-ci se dresse à proximité de deux hammams.<br />
La grande mosquée de Jrâwa Maknâsa<br />
Dans sa <strong>des</strong>cription de Jrâwa Maknâsa 7 , Abû ‘Ubayd al-Bakrî souligne l’existence<br />
d’une grande mosquée dans cette localité, la décrit très sommairement, et note que ce<br />
jâmi‘ se compose de cinq nefs dont les arcs sont supportés par <strong>des</strong> colonnes en pierre 8 .<br />
Il qualifie Jrâwa Maknâsa de madîna et signale que celle-ci fut fondée en 259 H./ 872<br />
J.C. par l’émir idrisside Abû al-‘Aych ‘Îsâ Ibn Idrîs Ibn Muhammad Ibn Sulaymân Ibn<br />
‘Abdallâh Ibn Hassan. Outre le Jâmi‘, la ville renfermait cinq hammams qui étaient<br />
implantés à l’intérieur d’une enceinte en briques (tûb) 9 .<br />
<strong>Les</strong> mosquées primitives de Fès :<br />
<strong>Les</strong> indications relatives <strong>au</strong>x gran<strong>des</strong> mosquées de Fès concernent quatre édifices,<br />
à savoir jâmi‘ al-Achyâkh, Jâmi‘ al-Churafâ’, Jâmi‘ al-Qarawiyîn et Jâmi’ al-Andalus.<br />
2 Ibn Hawqal souligne dans sa configuration de la terre (S?rat al-Ard) que cette enceinte est bâtie en pierre et<br />
suspendue <strong>au</strong> sommet d’une falaise qui s’étend de l’Océan <strong>au</strong> continent du Maghreb, cf. A. Siraj (1995), L’image<br />
de la Tingitane, l’historiographie arabe médiévale et l’antiquité nord-africaine, Collection de l’Ecole Française de<br />
Rome, n° 209, Rome, p. 80.<br />
3 Abû ‘Ubayd Al-Bakrî, Op. cit…, p. 111.<br />
4 Muhammad Ibn ‘Abd al-Mun’im Al-Himyarî, Al-Rawd al-mi’târ fî khabar al-aqtâr, Dâr al-’ilm li al-tibâ’a, Liban,<br />
1975, p. 42.<br />
5 Al-Charîf al-Idrîsî situe la ville d’Al-Basra à moins d’une étape, à dos de monture, de Tuchummuch et note que<br />
celle-ci est une ville moyenne, pourvue d’un rempart peu solide et <strong>au</strong>tour de laquelle existent <strong>des</strong> villages et <strong>des</strong><br />
fermes où l’on cultive du blé et <strong>au</strong>tres céréales, cf. Al-Idr?s?, Le Ma?rib <strong>au</strong> 12e siècle de l’hégire …, p. 168-169.<br />
Pour plus de détails sur cette ville, cf. Jean Léon l’Africain, Description de l’Afrique…, p. 259.<br />
6 Abû ‘Ubayd Al-Bakrî, Op. cit…, p. 110.<br />
7 Selon Abû ‘Ubayd al-Bakrî, la localité de Jrâwa Maknâsa se situe à l’est de Fès sur l’itinéraire reliant Fès à<br />
Kairouan, cf. Ibid., p. 142.<br />
8 Ibid. p. 142<br />
9 Ibid. p. 142<br />
24<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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• La mosquée d’al-Achyâkh :<br />
Si l’on en croit Abû ‘Ubayd al-Bakrî, la mosquée d’al-Achyâkh fut construite par<br />
le prince Idrîs II (187-213 H./803-829 J.C.) dans la cité ancienne <strong>des</strong> Andalous à Fès.<br />
L’<strong>au</strong>teur ne précise pas la date exacte du commencement <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x de construction<br />
du jâmi‘, mais nous apprend, par contre, que le noy<strong>au</strong> primitif de cette cité fut fondé<br />
par le même prince vers 192 H./807 J.C. 10 . L’édifice <strong>au</strong>rait été élevé dans la même<br />
année que la fondation du noy<strong>au</strong> primitif du quartier <strong>des</strong> Andalous: il renfermait six<br />
nefs transversales <strong>au</strong> mur de qibla, qui se dirigent de l’est vers l’ouest, et il possède un<br />
grand sahn qui fut planté d’arbres et était alimenté en e<strong>au</strong> par la seguia de Masmûda 11 .<br />
<strong>Les</strong> récits d’Ibn Abî Zar‘ al-Fâsî et de ‘Alî al-Jaznâ’î <strong>au</strong> VIIIe/XIVe siècle concordent<br />
bien avec le témoignage d’Abû ‘Ubayd al-Bakrî sur la date de fondation de jâmi‘ al-<br />
Achyâkh. <strong>Les</strong> deux <strong>au</strong>teurs relatent, en outre, que celui-ci abrita la prière et la khutba<br />
du vendredi tout <strong>au</strong> long de l’époque idrisside. Toutefois, l’édifice perdit be<strong>au</strong>coup de<br />
son importance historique et devint <strong>au</strong> début du IVe/IXe siècle un simple masjid de<br />
quartier sous les Zénètes. Ce fut l’émir chiite Hâmid Ibn Hamadân al-Hamadânî,<br />
gouverneur de Fès pour le compte du prince fatimide ‘Ubayd Allâh al-Chî‘î, qui décida<br />
de cesser la célébration de la prière du vendredi dans cette mosquée vers 321 H./ 933<br />
J.C., et transféra la khutba à la mosquée <strong>des</strong> Andalous 12 .<br />
• La mosquée d’al-Churafâ’ :<br />
Selon le témoignage d’Abû ‘Ubayd al-Bakrî, la mosquée d’al-Churafâ’ fut fondée<br />
par le prince Idrîs II dans la cité ancienne <strong>des</strong> Kairouanais à Fès (‘adwat al-Qarawiyîn).<br />
Comme pour celle de la rive <strong>des</strong> Andalous, l’<strong>au</strong>teur ne précise pas la date exacte de<br />
l’édification de cette mosquée idrisside, mais rapporte que les trav<strong>au</strong>x de construction<br />
de la cité de la rive g<strong>au</strong>che commencèrent vers l’année 193 H./ 808 J.C., c’est-à-dire<br />
un an après la fondation de l’ancien quartier <strong>des</strong> Andalous (‘Adwat al-Andalus) 13 .<br />
L’édifice <strong>au</strong>rait été bâti dès les débuts de ces trav<strong>au</strong>x et pourrait, par conséquent, dater<br />
de 193 H./ 808 J.C. Abû ‘Ubayd Al-Bakrî nous apprend également que cet ancien jâmi‘<br />
renfermait trois nefs transversales allant de l’est à l’ouest, et disposait d’un sahn de<br />
gran<strong>des</strong> proportions qui était planté d’arbres d’oliviers et bordé de galeries. <strong>Les</strong> dires<br />
d’al-Bakrî furent corroborées, trois siècles plus tard, par Ibn Abî Zar‘ al-Fâsî dans son<br />
Rawd al-Qirtâs et ‘Alî al-Jaznâ’î dans son Zahrat al-âs. <strong>Les</strong> deux historiens de Fès<br />
10 Abû ‘Ubayd al-Bakrî, Op. cit., (texte arabe), p. 115-116.<br />
11 Ibid., p. 116.<br />
12 Ibn Abî Zar’ al-Fâsî, Al-Anîs al-mutrib birawd al-qirtâs fî mulûk Al-Maghrib wa târîkh madînat Fâs, Dâr al-<br />
Mansûr li al-tibâ’a wa al-wirâqa, Rabat, 1972-1973, p. 54-55 ; ‘Alî Al-Jaznâ’î, Zahrat al-âs fî binâ’ madînat Fâs,<br />
Imprimerie Royale, Rabat, 1991, p. 45 et 92.<br />
13 Abû ‘Ubayd al-Bakrî, Desription..., texte arabe, p. 115-116.<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 26<br />
rapportent, en outre, que l’édifice gardait la fonction de grande mosquée (masjid jâmi‘)<br />
et abritait la prière et la khutba du vendredi durant toute l’époque idrisside 14 .<br />
Sous les Zénètes, la grande mosquée d’al-Churafâ’devint trop étroite pour contenir<br />
le nombre sans cesse en <strong>au</strong>gmentation <strong>des</strong> fidèles. Pour cette raison, racontent les<br />
chroniqueurs, le chiite Hâmid Ibn Hamadân al-Hamadânî, le gouverneur du prince<br />
fatimide ‘Ubayd Allâh al-Chî‘î, décida de ne plus organiser la prière et la khutba du<br />
vendredi dans ce jâmi‘ vers 321 H./933 J.C. Le jâmi‘ al-Churafâ’ devint donc une<br />
simple mosquée de quartier et sa khutba fut transférée à la nouvelle mosquée de la<br />
Qarawiyîn 15 .<br />
• <strong>Les</strong> mosquées de la Qarawiyîn et d’al-Andalus à Fès :<br />
<strong>Les</strong> mosquées d’al-Qarawiyîn et d’al-Andalus sont l’œuvre de deux sœurs, Fâtima<br />
al-Fihriya pour la première, et Maryam al-Fihriya pour la seconde. <strong>Les</strong> trav<strong>au</strong>x de<br />
construction de la Qarawiyîn furent entamés <strong>au</strong> mois de ramadan de l’année 245 H./<br />
859 J.C. Ceux de la mosquée d’al-Andalus n’ont débuté qu’un an plus tard. Le<br />
bâtiment dont les matéri<strong>au</strong>x de construction furent extraits du sol même du terrain,<br />
comptait à l’époque 150 empans de l’est à l’ouest. Il va d’ailleurs constituer le noy<strong>au</strong><br />
primitif de la célèbre mosquée al-Qarawiyîn. L’oratoire <strong>des</strong>sine un quadrilatère<br />
régulier, plus large que profond dont la salle de prière renfermait quatre nefs parallèles<br />
<strong>au</strong> mur de la qibla. Sous les Zénètes, l’édifice subit <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x d’agrandissement sur<br />
ordre de l’émir Ahmad Ibn Abî al-Sa‘îd (345 H./956 J.C.) pour le compte du calife<br />
omeiyyade de Cordoue, ‘Abd al-Rahmân al-Nâsir. Sa superficie fut presque doublée<br />
en profondeur comme en largeur. <strong>Les</strong> quatre nefs furent prolongées de quatre travées<br />
à l’ouest et de cinq travées à l’est. Trois <strong>au</strong>tres nefs furent ajoutées sur l’emplacement<br />
de la cour et du minaret de la mosquée de fatima (245H/859 J.C.), en suivant le modèle<br />
de la mosquée primitive. Au XIIe siècle, l’émir almoravide Alî Ibn Yûsuf fit agrandir<br />
la mosquée zénète en direction de la qibla de trois nefs transversales, respectant ainsi<br />
la disposition du plan primitif de l’édifice.<br />
La mosquée de la Qarawiyyîn se caractérise ainsi par la présence de nefs parallèles <strong>au</strong><br />
mur de la qibla, à l’image de sa contemporaine, la mosquée <strong>des</strong> Andalous, érigée sur<br />
l’<strong>au</strong>tre rive et œuvre de Maryam al-Fihriya (sœur de Fâtima) (Fig. 1). La salle de prière<br />
de cette dernière mosquée est plus large que profonde. Elle se compose de sept nefs<br />
parallèles <strong>au</strong> mur de la qibla, recoupées <strong>au</strong> centre par une nef médiane à sept travées qui<br />
sont délimitées par <strong>des</strong> piliers à quatre dosserets. Précédant la salle de prière, le sahn<br />
<strong>des</strong>sine un plan trapézoïdal. Il est doté d’une vasque d’ablutions qui se trouve dans le<br />
14 Ibn Abî Zar’ al-Fâsî, Al-Anîs, p 54 ; ‘Alî Al-Jaznâ’î, Zahrat al-As..., p. 25 et 46.<br />
15 Ibn Abî Zar’ al-Fâsî, Op. Cit., p. 55 ; ‘Alî Al-Jaznâ’î, Op. Cit., p. 46.<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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même axe de symétrie que la nef axiale et le mihrab à plan pentagonal de la salle de<br />
prière. Ses côtés est et ouest sont bordés par deux galeries à multiples nefs.<br />
Bâtie à l’époque du calife almohade al-Nâsir, la salle d’ablutions-latrines se trouve<br />
à l’extérieur du bâtiment. Elle constitue ainsi une entité isolée par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres<br />
masses architecturales de la mosquée. De forme sensiblement rectangulaire, la cour de<br />
cette dâr al-wudû’ est pourvue <strong>au</strong> centre d’un bassin rectangulaire occupant une grande<br />
surface, et entourée de plusieurs latrines.<br />
1-1 La première école : les salles de prière à nefs transversales<br />
(parallèles <strong>au</strong> mur de la qibla) :<br />
<strong>Les</strong> mosquées monumentales <strong>des</strong> villes impériales, et plus particulièrement celles <strong>des</strong><br />
dynasties idrisside, almoravide et almohade, ont été longuement décrites et analysées. <strong>Les</strong><br />
deux célèbres mosquées de Fès, al-Qarawiyîn et al-Andalus, ont fait l’objet de plusieurs<br />
étu<strong>des</strong> et monographies menées par H. Terrasse 16 et par L. Golvin 17 . Le premier<br />
consacre, avec H. Basset, une étude <strong>au</strong>x « sanctuaires et forteresses almoha<strong>des</strong> » dont<br />
les premiers résultats ont été publiés dans les premiers volumes de Hespéris avant de<br />
paraître dans un ouvrage abondamment illustré 18 . En 1971, H. Terrasse récidive et<br />
publie une monographie entièrement consacrée à la grande mosquée de Taza 19 . B.<br />
Maslow établit, <strong>au</strong> début <strong>des</strong> années 30 du siècle dernier, un inventaire <strong>des</strong> mosquées<br />
de Fès et du Nord du <strong>Maroc</strong> 20 . A la même époque, J. Caillé, dans une thèse consacrée<br />
à la ville de Rabat, étudie toutes les mosquées de la ville depuis sa fondation jusqu’<strong>au</strong><br />
protectorat français 21 . A partir de 1980, suivront d’<strong>au</strong>tres trav<strong>au</strong>x sous forme de thèses<br />
académiques : la première est consacrée <strong>au</strong>x oratoires de quartier de la ville de Fès 22 ,<br />
la seconde <strong>au</strong>x mosquées de Moulay Slimane 23 et la dernière à celles de la ville de<br />
Meknès 24 .<br />
De ces recherches consacrées à l’analyse <strong>des</strong> plans et <strong>des</strong> masses architecturales et<br />
décoratives <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> mosquées marocaines, se dégagent deux gran<strong>des</strong> écoles<br />
16 H. Terrasse, la mosquée al-Qaraouiyine à Fès, Archéologie méditerranéenne, III, C. Clincksieck, Paris, 1968 ; H.<br />
Terrasse, La mosquée <strong>des</strong> Andalous à Fès, éditions d’art et d’histoire, Paris, 1942.<br />
17 L. Golvin, Essai sur l’architecture religieuse musulmane, 4 tomes, éditions Klincksieck, Paris, tome 4, 1979.<br />
18 H. Basset & H. Terrasse, Sanctuaires et forteresses almoha<strong>des</strong>, coll. Hesperis, I.H.E.M., Larose éditeur, Paris,<br />
1932.<br />
19 H. Terrasse, «la grande mosquée de Taza», les éditions d'art et d'histoire, Paris, 1971.<br />
20 B. Maslow, <strong>Les</strong> mosquées de Fès et du Nord du <strong>Maroc</strong>, les éditions d'art et d'histoire, Paris, 1937.<br />
21 J. Caillé, La ville de Rabat jusqu'<strong>au</strong> protectorat français, Paris, 1949.<br />
22 A. Touri, <strong>Les</strong> oratoires de quartier à Fès: essai d'une typologie, thèse de doctorat de 3ème cycle, université de<br />
Paris-Sorbonne (Paris IV), 1980.<br />
23 M. Mghari, <strong>Les</strong> mosquées de Moulay Slimane, thèse de doctorat de 3ème cycle, université de Paris-Sorbonne<br />
(Paris IV), 1986.<br />
24 A. El khammar, <strong>Mosquées</strong> et oratoires de Meknès (IX-XVIII siècles) : Géographie religieuse, architecture et<br />
problème de la qibla, Thèse de doctorat nouve<strong>au</strong> régime, Université Lumière-Lyon II, 2005<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
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architecturales: la première a adopté une salle de prière à nefs transversales ou parallèles <strong>au</strong><br />
mur de la qibla et la seconde s’est développée en optant pour une disposition<br />
perpendiculaire (longitudinale) <strong>au</strong> mur de la qibla.<br />
Par leurs formes, les mosquées de la Qarawiyîn et d’al-Andalus à Fès s’inspirent<br />
<strong>des</strong> gran<strong>des</strong> mosquées omeyya<strong>des</strong> de l’Orient, notamment celle de Damas (Fig. 1).<br />
Elles sont les seuls édifices religieux qui nous renseignent sur l’architecture et le décor<br />
<strong>des</strong> premiers siècles de l’Islam <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. On a donc tout lieu de croire que les nefs<br />
transversales faisaient école dans les mosquées primitives du <strong>Maroc</strong>.<br />
Cette organisation spatiale est adoptée, par la suite, par plusieurs mosquées<br />
médiévales et post-médiévales du <strong>Maroc</strong>. Citons, entre <strong>au</strong>tres, les mosquées de<br />
Meknès à travers toutes les époques historiques (la mosquée almoravide d’al-Najjârîn,<br />
la grande mosquée almohade (al-jâmi‘ al-Kabîr), la mosquée mérinide de Tûta, les<br />
gran<strong>des</strong> mosquées alaouites d’al-Zaytûna et d’al-Rwâ, pour ne citer que les plus<br />
célèbres d’entre ces mosquées), les mosquées mérini<strong>des</strong> d’al-Zhar à Fès et de la<br />
nécropole de Chella, et les mosquées alaouites d’al-Rsîf et de Bâb al-Gîsa à Fès, et de<br />
Mûlây Slîmân à Rabat.<br />
1-2 La seconde école : les salles de prière à nefs longitudinales :<br />
A côté de cette école architecturale qui perpétue le souvenir lointain de la grande<br />
mosquée de Damas existe une <strong>au</strong>tre tendance : celle de la salle de prière hypostyle à<br />
nefs perpendiculaires <strong>au</strong> mur de la qibla. Cette ordonnance s’apparente à celle de la<br />
mosquée d’al-Aqsâ à Jérusalem et semble arriver <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> à travers les mosquées de<br />
l’Ifriqiya et d’al-Andalus, notamment la grande mosquée de Kairouan et la grande<br />
mosquée de Cordoue. Elle se manifeste dans le plus grand nombre <strong>des</strong> mosquées<br />
almoha<strong>des</strong> et dans quelques mosquées mérini<strong>des</strong> et saâdiennes.<br />
• La tendance almohade :<br />
La grande mosquée de Tinmal :<br />
Placée chronologiquement après la Kutubiya primitive, la grande mosquée de<br />
Tinmal fut édifiée par le calife ‘Abd al-Mûmin vers 1153 J.C (Fig. 2). Cette mosquée,<br />
plus large que profonde, renferme une salle de prière à neuf nefs longitudinales et une<br />
cour barlongue, de petites dimensions, délimitée par deux galeries que forme le<br />
prolongement <strong>des</strong> deux nefs extrêmes de chaque côté de la salle de prière. Le<br />
“transept” de la qibla est recouvert par trois coupoles. Cette nef transversale détermine<br />
avec la nef axiale un plan en T et, avec les nefs extrêmes, un dispositif en forme de U.<br />
Tout souligne dans ce plan l’importance du mur de la qibla et du mihrab. Celui-ci<br />
devient le centre de toute l’ordonnance architecturale et décorative. La hiérarchie du<br />
décor almohade met en valeur le mihrab et ses abords.<br />
28<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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L’entrée à cette mosquée se fait par sept portes. La porte principale, percée dans le mur<br />
nord, se trouve dans le même axe de symétrie que la nef centrale et le mihrab. Précédées<br />
par <strong>des</strong> porches en saillie, les six <strong>au</strong>tres portes sont symétriquement creusées dans<br />
l’épaisseur <strong>des</strong> murs latér<strong>au</strong>x. Le minaret est exceptionnellement de forme rectangulaire.<br />
Il est implanté en arrière du mihrab et fait donc saillie sur le mur de la qibla.<br />
La mosquée de la Kutubiya<br />
En 541 H./1147 J.C., ‘Abd al-Mûmin commença les trav<strong>au</strong>x de construction de la<br />
mosquée de la Kutubiya de Marrakech. Peu d’années après sa fondation, cette première<br />
mosquée fut détruite et remplacée par la Kutubiya actuelle (553 H./1158 J.C.). <strong>Les</strong><br />
raisons d’un tel acte sont loin d’être clairs, mais pourraient s’expliquer par la m<strong>au</strong>vaise<br />
orientation du mihrab par rapport à l’axe de la Ka‘ba. Or, les maîtres-maçons n’ont pas<br />
réussi à corriger cette erreur, et l’ont même aggravée en orientant vers le Sud le mihrab<br />
de cinq degré de plus que ne l’était le mihrab de la Kutubiya primitive.<br />
Quoi qu’il en soit, la Kutubiya actuelle, de forme trapézoïdale, se compose<br />
principalement d’une salle de prière plus large que profonde, précédée d’une cour<br />
barlongue bordée de deux galeries à quatre nefs. La salle de prière compte dix-sept<br />
nefs perpendiculaires <strong>au</strong> mur de la qibla, dont celle du centre est plus large que les nefs<br />
latérales. Couvert par cinq coupoles, le “transept” de la qibla est de même largeur que<br />
la nef médiane. L’entrée à la mosquée se fait par huit portes latérales, creusées dans les<br />
murs est et ouest, qui font vis-à-vis. Le minaret est de forme carrée et se dresse dans<br />
l’angle nord-est de la mosquée comme c’est le cas <strong>des</strong> mosquées almoravi<strong>des</strong><br />
algériennes et de la mosquée almohade de Taza.<br />
La mosquée de Hassan<br />
Fondée par le calife Abû Yûsuf Ya‘qûb en 1191 J.C., la mosquée de Hassan est<br />
considérée comme le plus grand bâtiment de l’Occident musulman médiéval et l’un<br />
<strong>des</strong> plus grands en terre d’Islam (185 mètres de longueur sur 140 mètres de largeur).<br />
Sa superficie atteint presque 25 000 m 2 . elle est circonscrite dans une enceinte<br />
flanquée de contreforts et percée de 14 portes qui y donnent accès.<br />
La salle de prière épouse une forme sensiblement carrée et comporte 21 nefs<br />
longitudinales et 3 nefs transversales longeant le mur de la qibla, interrompues <strong>au</strong><br />
centre par une nef médiane (Fig. 4). La nef centrale et les deux nefs extrêmes sont<br />
be<strong>au</strong>coup plus larges que les <strong>au</strong>tres. Cette salle est munie de deux cours latérales<br />
symétriques de forme barlongue qui se déploient sur la largeur de trois nefs et sur la<br />
longueur de huit travées. Ils sont certainement aménagés dans le but d’assurer<br />
davantage d’éclairage et de ventilation à l’édifice, et évoquent, par leur ordonnance, le<br />
souvenir de la mosquée fatimide de Mahdiya. <strong>Les</strong> sahns multiples sont donc un <strong>des</strong><br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
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caractères distinctifs <strong>des</strong> mosquées de la fin du 12e siècle : on les retrouve également<br />
dans la mosquée de la Qasba almohade à Marrakech (Fig. 3) et dans la grande mosquée<br />
de Ya’qûb al-Mansûr à Salé.<br />
Le sahn principal, de forme barlongue, s’étend sur la largeur de 11 nefs et sur la<br />
largeur de cinq travées. La nef médiane sert d’axe de symétrie pour cette cour qui est<br />
bordée par deux galeries latérales. Au centre du mur nord et en face du mihrab se<br />
dresse le minaret qui rappelle, par cet emplacement, les minarets de la grande mosquée<br />
de Kairouan et de la mosquée de la Qarawiyîn (mosquée primitive) à Fès et la mosquée<br />
almoravide de Tlemcen.<br />
Par leur organisation spatiale, ces salles de prière <strong>des</strong> mosquées almoha<strong>des</strong> se<br />
rattachent <strong>au</strong>x traditions maghrébines et andalouses <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> antérieures. Elles<br />
reproduisent quelques éléments caractéristiques <strong>des</strong> mosquées almoravi<strong>des</strong> d’Algérie<br />
(Nédroma, Tlemcen et Alger). <strong>Les</strong> nefs sont dirigées perpendiculairement <strong>au</strong> mur de la<br />
qibla et s’inspirent ainsi, par cette disposition, <strong>des</strong> mosquées tunisiennes de Kairouan,<br />
Zaytûna et Sfax, et <strong>des</strong> mosquées andalouses de Cordoue et Madînat al-Zahrâ’.<br />
En revanche, ces mosquées se distinguent de leurs antécédentes par plusieurs points<br />
origin<strong>au</strong>x. D’une symétrie frappante, elles sont marquées par un plan en T qui s’obtient<br />
par la rencontre de la nef axiale et la nef transversale longeant le mur de la qibla. <strong>Les</strong><br />
deux nefs, responsables de ce dispositif, sont be<strong>au</strong>coup plus larges et décorées que les<br />
<strong>au</strong>tres. Le mihrab sert, par conséquent, de point central et d’axe de symétrie du plan en<br />
T et de l’édifice tout entier. Une telle disposition met en valeur l’importance de la nef de<br />
la qibla qui se signale également par la présence de plusieurs coupoles, l’une devant le<br />
mihrab et les <strong>au</strong>tres étant disposées de part et d’<strong>au</strong>tre de la coupole centrale. <strong>Les</strong> maîtres<br />
maçons almoha<strong>des</strong> adoptèrent ce système dans le but de reh<strong>au</strong>sser le mur de la qibla. La<br />
présence de trois ou cinq coupoles <strong>au</strong> chevet ne détermine pas le plan <strong>des</strong> mosquées<br />
almoha<strong>des</strong> ; elles ne sont qu’un embellissement. Leur construction ne soulève <strong>au</strong>cun<br />
problème architectonique. Leur décor de plâtre léger, accroché à une armature de briques<br />
et de bois, n’exerce presque <strong>au</strong>cune poussée sur les murs qui les supportent. Coupoles,<br />
nefs majeures, ne sont pas à vrai dire <strong>des</strong> éléments architectur<strong>au</strong>x.<br />
Un <strong>au</strong>tre trait distinctif de ces mosquées almoha<strong>des</strong> est la multiplication et la<br />
disposition symétrique <strong>des</strong> portes latérales qui se font vis-à-vis et sont précédées par<br />
<strong>des</strong> avants-corps proéminents.<br />
Quant <strong>au</strong>x organes de support, les Almoha<strong>des</strong> firent recours <strong>au</strong>x piliers,<br />
généralement de brique, pour la retombée <strong>des</strong> arcs. Seule la mosquée de Hassan à<br />
Rabat nous offre un exemple probant de l’emploi de colonnes à tambours de pierre.<br />
L’utilisation de la pierre dans cet édifice pourrait s’expliquer par la proximité de Rabat<br />
<strong>des</strong> carrières de Salé. Dans les <strong>au</strong>tres mosquées, la colonne de marbre est réservée <strong>au</strong>x<br />
30<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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parties qui occupent une place de choix dans l’architecture de ces édifices, en<br />
particulier le mihrab. <strong>Les</strong> piliers almoha<strong>des</strong> sont caractérisés par les colonnettes<br />
engagées qui se disposent suivant le sens et le nombre d’arcs qu’elles supportent. Leur<br />
forme varie suivant leur emplacement dans le bâtiment. Ils affectent <strong>des</strong> formes carrées<br />
ou rectangulaires dans les nefs latérales et se compliquent dans les parties qui sont<br />
mises en valeurs : la nef médiane, la nef transversale de la qibla, la “galerie-nartex”<br />
marquant la transition entre la salle de prière et le sahn. On note l’emploi de piliers à<br />
un dosseret en forme de T, de piliers à deux dosserets à plan cruciforme et de piliers à<br />
décrochements multiples.<br />
Dans les arca<strong>des</strong> de ses mosquées, <strong>au</strong>x grands arcs de ses portes, <strong>au</strong>x baies de ses<br />
minarets, l’art almohade emploie presque toujours l’arc brisé outrepassé. A l’oratoire<br />
de la Kutubiya, les arca<strong>des</strong> <strong>des</strong> nefs ont, avec une absolue pureté de lignes, <strong>au</strong>tant de<br />
largeur que d’élan. Ils sont disposés suivant une exacte et expressive hiérarchie : dans<br />
les nefs communes, <strong>des</strong> arcs lisses ; sous les coupoles et à l’entrée <strong>des</strong> nefs qui y<br />
conduisent, <strong>des</strong> arcs flor<strong>au</strong>x à lambrequins ; entre le transept et les nefs communes ou<br />
dans le prolongement de la limite du sahn, <strong>des</strong> arcs lobés simples ou tréflés.<br />
• La tendance mérinide :<br />
La tradition <strong>des</strong> nefs longitudinales (perpendiculaires) s’observent également dans<br />
plusieurs mosquées mérini<strong>des</strong>, comme celles de Fâs Jdîd et d’al-Hamrâ à Fès et de<br />
Jami’ al-Kbir à Rabat (Fig.5).<br />
La grande mosquée de Fâs Jdîd :<br />
Dans l’état actuel de nos connaissances, la première mosquée édifiée par le<br />
pouvoir mérinide est celle de Fâs Jdîd (Fig.6). <strong>Les</strong> chantiers de construction de ce<br />
jâmi‘ commencèrent, d’après l’<strong>au</strong>teur de la Dhakhîra al-Sâniya, <strong>au</strong> mois de<br />
Chawwâl de l’année 674 H/1275 J.C. et furent terminés <strong>au</strong> mois de ramadan de l’année<br />
677 H./1278 J.C.<br />
D’une régularité remarquable, cette mosquée s’inscrit dans un rectangle de 53m de<br />
profondeur sur 33m de large. La salle de prière embrasse une forme presque carrée et<br />
compte sept nefs longitudinales dont la nef centrale forme avec la “nef-transept” de la<br />
qibla un plan en T. Deux coupoles s’élèvent dans l’axe de cette salle, l’une devant le<br />
mihrab et l’<strong>au</strong>tre à la limite de la “galerie-nartex”, dispositif qui nous rappelle la<br />
grande mosquée de Kairouan. Plus large que profonde, la cour est encadrée par <strong>des</strong><br />
galeries et pourvue <strong>au</strong> centre d’un bassin d’ablutions. Dans ce sahn, la qibla est<br />
indiquée par une échancrure pratiquée dans le seuil d’accès à la salle de prière. Le<br />
minaret se dresse dans l’angle nord-ouest de l’édifice. A ces masses architecturales<br />
s’ajoute une salle funéraire (jâma‘ al-janâ’iz), située derrière le mur de la qibla.<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
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La mosquée al-Hamrâ :<br />
Dans la même ville de Fâs Jdîd, le sultan Abû al-Hasan (1331H-1351 AP.J.C.) fonda<br />
la mosquée d’al-Hamrâ, dont le plan d’ensemble est presque identique à ceux de la<br />
grande mosquée et <strong>des</strong> deux mosquées mérini<strong>des</strong> de Tlemcen, à savoir celles d’al-<br />
Ubbâd et de Sîdî al-Halwî. De dimensions réduites, cette mosquée se déploie selon un<br />
rectangle plus profond que large, et se compose essentiellement d’une salle de prière,<br />
d’une cour, d’un minaret et d’une salle funéraire. La salle de prière, légèrement plus<br />
large que profonde, compte cinq nefs longitudinales presque de même largeur qui<br />
débouchent sur la travée-nef de la qibla. De part et d’<strong>au</strong>tre du mihrab, s’ouvrent la<br />
chambre de l’imam et la salle du minbar. En arrière de la partie sud-est de la qibla se<br />
dresse une salle <strong>des</strong>tinée à la réception <strong>des</strong> cercueils <strong>des</strong> morts. Devant le mihrab s’élève<br />
une coupole dont l’emplacement évoque le souvenir <strong>des</strong> mosquées almoravi<strong>des</strong>.<br />
Précédant la salle de prière, la cour affecte une forme un peu plus large que profonde,<br />
munie <strong>au</strong> centre d’une vasque d’ablutions et encadrée par <strong>des</strong> galeries qui ne sont que<br />
le prolongement <strong>des</strong> nefs extrêmes. Dans le même axe que le mihrab, une cavité<br />
polygonale est entaillée dans le seuil d’accès à la salle de prière, orientant vers la qibla<br />
les fidèles accomplissant leur prière dans le sahn. Le minaret, à plan polygonal, occupe<br />
l’angle nord-ouest du bâtiment, comme c’est le cas à la grande mosquée de Fâs Jdîd.<br />
<strong>Les</strong> mosquées mérini<strong>des</strong> sont ainsi caractérisées par plusieurs traits distinctifs. Elles<br />
sont, tout d’abord, le plus souvent be<strong>au</strong>coup plus exigües que les mosquées fondées<br />
par le pouvoir almohade. <strong>Les</strong> dimensions très réduites <strong>des</strong> mosquées datant de cette<br />
époque s’expliquent peut-être par le budget limité consacré par l’Etat mérinide dont la<br />
politique visait, en premier lieu, à édifier <strong>des</strong> madrasas dans la plupart <strong>des</strong> villes<br />
marocaines. Contrairement <strong>au</strong>x mosquées almoravi<strong>des</strong> et almoha<strong>des</strong>, les mosquées<br />
mérini<strong>des</strong> <strong>des</strong>sinent majoritairement <strong>des</strong> rectangles plus profonds que larges. Le sahn<br />
n’affecte pas la forme d’un rectangle plus large que profond, mais s’inscrit dans un<br />
quadrilatère presque carré. <strong>Les</strong> galeries qui l’encadrent sont formées par le<br />
prolongement <strong>des</strong> deux nefs extrêmes de la salle de prière, et non pas par <strong>des</strong> nefs<br />
multiples comme c’était le cas pour les mosquées almoha<strong>des</strong>. D’<strong>au</strong>tre part, l’accès à<br />
ces édifices religieux se fait par le biais d’un nombre limité de portes qui sont, le plus<br />
souvent, dissymétriques, à l’encontre <strong>des</strong> mosquées almoha<strong>des</strong>. <strong>Les</strong> coupoles couvrant<br />
“la nef-transept” <strong>des</strong> mosquées almoha<strong>des</strong> se réduisent à une seule coupole installée<br />
devant le mihrab dans les mosquées mérini<strong>des</strong>.<br />
L’architecture <strong>des</strong> minarets mérini<strong>des</strong> ne va pas sans présenter <strong>des</strong> analogies avec<br />
celle <strong>des</strong> minarets almoha<strong>des</strong>. Le minaret de la Qasba de Marrakech est d’ailleurs celui<br />
qui servira le plus certainement de modèle <strong>au</strong>x architectes <strong>des</strong> XIII et XIVe siècles.<br />
Tout l’effort <strong>des</strong> artistes mérini<strong>des</strong> porta sur la décoration du minaret, et plus<br />
particulièrement sur les jeux qu’introduit le zellige polychromé.<br />
32<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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• La tendance saâdienne :<br />
Partout <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, les Saâdiens ont bâti un nombre considérable de mosquées.<br />
Marrakech, leur capitale, garde encore les traces de deux grands édifices religieux<br />
datant de cette période post-médiévale, à savoir la mosquée de Bâb Dukkâla et la<br />
mosquée d’al-Muwâsîn. L’étude de ces deux monuments est susceptible d’éclairer<br />
certaines <strong>des</strong> spécificités architecturales <strong>des</strong> mosquées saâdiennes.<br />
La mosquée de Bâb Dukkâla :<br />
Elle fut construite en 965 H./1557 J.C. par Lalla Mas’ûda, mère d’Ahmad al-<br />
Mansûr (Fig. 7). La salle de prière compte sept nefs dirigées en profondeur et<br />
constituées de quatre travées, plus deux nefs dirigées transversalement : l’une suivant<br />
le mur de la qibla et l’<strong>au</strong>tre longeant la façade sur la cour. Elles sont séparées par de<br />
lourds piliers décorés de colonnes engagées, supportant <strong>des</strong> arcs monument<strong>au</strong>x. Ici les<br />
traditions almoha<strong>des</strong> sont très visibles. Le transept a trois coupoles à l’image de la<br />
mosquée almohade de Tinmal (Fig. 2) : une médiane <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sus du mihrab et deux<br />
latérales dans les angles.<br />
Le sahn, à peu près carrée, est encadré de galeries simples. L’angle nord-est de cette<br />
cour est occupé par le minaret dont le décor rappelle, une fois encore, celui du minaret<br />
de la mosquée almohade de la Qasba à Marrakech (Fig. 3).<br />
Si la proportion carrée de la cour s’affirme comme un legs de l’architecture <strong>des</strong><br />
mosquées mérini<strong>des</strong>, la multiplicité <strong>des</strong> coupoles et leur distribution sont le<br />
développement plus ou moins logique du thème almohade, très vivace encore à<br />
Marrakech.<br />
La répartition <strong>des</strong> divers genres d’arcs contribue à enrichir les points importants de<br />
la mosquée. Tandis que les nefs ne sont bordées que par de simples arcs en fer à cheval,<br />
la coupole précédant le mihrab est portée par <strong>des</strong> arcs à muqarnas. <strong>Les</strong> tambours <strong>des</strong><br />
<strong>au</strong>tres coupoles sont encadrés par <strong>des</strong> arcs bordés de petits lobes dans la partie<br />
inférieure, de muqarnas <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sus. Là encore la tradition almohade se manifeste<br />
fortement.<br />
La mosquée al-Muwâsîn :<br />
D’après al-Ifrânî, la mosquée al-Muwâsîn fut construite par le sultan Mûlây<br />
‘Abdallâh sur l’ensemble d’un ancien quartier juif entre 970 et 980 H./1562-1573 J.C.<br />
Elle est de proportions plus amples que celle de Bâb Dukkâla, mais elle est plus simple<br />
de plan (Fig. 8). L’oratoire se compose de sept nefs longitudinales qui aboutissent à<br />
une nef transversale de la qibla dont les plafonds sont pareillement jalonnés de trois<br />
coupoles ; la nef axiale étant un peu plus large que les <strong>au</strong>tres. Un riche plafond de bois<br />
va de la coupole du mihrab jusqu’à la ‘anza épigraphique. La nef-travée du mihrab a<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
33
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 34<br />
le même be<strong>au</strong> plafond de bois, mais elle se termine à chaque extrémité par une<br />
nouvelle coupole. <strong>Les</strong> nefs latérales se prolongent de chaque côté de la cour en une<br />
galerie. Le mihrab est une copie de celui de la mosquée de la Qasba. C’est le même<br />
<strong>des</strong>sin général, la même disposition <strong>des</strong> riches chapite<strong>au</strong>x et leur même nombre, les<br />
mêmes caractères coufiques <strong>des</strong> inscriptions, les mêmes ouvertures de part et d’<strong>au</strong>tre<br />
de la retombée <strong>des</strong> arcs. La tradition almohade se rencontre <strong>au</strong>ssi dans les plafonds qui<br />
témoignent encore d’une habileté incontestable et constituent la plus belle <strong>des</strong> réussites<br />
du sanctuaire. La cour est carrée. Le minaret se décroche en saillie sur la façade à<br />
l’angle nord-ouest.<br />
En fait, les deux mosquées de Bâb Dukkâla et de Muwâsîn s’inspirent, par leur<br />
disposition architecturale et leur ordonnance décorative, <strong>des</strong> mosquées almoha<strong>des</strong>,<br />
notamment celles de la Qasba à Marrakech, de la grande mosquée à Taza et de celle de<br />
Tinmal : le plan en T, la répartition <strong>des</strong> coupoles sur la nef de la qibla, le décor du<br />
mihrab et du minaret. En revanche, les deux bâtiments offrent <strong>des</strong> particularités. La<br />
salle de prière a diminué de profondeur <strong>au</strong> profit du sahn qui prend à cette époque <strong>des</strong><br />
proportions be<strong>au</strong>coup plus importantes que celles <strong>des</strong> sahn-s médiév<strong>au</strong>x. Cette<br />
tendance deviendra trop apparente dans les mosquées alaouites comme à la mosquée<br />
al-Rwa à Meknès (Fig. 9), la mosquée al-Rsif à Fès, les mosquées de Moulay Slimane<br />
(Fig. 10) et d’al-Sunna à Rabat. Le nombre <strong>des</strong> nefs se réduit et oscille entre deux et<br />
quatre nefs. Celles-ci sont parallèles <strong>au</strong> mur de la qibla, une disposition qui marque un<br />
retour <strong>au</strong> plans anciens, ceux de la mosquée du Prophète à Médine, de la mosquée<br />
omeyyade à Damas et <strong>des</strong> deux mosquées al-Karawiyin et al-Andalus à Fès. La nef<br />
axiale perd la majesté dont elle a hérité depuis <strong>des</strong> siècles. <strong>Les</strong> sahn-s <strong>des</strong> mosquées<br />
saâdiennes et alaouites, contrairement à ceux <strong>des</strong> mosquées médiévales qui restent de<br />
proportions moins importantes, se développent et perpétuent, par leurs dimensions<br />
grandioses, le souvenir lointain <strong>des</strong> grands sahn-s <strong>des</strong> mosquées de l’Orient musulman<br />
médiéval. Leur superficie s’est agrandie <strong>au</strong> détriment de celle de la salle de prière dans<br />
les mosquées chérifiennes, et plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle. <strong>Les</strong><br />
exemples les plus éloquents à cet égard sont représentés par la mosquée de Ben Yûsuf<br />
à Essaouira, la grande mosquée de Tétouan (œuvres du sultan alaouite Mûlây Slîmân),<br />
et notamment par la mosquée alaouite d’al-Rwâ à Meknès (époque du sultan Sîdî<br />
Muhammad Ibn ‘Abdallâh) dont le sahn occupe environ les deux tiers de la superficie<br />
totale de l’édifice.<br />
2 - Eléments pour une mosquée marocaine-type<br />
Quelle que soit la disposition <strong>des</strong> nefs, celles-ci sont couvertes, dans la quasitotalité<br />
<strong>des</strong> mosquées marocaines, de toits en bâtière. Au mur du fond de la salle de<br />
prière, se creuse le mihrab qui indique la direction de la ka‘ba, et prend, dans la<br />
34<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 35<br />
majorité <strong>des</strong> cas, la forme d’une niche à section polygonale. Le mihrab occupe<br />
généralement le centre du mur de la qibla, et se trouve dans le même axe de symétrie<br />
que la porte médiane de la salle de prière.<br />
De part et d’<strong>au</strong>tre du mihrab s’ouvrent habituellement deux salles, l’une est <strong>des</strong>tinée<br />
à la remise du minbar tandis que l’<strong>au</strong>tre est réservée à l’imam. Une pièce est aménagée<br />
derrière le mur de la qibla pour recevoir les cercueils <strong>des</strong> morts (bayt al-mawtâ ou<br />
jâmi‘ al-gnâyz). Cet espace prend parfois la forme d’un véritable oratoire à nefs et<br />
travées, comme c’est le cas dans quelques mosquées de Fès (la Qarawiyîn, al-Andalus<br />
et al-Gîsa… etc.).<br />
La salle de prière <strong>des</strong> mosquées se caractérise, en outre, par la présence de la<br />
maqsûra, un enclos spécial réservé <strong>au</strong> souverain et son entourage, situé <strong>au</strong>x alentours<br />
du mihrab. Elle prend la forme d’une loge délimitée par <strong>des</strong> cloisons en bois sculpté<br />
ou peint. La partie centrale de cet enclos est percée d’une porte s’ouvrant directement<br />
sur le mihrab.<br />
La salle de prière de la quasi-totalité <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> mosquées marocaines est précédée<br />
d’un sahn à ciel ouvert qui occupe une place de choix dans l’architecture de ces<br />
édifices religieux en raison du climat ensoleillé du <strong>Maroc</strong>. Le sol est légèrement<br />
surbaissé par rapport à celui de la salle de prière dans le but de faciliter l’écoulement<br />
<strong>des</strong> e<strong>au</strong>x pluviales. Il est pavé de carre<strong>au</strong>x de terre cuite (le zellij). Le centre en est doté<br />
d’une vasque, le plus souvent en marbre, qui sert <strong>au</strong>x ablutions <strong>des</strong> fidèles. Celle-ci se<br />
trouve généralement dans le même axe de symétrie que le mihrab, la nef axiale et la<br />
porte principale de la mosquée. <strong>Les</strong> cours <strong>des</strong> mosquées antérieures <strong>au</strong>x mérini<strong>des</strong><br />
<strong>des</strong>sinent un rectangle plus large que profond, et sont bordées par <strong>des</strong> galeries<br />
couvertes composées de nefs multiples. Celles <strong>des</strong> mosquées mérini<strong>des</strong> affectent<br />
généralement une forme presque carrée, et les galeries qui encadrent le sahn sont<br />
formées par le prolongement <strong>des</strong> deux nefs extrêmes de la salle de prière, et non pas<br />
par <strong>des</strong> nefs multiples comme c’était le cas pour les mosquées almoha<strong>des</strong>. A cette<br />
époque, on constate l’emploi fréquent de ‘anza-s en bois qui s’accompagnent le plus<br />
souvent d’une cavité polygonale ou circulaire taillée dans le seuil séparant le sahn de<br />
la salle de prière. Ces échancrures servent de mihrabs secondaires vers lesquels les<br />
fidèles faisant leurs prières dans la cour doivent se diriger.<br />
Le minaret se trouve généralement à côté du sahn, et son emplacement diffère d’une<br />
mosquée à une <strong>au</strong>tre. Dans les mosquées almoha<strong>des</strong> de Taza et de la Kutubiyya, il<br />
occupe l’angle nord-est de la mosquée à l’image <strong>des</strong> mosquées almoravi<strong>des</strong><br />
algériennes (Nédroma, Tlemcen et Alger). Dans la mosquée de la première Qarawiyyîn<br />
à Fès et dans la mosquée de Hassan à Rabat, le minaret se dresse <strong>au</strong> centre du mur<br />
nord, dans le même axe où se trouve le mihrab, comme c’est le cas de la grande<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
35
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 36<br />
mosquée de Kairouan. Dans les mosquées mérini<strong>des</strong> de Fâs Jdîd, d’al-Hamrâ et d’Abû<br />
al-Hasan, le minaret est implanté dans l’angle nord-ouest. A la mosquée almohade de<br />
Tinmel, l’emplacement du minaret demeure original : il se dresse derrière le mur de la<br />
qibla.<br />
Certaines gran<strong>des</strong> mosquées sont pourvues d’une chambre pour le muwaqqit qui<br />
s’élève sur la terrasse et se trouve le plus souvent accolée <strong>au</strong> minaret. Elle servait de<br />
logement pour le muwaqqit, et abritait jadis <strong>des</strong> horloges, <strong>des</strong> astrolabes et <strong>des</strong> sabliers.<br />
C’est une pièce très simple par son architecture : elle est carrée ou rectangulaire, et<br />
couverte soit par une terrasse, soit par un toit en pente (barchla). Cette pièce n’est<br />
apparue dans l’architecture <strong>des</strong> mosquées marocaines qu’à l’époque mérinide, car la<br />
tâche du muwaqqit pendant la période antérieure était déléguée <strong>au</strong> muezzin de la<br />
grande mosquée de la ville qui devait avoir <strong>des</strong> connaissances élémentaires en<br />
astronomie. Celle de la Qarawiyîn paraît être la plus ancienne <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> ; si l’on en<br />
croit l’<strong>au</strong>teur de la Zahrât al-âs, elle fut ajoutée à l’édifice vers 685 H./1286 J.C., à la<br />
fin du règne du sultan mérinide Abû Yûsuf Ya‘qûb.<br />
La salle d’ablutions-latrines (dâr al-wudû’) <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> mosquées marocaines se<br />
présente comme un bâtiment indépendant, implanté - pour une bonne partie d’édificesà<br />
l’extérieur du jâmi‘, comme à la Qarawiyîn, à al-Andalus à Fès, à la grande mosquée<br />
de Meknès, à jami’ Lakbir à Rabat et à la mosquée Mouassine à Marrakech, pour ne<br />
citer que quelques exemples <strong>des</strong> plus célèbres. <strong>Les</strong> plus gran<strong>des</strong> d’entre ces salles<br />
d’ablutions comportent une cour, le plus souvent de forme rectangulaire, occupée <strong>au</strong><br />
centre par un bassin et entourée par un ensemble de latrines.<br />
<strong>Les</strong> mosquées post-médiévales se caractérisent, en outre, par la présence d’<strong>au</strong>tres<br />
annexes, formant ainsi <strong>des</strong> complexes : une madrasa, une bibliothèque, une école<br />
coranique (msîd), une fontaine publique, un abreuvoir pour les bêtes, et parfois un<br />
hammam.<br />
36<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 37<br />
Conclusion :<br />
Le présent travail a tenté de donner un aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong><br />
mosquées marocaines. Il ne peut avoir la prétention d’être exh<strong>au</strong>stif puisque nous ne<br />
disposons pas encore d’étu<strong>des</strong> couvrant toutes les régions du pays et toutes les<br />
réalisations <strong>des</strong> dynasties marocaines. Il s’est proposé d’étudier l’organisation spatiale<br />
<strong>des</strong> mosquées marocaines <strong>au</strong> fil du temps selon une approche historico-archéologique<br />
et a tenté de combler -dans la mesure du possible- un vide documentaire, dû à<br />
l’insuffisance, voire la rareté <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de synthèse sur ces édifices religieux. <strong>Les</strong><br />
conclusions <strong>au</strong>xquelles nous sommes parvenus ne sont pas définitives et devraient<br />
donc être complétées et nuancées par <strong>des</strong> recherches ultérieures. L’intérêt de notre<br />
travail réside dans le fait qu’il fournit <strong>des</strong> éléments de réponse à certaines<br />
interrogations et ouvre, en outre, de nouvelles pistes de recherches qui devraient porter<br />
un éclairage particulier sur les mosquées anté et post-almoha<strong>des</strong> (surtout saâdiennes)<br />
et s’intéresser <strong>au</strong>x mosquées <strong>des</strong> petites villes et <strong>des</strong> régions rurales et lointaines. De<br />
telles investigations permettront sans <strong>au</strong>cun doute d’approfondir nos connaissances<br />
<strong>des</strong> espaces religieux encore insuffisamment connus, de dégager, bien évidemment,<br />
une typologie quasi-complète <strong>des</strong> édifices en question et de relever leurs spécificités<br />
architecturales et décoratives.<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
37
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 38<br />
38<br />
Fig. 1- Fès : Mosquée al-Karawiyin<br />
Fig. 2- Mosquée de Tinmal<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Fig. 3- Marrakech : Mosquée al-Qasba<br />
Fig. 4- Rabat : Mosquée Hassan<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
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40<br />
Fig. 5- Rabat : al-Jami' al-Kbir<br />
Fig. 6- Fès Jdid : al-Jami' al-Kbir<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Fig. 7- Marrakech : Jami' Bab Doukkala<br />
Fig. 8- Marrakech : Jami' al-Mouassine<br />
Aperçu sur l’organisation spatiale <strong>des</strong> moquées marocaines<br />
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42<br />
Fig. 9- Meknès : Jami' al-Rwa<br />
Fig. 10- Rabat : Jami' Moulay Slimane<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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LE MUR DE LA QIBLA ET LA NEF AXIALE<br />
FONCTION ET SYMBOLIQUE<br />
Introduction<br />
Professeur Mina El Mghari<br />
S.G. du Comité National <strong>Maroc</strong>ain de l’Education,<br />
la Culture et les Sciences<br />
<strong>Les</strong> mosquées 1 ont toujours représenté une partie intégrante du tissu urbain <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> 2 .<br />
Lieux de réunion <strong>des</strong> fidèles, elles ont été de tout temps les édifices les plus importants<br />
de la cité musulmane. Lieux dédiés à Dieu, elles sont de ce fait les bâtiments <strong>au</strong>xquels<br />
on accorde le plus d’égards.<br />
Selon les époques et les aires géographiques, l’architecture et le décor <strong>des</strong><br />
mosquées répondent à <strong>des</strong> styles spécifiques. Ils obéissent à <strong>des</strong> critères qui, dès le<br />
VIIIe siècle, caractérisent l’ornementation islamique : goût du décor tapissant, de la<br />
symétrie, de la stylisation et parfois de la couleur.<br />
Le plan architectural de base d’une mosquée comporte une cour que prolonge une salle<br />
de prière allongée, divisée en nefs disposées dans le sens de la largeur. L’orientation vers<br />
la Mecque, qui diffère selon les époques 3 , est marquée par le mihrab qui se situe<br />
généralement <strong>au</strong> centre du mur qibla. <strong>Les</strong> zones particulièrement mises en valeur sont le<br />
mihrab 4 , parfois tout le mur-qibla et la nef centrale menant <strong>au</strong> Mihrab. La richesse<br />
décorative <strong>des</strong> monuments dénote une immense force créatrice, qui puise dans <strong>des</strong> sources<br />
multiples 5 . Nous allons à partir d’exemples de mosquées rappeler les caractéristiques de<br />
ces zones particulièrement mises en valeur et essayer d’en approcher la symbolique.<br />
1 PEDERSON «Masgid» in Encyclopédie de l’Islam. T.VI . Paris, 1991 pp. 629-695.<br />
2 Sur quelques importants exemples de mosquées <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> cf:<br />
- Boris MASLOW, <strong>Les</strong> mosquées de Fès et du Nord du <strong>Maroc</strong><br />
- Lucien GOLVIN, Essai sur l’architecture religieuse musulmane. T.IV l’art hispano - musulman. Série<br />
Archéologie Méditerranéenne, n°V. Ed. Klincksieck. Paris, 1979.<br />
3 Une excellente étude démontre les différentes orientations <strong>des</strong> mosquées marocaines cf:<br />
Michael BONNINE, “ The sacred direction and city structure a preliminary analysis of the Islamic cities of<br />
Morocco.” In “Muqarnas” 7,1990, p. 51 & map, p. 53.<br />
4 <strong>Les</strong> spécialistes ont vainement tenté de retrouver et d’interpréter l’étymologie du mot mihrâb (pluriel mahârib).<br />
Parfois le mot est rapproché de la racine arabe trilitère h.b.r. qui donne le sens de colère ou de lutte. La littérature<br />
préislamique attribue <strong>au</strong> mihrâb divers sens : niche, rentrant, chambre, endroit le plus élevé et le plus important<br />
dans un palais ou dans une chambre, ou encore espace séparant deux colonnes ou lieu de sépulture. Ces trois<br />
derniers sens se sont maintenus <strong>au</strong> début de l’ère islamique.<br />
5 Papadopoulo A., l’Islam et l’art musulman, Mazenod, 1976. (Magnifiques planches de mihrâb).<br />
Introduction<br />
43
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 44<br />
Etymologie d’un mot :<br />
Le mot «mosquée» 6 , en arabe masjid, peut définir un simple oratoire (un masjid de<br />
quartier, par exemple), mais <strong>au</strong>ssi la grande mosquée, où toute la commun<strong>au</strong>té <strong>des</strong><br />
croyants se réunit pour la prière liée à la khotba, et <strong>au</strong>ssi à <strong>des</strong> actes politiques ou<br />
militaires.<br />
Masjid, en langue arabe, veut dire littéralement «le lieu où l'on se prosterne» et<br />
désigne tout <strong>au</strong>ssi bien le simple oratoire privé que la grande mosquée.<br />
Caractéristiques de la mosquée<br />
Il est difficile de dresser un portrait-type du monument le plus caractéristique de<br />
l'islam, car les mosquées présentent dans leur ensemble une très grande diversité<br />
architecturale.<br />
Le premier masjid, exemplaire à plus d'un titre, a été celui que le Prophète<br />
Muhammad avait fait aménager chez lui à Médine. Il était constitué d'une salle de<br />
prière, couverte par une terrasse elle-même soutenue par <strong>des</strong> troncs de palmiers. Audelà<br />
de la salle de prière s'étendait une vaste cour. Cet édifice, dont l'agencement a<br />
servi de modèle <strong>au</strong>x mosquées ultérieures, avait avant tout pour fonction de permettre<br />
à la commun<strong>au</strong>té de se retrouver, une vocation que le terme conservera jusqu'à<br />
<strong>au</strong>jourd'hui.<br />
Dans les premiers temps de l'Islam, les territoires sacrés de la Mecque et d’Al Qods<br />
sont désignés comme : al-masjid al –harâm et, al-masjid al-aqsa (al haram al-sharîf).<br />
Et avec l'extension de la nouvelle religion, à partir de VIIe siècle, de très nombreux<br />
masjid ont été édifiés en terre d’Islam.<br />
La grande mosquée, al-masjid al-Jami’ s'est imposée comme le lieu où l'on célèbre<br />
officiellement la prière du vendredi, précédée par le sermon (khotba) de l'imam. Pour<br />
accueillir un maximum de fidèles, de nombreux édifices ont dû être étendus ou<br />
modifiés <strong>au</strong> cours de leur existence.<br />
Particularités architecturales <strong>des</strong> mosquées marocaines<br />
<strong>Les</strong> mosquées historiques ont joué un rôle primordial dans la perpétuation <strong>des</strong><br />
particularités architecturales et artistiques 7 .<br />
Des origines de l'islam <strong>au</strong> XVIe siècle, l'organisation spatiale de la grande mosquée<br />
a considérablement évolué. Dès le VIIe siècle, le masjid comme simple oratoire privé,<br />
6 TOURI Abdelaziz, <strong>Les</strong> oratoires de quartier à Fès. Essai d’une typologie. Thèse dactylographiée sous la direction<br />
de Janine SOURDEL-THOMINE. Paris IV, 1980.<br />
7 Joudia HASSAR-BENSLIMANE, Christian EWERT, Abdelaziz TOURI &J.Peter WISSHAK, «Tinmal 1981,<br />
fouilles de la mosquée almohade» in : BAM.T. XIV, 1981-1982.,p.277-330.<br />
44<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 45<br />
et le masjid al-jami, sont clairement distingués. Le premier, l’oratoire de quartier, est<br />
surtout un lieu de prière, tandis que le second est l'édifice public par excellence, le seul<br />
à réunir un maximum de fidèles pour la prière commune.<br />
Mais, outre un lieu de prière, la grande mosquée masjid al-jami est <strong>au</strong>ssi un pôle<br />
important du pouvoir temporel, car le prône qui précède la prière s'achève par la<br />
mention du calife ou sultan pour lequel les fidèles présents demandent la grâce divine.<br />
Le politique et le religieux y sont donc indissolublement liés.<br />
La mosquée est sans doute le monument qui a donné naissance <strong>au</strong>x œuvres les plus<br />
grandioses que la civilisation islamique ait léguées. En Occident musulman, <strong>Les</strong><br />
«gran<strong>des</strong> mosquées» de Kairouan, Cordoue, Marrakech, Séville et Rabat(Hassan) en<br />
sont une belle illustration.<br />
La grande mosquée de Cordoue, un puzzle complexe, juxtapose six pério<strong>des</strong> de<br />
construction avant que Charles Quint ne la transforme en cathédrale.<br />
Le plan de la salle de prière de la mosquée de Cordoue est celui d'une basilique 8 -<br />
une nef axiale élargie entre deux groupes de cinq vaisse<strong>au</strong>x - achevée jadis par son<br />
mihrâb. Cette caractéristique architecturale vient du monde antique, via l’exemple de<br />
Damas <strong>au</strong> début du VIIe siècle.<br />
Abd al-Rahman 1er, en élevant cette première mosquée de Cordoue avait ainsi<br />
marqué son rôle d'émir. Parallèlement, une esthétique nouvelle était née, le modèle de<br />
la mosquée de l’Occident musulman a été établi. Quatre coupoles nervées marquent<br />
l’espace (maqsûra) réservé <strong>au</strong> calife.<br />
Ce modèle est repris par les dynasties almoravide puis almohade <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> :<br />
L’almoravide ‘Ali b. Yusuf d’abord, construit à Marrakech une grande mosquée sur<br />
le modèle de Cordoue. Cette grande mosquée est détruite plus tard par les almoha<strong>des</strong><br />
qui ont élevé à sa place la grande mosquée koutoubiyya. La Koutoubiyya est le<br />
monument religieux le plus célèbre de Marrakech. Elle se distingue par son plan<br />
innovateur qui donne une importance capitale <strong>au</strong> mur de la qibla.<br />
Retenons seulement dans cet édifice deux éléments importants : le plan en «T» et<br />
la maqsûra mécanique qui a marqué l’imaginaire <strong>des</strong> <strong>au</strong>teurs de la période 9 .La nef<br />
centrale, plus large que les <strong>au</strong>tres, est ponctuée de dômes. Elle se joint <strong>au</strong> large<br />
vaisse<strong>au</strong> longeant le mur qibla qui est marqué également par cinq coupoles faites<br />
d’encorbellements successifs de «muqarnas».Cet agencement était apparu à Kairouan<br />
en 836 de l’ère chrétienne 10 .<br />
8 SAUVAGET, Jean, La mosquée Ommeyade de Médine, Edition Van Oest, 1947.<br />
9 Al Murrakuchi, Al hullal al mushiyya.,p.120.<br />
10 Voir Schéma en annexe.<br />
Introduction<br />
45
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 46<br />
Source : Brigitte Hintzen-Bohlen, Art et Architecture : Andalousie, Cologne, 1999. p.443<br />
<strong>Les</strong> astuces liant architecture et politique prouvent que l’art monumental était<br />
devenu un langage et, par là, un moyen <strong>au</strong> service du pouvoir.<br />
Selon un <strong>au</strong>teur de l'époque 11 , c'est à la grande mosquée qu'avait lieu la cérémonie<br />
de remise <strong>des</strong> étendards.<br />
Au-delà de son aspect monumental et de ses dimensions imposantes, la grande<br />
mosquée présente quelques caractéristiques essentielles que l'on retrouve fréquemment<br />
dans les édifices d’époques ultérieures<br />
La Mosquée <strong>au</strong> temps de Hassan II<br />
D’importants monuments sont édifiés durant le règne de feu Hassan II. Ils<br />
s'inscrivent dans la tradition <strong>des</strong> monuments religieux, dans les étapes de leur histoire,<br />
dans la recherche de l'art architectural, en le portant <strong>au</strong> sommet de sa gloire, en le<br />
renouvelant, en l'adaptant <strong>au</strong>x moyens qui lui permettent de s'émanciper de l'empreinte<br />
<strong>des</strong> villes d'un <strong>au</strong>tre âge.<br />
La disposition <strong>des</strong> nefs dirigées en profondeur, perpendi-culaires <strong>au</strong> mur de la<br />
Qibla, disposition dite "basilicale" qu'avait déjà adoptée les mosquées du XII ème siècle,<br />
se perpétuera dans les mosquées de cette période. Avec le règne de feu Hassan II, naît<br />
<strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> une profusion de projet novateur qui permet de retrouver, les ambitions <strong>des</strong><br />
plus grands bâtisseurs.<br />
11 Ibn Hayyan.<br />
46<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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<strong>Les</strong> mosquées de cette période<br />
marquent indéniablement la continuité<br />
d'un art ancestral renouvelé et portent le<br />
signe d'innovations dues non seulement à<br />
<strong>des</strong> raisons techniques mais <strong>au</strong>ssi à la<br />
féconde exploration de nouvelles<br />
possibilités esthétiques.<br />
A cet état, nous relevons comme<br />
innovations et particula-rités de cette<br />
période, les galeries extérieures et les<br />
sahns couverts de dômes mécaniques.<br />
C’est la vocation double de la grande<br />
mosquée qui explique la variété formelle<br />
<strong>des</strong> espaces et caractéristiques<br />
architecturales.<br />
A cet égard on a déjà be<strong>au</strong>coup écrit<br />
sur la structure d'une mosquée typique.<br />
Mais en y découvrant le rôle primordial<br />
d'une nef médiane élargie, surélevée, tout particulièrement ornée, qui dominait, on saisit<br />
les rapports de l'édifice ainsi conçu avec les salles d'<strong>au</strong>dience palatine, de formule<br />
également basicale, que les souverains omeyya<strong>des</strong> avaient rencontrées dans les<br />
traditions antérieures pour abriter tout cérémonial <strong>au</strong>lique: ce fut en s'efforçant d'imiter<br />
de telles constructions qu'ils finirent par ajouter à la mosquée si simple, voulue jadis par<br />
le Prophète, la note d'édifice souverain qu'elle n'allait ensuite plus jamais perdre.<br />
L’axe central, <strong>au</strong>tour duquel s'ordonna son évolution ultérieure, de manière à<br />
accueillir le déploiement <strong>des</strong> cortèges souverains et non plus seulement les rangées de<br />
fidèles s'alignant pour la Prière face à la direction de la Mekke mais cet axe fut complété<br />
de la présence d'un mihrab, réplique réduite de l'abside palatine, et celle d'un minbar<br />
servant à l'origine de trône encore plus que de chaire: c'était là que le calife se tenait<br />
lorsqu'il s'agissait d'accomplir l'acte le plus solennel de son règne, la réception du<br />
serment d'allégeance prêté par les membres éminents de la commun<strong>au</strong>té; c'était là encore<br />
que lui-même ou son représentant prenaient la parole pour ces allocutions politiques ou<br />
religieuses où s'affirmait la <strong>des</strong>tination essentielle <strong>des</strong> mosquée à khotba. C’est ce qui<br />
explique que les mosquées à khotba étaient <strong>des</strong> monuments d'abord urbains, bâtis <strong>au</strong><br />
nombre d'un seul par localité, variant de surface selon l'importance de l'agglomération<br />
dont ils devaient pouvoir accueillir toute la population mâle musulmane.<br />
Un évident recours à <strong>des</strong> habitu<strong>des</strong> plus anciennes avait permis l'équilibre savant du<br />
Introduction<br />
47
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Source :Golvin lucien, L’architecture<br />
48<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
plan rayonnant de la mosquée, de son<br />
élévation non moins savante à partir de<br />
calculs et de constructions géométriques<br />
reconstituables, l'organisation enfin de<br />
son décor amorçant une recherche qui<br />
n'allait cesser de s'amplifier. Ce sont les<br />
premiers exemples, les gran<strong>des</strong> mosquées<br />
(Damas ou de Médine) qui tracèrent un<br />
programme architectural, qui s’est<br />
perpétué sous forme de grande mosquée<br />
dans le reste du monde islamique et que<br />
nous venons d'évoquer.<br />
Source : Atelier Histoire d’architecture Islamique Encadré par M. El Mghari. ESAI, Rabat, 2004<br />
Plan de la Koutoubia
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L’Art de l’islam, Unesco/Flammarion, 1990<br />
- Hintzen-Bohlen Brigitte, Art et Architecture : Andalousie,Cologne,1999<br />
- BLOOM Jonathan, Minaret, symbol of Islam, Published by Oxford university Press for<br />
the Board of the Faculty of Oriental Studies, 1989.<br />
- BOONINE, Michael, «The Sacred Direction and City Structure : A Preliminary Analysis<br />
of the Islamic Cities of Morocco», Muqarnas, 7, 1990, p. 50-72.<br />
- EL MGHARI-BAIDA, Mina, <strong>Les</strong> mosquées à Khotba de Moulay Slimane 1792-1822,<br />
Thèse de 3ème Cycle, sous la direction de J.SOURDEL-THOMINE, Paris IV, Paris-<br />
Sorbonne, 1987 (inédite).<br />
- FRISHMAN, M., & KHAN, H.-U. (eds.), The Mosque : History, Architectural<br />
development and Regional Diversity, London, Thames and Hudson, 1994.<br />
- GOLVIN, Lucien, Essai sur l’architecture religieuse musulmane. T.IV, l’art<br />
hispano–musulman, série Archéologie Méditerranéenne, Ed. Klincksieck, Paris, 1979.<br />
- Irwin Robert, Le monde islamique, Flammarion, 1997.<br />
- LUCCIONI Joseph, <strong>Les</strong> fondations pieuses «Habous <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>» depuis les origines<br />
jusqu’à 1956, imprimerie royale, Rabat.<br />
- MASLOW, Boris, <strong>Les</strong> mosquées de Fès et du Nord du <strong>Maroc</strong>, Publications de l’Institut<br />
<strong>des</strong> H<strong>au</strong>tes Etu<strong>des</strong> <strong>Maroc</strong>aines, T. XXX, Paris, 1937.<br />
- Papadopoulo A., l’Islam et l’art musulman, Mazenod, 1976. (magnifiques planches de<br />
mihrâb).<br />
- PEDERSON, «Masgid», E.I., T. VI, Paris, 1991, p. 629-695.<br />
- SAUVAGET, Jean, La mosquée Ommeyade de Médine, Edition Van Oest, 1947.<br />
- TERRASSE, Henri, «La mosquée al Qaraouiyin à Fès», Archéologie Méditerranéenne,<br />
III, Paris, Klincksieck, 1968.<br />
- TOURI, Abdelaziz, «L’oratoire de Quartier», Fès Méditerranéenne entre légende et<br />
histoire, un carrefour de l’Orient à l’apogée d’un rêve, Autrement, Série Mémoire, n°.<br />
13, Février 1992, p. 100-108.<br />
- TOURI, Abdelaziz, <strong>Les</strong> oratoires de quartier à Fès. Essai d’une typologie. Thèse<br />
dactylographiée sous la direction de Janine SOURDEL-THOMINE, Paris IV, 1980.<br />
- TRIKI, Hamid, HASSAR-BENSLIMANE, Joudia, TOURI, Abdelaziz, Tinmel, l’épopée<br />
almohade, fondation ONA, 1992, 263p.<br />
Introduction<br />
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50<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Préambule :<br />
LES TENDANCES DE L’ARCHITECTURE<br />
DES MOSQUÉES MAROCAINES<br />
Abdelaziz DEROUICHE<br />
Directeur <strong>des</strong> mosquées<br />
Ministère <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong> Affaires Islamiques<br />
Dieu a révelé dans sourate annoûr : (la lumière) Allah a permis que ses lumi res se<br />
perp tuent dans <strong>des</strong> difices lev s sa gloire et que, matin et soir son nom soit voqu<br />
et glorifi .<br />
<strong>Les</strong> mosquées sont les maisons de dieu, elles sont les plus vénérées à Dieu. Le<br />
prophète Sidna Mohamed a dit : les terres les plus ch res Dieu sont les mosqu es .<br />
L'histoire révèle que okba ben Nafea lorsqu'il est parvenu <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> lors de sa<br />
conquête, il a bâti une mosquée à Dràa et une <strong>au</strong>tre à Souss.<br />
Certes, tout conquérant parvenu <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> ultérieurement se voue pour ériger <strong>des</strong><br />
mosquées, cette tradition a été suivi à la trace par les conquérants en vocation du<br />
prophète Sidna Mohamed.<br />
Par exemple : Moussa ben Noussaîr qui a bâti une mosquée dans la tribu de Beni<br />
Hassaine à l'ouest de chefchaoun, elle a subsisté jusqu'à présent, elle est connue sous<br />
le nom de la mosquée <strong>des</strong> anges, Tarek ben Ziad a érigé une mosquée <strong>des</strong> nobles<br />
(Chourafa) qui en porte le nom.<br />
<strong>Les</strong> Rois qui se sont succédés <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me se sont penchées sur les mosquées. Ils<br />
ont également bâti tout <strong>au</strong>tour <strong>des</strong> écoles et <strong>des</strong> universités, de tel que toute ruelle est<br />
munie d'une ou plusieurs mosquées.<br />
<strong>Les</strong> mosquées embellissent nos cités et nos villages et donnent un charme naturel et<br />
une be<strong>au</strong>té spirituelle, les <strong>Maroc</strong>ains y ont fourni tout leur savoir artistique eu égard de<br />
leur place, leur génie y a prévalu également.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées dans notre pays est un riche patrimoine et un long<br />
registre dans le quel s'épanouit la diversité <strong>des</strong> formes d'expression et de be<strong>au</strong>té. La<br />
be<strong>au</strong>té de la foi et celle de la pensée architecturale.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
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Cependant, L'évolution technique accélérée, dans une époque changeante, met en<br />
péril ces acquis, si la tendance de l'architecture future reste l'adoption, la reproduction<br />
et l'importation de styles nouve<strong>au</strong>x, et l'hybridation <strong>des</strong> modèles sans <strong>au</strong>cune identité.<br />
Le présent exposé relate une bibliographie sur les tendances de l'organisation<br />
spatiale <strong>des</strong> mosquées marocaines à travers l'histoire et les tendances de l'architecture<br />
contemporaine.<br />
I- Organisation spaciale <strong>des</strong> mosquées à travers l'histoire<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées à été influencée par <strong>des</strong> circonstances et facteurs<br />
différents, elle a pris plusieurs tendances dont :<br />
52<br />
• La tendance Arabe ou le régime prophétique que les oumaya<strong>des</strong> et les Abyssi<strong>des</strong><br />
ont fait évoluer ;<br />
• Le style <strong>Maroc</strong>ain avec <strong>des</strong> apports andalus qui est préalablement issu de la<br />
tendance arabe ;<br />
• La tendance perse ou le régime à dômes ;<br />
• La tendance Ottomane ou le schéma Basilique.<br />
Ces tendances ont été clairement influencées par l'environnement, l'espace et le<br />
temps. Chaque tendance a pris un caractère particulier.<br />
Le style marocain s'est basé sur le modèle prophétique bâti à Médine. A l'origine,<br />
la mosquée du prophète, que la prière et le salut soient sur lui, est une parcelle de terre<br />
dégagée, couverte de caillasses et cernée d'un mûr composé de brique d'argile,<br />
entourée sur l'un de ses côtés par neuf salles consacrées <strong>au</strong>x épouses du prophète. La<br />
mosquée est dotée d'un toit orienté vers le nord, lorsque la «qibla» était orientée vers<br />
Bayt Al Kodsse. Une <strong>au</strong>tre toiture a vu le jour, le long du mur sud, lorsqu'il y a eu le<br />
changement de la «Qibla» vers la Mecque ;<br />
<strong>Les</strong> larges <strong>au</strong>vents couvert de feuilles de palmier enduites d'argile et soutenu par <strong>des</strong><br />
troncs de palmiers prodigeaient de l'ombre.<br />
La mosquée a connu <strong>des</strong> élargissements (sous le règne d'Omar Ben Khatab,<br />
Othmane Ben Affane, que la paix soit sur eux), elle a pris une forme architecturale<br />
spécifique consistant en une cours (sahn) découverte entourée de quatre galeries dont la<br />
plus grande galerie est celle dressée vers la «Qibla», ce qui a ultérieurement influencé<br />
la conception <strong>des</strong> plans <strong>des</strong> mosquées dans tout le monde islamique de façon générale<br />
et le <strong>Maroc</strong> en particulier ;<br />
Le Régime du prophète s'est démarqué par son extension horizontale et par le<br />
régime <strong>des</strong> salles hypostyles et les galeries qui cernent le sahn, ainsi que par son<br />
échelle humaine.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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<strong>Les</strong> mosquées <strong>des</strong> conquêtes Islamiques <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> se sont caractérisées par les<br />
mêmes spécificités mais ont évolué rapidement pour atteindre une grande splendeur<br />
architecturale.<br />
Cet art spécifiquement marocain avec <strong>des</strong> apports andalus se distingue, entre <strong>au</strong>tre,<br />
par les particularités suivantes :<br />
• L'ordonnancement de l'oratoire qui se constitue <strong>des</strong> nefs transversales ou<br />
longitudinales <strong>au</strong> mur de qibla ;<br />
• Le sahn ou la cour à ciel ouvert ;<br />
• L'hypostyle avec une multiplication <strong>des</strong> piliers ou <strong>des</strong> pote<strong>au</strong>x ;<br />
• <strong>Les</strong> toits inclinés ;<br />
• <strong>Les</strong> minarets concue sous forme de tour quadrilatère ou octogonale;<br />
• L'utilisation fréquente <strong>des</strong> arcs lambrequin ou fer à cheval;<br />
• La décoration <strong>des</strong> murs par les stucs sculptés et zelliges traditionnels ;<br />
• La mise en relief de la nef axiale qui dans certains cas est plus large et plus h<strong>au</strong>te ;<br />
• Un nombre limité de coupoles dans la nef axiale ou la travée transversale du<br />
Mihrab;<br />
• L'intégration de la mosquée dans le tissu urbain ;<br />
• Clôture de de l'espace mosquée par l'intérieur;<br />
• L'échelle (ou standart) humaine ;<br />
• Intégration de la dimension environnementale par la plantation de certains sahns.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
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54<br />
Mosquée et .............<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Duran Coban<br />
1.1- Plans et masses <strong>des</strong> mosquées sous le règne <strong>des</strong> Idrissi<strong>des</strong> et <strong>des</strong> Zénatis<br />
1- <strong>Les</strong> premières mosquées à Fès ont été conçues selon les traditions de modèles<br />
orient<strong>au</strong>x précoces, munis de nefs dressées de l'est vers l'ouest;<br />
2- L'oratoire est plus large que profond ;<br />
3- L'architecture Idrisside dans la mosquée «Qarawiyîn», la mosquée «Al-andalus» et<br />
la mosquée antique de «Chellah» est reconnue par ces nefs dressées parallèles <strong>au</strong><br />
mur de la qibla ;<br />
4- L'architecture <strong>des</strong> Idrissi<strong>des</strong> a fait usage de l'arc dit «Fer de cheval» ;<br />
5- Le sahn est plus petit que son équivalent d'orient, en concordance avec<br />
l'environnement, la situation géographique et les conditions climatiques. Au <strong>Maroc</strong>,<br />
la saison hivernale étant en général plus longue, les intempéries plus gran<strong>des</strong> et les
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températures plus basses, le sahn se devait d'être plus petit pour une plus grande<br />
tiédeur <strong>des</strong> lieux.<br />
6- <strong>Les</strong> piliers et les éléments porteurs <strong>des</strong> arcs <strong>des</strong> oratoires sont moins longs, pour la<br />
même raison qui est de garantir plus de chaleur et d'établir l'équilibre nécessaire<br />
entres les différents éléments architectur<strong>au</strong>x ;<br />
7- La première forme <strong>des</strong> minarets a été conçue sous forme de tour quadrilatère<br />
surmontée du l'anternon ou «azri» <strong>au</strong> balcon du minaret ou «Afrak». <strong>Les</strong> plus<br />
connues sont celles <strong>des</strong> Zenatis :<br />
• Minaret de la mosquée «Qarawiyîn» ;<br />
• Minaret de la mosquée Al-andalus ;<br />
• Minaret de la mosquée antique de Chellah;<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
55
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56<br />
...............<br />
...............<br />
.......... de la mosqué Qarawiyîn<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Minaret de la mosqué Qarawiyîn
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1.2- Plans et masses <strong>des</strong> mosquées sous le règne <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong><br />
1- Des mosquées amples et riches, avec <strong>des</strong> éléments porteurs <strong>des</strong> arcs en briques, ou<br />
en argile couvert d'enduit (apparues <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> et en Algérie);<br />
2- L'oratoire est plus large que profond comme on le voit dans la mosquée Qarawiyîn ;<br />
3- Henry terrasse pense que les mosquées Almoravi<strong>des</strong> étaient munies de nefs<br />
perpendiculaires <strong>au</strong> mur de la qibla ;<br />
4/ La nef axiale, qui est la nef du «Mihrab», était, dans les mosquées <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong><br />
plus spacieuse et d'une plus grande capacité par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres nefs, selon une<br />
tradition immuable ;<br />
5- La travée du Mihrab s'élargit parfois jusqu'à atteindre la portée de la nef axiale. Ce<br />
phénomène résultant du fait de la rencontre de la nef centrale avec la travée du<br />
mihrab, est devenu une exigence architecturale à la mosquée «Qarawiyîn» lorsque<br />
les Aghalibas s'apprêtaient à ériger la coupole du mihrab sur la base d'une superficie<br />
carrée ;<br />
6- Le plan <strong>des</strong> mosquée <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong> ne s'est pas caractérisé par la régularité et la<br />
symétrie ;<br />
7- Ressemblance dans la construction. <strong>Les</strong> chercheurs se référent dans cette question<br />
à la création marocaine qui consiste en l'utilisation de piliers unifiés porteurs <strong>des</strong><br />
arcs <strong>des</strong> mosquées de vendredi ;<br />
8- Etroitesse <strong>des</strong> dimensions du sahn par rapport <strong>au</strong>x oratoires chez les Almoravi<strong>des</strong><br />
surtout dans la «Qarawiyîn» ;<br />
9- Le sahn <strong>des</strong>sine un plan généralement carrée lorsque l'oratoire était plus large que<br />
profond. Ses cotés nord, est et ouest sont bordés par <strong>des</strong> galeries à une ou multiples<br />
nefs (Mosquée Almoravide de Tlemcen) ;<br />
10- <strong>Les</strong> Almoravi<strong>des</strong> ont construit les arcs de leurs mosquées de façon perpendiculaire<br />
et en même temps parallèle <strong>au</strong> mur de la qibla ;<br />
11- <strong>Les</strong> arcs <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong> dans le «Mihrab» étaient sans exception de type plein<br />
cintre ;<br />
12- <strong>Les</strong> arcs les oratoires <strong>des</strong> mosquées d'Almoravi<strong>des</strong> sont diversifiés on peut en citer :<br />
• Le plein cintre outrepassé ;<br />
• L'arc à feston ;<br />
• L'arc brisé par le h<strong>au</strong>t, et outrepassé reflétant ainsi l'influence orientale appelée<br />
arcs Makhmousse ;<br />
• <strong>Les</strong> Almoravi<strong>des</strong> ont connu les arcs dits Brisé Simple qui n'outrepasse pas le demi<br />
cercle et l'ont utilisé dans les ouvertures, les portes et les passages étroits.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
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13- <strong>Les</strong> toitures sont <strong>des</strong> charpentes pyramidales couvertes de l'extérieur de tuiles<br />
vertes étanches <strong>au</strong>x e<strong>au</strong>x pluviales ;<br />
14- La charpente intérieure, appelée dans l'artisanat marocain «berchla», est composée<br />
de volige «Warka» surh<strong>au</strong>ssait les solives «Gayeza» ;<br />
15- <strong>Les</strong> mosquées <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong> ont connu le régime de la mosquée <strong>des</strong> morts<br />
derrière le mur de la qibla suivant une pratique Andalou comme pensait Boris<br />
Maslon ;<br />
16- <strong>Les</strong> stalactites, dit «Mkarnas» est une création pittoresque <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong> tant <strong>au</strong><br />
<strong>Maroc</strong> qu'en Algérie ;<br />
17- <strong>Les</strong> Almoravi<strong>des</strong> ont excellés dans les ornements <strong>des</strong> coupoles de «Mihrab» par<br />
utilisation <strong>des</strong> feuilles d'or, pierre d'azur et différentes peintures. Ils ont fait usage<br />
de couleurs, du rouge vif, du bleu clair et du violet foncé en excellant dans les styles<br />
de sculpture, et la distribution <strong>des</strong> lumières et <strong>des</strong> ombres ;<br />
18- Un élément nouve<strong>au</strong> apparaît dans l'architecture <strong>Maroc</strong>aine dit «élément<br />
serpentiforme». Sa première apparition s'est manifestée dans les portes <strong>des</strong><br />
mosquées <strong>des</strong> morts annexées à la mosquée <strong>des</strong> Qarawiyîn pour <strong>des</strong> raisons<br />
architecturales dont celle de servir de porteurs <strong>des</strong> racines <strong>des</strong> arcs ;<br />
19- Existence de deux coupoles limitant la nef du Mihrab par le nord et le sud.<br />
58<br />
............<br />
Plan Mosquée Quarawiyne - Fès<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
............<br />
...........................
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.............<br />
.............<br />
Plan Mosquée Kalâa Beni Hammad<br />
Plan Grande Mosquée à Alger...........<br />
............. ............. ..............................<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
59
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60<br />
1.3- <strong>Les</strong> plans et masses <strong>des</strong> mosquées sous le règne <strong>des</strong> Almoha<strong>des</strong><br />
1- Contrairement à celui <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong>, le plan <strong>des</strong> mosquées <strong>des</strong> Almohade se<br />
caractérise par la régularité et la symétrie parfaite ;<br />
2- L'élargissement du sahn comme c'est le cas de la mosquée «Tinmel»<br />
(Abdelmounem Ben Ali en 548 de l'Hégire), et la mosquée de Taza Almohade<br />
(Abdelmoumen Ben Ali). Dans certains cas spécifiques, on trouve plus d'un sahn,<br />
tel le cas <strong>des</strong> mosquées «Kasba» à Marrakech, «Hassan» à Rabat et les sahns<br />
latér<strong>au</strong>x de la Grande mosquée de Salé ;<br />
3- Réalisation de la symétrie et de la similitude dans les plans <strong>des</strong> cours et <strong>des</strong> Salles<br />
de prière par la mise de tout les annexes à l'extérieur de la mosquée ;<br />
4- La salle de prière est plus large que profonde chez les Almoha<strong>des</strong>, selon les<br />
premières pratiques Islamiques ;<br />
5- Elargissement de la nef et de la travée du Mihrab, qui a été nécessaire pour la<br />
construction d'une coupole <strong>au</strong> devant du «Mihrab» ;<br />
6- Existence de trois on cinq coupoles sur la travée du «Mihrab» devant le mur de la<br />
qibla ;<br />
7- de part et d'<strong>au</strong>tre <strong>des</strong> «Mihrab» <strong>des</strong> Almoravi<strong>des</strong> apparairent deux portières<br />
latérales l'une réservée <strong>au</strong> minbar, l'<strong>au</strong>tre à l'Imam ;<br />
8- <strong>Les</strong> plans <strong>des</strong> mosquées ont été enrichis par de nouvelles organisations de l'espace<br />
comme c'est le cas de la mosquée de Hassan à Rabat et la répartition de ses cours<br />
internes <strong>au</strong>tour de la salle de prière et l'étrange répartition <strong>des</strong> cours à la mosquée<br />
du Kasba à Marrakech ;<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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9- <strong>Les</strong> oratoires se distinguent par une multitude de piliers rectangulaires sur les<br />
quelles se collent <strong>des</strong> moitiés de colonne pour porter les arcs de la mosquée ;<br />
10- <strong>Les</strong> arcs <strong>des</strong> Almoha<strong>des</strong> étaient perpendiculaire <strong>au</strong> mur de la qibla pour donner plus<br />
de lumière à l'oratoire ;<br />
11- <strong>Les</strong> arcs étaient, toujours, du genre outrepassé brisé, appelé également le fer de<br />
cheval brisé, à l'intérieur <strong>des</strong> oratoires, dans les gran<strong>des</strong> portières et les arca<strong>des</strong> <strong>des</strong><br />
minarets. <strong>Les</strong> arcs <strong>des</strong> mosquées prennent <strong>au</strong>ssi la forme de festons tel qu'on peut<br />
le remarquer à «Tinmel» d'un <strong>au</strong>tre côté, les Almoha<strong>des</strong> faisaient usage <strong>des</strong> arcs<br />
brisés non Outrepassés pour les portières et les passages étroits. On trouve souvent<br />
<strong>des</strong> arcs à stalactites cernant les deux côtés du Mihrab comme c'est le cas dans la<br />
mosquée Koutoubia à Marrakech. <strong>Les</strong> Amoha<strong>des</strong> ont perpétué l'arc lisse. <strong>Les</strong> arcs<br />
<strong>des</strong> Almoha<strong>des</strong> étaient h<strong>au</strong>tement placés comparées à celles <strong>des</strong> mérini<strong>des</strong> qui<br />
viendront ultérieurement.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
61
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62<br />
1.4- Plans et masses <strong>des</strong> mosquées sous le règne <strong>des</strong> Mérini<strong>des</strong><br />
1- <strong>Les</strong> mosquées Mérini<strong>des</strong> sont reconnues par l'étroitesse de leur taille et l'exiguïté de<br />
leur superficie en comparaison à l'ampleur de celles <strong>des</strong> Almoha<strong>des</strong> ;<br />
2- <strong>Les</strong> Mérini<strong>des</strong> ont porté un grand intérêt à la nef axiale du Mihrab, qui est la nef<br />
axiale étant donné ses ornements et ses deux coupoles, la première placée <strong>au</strong>x<br />
<strong>au</strong>vents du Mihrab, la seconde placée à son extrémité sur la façade donnant <strong>au</strong> sahn;<br />
<strong>Les</strong> salles de prière étaient plus profonde que large ;<br />
3- L'intérêt, <strong>des</strong> Mérini<strong>des</strong>, était orienté, contrairement <strong>au</strong>x Almoha<strong>des</strong>, vers la nef du<br />
Mihrab qui concentre tout leur prestigieux ornements. Ils ont construit sur cette nef<br />
axiale même, deux coupoles orientées vers la qibla. La première coupole est placée<br />
<strong>au</strong> devant du Mihrab, la seconde à l'extrémité de la nef axiale du côté du Sahn ;<br />
4- Placement d'un Mihrab supplémentaire (Anza), à l'entrée de la nef centrale ;<br />
5- Le sahn a acquis une meilleure étendue et les annexes ont été placées à l'intérieur<br />
avec un nombre réduit de portes ;<br />
6- <strong>Les</strong> mosquées Mérini<strong>des</strong> ont tous un point commun, celui <strong>des</strong> piliers construits avec<br />
de la brique ;<br />
7- <strong>Les</strong> annexes <strong>des</strong> mosquées <strong>des</strong> Mérini<strong>des</strong> se trouvaient à l'interieur, la salle<br />
d'ablution est placé soigneusement dans un endroit donnant sur la façade nord prés<br />
de l'entrée principale, les logements <strong>des</strong> Muezzins et <strong>des</strong> personnes qui s'occupent<br />
<strong>des</strong> mosquées, sont placés parmi les cloisons de l'oratoire et les passages qui<br />
l'entourent. Sur les toitures, pratiquement <strong>au</strong> pied du minaret, se trouve la chambre<br />
du «Mouakit» ;<br />
8- Le fer de cheval, était une pratique courante dans les arcs <strong>des</strong> mosquées Mérini<strong>des</strong>,<br />
cependant le plein cintre outrepassé est utilisée pour l'exécution <strong>des</strong> grands arca<strong>des</strong><br />
ou l'entre-nu <strong>des</strong> piliers porteurs est plus grand.<br />
A été <strong>au</strong>ssi utilisé l'arc du fer de cheval brisé dans les portes ornementées tel que<br />
c'est le cas à Chellah ;<br />
9- <strong>Les</strong> arcs étaient <strong>des</strong> premières mosquées mérini<strong>des</strong> étaient perpendiculaire <strong>au</strong> mur<br />
de la quibla ;<br />
10- <strong>Les</strong> édifices <strong>des</strong> Mérini<strong>des</strong> étaient de superficie réduites de petite taille, il s'est<br />
avéré alors nécessaire d'y remédier <strong>au</strong> moyen d'ornement architectur<strong>au</strong>x qui<br />
revêtent l'ensemble <strong>des</strong> terrasses, <strong>des</strong> colonnes, <strong>des</strong> arcs et <strong>des</strong> toitures. Une variété<br />
et une richesse de couleur a été acquise mettant en harmonie de tout les éléments et<br />
les unités ornementales d'où émane les couleurs bleue, grise, verte et noire.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 63<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
63
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64<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
65
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66<br />
1.5- Plans et masses <strong>des</strong> mosquées sous le règne <strong>des</strong> Saadistes<br />
1- <strong>Les</strong> Saadistes ont commencé par prendre soin de la réfection, l'élargissement et la<br />
rénovation de plusieurs monuments architectur<strong>au</strong>x religieux et historiques. Ainsi, la<br />
mosquée koutoubia a repris son élégance, sa vivacité, la mosquée «Qaraouiyin» a<br />
regagné sa place et ses annexes et dépendances se sont multipliées ;<br />
2- D'<strong>au</strong>tres établissements ont été construites pour renforcer l'épanouissement spirituel;<br />
Le nombre de mosquées rurales a <strong>au</strong>gmenté à Souss ;<br />
3- <strong>Les</strong> «Zaouia» ont évolué pour devenir <strong>des</strong> agglomérations humaines se développant<br />
en un villages ou cités ;<br />
4- Le plan général <strong>des</strong> mosquées «Saadistes» nous rappelle celui <strong>des</strong> mosquées<br />
«Mérini<strong>des</strong>» du fait de la profondeur <strong>des</strong> oratoires dépassant la (ligne à garder) ;<br />
5- <strong>Les</strong> arcs <strong>des</strong> mosquées sont perpendiculaire <strong>au</strong> mur du mihrab ;<br />
6- L'oratoire se compose de nefs perpendiculaires <strong>au</strong> mur de la qibla et comprend<br />
également <strong>des</strong> travées. La travée transversale du mihrab arrête les arcs<br />
perpendiculaires <strong>des</strong> nefs et comprend <strong>des</strong> coupoles ;<br />
7- Le sahn <strong>des</strong>sine un carré et est entouré de galeries à nef unique, par l'est, l'ouest et<br />
le nord ;<br />
8- Le minaret rentre dans le <strong>des</strong>ign rectangulaire général de la mosquée ;<br />
9- <strong>Les</strong> arcs sont si diversifiés qu'on les trouve sous la forme de fer à cheval, de<br />
stalactites porteuses de la coupole du Mihrab, et sous forme d'arc à feston lobées<br />
qui portent les <strong>au</strong>tres coupoles ;<br />
10- <strong>Les</strong> Saadistes, ont ajouté deux pavillons dans le sahn de la «Qarwiyine» à Fès, qui<br />
rappellent la cour <strong>des</strong> lions de l'Alhambra à Granada.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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1.6- Plans et masses <strong>des</strong> mosquées sous le règne <strong>des</strong> Alaouites<br />
1- Retour <strong>au</strong>x premières sources dans l'organisation spatiale <strong>des</strong> mosquées Alaouites<br />
dont le premier noy<strong>au</strong> a été mis en place par les Chérifiens Idrissi<strong>des</strong> ;<br />
2- Des oratoires sont plus large que profonds comme c'est le cas de la mosquée du<br />
Sunna (1199 de hégire, 1785), la mosquée Moulay Souleymane en 1812, la<br />
mosquée de Sidi-Fateh en 1270 de l'hégire (1854) et dans la mosquée Nakhla en<br />
1815 ;<br />
3- Le nombre réduit de nefs à l'intérieur de la salle de prière : deux ou trois nefs<br />
seulement ;<br />
4- <strong>Les</strong> arcs sont parallèles <strong>au</strong> mur de la qibla ;<br />
5- La nef du Mihrab ne se distingue pas par son ampleurs <strong>des</strong> <strong>au</strong>tre nefs de la<br />
mosquées ;<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
67
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 68<br />
68<br />
Il est à signaler, également que les Mihrabs de cet ensemble de mosquées Alaouites,<br />
sans exception, ont été construit sous la forme de plan à angles ;<br />
6- Des piliers étaient utilisés pour porter les arcs (<strong>au</strong>tre que les colonnes) à la mosquée<br />
«Sunna», Moulay Slimane et la mosquée «Gazarine» ;<br />
7- Le Sahn est dépourvu de galeries dans la mosquée «Sunna» «Atiya», La mosquée<br />
«Nakhla» et Sidi Fatteh ;<br />
8- Présence d'un ensemble de salles sur l'un <strong>des</strong> côtés du Sahn Consacrées comme<br />
drottoirs <strong>au</strong>x étudiants «Toulbas» qu'on remarque dans les mosquées Alaouites à<br />
Fès ;<br />
9- La conservation de la pratique générale, en ce qui concerne le choix de<br />
l'emplacement du minaret à l'instar de la mosquée «Sunna» qui occupe le coin nord<br />
du plan de la mosquée dans l'angle du Sahn, la mosquée Zaouia Nassirite et la<br />
mosquée Nakhla ont fait usage de la même pratique Alaouite ;<br />
10- Une <strong>au</strong>tre caractéristique spécifique, à la mosquées «Mouline» et les mosquées<br />
«Alssina, Nakhla et Sidi Fatteh, à titre d'exemple, la face de l'oratoire donne sur le<br />
sahn à la mosquée Mouline par trois arcs seulement, tandis que le reste de la face<br />
est barré par la construction d'un mur qui sépare l'oratoire et le sahn sur les deux<br />
côtés <strong>des</strong> arcs ;<br />
L'idée de la séparation est expliquée par le souhait de créer une atmosphère de<br />
sérénité dans la salle de prière malgré la présence <strong>des</strong> chambres <strong>des</strong> étudiants<br />
«Toulba».<br />
11- Consolidation <strong>des</strong> constructions et fortification en vue de résister à la charge <strong>des</strong><br />
toitures.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 69<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
69<br />
§U±l «∞Ad«°KOOs °HU”, ¢ªDOj «∞Lºπb ¢ªDOj §U±l ±KOMW °d°U◊ «∞H∑`<br />
¢ªDOj §U±l ±KOMW °d°U◊ «∞H∑` ¢ªDOj ±ºπb ±uôÍ ßKOLUÊ °d°U◊ «∞H∑`<br />
¢ªDOj ±ºπb ßObÍ ≠U¢` °d°U◊ «∞H∑` ¢ªDOj §U±l ≤ªKW °d°U◊ «∞H∑`
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 70<br />
70<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
¢ªDOj §U±l «∞πe«¸¥s °d°U◊ «∞H∑` ¢ªDOj §U±l ´πOºW °HU”<br />
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 71<br />
II- <strong>Les</strong> tendances de l'architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
contemporaines<br />
De ce qui a précédé, on peut voir que l'architecture <strong>des</strong> mosquées à travers l'histoire,<br />
avait en général une tendance unique qui a réussi à satisfaire les besoins selon les<br />
circonstances générales et spécifiques relatives à chaque environnement.<br />
A l'heure actuelle, l'architecture <strong>des</strong> mosquées se confronte à plusieurs tendances<br />
qui peuvent être différentes de celles rencontrées à travers l'histoire.<br />
La présente partie de l'exposé relate quelques exemples cités par les spécialistes<br />
en la matière pour clarifier leur influence sur l'architecture <strong>des</strong> mosquées<br />
contemporaines.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
71<br />
¢ªDOj ±ºπb ßObÍ ≠U¢` °d°U◊ «∞H∑` ¢ªDOj §U±l ≤ªKW °d°U◊ «∞H∑`
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 72<br />
2.1/ La tendance traditionnelle locale : se caractérise par l'utilisation de<br />
matéri<strong>au</strong>x naturels issus du milieu local (Argile, pierres, bois…) et l'utilisation<br />
également de procédés loc<strong>au</strong>x hérités <strong>des</strong> anciennes générations et polies par<br />
l'expérience de l'homme à travers les siècles et les âges, tout en conservant les formes,<br />
les éléments traditionnels, <strong>des</strong> termes du patrimoine local (arcs, coupoles, toitures,<br />
toits, carrelets, <strong>au</strong>vents…) La construction proprement dite est faite par <strong>des</strong> artisans<br />
loc<strong>au</strong>x.<br />
<strong>Les</strong> pionniers de cette tendance classique ont tenu à garantir toutes les exigences<br />
vivrières de l'homme par les moyens propres sans avoir recours à la nouvelle<br />
technologie et le renouve<strong>au</strong> selon les exigences de l'époque.<br />
72<br />
2.2 Tendance traditionnelle amélioré<br />
Cette tendance se caractérise, comme la précédente, par l'utilisation de composants<br />
architectur<strong>au</strong>x traditionnels, par la reprise <strong>des</strong> formes et éléments hérités du passé<br />
(Forme <strong>des</strong> portes, <strong>des</strong> minarets, <strong>au</strong>vents et carrelets ….), avec une expression parfois<br />
très simple orientée vers le présent. Ainsi il en est <strong>des</strong> procédés de construction et leurs<br />
styles traditionnels (murs porteurs, coupoles, toitures et arcs ….) se basant sur l'énergie<br />
humaine et l'habilité <strong>des</strong> artisans.<br />
Cette tendance diffère, comparée à la première, uniquement par l'introduction <strong>des</strong><br />
améliorations en ce qui concerne les matéri<strong>au</strong>x issus du milieu naturel et local (comme<br />
l'ajout de quelques ciments dans le mélange d'argile pour une plus grande résistance ou<br />
l'usage de briques creuses cuites par les nouve<strong>au</strong>x procédés pour réduire les poids <strong>des</strong><br />
toits et toitures construits selon la forme et la dimension traditionnelles) et ce, sans<br />
modifier le fond <strong>des</strong> apparences architecturales ou de la dimension humaine.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 73<br />
Tout cela pour exprimer la personnalité locale et permettre la continuité<br />
civilisationnelle.<br />
2.3/ La tendance conservatrice<br />
Cette tendance se caractérise par l'utilisation <strong>des</strong> styles et éléments architectur<strong>au</strong>x<br />
simplifiés de l'architecture islamique (arcs, coupoles, stalactites, ornements, piliers …)<br />
sans tenir compte <strong>des</strong> anciens matéri<strong>au</strong>x et mo<strong>des</strong> de construction. Cette tendance<br />
prône de tirer profit de l'application <strong>des</strong> nouve<strong>au</strong>x mo<strong>des</strong> et produits ce qui donne une<br />
souplesse et facilité plus grande à l'architecture <strong>des</strong> constructions de différentes tailles<br />
et d'utilisations variées.<br />
De cette façon est née une architecture contemporaine par les matéri<strong>au</strong>x et les<br />
mo<strong>des</strong> de construction, mais traditionnelle par son style.<br />
2.4/ La tendance néo-classique<br />
Cette tendance est représentée par l'utilisation <strong>des</strong> nouve<strong>au</strong>x matéri<strong>au</strong>x et styles<br />
récents de construction, et par l'utilisation <strong>des</strong> éléments d'architecture Islamique<br />
traditionnel tout en les simplifiant et les employés dans <strong>des</strong> formes nouvelles et <strong>des</strong><br />
styles perfectionnés montrant une certaine créativité et renouve<strong>au</strong>.<br />
Cette tendance d'architecture n'est pas<br />
qualifiée de «conservatrice» par ce qu'elle est<br />
novatrice, ni de «Moderniste» puis qu'elle<br />
diffère de par les termes de l'architecture<br />
contemporaine.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
73
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 74<br />
74<br />
2.5/ Tendance vers le contemporain<br />
Jadis, l'architecture Islamique était le résultat d'œuvres manuels reposant sur la<br />
rencontre entre la construction (l'architecture) et l'artisan, et était régie par les<br />
traditions issues de la foi.<br />
L'architecture est devenue actuellement, le résultat d'une machine imposant <strong>des</strong><br />
bases esthétiques.<br />
Dans les pays Islamiques, les mo<strong>des</strong> et métho<strong>des</strong> de construction se devaient de<br />
rattraper et se mettre <strong>au</strong> diapason avec l'expansion urbaine. Ce qui a accéléré la<br />
propagation <strong>des</strong> nouvelles technologiques occidentales en vue de réaliser la célérité et<br />
la performance.<br />
Ceci a eu une grande influence sur l'architecture de la mosquée, puisqu'on assiste à<br />
une naissance de plusieurs tendances vers le contemporain :<br />
• Tendance contemporaine avec appartenance historique.<br />
• Tendance ultra-contemporaine.<br />
• Tendance symbolique.<br />
A- Tendance ultra-contemporaine<br />
Cette tendance reflète l'architecture contemporaine, et est manifeste par l'utilisation<br />
de matéri<strong>au</strong>x, a procédés modernes techniques modernes traduisant l'essence et la<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 75<br />
nature de l'époque actuelle. Ont été introduites les formes géométriques abstraites<br />
(Cube, cylindre et cône) et les lignes aérodynamiques et les nouvelles théories<br />
artistiques et esthétiques.<br />
En conséquence, cette tendance ne traduit pas la personnalité architecturale<br />
historique ou locale dans l'édification, mais plutôt un effort de création et de simplicité,<br />
plus que dans les tendances précédentes.<br />
B- Tendance contemporaine avec l'appartenance historique<br />
Cette tendance du modernisme prend en considération tout les progrès en matière<br />
<strong>des</strong> nouve<strong>au</strong>x matéri<strong>au</strong>x, <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> récentes de construction et <strong>des</strong> nouvelles<br />
technologies, mais tient <strong>au</strong>ssi compte de l'appartenance historique qui apparaît dans<br />
l'utilisation de certains aspects, éléments et formes historiques musulmans.<br />
C- Tendance symbolique<br />
<strong>Les</strong> constructions et leurs intérieurs, englobent <strong>des</strong> éléments particuliers liés à<br />
l'usage du bâtiment et touchant à son objectif. Ces éléments deviennent <strong>des</strong> symboles<br />
synonymes de la nature de l'édifice et son <strong>au</strong>thenticité.<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
75
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 76<br />
76<br />
D- Tendance hybrique<br />
Elle comprend un ensemble non cohérents d'éléments architectur<strong>au</strong>x appartenant à<br />
<strong>des</strong> styles différents tels que : les toits, les coupoles, les arcs, les minarets ornement<strong>au</strong>x<br />
avec l'utilisation dense d'ornements. Ces mosquées ont souvent <strong>des</strong> proportions et <strong>des</strong><br />
rapports manquant d'unité et d'ordre.<br />
Cette tendance s'est répandue dans quelques pays du golfe, <strong>au</strong> Pakistan, et dans<br />
certains pays du monde Islamique tels que, la Malaisie, le Philippine, mais on n'en<br />
trouve pas <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>.<br />
On peut dire, après cet exposé, que l'architecture contemporaine <strong>des</strong> mosquées<br />
présente une diversité de tendance. Il n'y a plus de tendance prépondérante dans l'esprit<br />
<strong>des</strong> architectes.<br />
Ce meeting scientifique premier, en son genre, sera une occasion pour relancer les<br />
étu<strong>des</strong> relatives <strong>au</strong>x spécificités architecturales <strong>des</strong> mosquées marocains et pour faire<br />
connaître ce riche patrimoine architecturale en vue de sa conservation. C'est <strong>au</strong>ssi une<br />
occasion pour connaître son <strong>des</strong>tin et sa philosophie qui permettent d'expliquer les<br />
fondements capables de garantir la continuité à la personnalité et à l'unicité du style<br />
marocain et de consolider la capacité de reconcilier entre l'unité établie durant <strong>des</strong><br />
siècles et la diversité qui est un aspect de créativité dans l'unité.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 77<br />
Références en arabe<br />
Références en français<br />
- Georges Marcais (1954) «L'architecture musulmane d'occident».<br />
- Terrasse H. (1968) «La mosquée Al - Qaraouiyin à Fes»<br />
- El Khammar A. (2005), «<strong>Mosquées</strong> et oratoires de meknès (IXe - XVIIIe siècles)<br />
géographie religieuse, architecture et problème de la qibla» thèse de Doctorat<br />
d'histoire et d'archéologie mediévales.<br />
- Basset H. et Terrasse H. (1932), «Sanctuaires et forteresses almoha<strong>des</strong>».<br />
- Dogan K. (1974), «Muslim religious archtecture».<br />
Parti I, the mosque and the early development.<br />
- Holod R. and Uddin Khan H. (1950) «The mosque and the moderne world».<br />
<strong>Les</strong> tendances de l’architecture <strong>des</strong> mosquées dans le Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
‡ ±∫Lb «∞b«ËœÍ, "6891 «∞Lºπb ≠w «∞J∑U» Ë«∞ºMW Ë√Æu«‰ «∞FKLU¡".<br />
‡ œ. ´∂b «∞IUœ¸ «∞d¥∫UËÍ, "ÆLr ´U∞LOW ≠w ¢d«À «∞∫CU¸… «∞Fd°OW «ùßö±OW, «∞LFLU¸Í<br />
Ë«∞HMw ‡ «∞πe¡ «∞∏U≤w".<br />
‡ œ. ´∏LUÊ ≈ßLU´Oq (2991) "¢U¸¥a «∞FLU¸… «ùßö±OW Ë«∞HMuÊ «∞∑D∂OIOW °U∞LGd» «_ÆBv"<br />
‡ ≤bË… «∞∑πU¸» «∞uÆHOW ∞bˉ «∞LGd» «∞Fd°w (1002) ´d÷ «∞∑πd°W «∞uÆHOW °U∞LLKJW<br />
«∞LGd°OW ´∂b «∞Fe¥e «∞b¸Ë¥g.<br />
‡ ´U∞r «∞LFd≠W, 403 ¥u≤Ou 4002 "«∞FLU¸… «ùßö±OW Ë«∞∂OμW" œ.Â. ¥∫Ov Ë“¥dÍ.<br />
‡ «∞LπKW «∞Fd°OW ∞KFKu «ù≤ºU≤OW «∞Fbœ 89 (7002), "¢∫KOq °MOuÍ ∞KFLU¸… «ùßö±OW :<br />
«ô•∑u«¡, «∞ENu¸, ¢∫u‰ «∞D∂IU‹, «∞∑Jd«¸ ˜˸≥U ≠w ¢Ju¥s «∞FLU¸… «ùßö±OW" ≥U≤w<br />
±∫Lb «∞πu«≥d… «∞I∫DU≤w.<br />
77<br />
‡ œ. ´∂b «∞NUœÍ «∞∑U“Í (2791) "§U±l «∞IdË¥Os : «∞Lºπb Ë«∞πU±l °Lb¥MW ≠U” ±ußu´W<br />
∞∑U¸¥ªNU «∞LFLU¸Í Ë«∞HJdÍ".<br />
‡ œ. ´∂b «∞Fe¥e ±∫Lb «∞KLOr (7891) ¸ßU∞W «∞Lºπb ≠w «ùßöÂ.<br />
‡ œ. ´BU «∞b¥s ´∂b «∞dƒË· •MHw (1002) «¢πU≥U‹ ´LU¸… «∞LºU§b ≠w «∞FBd «∞∫b¥Y.
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 78<br />
78<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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L’ARCHITECTURE DES MOSQUÉES RURALES<br />
DANS LA RÉGION DE TATA<br />
Introduction<br />
L’architecture religieuse est un aspect majeur du<br />
patrimoine architectural de la province de Tata.<br />
Que ce soit sur le plan quantitatif ou qualitatif, elle<br />
est d’une richesse étonnante. <strong>Les</strong> trav<strong>au</strong>x menés<br />
dans la zone entre 2003 et 2007 par une équipe<br />
d’archéologues de la Direction du patrimoine<br />
culturel 1 , ont permis le recensement et l’étude d’un<br />
nombre considérable d’édifices historiques de ce<br />
genre présentant <strong>des</strong> caractéristiques architecturales<br />
et décoratives qui permettent de dégager un<br />
style particulier à cette région. En effet, dans cette<br />
zone, l’enquête de terrain nous a livré 101 oratoires<br />
ayant une valeur sur le plan historique et dévoilant<br />
<strong>des</strong> traits architectur<strong>au</strong>x origin<strong>au</strong>x.<br />
Pr. Mohamed BELATIK*<br />
Pr. Mustapha ATKI**<br />
Mosquée de Tichekji<br />
A l’instar de tous les édifices de culte musulman, les mosquées 2 de la province de<br />
Tata sont composées de tous les éléments habituels : on retrouve d’abord, la salle <strong>des</strong><br />
prières qui représente le noy<strong>au</strong> de l’édifice où sont accomplis les rituels de la prière,<br />
puis la salle <strong>des</strong> ablutions dotée de latrines. Le minaret étant un élément rare, on trouve<br />
* Division de l’inventaire et de la documentation du patrimoine, Direction du patrimoine culturel, Rabat<br />
** Direction régionale de la Culture, Région Guelmim-Semara<br />
1 Ce programme d’inventaire topographique a été initié par la Division de l’inventaire et de la documentation du<br />
patrimoine en collaboration avec la Délégation provinciale de la culture à Tata selon le programme suivant :<br />
2003 : les communes d’Akka, La Kasba deSidi Abdellah ben Mbarek, Touzounine et Aït Ouabelli,<br />
2004 : <strong>Les</strong> communes de Fam El Hisn et Tamanarte<br />
2005 : <strong>Les</strong> communes de Foum Zguid, Tlit et Allougoum<br />
2006 : <strong>Les</strong> communes de Tata, Oum Lguerdane, Addis et Tagmout<br />
2007 : <strong>Les</strong> communes de Tissinte, Akka Ighane, Ben Yaakoub, Aguinane, Isafene, Tizeght et Tiguezmirte<br />
2 En Tamazight la mosquée est connue sous le nom de Timzguida (pl : Timzguidiwine)<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
79
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 80<br />
enfin un certain nombre de structures annexes telles Akherbich qui est une salle<br />
disposant d’un foyer où est ch<strong>au</strong>ffée l’e<strong>au</strong> pour les fidèles, un puits ou une metfiya<br />
(citerne de stockage <strong>des</strong> e<strong>au</strong>x), une chambre réservée à l’hébergement de l’imam qui<br />
est dans la plus part <strong>des</strong> cas, étranger <strong>au</strong> village et dans certains cas, on note l’existence<br />
du msid (école coranique) qui jouxte souvent la mosquée et où le fqih est chargé de la<br />
mission d’enseignement <strong>des</strong> imehdarene.<br />
Dans cet article il serait question de<br />
présenter les résultats préliminaires de<br />
cette opération d’inventaire et <strong>des</strong><br />
éléments de synthèses sur l’architecture<br />
religieuse de Tata traitée selon une<br />
approche comparative. Il ne s’agit pas<br />
d’aborder <strong>des</strong> questions d’ordre chronologiques,<br />
mais plus <strong>des</strong> problématiques<br />
relatives à l’ordonnancement et à la<br />
Timzguida Aguejgal<br />
typologie de ces mosquées. L’analyse<br />
concernera les différentes composantes spatiales, architecturales et décoratives de ces<br />
édifices selon la classification adoptée généralement par les étu<strong>des</strong> architecturales et<br />
archéologiques. Mais avant d’approcher ces questions dans le détail, il importe de<br />
situer ce patrimoine religieux dans le cadre physique et dans le contexte historique où<br />
il a vu le jour et où il s’est développé.<br />
Aspects physiques et repères historiques de Tata :<br />
La province de Tata fait partie <strong>des</strong> régions subsahariennes du <strong>Maroc</strong>. Son territoire<br />
s’étend du versant sud de l’anti-Atlas jusqu’à la vallée du Drâa.<br />
Le relief de la province est composé en général <strong>des</strong> massifs de l’Anti-Atlas, de<br />
l’Ouarkziz et du Bani, de la Hamada de Drâa ainsi que <strong>des</strong> vastes plaines caillouteuses<br />
connues sous le nom de Regs. La région présente une homogénéité physique avec un<br />
paysage oasien dans les endroits où le potentiel hydrique est facilement exploitable et<br />
un <strong>au</strong>tre désertique dans les zones sahariennes et rocailleuses.<br />
80<br />
Paysage de Nssour (Foum Zguid)<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 81<br />
Vue cette position géographique, Tata<br />
bénéficie d’un climat continental saharien<br />
où la température varie entre 50° durant l’été<br />
et moins de 0° en hiver. La moyenne <strong>des</strong><br />
précipitations enregistrées ne dépasse guère<br />
les 100 mm par an. Et mis à part les<br />
quelques chutes hivernales sporadiques, les<br />
ressources hydriques de la région sont<br />
essentiellement dues <strong>au</strong>x e<strong>au</strong>x d’infiltrations<br />
Palmeraie d'Aguinana<br />
provenant <strong>des</strong> pluies <strong>des</strong> montagnes de<br />
l’Anti-Atlas et qui sont déversées dans l’oued Drâa. Ces e<strong>au</strong>x rechargent les nappes<br />
phréatiques, alimentent les sources et les Khettaras et profitent positivement à<br />
l’irrigation <strong>des</strong> oasis.<br />
Sur les plans historique et archéologique, les prospections menées dans la région<br />
ont permis la découverte de plusieurs indices archéologiques remontant <strong>au</strong><br />
paléolithique dont notamment <strong>des</strong> sites de plein air, riches en outillage lithique. Par<br />
ailleurs, la province a connu depuis ces pério<strong>des</strong> lointaines un peuplement intense<br />
matérialisé par les dalles gravées qui composent les quelques 120 sites rupestres<br />
découverts à nos jours, dans les différentes zones de la province. <strong>Les</strong> centaines de<br />
tumuli préislamiques parsemant tout le territoire, apportent un indice supplémentaire<br />
sur une présence humaine forte et ininterrompue de l’homme dans ces contrés.<br />
Gravure rupestre de Kasbah d'Allougoum<br />
<strong>Les</strong> sites archéologiques et les monuments d’époques historiques se comptent par<br />
centaines : greniers collectifs (igoudar), tours de guet, maisons, villages fortifiés,<br />
mosquées, zaouïas et koubbas se rencontrent pratiquement dans toutes les oasis, le<br />
long <strong>des</strong> itinéraires et même dans les coins les plus isolés, témoignant ainsi de la<br />
densité du peuplement qu’a connu la région depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours.<br />
En effet, la région occupait une position stratégique et bénéficiait d’un rôle très<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
81
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 82<br />
important dans le rése<strong>au</strong> du commerce<br />
caravanier qui reliait le <strong>Maroc</strong> <strong>au</strong>x pays de<br />
l’Afrique subsaharienne et la cité minière de<br />
Tamdoult, le village historique de Jbaïr, la<br />
forteresse de Tagadirt Ouguellid et le village<br />
ruiné de Tghit ainsi que plusieurs <strong>au</strong>tres sites<br />
sont là pour témoigner de ce rôle<br />
prépondérant qu’a joué la région le long de<br />
l’histoire médiévale.<br />
I. La salle <strong>des</strong> prières et ses composantes<br />
1. La salle <strong>des</strong> prières<br />
La salle <strong>des</strong> prières connue en tamazighte sous le nom de<br />
lmeqsourt, représente le noy<strong>au</strong> de base de la mosquée, C’est<br />
<strong>au</strong> sein d’elle que sont exercés les rituels de la prière qui est<br />
l’un <strong>des</strong> piliers de l’Islam. <strong>Les</strong> salles de ces mosquées rurales<br />
sont généralement de petites dimensions. Ceci s’explique par<br />
le nombre limité <strong>des</strong> populations masculines de ces<br />
commun<strong>au</strong>tés villageoises. Pour mieux apprécier les<br />
dimensions de ces édifices religieux, nous nous attelons dans<br />
ce qui suit à présenter quelques mesures les concernant.<br />
Ainsi, le plus vaste oratoire de la province qui se trouve dans<br />
le village historique d’Aguerd dans la<br />
commune de Tamanarte, fait 16.80 mètres de<br />
profondeur sur 23 mètres de largeur et le<br />
plus petit parmi les édifices recensés est<br />
celui de Talilt dans la kasbah d’Alougoum<br />
qui ne fait que 6.45 de profondeur sur 8.60m<br />
de large ainsi que celui de Fiferd dans la<br />
commune d’Aguinane qui dispose d’un plan<br />
presque carré mesurant 8 m de côté.<br />
Ces oratoires adoptent <strong>des</strong> plans divers oscillant entre le rectangle et le carré, mais<br />
ils présentant le plus souvent <strong>des</strong> déformations <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de certains côtés en raison de<br />
la topographie accidentée du site. Ces anomalies de plan rares <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> murs nord<br />
et sud ne sont fréquentes qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> faça<strong>des</strong> est et ouest, ce qui ne porte pas<br />
atteinte à l’ordonnancement <strong>des</strong> nefs parallèles <strong>au</strong> mur de la qibla.<br />
82<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Cité caravanière de Tamdoult<br />
Mosquée<br />
d'Amtzguine (Tlit)<br />
Mosquée d'Ighir à Tamanart
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 83<br />
Au nive<strong>au</strong> de la disposition interne, ces<br />
mosquées rurales présentent de gran<strong>des</strong><br />
similitu<strong>des</strong> entre elles. En effet, elles sont<br />
subdivisées en plusieurs nefs parallèles <strong>au</strong><br />
mur de la qibla dont le nombre varie en<br />
fonction de la grandeur de l’édifice et dont<br />
l’agencement rappelle les premières<br />
mosquées marocaines d’époque idrisside et<br />
tardivement certaines mosquées alaouites.<br />
Mosquée d'Oum Hnech (Foum Zguid)<br />
Cette tradition ancienne s’est développée et s’est maintenue surtout à Fès. Mais<br />
l’arrivée <strong>des</strong> Almoha<strong>des</strong> a crée une rupture avec ce mode d’organisation <strong>des</strong> salles <strong>des</strong><br />
prières en Occident musulman pour voir naître les célèbres mosquées à nefs<br />
perpendiculaires <strong>au</strong> mur de la qibla où la nef axiale occupe une place de choix et forme<br />
avec la travée de la qibla le fameux dispositif en T qu’on retrouve bien illustré à la<br />
Koutoubiya de Marrakech et par la suite dans la quasi-totalité <strong>des</strong> mosquées mérini<strong>des</strong>,<br />
saadiennes et alaouites.<br />
Le nombre <strong>des</strong> nefs composant les salles de culte, varie en fonction de l’importance<br />
<strong>des</strong> édifices. Il est de deux pour les oratoires les plus humbles tels que ceux de Jbaïr et<br />
d’Aygou et de six à sept nefs pour les plus vastes qui se trouvent respectivement à<br />
Amtzguine (commune de Tlit) et à Aguerd (commune de Tamanarte).<br />
<strong>Les</strong> nefs sont délimitées par <strong>des</strong> rangées d’arca<strong>des</strong> composées d’une succession<br />
d’arcs plein cintre ou brisés reposant sur <strong>des</strong> piliers carrés, rectangulaires, circulaires<br />
ou octogon<strong>au</strong>x, dont la h<strong>au</strong>teur varie d’une mosquée à l’<strong>au</strong>tre, mais les toitures se<br />
situent d’une manière générale à une h<strong>au</strong>teur de quatre et six mètres.<br />
Le mur de la qibla est percé de plusieurs niches dont notamment celle du mihrab et<br />
du minbar. L’accès à la salle <strong>des</strong> prières se fait soit directement par une porte <strong>des</strong>servie<br />
par un couloir menant vers la porte principale du complexe religieux ou par une petite<br />
porte de communication souvent latérale et mitoyenne avec la salle d’ablutions.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
83
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 84<br />
La lecture <strong>des</strong> dispositions <strong>des</strong> nefs en rapport avec les<br />
matéri<strong>au</strong>x et les techniques de construction mis en œuvre,<br />
nous permet de déceler deux phases évolutives dans le<br />
processus d’élaboration <strong>des</strong> plans de ces mosquées :<br />
84<br />
• La phase initiale se caractérise par un ordonnancement<br />
primitif de la salle qui se présente sous forme de deux à<br />
trois chambres plus larges que profon<strong>des</strong> ne<br />
communiquant entre elles que par <strong>des</strong> ouvertures<br />
simples à linte<strong>au</strong>x donnant la forme d’un arc à<br />
encorbellements reposant sur <strong>des</strong><br />
piliers rectangulaires massifs et<br />
couvertes de charpentes<br />
traditionnelles dans le style local.<br />
Dans cette catégorie un cas typique<br />
mérite d’être souligné c’est la<br />
mosquée d’Aygou, dans la commune<br />
Tigezmirt, qui s’inscrit dans le même<br />
plan s<strong>au</strong>f que les deux nefs sont<br />
séparées par un mur percé de deux<br />
petites ouvertures ce qui donne plus<br />
l’allure d’un espace sombre et fermé. Cet oratoire présente la particularité d’être<br />
couvert par <strong>des</strong> voutes en berce<strong>au</strong>x réalisées en maçonnerie de pierre.<br />
Mosquée d'Aguerd (Tamanart)<br />
Mosquée Tizegui ida Oubaloul<br />
(Tizrght)<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Mosquée d'Aygou<br />
Tigzmirt<br />
Timzguida Serb (Tlit)<br />
• La seconde phase est marquée par<br />
l’apparition de l’arc sous différentes formes<br />
mais surtout de l’arc plein cintre présentant<br />
parfois une brisure et souvent une<br />
imperfection dans l’exécution ainsi que <strong>des</strong><br />
rangées d’arca<strong>des</strong> pour soulever la charpente<br />
et donner à la salle <strong>des</strong> prières ce caractère<br />
d’ouverture indispensable pour un lieu de<br />
culte et de communion.<br />
Dans cette disposition un cas particulier<br />
fait l’exception à la tradition et mérite d’être<br />
souligné. Il s’agit de la mosquée Tichekji à<br />
Issafene où le plan à nefs parallèles <strong>au</strong> mur<br />
de la qibla est respecté mais avec<br />
l’introduction d’un certain nombre
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 85<br />
d’innovations qui en font un plan<br />
original. Ainsi l’ordonnancement<br />
<strong>des</strong> arca<strong>des</strong> nous permettent de<br />
déceler un plan cruciforme ce qui<br />
est à notre connaissance, un plan<br />
unique de son genre dans<br />
l’architecture religieuse de l’Islam<br />
en général et celle du <strong>Maroc</strong> en<br />
particulier.<br />
Malgré leur mo<strong>des</strong>tie, les salles<br />
<strong>des</strong> prières sont d’une be<strong>au</strong>té sobre<br />
Plan de la mosquée de Tichekji<br />
et discrète contenue dans la<br />
silhouette <strong>des</strong> arca<strong>des</strong> et la forêt de piliers multiformes qui se dressent <strong>au</strong> milieu et<br />
surtout dans les belles charpentes de bois qui les couronnent.<br />
2. <strong>Les</strong> courettes et les puits de lumière et d’aération<br />
Que ce soit <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> ou ailleurs, la<br />
cour à ciel ouvert ou le sahn occupe une<br />
place prépondérante dans l’architecture<br />
<strong>des</strong> mosquées. A Tata et en raison du<br />
climat désertique sévère de la région<br />
marqué essentiellement par la chaleur<br />
torride de l’été qui est le plus souvent<br />
accompagnée de tempêtes de vents et par<br />
un froid glacial l’hiver, ces oratoires sont<br />
Mosquée Aït Kine (Tagmout)<br />
presque fermés sur l’extérieur. On y<br />
accède le plus souvent par <strong>des</strong> allées couvertes qui permettent de réduire les effets<br />
néfastes de ces aléas climatiques. De ce fait, les cours spacieuses, organes<br />
indispensables pour l’éclairage, l’aération d’une mosquée et pour l’achèvement ou le<br />
renouvellement <strong>des</strong> ablutions rituelles pour les fidèles sont quasi inexistantes. Elles<br />
sont substituées par <strong>des</strong> courettes qui jouent plus le rôle de puits de lumière et<br />
d’aération. Ces espaces réduits qui ont <strong>des</strong> formes carrées ou rectangulaires, ne<br />
dépassent par dans les meilleurs cas quatre mètres de côté. L’exemple le plus<br />
significatif se trouve dans la mosquée d’Aït Kine à Tagmout qui représente l’unique<br />
exemple de sahn <strong>au</strong> sein de la salle <strong>des</strong> prières avec celui de la mosquée d’Aguerd qui<br />
est sous forme d’un espace découvert à l’entrée de la salle et qui permet la<br />
communication entre les différentes composantes de la mosquée. Ils se présentent sous<br />
forme de cours à ciel ouvert de forme presque carrée. A part ces deux cas, le reste <strong>des</strong><br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
85
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 86<br />
bâtiments présente un à deux puits de lumière et d’aération d’environ 2 m de côté et<br />
couverts de petites charpentes supportées par <strong>des</strong> piliers d’angles et se situant à un<br />
nive<strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t par rapport <strong>au</strong>x toitures de la mosquée pour permettre l’infiltration de<br />
l’air et de la lumière à travers <strong>des</strong> fenêtres rectangulaires. <strong>Les</strong> faça<strong>des</strong> de ces espaces<br />
d’éclairage et d’aération sont parfois ornées de frises décoratives en relief réalisées en<br />
stuc ou en plâtre et de corniches exécutées en dalles de pierre plates et en longrines de<br />
bois disposées sous forme de rangées de consoles. Le décor géométrique simple est<br />
amplifié par celui <strong>des</strong> charpentes traditionnelles savamment réalisées en bois peint<br />
dans le style local.<br />
3. Le muret en face du mihrab<br />
Cette structure qui se dresse curieusement <strong>au</strong> fonds de la salle <strong>des</strong> prières et qui se<br />
présente sous forme d’un muret reliant les deux piliers à côté du Mihrab et barrant par<br />
conséquent, l’ouverture de la travée axiale menant vers cette niche, se trouve dans la<br />
quasi-totalité <strong>des</strong> édifices recensés. Il s’agit d’un mur dont l’épaisseur est plus ou<br />
moins égale à celle <strong>des</strong> piliers sur lesquels il s’appuie, avec une h<strong>au</strong>teur ne dépassant<br />
pas les 70 cm. Il est construit dans les mêmes matéri<strong>au</strong>x que les éléments porteurs de<br />
la mosquée qui sont soit la brique de terre crue ou la maçonnerie de pierre jointe par<br />
un mortier de terre.<br />
Cette structure spécifique à cette région et inhabituelle dans les mosquées<br />
marocaines en générale, a pour fonction la délimitation de l’espace bordant le mihrab<br />
86<br />
Timzguida Aguerd Timzguida Amadagh Timzguida Iserghine<br />
Timzguida Aneghrif Timzguida<br />
Timzguida Aït Kine (Oum Lguerdane) Mosquée de Tichekji Ljamaa Aguerd<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 87<br />
qui représente le cœur de la mosquée et ce en vue de créer un espace de communion,<br />
où un nombre restreint de fidèles se réunissent pour la lecture du coran exploitant ainsi<br />
le muret pour s’y adosser. Une <strong>au</strong>tre fonction qui est venue s’ajouter par la suite à la<br />
première est que cette banquette est devenue une étagère de rangement <strong>des</strong> Corans et<br />
d’<strong>au</strong>tres outils liturgiques tels les chapelets et les galets qui servent <strong>au</strong>x ablutions<br />
spécifiques connues sous le nom de tayamoum.<br />
4. Le Mihrab<br />
Le mihrab est la niche <strong>des</strong>tinée à indiquer <strong>au</strong>x fidèles la direction de la qibla. <strong>Les</strong><br />
niches de mihrabs <strong>des</strong> mosquées inventoriées sont généralement, d’une composition<br />
simple affectant le plan <strong>des</strong> mihrabs à pans coupés. Elles varient entre la forme semicirculaire,<br />
pentagonale et hexagonale. La niche est souvent couverte d’une coupolette<br />
simple ou côtelée.<br />
Timzguida Tighremt Mosquée Zawiat Mawas Timzguida Agadir n<br />
(Alougoum) (Tlit) Tissint<br />
<strong>Les</strong> entrées <strong>des</strong> mihrabs sont généralement alignées avec le mur de la façade de la<br />
qibla s<strong>au</strong>f dans de rares cas où il est en en saillie par rapport à ce mur.<br />
<strong>Les</strong> faça<strong>des</strong> <strong>des</strong> mihrabs étudiés permettent de dégager un style de composition qui<br />
a été suivi par presque tous les maîtres artisans et qui a constitué une tradition dans<br />
l’architecture <strong>des</strong> mosquées de la région. Ce sont généralement <strong>des</strong> faça<strong>des</strong> simples<br />
dont les traits princip<strong>au</strong>x sont l’ouverture de la niche qui se fait en arc plein cintre ou<br />
brisé parfois circonscrit d’une voussure en arc polylobé, festonné ou à lambrequin. Cet<br />
arc de petite dimension s’inscrit dans un cadre rectangulaire enduit de ch<strong>au</strong>x ou de<br />
plâtre, dont les écoinçons sont lisses. Le tout est englobé dans un ou plusieurs grands<br />
cadres rectangulaires bordés de moulurations et coiffés d’une série de petites niches<br />
aveugles ou ajourées, défoncés dans le mur et dont le nombre est le plus souvent trois.<br />
Une sorte de corniche faite de ban<strong>des</strong> moulurées, couvre le tout et se rapproche parfois<br />
de la forme d’un petit <strong>au</strong>vent coiffé d’une rangée de tuiles.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
87
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 88<br />
Certaines faça<strong>des</strong> de mihrab, bien qu’elles s’inscrivent par leurs traits princip<strong>au</strong>x<br />
dans le même style de composition, rompent complètement avec la simplicité qui<br />
caractérise la majorité de ces niches. C’est ainsi que nous assistons dans certains<br />
mihrabs tels que ceux de Fiferd (Aguinane) Imi n Tatelt (Ben Yaakoub) et Tiskmodine<br />
(Akka Ighane) à une profusion d’un décor polychrome à dominance géométrique et<br />
florale. Ce décor couvrant et peint sur enduit, présente dans certains cas <strong>des</strong><br />
inscriptions commémorant la date de construction ou de rénovation. Parfois c’est un<br />
décor en stuc sculpté fait d’une combinaison d’éléments géométriques et flor<strong>au</strong>x.<br />
5. La salle de prière <strong>des</strong> femmes<br />
A Tata ces salles annexes n’existaient pas à l’origine, ce<br />
qui prouve que les femmes, par tradition, ne se rendaient pas<br />
à la mosquée pour les prières communes. Pour leur<br />
permettre d’accomplir cet acte, elles sont maintenant<br />
admises à assister à la prière, séparément <strong>des</strong> hommes dans<br />
<strong>des</strong> endroits spéci<strong>au</strong>x qui leur sont réservés, et ce<br />
conformément <strong>au</strong>x principes de la loi musulmane. <strong>Les</strong> salles<br />
actuelles situées dans la partie arrière <strong>des</strong> mosquées ne sont<br />
que <strong>des</strong> aménagements récents. <strong>Les</strong> gens procèdent<br />
généralement à murer la dernière arcade pour isoler une partie de la nef arrière qui est<br />
affectée en salle <strong>des</strong> prières pour les femmes. Dans d’<strong>au</strong>tres cas, comme à Anghrife<br />
(commune Oum Elguerdane) et à Aït Harbil (commune Tamanarte) notamment, on a<br />
consacré <strong>des</strong> mosquées entières pour les femmes parce qu’elles sont devenues trop<br />
étroites pour accueillir un nombre croissant d’hommes.<br />
6. Le mihrab et la salle de prière d’été<br />
La anza est un panne<strong>au</strong> en bois <strong>des</strong>tiné, à l’instar du mihrab, à indiquer l’orientation<br />
de la qibla pour les fidèles qui font leurs prières dans le sahn, surtout pendant la saison<br />
88<br />
Mosqu2e de Fiferd Timzguida Imi n Tatelt Timzguida Tisekmodine<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Mosquée Lkesba<br />
(Issafene)
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 89<br />
estivale. D’habitude ce mobilier, placé face à la cour de la mosquée, à l’entrée de la<br />
salle de prière, s’accompagne d’une entaille qui est aménagé sur le seuil reliant le sahn<br />
à la nef axiale et épouse la même forme que la niche du mihrab.<br />
A Tata, ce dispositif n’existe pas et c’est la terrasse de la mosquée qui joue ce rôle<br />
surtout l’été pendant les deux dernières prières du soir. Peu d’aménagements sont<br />
généralement prévus pour donner à la terrasse cette fonction : d’abord un mur de<br />
clôture pour une question de sécurité <strong>des</strong> fidèles et un mihrab qui n’est en réalité qu’un<br />
reh<strong>au</strong>ssement de celui du nive<strong>au</strong> bas.<br />
Mosquée Aït Kine (Tagmout)<br />
II. La salle d’ablutions et ses annexes<br />
1. La salle d’ablutions et les latrines<br />
Mosquée Lkesba<br />
(Issafene)<br />
Du fait que le rituel de purification est un acte obligatoire pour la validité <strong>des</strong><br />
prières quotidiennes, la salle d’ablutions et les latrines sont <strong>des</strong> annexes quasiindispensables<br />
dans l’architecture <strong>des</strong> mosquées. A Tata, elles sont désignées par deux<br />
vocables : mida et dar al wdou et on les retrouve dans la totalité <strong>des</strong> mosquées<br />
recensées.<br />
La salle d’ablutions et les latrines sont <strong>des</strong> loc<strong>au</strong>x d’une importance majeure, ceci<br />
est prouvé par l’intérêt architectural qui leur est accordé et par la place et la superficie<br />
qu’elles occupent <strong>au</strong> sein de la mosquée. En effet, elles se présentent comme <strong>des</strong><br />
bâtiments indépendants, isolés <strong>des</strong> salles <strong>des</strong> prières et prennent <strong>des</strong> dispositions<br />
variées :<br />
• Dans la première catégorie qui est la plus dominante, le plan de cette salle est très<br />
simple. Il se réduit à une grande chambre rectangulaire dotée sur un ou deux de<br />
ses côtés, de latrines, tandis que le reste de l’espace est pourvu de banquettes sur<br />
lesquelles les gens s’installent pour achever leurs rituels.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
89
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 90<br />
90<br />
• Dans la seconde, cette salle est de plan plus ou moins carré et comporte une<br />
courette de même forme, occupée <strong>au</strong> centre par un bassin ou un puits et entourée<br />
de banquettes et par un ensemble de latrines de petites dimensions. Isolés du lieu<br />
de culte, ces loc<strong>au</strong>x prennent différentes positions par rapport <strong>au</strong>x salles <strong>des</strong><br />
prières, ils se situent soit en arrière de ces salles soit dans ses deux côtés latér<strong>au</strong>x.<br />
<strong>Les</strong> exemples les plus significatifs se trouvent dans les mosquées d’Aguerd et<br />
d’Ighir à Tamanarte<br />
Mosquée d'Ighir à Tamanarte<br />
• La troisième catégorie est de plan plus élaboré. Elle représente une phase plus<br />
évoluée du plan de la deuxième catégorie et rappelle par sa disposition ainsi que<br />
par ses techniques de construction et de couverture les midas <strong>des</strong> gran<strong>des</strong><br />
mosquées urbaines. Il s’agit d’un pavillon carré central couvert d’une coupole et<br />
qui s’ouvre <strong>des</strong> quatre cotés par <strong>des</strong> arcs. Ces ouvertures donnent sur une galerie<br />
qui se développe tout <strong>au</strong>tour de ce noy<strong>au</strong>. Elle est couverte de voûtes en berce<strong>au</strong>x<br />
qui se joignent dans les coins par <strong>des</strong> voûtes d’arrête ou de simples charpentes en<br />
bois. Sur une ou deux <strong>des</strong> faça<strong>des</strong> internes sont percées <strong>des</strong> petites portes qui<br />
donnent accès <strong>au</strong>x latrines. Parmi les exemples représentatifs de cette catégorie on<br />
note la mosquée d’Adekhs à Aguinane et celle d’Agadir n Tissint.<br />
• La quatrième disposition est la plus<br />
remarquable sur le plan architectural et<br />
la plus étonnante par la position<br />
qu’occupent les loc<strong>au</strong>x d’ablutions <strong>au</strong><br />
sein de la mosquée. Dans cet ordre, la<br />
salle est de plan rectangulaire avec <strong>des</strong><br />
dimensions très importantes atteignant<br />
parfois et dépassant même ceux de<br />
l’oratoire comme est le cas à Imi Timzguida Oum Lahnech<br />
Ougadir (commune de Fam Lhissne). La salle est traversée en longueur par <strong>des</strong><br />
arcs élevés qui servent d’arcs de décharge supportant les toitures. L’une de ses<br />
faça<strong>des</strong> internes est occupée par une série de latrines tandis que dans l’<strong>au</strong>tre côté<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 91<br />
est aménagé le puits qui alimente la<br />
mosquée en e<strong>au</strong>. Au milieu coure une<br />
rigole de collecte et d’évacuation <strong>des</strong><br />
e<strong>au</strong>x usées. <strong>Les</strong> cas représentatifs de ce<br />
mode d’ordonnancement ne sont pas<br />
nombreux. Quatre exemples ont été<br />
identifiés à Fam Lhissn, à Tlit et à<br />
Alougoum. Deux d’entre eux prennent<br />
une position normale <strong>au</strong> nord de la Timzguida Tighremt<br />
mosquée, alors que les deux <strong>au</strong>tres occupent curieusement la façade externe sud<br />
et se trouvent par cette situation accolées <strong>au</strong> mur de la qibla et incorporant <strong>au</strong> sein<br />
d’elles la niche du mihrab et celle du minbar.<br />
Mosquée d'Oum Lhnech Mosquée d'Amtzguine Mosquée de Tighremt<br />
2. Autres structures annexes<br />
2.1. Akherbich :<br />
C’est un local contigu à la salle d’ablutions où l’e<strong>au</strong> est ch<strong>au</strong>ffée pour les besoins<br />
de purification du corps avant d’entamer la prière. Le bâtiment affecte la forme d’un<br />
carré ou d’un rectangle <strong>au</strong> centre duquel est aménagé le foyer à un nive<strong>au</strong> plus bas par<br />
Mosquée d'Ighir Mosquée d'Aningue (Akka Ighane)<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
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rapport <strong>au</strong> sol et qui prend une forme carrée ou circulaire. Juste <strong>au</strong> <strong>des</strong>sus est<br />
suspendue tafedna ou anas, grand récipient en cuivre attaché <strong>au</strong>x poutres de la<br />
charpente et doté d’une grande louche dont se servent les fidèles désireux de se<br />
purifier, pour puiser l’e<strong>au</strong> ch<strong>au</strong>de. Dans l’un <strong>des</strong> coins de cette pièce sont stockés <strong>des</strong><br />
tas de bois. De nos jours la plupart de ces loc<strong>au</strong>x ne sont plus fonctionnels et le système<br />
de ch<strong>au</strong>ffage traditionnel est presque partout remplacé par un <strong>au</strong>tre plus moderne à gaz.<br />
92<br />
2.2. Le puits :<br />
Pour assurer l’alimentation de la mosquée en e<strong>au</strong><br />
suffisante, les membres de la commun<strong>au</strong>té procèdent le plus<br />
souvent <strong>au</strong> creusement d’un puits <strong>au</strong>x alentours de la mosquée<br />
et de préférence tout près <strong>des</strong> lieux consacrés <strong>au</strong>x ablutions. Le<br />
puisage de l’e<strong>au</strong> se fait de la façon la plus simple par le biais<br />
d’un se<strong>au</strong> tiré à la main ou à l’aide d’une poulie.<br />
2.3. La citerne (metfiya)<br />
A déf<strong>au</strong>t d’une source d’approvisionnement en e<strong>au</strong>, les gens ont recours à<br />
l’aménagement de gran<strong>des</strong> citernes où sont stockées de<br />
gran<strong>des</strong> quantités d’e<strong>au</strong>x. Ces dernières proviennent<br />
soit <strong>des</strong> pluies collectées <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> terrasses et<br />
conduites à l’aide de canalisations, soit <strong>au</strong> moyen de<br />
seguias qui acheminent l’e<strong>au</strong> depuis les sources.<br />
Mosquée Lkesba<br />
Ces structures hydr<strong>au</strong>liques creusées profondément<br />
dans le sol, sont de forme rectangulaire et sont<br />
parfois pourvues de petits bassins de décantation. Elles sont couvertes soit de dalles<br />
traditionnelles ou de voutes en berce<strong>au</strong> maçonnées en pierre.<br />
2.4. Le bassin<br />
C’est une structure hydr<strong>au</strong>lique découverte sise à<br />
l’intérieur de la salle <strong>des</strong> ablutions mais qui n’existe pas<br />
dans toutes les mosquées. Elle est remplie d’e<strong>au</strong> froide<br />
dont peuvent se servir les fidèles pour les besoins de<br />
purification du corps. Elle est alimentée soit à partir du<br />
puit et de la citerne qui se trouvent juste à côté ou<br />
directement par le biais d’un seguia quant la mosquée se<br />
situe à un nive<strong>au</strong> plus bas du douar.<br />
Ce bassin généralement de dimensions réduites, est de forme rectangulaire ou carrée.<br />
Il est aménagé à un nive<strong>au</strong> plus bas du sol. Sa maçonnerie est couverte d’une couche<br />
imperméable réalisée en mortier de ch<strong>au</strong>x.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Mosquée d'Aït Taleb<br />
Mosquée d'Amtzguine
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III. <strong>Les</strong> masses architecturales :<br />
1. <strong>Les</strong> minarets<br />
Le minaret localement connu sous le nom de tassoumaat, est une masse<br />
architecturale <strong>des</strong>tinée à l’appel <strong>des</strong> fidèles pour les cinq prières du jour.<br />
Dans les oratoires historiques de Tata, les minarets sont rares. <strong>Les</strong> quelques<br />
spécimens inventoriés lors <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x de terrain ne dépassent pas quatre : on trouve<br />
la fameuse tour tronquée de la Kasba de sidi Abdellah ben Mbarek, celle de Rehala et<br />
sa voisine de douar Zaouia qui se trouvent toutes non loin d’Akka et enfin celle<br />
d’Aguerd à Tamanarte.<br />
Minaret d'al kasbah (Akka)<br />
Cette rareté peut s’expliquer par le non besoin d’avoir recours à ces tours pour<br />
l’appel à la prière en raison de l’exiguïté de l’espace <strong>des</strong> villages et de la faible h<strong>au</strong>teur<br />
<strong>des</strong> bâtiments environnants, ce qui permet <strong>au</strong> muezzin de faire appel à la prière sans<br />
risque de ne pas être entendu par les habitants <strong>des</strong> différents coins de la localité.<br />
<strong>Les</strong> quatre minarets recensés sont de style maroco-andalous et s’inscrivent par<br />
conséquent dans la tradition <strong>des</strong> minarets marocains. De plans carrés ils se composent<br />
de la tour proprement dit qui est surmontée d’un lanternon. L’accès <strong>au</strong> sommet du<br />
minaret se fait par le biais d’un escalier qui se développe <strong>au</strong>tour d’un pilier central<br />
massif réalisé en solide maçonnerie de pierre.<br />
<strong>Les</strong> deux minarets d’Akka sont construits en en brique de terre cuite jointes par un<br />
mortier riche en ch<strong>au</strong>x, celui de Douar Zaouïa en brique de terre crue alors que celui<br />
d’Aguerd est exclusivement réalisé en maçonnerie de pierre.<br />
2. <strong>Les</strong> faça<strong>des</strong> et les portes d’entrées<br />
Mosquée de Rehala<br />
(région d'Akka)<br />
En l’absence <strong>des</strong> minarets, les mosquées se distinguent et se reconnaissent <strong>au</strong> sein<br />
<strong>des</strong> douars par leurs faça<strong>des</strong> principales et leurs portes d’entrées qui sont généralement<br />
d’une allure monumentale et conçues dans de gran<strong>des</strong> proportions et de très belles<br />
compositions architecturales et décoratives.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
93
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 94<br />
Au nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> portes on note une grande variété<br />
de styles bien qu’elles s’inspirent toutes du modèle<br />
de la porte urbaine marocaine. Il s’agit en général<br />
de structures monumentales érigées sur <strong>des</strong><br />
h<strong>au</strong>teurs dépassant parfois les six mètres. L’accès<br />
se fait généralement par <strong>des</strong> ouvertures en arcs<br />
Mosquée Aït Taleb (Allougoum)<br />
plein cintre ou <strong>des</strong> ouvertures à linte<strong>au</strong>x,<br />
circonscrits de voussures de mêmes formes ou polylobés et à lambrequins. Ils sont tous<br />
inscrits dans <strong>des</strong> cadres rectangulaires et surmontés de frises composées de niches<br />
aveugles, d’arcatures de types variés et d’éléments architectoniques en relief à caractère<br />
décoratif, soit taillés dans la pierre ou exécutés en stuc ou en mortier de ch<strong>au</strong>x. Le tout<br />
est coiffé de corniches à bande<strong>au</strong>x moulurées ou de cadres remplis de motifs<br />
géométriques recticurvilgnes communément connus sous le nom de ktef w derj que<br />
couvrent en fin de compte <strong>des</strong> charpentes ou <strong>des</strong> <strong>au</strong>vents de formes diverses (consoles<br />
de bois avec arases de pierre ou maçonnerie en saillie, rangées de tuiles vertes…)<br />
Pour ce qui est <strong>des</strong> faça<strong>des</strong> principales, la plupart d’entre elles sont réalisées dans<br />
une belle maçonnerie de pierre parfois taillée. Certaines sont de proportions<br />
remarquables comme celle de Tighremt à Alougoum qui présente <strong>au</strong> milieu <strong>des</strong><br />
rangées d’arcatures que coiffe une corniche de pierre supportée par <strong>des</strong> consoles<br />
taillées dans le même matéri<strong>au</strong>.<br />
3. <strong>Les</strong> coupoles et les voûtes<br />
Be<strong>au</strong>coup plus utilisés dans l’architecture funéraire (koubba et zaouïa) et les<br />
ouvrages hydr<strong>au</strong>liques (citernes et metfiyas), les coupoles et les voûtes sont <strong>des</strong> masses<br />
architecturales d’usage rare dans l’architecture <strong>des</strong> mosquées de la région. Cinq<br />
édifices seulement parmi ceux recensées disposent de ce type de couvertures qu’on ne<br />
trouve que dans les salles d’ablutions, s<strong>au</strong>f dans l’unique cas précédemment signalé de<br />
la mosquée d’Aygou (commune Tigzmirt) où les nefs sont couvertes de voûtes en<br />
berce<strong>au</strong>x et <strong>au</strong>ssi dans l’exceptionnelle mosquée de Tichekji dont le centre de la salle<br />
<strong>des</strong> prières est couvert d’une coupolette atypique.<br />
94<br />
Timezguida Adekhs Timzguida Tazart Timzguida<br />
Mosquée d'Aguejgal (Aguinane) (Oum Lguerdane) Tisekmodine<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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<strong>Les</strong> coupoles ont <strong>des</strong> formes variées<br />
allant de l’octogonale à l’ovoïde en passant<br />
par la forme circulaire. Elles reposent toutes<br />
sur <strong>des</strong> bases carrées ou rectangulaires et le<br />
passage vers la forme de coupole se fait à<br />
partir de la base par le biais de trompes en<br />
niches ou par le moyen de traverses en bois<br />
qui coupent les quatre angles pour permettre<br />
cette transition. Ces masses architecturales<br />
sont toutes construites en maçonnerie de<br />
pierres jointes par un mortier richement dosé<br />
en ch<strong>au</strong>x et protégée par une couche d’enduit à base de ce liant.<br />
La forme de voûtes la plus<br />
dominante est celle en berce<strong>au</strong>x qui<br />
couvre les galeries entourant les coupoles<br />
<strong>des</strong> salles d’ablutions et exceptionnellement<br />
les nefs de la mosquée<br />
d’Aygou. Ces couvertures sont<br />
bâties en maçonnerie de pierre liée<br />
par un mortier de ch<strong>au</strong>x et enduites<br />
<strong>au</strong>ssi d’un crépi à base de ch<strong>au</strong>x.<br />
4. <strong>Les</strong> charpentes traditionnelles<br />
Coupole de la salle d'ablutions<br />
(Mosquée de Tissint)<br />
Mosquée d'Adekhs<br />
Salle d'ablutions<br />
de Tghit (Tissint)<br />
Mosquée d'Adekhs Salle d'ablutions de Tghit<br />
Si les charpentes jouent un rôle primordial en tant que structures porteuses <strong>des</strong> toits<br />
<strong>des</strong> mosquées, elles contribuent fortement en outre, à l’ornementation de ces espaces où<br />
règne la simplicité conformément <strong>au</strong>x principes rigoureux de la religion musulmane.<br />
Bien qu’elles s’inscrivent dans un style connu localement sous le nom de Tataoui, ces<br />
ossatures en bois présentent une grande variété que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> formes, <strong>des</strong><br />
dispositions <strong>des</strong> éléments en bois ou sur le plan de la décoration qui leur est appliquée.<br />
La charpente traditionnelle de style local est généralement faite dans plusieurs essences<br />
de bois mais le palmier reste très dominant. Elle se compose <strong>des</strong> éléments suivants :<br />
• <strong>Les</strong> poutres (lqendert) qui sont de gran<strong>des</strong> longrines en bois qui supportent de<br />
gran<strong>des</strong> charges. Ici ce sont les troncs de palmiers entiers aiguisés qui jouent ce rôle.<br />
• <strong>Les</strong> solives (tasatourt) qui sont <strong>des</strong> sortes de chevrons qui comblent le vide entre<br />
les poutres. Elles sont obtenues à travers le découpage longitudinal <strong>des</strong> troncs en<br />
plusieurs éléments.<br />
• Le voligeage est généralement fait de petits rondins de l<strong>au</strong>rier rose, de fragments<br />
de bois de palmiers ou de rose<strong>au</strong>x.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
95
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Concernant les formes attribuées par les maîtres artisans à ces couvertures, elles<br />
sont variables. Cependant la forme rectangulaire de charpente allongée qui épouse le<br />
plan <strong>des</strong> nefs est la plus caractéristique. Celle de la mosquée de Tichekji déroge à la<br />
règle et l’on trouve <strong>des</strong> charpentes carrées et d’<strong>au</strong>tre en forme de U longeant le mur de<br />
clôture et circonscrivant la moitié de l’oratoire.<br />
Concernant leurs techniques d’exécution, on note deux procédés majeurs <strong>au</strong> sein<br />
<strong>des</strong>quels se trouvent plusieurs variantes :<br />
96<br />
Timzguida<br />
Mosquée<br />
Timzguida Tighremt Mosquée d'Aygou<br />
Aït Wareh d'Assa (Tagmout)<br />
• Le premier qui est le plus dominant se caractérise par <strong>des</strong> solives entre lesquels<br />
s’enchevêtrent d’une belle manière <strong>des</strong> voliges en bois de l<strong>au</strong>rier, <strong>des</strong> bûches<br />
taillées de palmier sous plusieurs formes ou <strong>des</strong> tiges de rose<strong>au</strong>x. Le tout est peint<br />
de couleurs où dominent l’ocre, le noir, le j<strong>au</strong>ne et le blanc, ce qui offre une<br />
décoration sous forme de tapis géométriques polychromes.<br />
• Le second style qui est rare et qu’on ne trouve que dans quelques oratoires,<br />
notamment à Timzguida afella sise à douar Assa (Tagmout) et surtout dans la<br />
mosquée Tichekji (Issafene). Dans ce modèle le voligeage est sous forme de<br />
planches de bois que portent <strong>des</strong> solives de bois massifs et équarries en vue de<br />
leur donner <strong>des</strong> formes géométriques carrées ou rectangulaires. <strong>Les</strong> deux<br />
éléments sont couverts de motifs géométriques, flor<strong>au</strong>x et parfois épigraphiques<br />
gravés ou peints.<br />
Le type de charpente Mosquée d'Afouzar<br />
le plus dominant Mosquée de Fiferd (Ben Yaakoub)<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Pour assurer leur imperméabilité surtout pendant les saisons pluviales, ces plafonds<br />
de bois sont couverts de couches de tout-venant et de terre argileuse. Ces dernières sont<br />
arrosées et damées puis recouvertes d’une <strong>au</strong>tre chape de terre présentant une grande<br />
quantité de minerais qui une fois sèche et solidifiée, offre une toiture étanche.<br />
IV. Le mobilier <strong>des</strong> oratoires<br />
1. Le mobilier liturgique<br />
Mosquée d'Agmour<br />
(Ben Yaakoub) Mosquée d'Aygou<br />
Il se compose essentiellement <strong>des</strong> minbars qui représentent le<br />
mobilier indispensable pour les mosquées où a lieu la prière du<br />
vendredi. Cette dernière se tenait jadis, dans la quasi-totalité <strong>des</strong><br />
mosquées recensées.<br />
Le minbar est une chaire élevée et mobile à partir de laquelle<br />
l’imam s’adresse <strong>au</strong>x fidèles et prononce le prêche du vendredi.<br />
Elle est habituellement rangé dans un réduit aménagé dans le<br />
mur de la qibla, et n’apparaît dans la salle de prière que ce jour.<br />
Mosquée Aït Wareh<br />
Peu de minbars ont échappé <strong>au</strong> trafic illicite <strong>des</strong> objets<br />
d’art très actif dans la région. Le nombre de ce genre de<br />
mobilier très prisé par les collectionneurs et les trafiquants<br />
n’est <strong>au</strong>jourd’hui que de cinq, tous réalisés dans un style<br />
simple et présentant une décoration qui s’inspire du<br />
registre artistique local qu’on découvre dans les portes en<br />
bois. En effet, on note sur les deux faces latérales et sur le Mosquée Aït Kine<br />
sommet de l’ouvrage la profusion d’un décor géométrique<br />
et floral polychrome et peint dont le tracé directeur est visible sur bois. En outre certains<br />
d’entre eux portent <strong>des</strong> inscriptions réalisées dans un style cursif (naskhi maghribi)<br />
commémorant généralement le premier jour de sa mise en service dans la mosquée.<br />
Conformément à la tradition marocaine, les minbars <strong>des</strong> oratoires de Tata sont tous<br />
transportables et faits en bois massif.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
97
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 98<br />
2. <strong>Les</strong> portes en bois<br />
Outre leurs fonctions évidentes<br />
d’éléments de clôture et de fermeture<br />
de ces espaces sacrées qui sont les<br />
mosquées, les portes en bois ouvragé et<br />
peint concourent <strong>au</strong>ssi à leur Mosquée Lkesba Timzguida Timqit (issafene)<br />
embellissement par une combinaison<br />
de décor géométrique et floral <strong>des</strong>siné, peint ou gravé. Ces motifs décoratifs s’inspirent<br />
du répertoire artistique dans lequel puisent les artisans du sud marocain qui s’étend<br />
depuis le H<strong>au</strong>t Atlas jusqu’<strong>au</strong>x piémonts sud-est de l’Anti-Atlas.<br />
Malheureusement ces vent<strong>au</strong>x en bois richement décorés constituent <strong>des</strong> pièces<br />
d’art très convoitées par les collectionneurs, ce qui fait que peu d’oratoires conservent<br />
encore leurs portes d’origine.<br />
V. <strong>Les</strong> matéri<strong>au</strong>x et les techniques de construction et de<br />
décoration<br />
Dans cette région semi désertique du sud-est marocain qui procure <strong>au</strong>x maîtres<br />
maçons, artisans et décorateurs un large choix <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x nécessaires et<br />
adaptés à la construction locale, l’usage est si hétérogène qu’on ne peut rattacher ces<br />
architectures seulement à la terre ou à la pierre et à tel point que d’un douar à l’<strong>au</strong>tre<br />
le matéri<strong>au</strong> de base et les techniques de construction mises en œuvre changent ou<br />
coexistent <strong>au</strong> sein d’un même édifice.<br />
Ce constat est valable pour l’architecture <strong>des</strong> mosquées historiques étudiées où l’on<br />
remarque dans le système constructif l’usage <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x et <strong>des</strong> techniques suivants<br />
:<br />
98<br />
• Le pisé ou la tabiya qui obéit <strong>au</strong>x mêmes principes de cette tradition architecturale<br />
et de ce savoir-faire très enracinés dans le sud marocain. C’est un mélange de terre<br />
creusée sur les lieux du chantier, arrosée puis damée dans un coffrage de bois<br />
ayant les dimensions d’un pan de mur. <strong>Les</strong> banchés se succèdent ensuite et<br />
s’alternent jusqu’à l’érection de la structure de la bâtisse. La tabiya est surtout<br />
utilisée dans les murs de clôture de certains édifices. Pour éviter les effets néfastes<br />
<strong>des</strong> e<strong>au</strong>x de ruissellements et ceux <strong>des</strong> remontées capillaires, les constructeurs de<br />
murs en pisé recourent fréquemment, à la mise en place de soubassements soli<strong>des</strong><br />
en maçonnerie de pierre.<br />
• La pierre est utilisée sous plusieurs formes et calibres bien que le moellon brut ou<br />
dégrossi est le plus courant chez les constructeurs <strong>des</strong> murs et <strong>des</strong> arcs qui en font<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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de la maçonnerie jointe avec un<br />
mortier de terre ou de ch<strong>au</strong>x et ou les<br />
lits sont disposés horizontalement.<br />
Parfois la pierre est noyée dans le<br />
béton de ch<strong>au</strong>x surtout quand il<br />
s’agit d’ériger <strong>des</strong> voûtes ou <strong>des</strong><br />
coupoles. On trouve également la<br />
Mosquée<br />
Aït Taleb<br />
pierre calcaire ou schisteuse plate utilisée sous forme d’arases ou de dalles<br />
soigneusement superposées avec ou sans mortier pour constituer <strong>des</strong> parements<br />
de murs ou <strong>des</strong> corniches coiffant les édifices et les masses architecturales. La<br />
pierre de taille n’intervient que rarement dans les faça<strong>des</strong> ou dans les chaînages<br />
d’angles <strong>des</strong> édifices.<br />
• La brique de terre crue : Ce matéri<strong>au</strong> réalisé<br />
localement avec de la terre arrosée et malaxée à la<br />
paille puis damée dans <strong>des</strong> gabarits fabriqués en bois<br />
à cet effet. La brique est séchée avant d’être utilisée<br />
dans la maçonnerie où elle est liée avec un mortier<br />
de terre. Ce matéri<strong>au</strong> est surtout utilisé dans<br />
l’érection <strong>des</strong> arcs et <strong>des</strong> piliers ainsi que <strong>des</strong> murs de cloison.<br />
• La brique de terre cuite : Elle est d’un usage très<br />
limité. <strong>Les</strong> deux seuls édifices témoins de son<br />
utilisation sont le minaret de la Kasba de Sidi<br />
Abdellah ben Mbarek et celui de Rehala dans la<br />
région d’Akka. C’est un matéri<strong>au</strong> très solide et bien<br />
cuit qui une fois incorporé à un liant de ch<strong>au</strong>x, offre<br />
une masse architecturale homogène et très solide.<br />
Mosquée de Mawas<br />
Minaret d'al Kasbah<br />
construit en brique cuite<br />
• Le bois est un matéri<strong>au</strong> d’une très grande valeur<br />
architecturale. Il est utilisé dans la construction <strong>des</strong><br />
mosquées. Outre son large usage dans la fabrication<br />
<strong>des</strong> charpentes traditionnelles, il est utilisé comme<br />
élément de support. Ainsi il sert de linte<strong>au</strong> <strong>au</strong> <strong>des</strong>sus<br />
<strong>des</strong> ouvertures et de poutre porteuse de charges à la<br />
place <strong>des</strong> piliers. Il est <strong>au</strong>ssi<br />
Timzguida Timqit (Issafene)<br />
employé sous forme de<br />
sommiers supportant les<br />
départs <strong>des</strong> arcs et amortissant<br />
la charge provoquée par le<br />
poids <strong>des</strong> arca<strong>des</strong> et <strong>des</strong><br />
Timzguida imzguida Illigh Illigh Mosquée Mosquée Tichekji Tichekji<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
99
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100<br />
dalles. On fabrique également avec ce matéri<strong>au</strong> <strong>des</strong> consoles et <strong>des</strong> <strong>au</strong>vents qui<br />
abritent les portes principales. Le bois est utilisé par les constructeurs <strong>des</strong><br />
mosquées dans une technique ingénieuse de stabilisation de la structure et <strong>des</strong><br />
arca<strong>des</strong> de la bâtisse par l’ancrage d’une série de longrines entre les rangées<br />
d’arca<strong>des</strong>.<br />
Le décor <strong>des</strong> mosquées, malgré la simplicité <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x mis en œuvre, puise ses<br />
sources d’inspiration dans le riche répertoire artistique du sud marocain. Ainsi, outre<br />
les charpentes traditionnelles en bois savamment enchevêtrés et richement peints et<br />
décorés qui ornent les salles <strong>des</strong> prières, l’essentiel du décor est fait d’éléments<br />
géométriques et flor<strong>au</strong>x tracés et/ou peints en ocre sur enduit, gravés sur les vent<strong>au</strong>x<br />
<strong>des</strong> portes et les panne<strong>au</strong>x <strong>des</strong> minbars en bois ou exécutés en plâtre et en stuc sur les<br />
faça<strong>des</strong> principales et les registres <strong>des</strong> mihrab.<br />
D’<strong>au</strong>tres composantes du décor sont faites d’éléments architectoniques en pierre ou<br />
en bois taillés (consoles, corniches, frises …) ou en maçonnerie. On trouve <strong>au</strong>ssi <strong>des</strong><br />
compositions décoratives en brique de terre cuite à l’image <strong>des</strong> motifs recticurvilignes<br />
qui ornent les faça<strong>des</strong> du minaret d’Akka.<br />
Conclusion<br />
Ce travail d’inventaire a démontré que nos connaissances sur le patrimoine<br />
architectural religieux du monde rural marocain sont faibles et que ce patrimoine<br />
souvent qualifié de mineur, recèle <strong>des</strong> chefs d’œuvre incomparables et un savoir faire<br />
de valeur inestimable qui méritent toute l’attention de la part <strong>des</strong> chercheurs et <strong>des</strong><br />
spécialistes.<br />
<strong>Les</strong> premières analyses comparatives entre les bâtiments religieux étudiés montrent<br />
que ces oratoires rur<strong>au</strong>x présentent <strong>des</strong> éléments et <strong>des</strong> traits communs qu’on retrouve<br />
dans l’architecture locale et qui perpétuent une tradition architecturale islamique très<br />
ancienne <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. Elles font ressortir <strong>des</strong> dispositions et <strong>des</strong> compositions<br />
architecturales et décoratives remarquables.<br />
Il s’agit généralement de simples petites mosquées, souvent dépourvus de décors<br />
mais présentant parfois une belle parure surtout <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du mihrab, <strong>des</strong> toitures et<br />
<strong>des</strong> faça<strong>des</strong> d’entrée. Ces oratoires sont tous dotés de nefs parallèles <strong>au</strong> mur de la qibla<br />
et de rangées d’arca<strong>des</strong> composées d’arcs plein cintre parfois brisés reposant sur <strong>des</strong><br />
piliers de formes variées. Une disposition qui nous rappelle celle <strong>des</strong> premières<br />
mosquées marocaines, notamment celles de Fès. La tradition locale est omniprésente<br />
surtout <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>des</strong> techniques et <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x de construction mis en œuvre<br />
(arca<strong>des</strong> en briques de terre crue, murs en pisé, charpente de style Tataoui…) mais<br />
surtout par l’intégration d’un certain nombre d’éléments origin<strong>au</strong>x tel le muret reliant<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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les deux piliers faisant face à la niche du mihrab. Cependant le caractère le plus<br />
frappant reste l’importance accordée <strong>au</strong>x salles d’ablutions qui sont parfois de<br />
dimensions très importantes et occupent <strong>des</strong> positions curieuses <strong>au</strong> sein <strong>des</strong> mosquées.<br />
Des dispositions qui s’avèrent typiques à cette région de Tata à moins que l’extension<br />
du champ de la recherche vers les régions environnantes, notamment vers les provinces<br />
de Guelmim, Zagora et Chtouka Aït Baha, ne prouve le contraire. A quelques<br />
exceptions près, on note dans la quasi-totalité de ces oratoires rur<strong>au</strong>x l’absence de<br />
minarets et de cours. Ces dernières sont remplacées par de petites courettes qui font le<br />
plus souvent office de puits de lumières et d’aération.<br />
Bien qu’elles prennent la forme de petits oratoires, la majorité de ces lieux de culte<br />
rur<strong>au</strong>x jouaient le rôle de mosquées à khotba (à prône) où se tenaient la prière et le<br />
prêche du vendredi. Certains ont cessé de jouer ce rôle en raison de l’absence de nos<br />
jours, dans les douars, de l’effectif minimal de fidèles fixé à 12 et exigé par la charia<br />
pour que cette prière puisse avoir lieu.<br />
La majorité d’entre eux sont toujours fonctionnels alors que certains sont en état<br />
d’abandon et ont cédé la place à <strong>des</strong> édifices modernes qui rompent complètement<br />
avec une tradition architecturale séculaire. Ce phénomène ne fait pas l’unanimité <strong>des</strong><br />
habitants <strong>des</strong> douars dont certains refusent de prier dans ces nouve<strong>au</strong>x oratoires.<br />
Toutefois, malgré cet attachement jaloux <strong>des</strong> <strong>au</strong>tochtones à ces anciennes structures<br />
villageoises traditionnelles, on note un délaissement et une négligence qui font que<br />
plusieurs oratoires finissent par se réduire en décombres. Ceci sans oublier l’état du<br />
mobilier (portes, charpentes, minbars…) qui est proie <strong>au</strong> vandalisme et un trafic illicite<br />
systématique qui ne cesse de s’amplifier dans la région.<br />
Ce patrimoine culturel et cultuel en partie vivant nous interpelle tous <strong>au</strong>jourd’hui,<br />
surtout que cette tradition architecturale bien ancrée dans l’histoire qui tire ses<br />
caractères <strong>des</strong> origines de l’architecture religieuse <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> et qui porte la marque de<br />
la spécificité locale, se trouve <strong>au</strong>jourd’hui menacée de disparition en raison de<br />
plusieurs facteurs. Ce constat alarmant incite tous les acteurs loc<strong>au</strong>x et les<br />
départements concernés (Ministère de la culture, Ministère <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong> affaires<br />
islamiques…) à conjuguer leurs efforts afin de réfléchir sur les modalités de<br />
s<strong>au</strong>vegarde, de préservation et de transmission de ce patrimoine architectural et de ce<br />
savoir-faire ancestral <strong>au</strong>x générations futures ainsi que sur les possibilités qui s’offrent<br />
en vu de les mettre en valeur et de les exploiter de manière rationnelle dans le<br />
développement d’un tourisme culturel durable.<br />
L'architecture <strong>des</strong> mosquées rurales dans la région de Tata<br />
101
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 102<br />
Bibliographie :<br />
- Golvin Lucien, Essai sur l’architecture musulmane, Tome 4, Archéologie<br />
Méditerranéenne V, Editions Klincksieck, Paris, 1979.<br />
- Marçais George, L’architecture musulmane d’Occident, Arts et métiers graphiques,<br />
Paris, 1954.<br />
- Mohamed Belatik, Mustapha Atki et Mostapha Nami, Rapports <strong>des</strong> missions<br />
d’inventaire du patrimoine culturel dans la province de Tata (2003-04-05-06-07),<br />
Centre d’inventaire et de documentation du patrimoine, Ministère de la culture.<br />
102<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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UN PATRIMOINE SACRÉ EN PÉRIL :<br />
LES PETITS ORATOIRES, MOSQUÉES ET ZAWYAS<br />
DU SUD MAROCAIN<br />
Proposition d’une méthode d’intervention<br />
1<br />
Salima Naji,<br />
architecte DPLG & anthropologue EHESS<br />
Dans Qsar Chorfa (Rissani) la mosquée<br />
originelle, pourtant très vaste et très<br />
belle a été simplement détruite pour être<br />
refaite en une vulgaire salle en ciment<br />
peint sans ornementation. Le petit<br />
minaret pyramidal, a cédé la place à un<br />
prétentieux minaret de 14 m imitant<br />
ceux de Casablanca, qui défigure<br />
l’édifice.<br />
<strong>Les</strong> mosquées en milieu rural, et plus particulièrement dans le Sud marocain, ne sont<br />
pas de simples lieux de culte. <strong>Les</strong> lieux saints sont porteurs de pratiques et de<br />
spécificités architecturales liées à la culture immatérielle et intangible qu’il importe de<br />
préserver. Or actuellement, l’acte de rest<strong>au</strong>ration est souvent animé d’une volonté<br />
nouvelle de niveler, d’uniformiser et <strong>au</strong> final de détruire l’identité locale <strong>au</strong> nom de la<br />
modernisation <strong>des</strong> lieux de culte.<br />
Dans ce Qsar de la région de Rissani (Légende photographie 1) la mosquée<br />
originelle, pourtant très vaste et très belle, dotée d’un impressionnante salle hypostyle,<br />
a été détruite pour être reconstruite sous la forme d’une simple salle en ciment, mal<br />
éclairée, mal ventilée, effaçant toute la majesté du lieu de culte originel. Le très be<strong>au</strong><br />
mihrab originel et le puits de lumière central n’ont hélas pas été conservés. Enfin, le<br />
petit minaret pyramidal, a cédé la place à une prétentieuse tour de 14 m imitant certains<br />
minarets de Casablanca, pour satisfaire l’orgueil <strong>des</strong> commanditaires sans respecter<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
103
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 104<br />
l’échelle du lieu. Cette mosquée est représentative d’un mouvement qui est<br />
actuellement constaté un peu partout dans le Roy<strong>au</strong>me : une frénésie agite de généreux<br />
donateurs pour «moderniser» <strong>des</strong> édifices parfois multiséculaires. A chaque fois, la<br />
même ignorance de la qualité architecturale de ces édifices et de leur valeur historique,<br />
accompagnent ces hâtives rénovations. Il suffit pourtant de sensibiliser <strong>au</strong>x spécificités<br />
architecturales <strong>des</strong> mosquées régionales pour éviter ces navrantes <strong>des</strong>tructions. Il f<strong>au</strong>t<br />
réfléchir à ce que signifie «moderniser un édifice sacré». L’utilisation de nouve<strong>au</strong>x<br />
matéri<strong>au</strong>x et de formes exogènes non maîtrisées se traduit, trop souvent, par une perte<br />
de confort, d’hygiène, de mémoire et bien sûr de spiritualité.<br />
Constat premier : <strong>des</strong> <strong>des</strong>tructions hâtives<br />
Et parce qu’il est devenu urgent de s<strong>au</strong>ver <strong>des</strong> édifices remarquables (Zawya,<br />
massajîd et darih awliya) souvent ultimes témoignages d’une longue et riche histoire<br />
religieuse, nous proposons une méthode de rest<strong>au</strong>ration adaptée à ces édifices et<br />
respectueuse du patrimoine spirituel. Rest<strong>au</strong>rer est différent de rénover : lorsque l’on<br />
rest<strong>au</strong>re, on restitue l’édifice dans ses formes et ses procédés originels ; lorsque l’on<br />
rénove, on ne conserve souvent qu’une partie du gabarit et l’on malmène l’édifice qui<br />
perd toute spécificité : formes et mémoires contenues dans les vieux murs est<br />
définitivement effacée.<br />
Outre le fait que rest<strong>au</strong>rer permet de conserver <strong>des</strong> lieux uniques, d’un grand intérêt<br />
architectural et culturel, représentatif d’une diversité culturelle dans l’unité d’une<br />
religion, il est également important de prendre conscience du fait que conserver les<br />
formes héritées du passé permet <strong>au</strong>ssi de conserver une mémoire <strong>des</strong> lieux qui nous<br />
rappelle combien l’architecture islamique du Sud est le fruit d’une histoire<br />
multiséculaire. <strong>Les</strong> mosquées neuves qui sont édifiées sur <strong>des</strong> mosquées anciennes<br />
104<br />
2<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Zawya de Sidi Wagag (Fondation :<br />
<strong>au</strong> XIe siècle miladiya, Aglou près de<br />
Tiznit) avant et après la <strong>des</strong>truction,<br />
elle est reconstruite selon un archétype<br />
urbain en béton qui retire toute<br />
historicité <strong>au</strong> lieu. Le lieu n’a cessé de<br />
s’étendre pendant près de dix-siècles,<br />
jusqu’à être, en 1983, simplement<br />
détruit pour une rénovation qui ne<br />
respecte <strong>au</strong>cune spécificité locale <strong>au</strong><br />
point que l’on se demande s’il s’agit du<br />
même lieu. La coupole est la même,<br />
mais le minaret est défiguré.
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 105<br />
sont surtout <strong>des</strong> mosquées qui effacent l’empreinte de l’Islam dans sa durée et son<br />
historicité. <strong>Les</strong> petites mosquées de village ont souvent été les premières victimes de ce<br />
«modernisme», mais également les plus prestigieuses Zawyas comme celle d’Assa<br />
(Fondation : <strong>au</strong> XIIe siècle miladiya), ou celle de Sidi Wagag (Fondation : <strong>au</strong> XIe siècle<br />
miladiya, Aglou près de Tiznit) qui ont été rasées puis reconstruites selon un archétype<br />
urbain en béton qui retire toute historicité <strong>au</strong>x lieux. Ces rénovations et non rest<strong>au</strong>rations<br />
effacent irrémédiablement les marques d’usage que les siècles ont imprimé en elles. Le<br />
devoir de mémoire et le respect <strong>au</strong>x générations précédentes ne devraient-ils pas être plus<br />
forts encore pour un édifice sacré que pour un édifice profane ?<br />
L’empreinte de l’Islam sur la durée<br />
Le cénotaphe de Sidi Abdelkader ben Mohamed [photographie 3, à g<strong>au</strong>che] qui se<br />
dresse à la frontière entre le <strong>Maroc</strong> et l’Algérie correspond à la limite jamais franchie par<br />
l’Empire Ottoman sur la limite Sud-Est du Sultanat du Roy<strong>au</strong>me. La lutte <strong>des</strong> Figuiguis<br />
contre les armées ottomanes <strong>au</strong> XVI e siècle, c’est-à-dire l’attachement de la population à<br />
<strong>des</strong> lieux emblématiques qui subsument sa résistance vient incarner une identité locale,<br />
voire nationale. Avec ce lieu saint, h<strong>au</strong>t-lieu architectural et lieu emblématique, nous<br />
comprenons que ces lieux historiques incarnent <strong>au</strong>ssi l’historicité de l’Islam. Ces lieux<br />
sacrés sont <strong>des</strong> lieux de mémoire à travers lesquels la population locale maintient <strong>des</strong><br />
pratiques et <strong>des</strong> discours qui sont <strong>des</strong> composantes de son identité et du lien social.<br />
Restons à Figuig et observons la mosquée Kbir et son fameux minaret octogonal qui est<br />
toujours associé à la tradition racontant de la fixation <strong>des</strong> premiers noma<strong>des</strong> ayant<br />
découvert l’oasis. La mémoire de la sédentarisation et de la mise en valeur <strong>des</strong> e<strong>au</strong>x<br />
d’irrigation est liée à l’édification d’une mosquée. Tous les habitants rappellent que le<br />
minaret fut édifiée grâce <strong>au</strong>x bois <strong>des</strong> tentes dont ils n’<strong>au</strong>raient dès lors plus eu l’usage. Et<br />
à chaque marche lors de l’ascension, ils commentent la forme <strong>des</strong> bois qu’ils comparent<br />
<strong>au</strong>x structures <strong>des</strong> tentes. Le minaret est par conséquent un marquage mémoriel : il fait<br />
référence à une commun<strong>au</strong>té ancrée dans la umma, depuis <strong>des</strong> temps lointains et glorieux.<br />
A l’instar du Nord, on pourrait multiplier les exemples (méridion<strong>au</strong>x, Ma El Aynîn et<br />
Smara, Sidi Ahmed Ou Moussa et Illigh, Moulay Brahim du Tamanart, etc.) <strong>au</strong>tour de la<br />
figure d’une personnalité, et <strong>au</strong>tour de la construction d’un lieu saint, s’érigent ainsi les<br />
contours d’une spécificité marocaine.<br />
3<br />
Deux marquages mémoriels à Figuig<br />
: Sidi Abdelkader, symbole de la<br />
limite matérielle entre l’Empire<br />
Ottoman et le Sultanat de Fès, et le<br />
minaret octogonal, symbole <strong>des</strong><br />
origines du groupe.<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
105
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 106<br />
Tous ces édifices sacrés dans le monde rural témoignent de la force <strong>des</strong> enceintes<br />
sacrées nourricières : les zawyas se dressent comme <strong>des</strong> vaisse<strong>au</strong>x de pierre ou de terre<br />
entre les franges présahariennes <strong>des</strong>séchées et les petites vallées prospères <strong>des</strong><br />
montagnes, : Assa, Illigh du Tazewalt, Imi n’Tatelt (Fondation : <strong>au</strong> XVI e siècle<br />
miladiya), Tamegrout, Smara ou encore Timgilcht, vont incarner une spécificité locale,<br />
marocaine. Dans ces zawyas, sur la longue durée, le pèlerin, le voyageur comme le<br />
fugitif est accueilli, nourri ; par les représentants de ces zawyas, les conflits y sont<br />
résolus. Un lieu saint est donc un morce<strong>au</strong> d’histoire mais <strong>au</strong>ssi, pour les populations,<br />
un morce<strong>au</strong> de mémoire. Cette mémoire se vit par <strong>des</strong> pratiques propres, ancrées dans<br />
le lieu et sur lesquelles toute rest<strong>au</strong>ration doit s’appuyer. Or, actuellement, on remarque<br />
que les rénovations <strong>des</strong> lieux sacrés tendent à transformer les usages cultuels<br />
traditionnels et à réadapter les lieux en tenant rarement compte <strong>des</strong> plans origin<strong>au</strong>x.<br />
Pourtant, les espaces portent toujours en eux <strong>des</strong> usages. Ces usages, multiples,<br />
riches, expriment une foi sincère (niya) qui font la force de l’Islam du <strong>Maroc</strong>. En<br />
effaçant les lieux, en transformant les espaces, on efface <strong>au</strong>ssi les usages et les<br />
traditions attachées <strong>au</strong>x lieux.<br />
L’argument de l’extension moderniste n’est pas recevable<br />
Ceci est trop souvent négligée par <strong>des</strong> commun<strong>au</strong>tés pressées de faire œuvre de<br />
bienfaisance en effaçant la mémoire <strong>des</strong> pratiques <strong>au</strong> nom également d’une orthodoxie<br />
rigide oublieuse <strong>des</strong> hommes et de leur histoire. <strong>Les</strong> lieux sacrés hérités d’économie de<br />
pénurie dans <strong>des</strong> pays de la faim et de la soif, sont souvent considérés du fait de leurs<br />
matéri<strong>au</strong>x (terre et pierre) et de leurs dimensions (parfois mo<strong>des</strong>tes) comme le produit<br />
d’archaïsmes. <strong>Les</strong> nouvelles commun<strong>au</strong>tés de croyants veulent effacer ce passé pour<br />
montrer leur richesse actuelle et la déb<strong>au</strong>che de moyens financiers devient la plus grande<br />
preuve de leur foi. Si cela trouve son sens pour la construction de lieux nouve<strong>au</strong>x, pour<br />
les lieux anciens en revanche, trop souvent cela s’apparente à une mutilation, une<br />
<strong>des</strong>truction partielle ou totale, qui correspond à une atteinte à la culture locale.<br />
Aujourd’hui, les besoins en nouve<strong>au</strong>x espaces d’accueil ou de prière dans un<br />
contexte de croissance démographique doivent se concrétiser par <strong>des</strong> mosquées de<br />
qualité qui font la part belle à la création dans le contexte socio-culturel marocain et<br />
selon l’héritage local spécifique d’une région donnée. Cependant ces nouve<strong>au</strong>x<br />
besoins ne doivent pas se faire CONTRE les espaces anciens. Il ne f<strong>au</strong>t pas détruire le<br />
patrimoine <strong>au</strong> nom de besoins nouve<strong>au</strong>x qui peuvent se concrétiser dans les quartiers<br />
d’extension récente <strong>des</strong> villes ou villages. La nouvelle mode ou le pis-aller de<br />
préserver les mosquées anciennes pour les femmes doit nous alerter : cela ne doit pas<br />
être un premier nive<strong>au</strong> de mépris à l’égard <strong>des</strong> espaces anciens qui les fera tôt ou tard<br />
106<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 107<br />
sombrer dans l’abandon, c’est-à-dire la sûre extinction de ces lieux. La conservation<br />
de la mosquée ancienne pour les femmes doit s’accompagner d’un entretien<br />
respectueux du bâti.<br />
L’argument de moderniser ces espaces revient souvent dans la bouche <strong>des</strong> usagers<br />
qui ressentent une certaine honte de leurs espaces sacrés qu’ils jugent peu prestigieux<br />
comparés <strong>au</strong>x mosquées du Nord ou du Machreq vues à travers les chaînes de<br />
télévision satellittaires. Souvent, on découvre une mosquée flanquée d’un nouve<strong>au</strong><br />
minaret et dont la salle de prière a été remodelée par de maladroits maçons utilisant<br />
sans maîtrise un béton grossier. <strong>Les</strong> espaces sombres, peu aérés, sont souvent humi<strong>des</strong><br />
et entraînent rapidement <strong>des</strong> pathologies dans les murs et <strong>des</strong> difficultés pour les<br />
doyens de faire leurs prières dans de tels espaces (rhumatismes, douleurs <strong>au</strong>x genoux<br />
<strong>des</strong> suites de l’humidité). Be<strong>au</strong>coup de personnes âgés déclarent, à l’usage, préférer la<br />
’attiqa à la nouvelle mosquée. <strong>Les</strong> procédés constructifs en pierre et la terre, certes<br />
fragilisés par le manque d’entretien 1 restent cependant les mieux adaptés <strong>au</strong> climat de<br />
ces régions, froi<strong>des</strong> l’hiver et ch<strong>au</strong><strong>des</strong> l’été.<br />
L’enfer est pavé de bonnes intentions.<br />
Car les extensions se font souvent sans appel à un architecte et souvent ne tiennent<br />
pas compte de l’avis d’une commun<strong>au</strong>té mais du généreux donateur, souvent expatrié<br />
en ville ou en Europe, occupé plus de prestige que de fidélité à l’histoire <strong>des</strong> lieux.<br />
Be<strong>au</strong>coup trop de personnes de bonne volonté croient bien faire en rénovant (sans<br />
rest<strong>au</strong>rer) et ne savent pas qu’ainsi elles effacent leur mémoire, en détruisant leur<br />
princip<strong>au</strong>x lieux de mémoire. Il f<strong>au</strong>t essayer de convaincre les œuvres de bienfaisance<br />
de prendre l’avis de personnes compétentes pour tirer <strong>des</strong> leçons de Sidi Wagag ou<br />
d’<strong>au</strong>tres lieux détruits - car il y a hélas actuellement, inflation <strong>des</strong>tructive pour<br />
«remettre en état» les mosquées. Sans que cette volonté positive ne cesse, il f<strong>au</strong>t<br />
essayer de l’entourer de gui<strong>des</strong>, l’accompagner, et sensibiliser les commun<strong>au</strong>tés. Pour<br />
les villes, cela est facilité par le fait que les agences urbaines délivrent gratuitement<br />
assistance.<br />
En terme d’architectoniques et de formes produites, les photographies attestent que<br />
l’utilisation du procédé de béton de ciment peu maîtrisé mais incarnant la modernité se<br />
traduit par l’arrivée de formes exogènes urbaines app<strong>au</strong>vries. L’action de création<br />
comme l’action de rest<strong>au</strong>ration doit se traduire par une mise à nive<strong>au</strong> qui s’appuie sur<br />
les formes locales et les procédés loc<strong>au</strong>x.<br />
1 L’évolution contemporaine individualiste développe une attitude neuve face <strong>au</strong>x biens collectifs jadis pris en<br />
charge par la commun<strong>au</strong>té. De fait, l’entretien <strong>des</strong> lieux collectifs (greniers collectifs, les chemins, parfois l’e<strong>au</strong>,<br />
les lieux religieux) devient problématique et est source de litiges.<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
107
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 108<br />
L’équipement de la modernité peut, en terme de confort, être amélioré sans détruire<br />
les formes existantes. La modernisation <strong>des</strong> ch<strong>au</strong>drons de l’akherbich traditionnel<br />
modernisé en une savante tuy<strong>au</strong>terie dans la petite mosquée d’Amtoudi par Haj Brahim<br />
Driouch dans les années 1970 en est un bon exemple. On peut réfléchir à améliorer les<br />
conditions <strong>des</strong> ablutions sans détruire la salle <strong>au</strong>x ablutions traditionnelle.<br />
L’opposition modernité et archaïsme<br />
Qu’est-ce que la modernité ? Pour les usagers <strong>des</strong> mosquées c’est participer à son<br />
époque, être porté par <strong>des</strong> courants holistes (participer à une umma de plus en plus<br />
grande, du panislamisme incarné notamment par les chaînes télévisées paraboliques) :<br />
être moderne 2 revient souvent, pour be<strong>au</strong>coup, à intégrer ce mouvement d’un islam<br />
moderniste qui s’incarne dans <strong>des</strong> gadgets technologiques et dans <strong>des</strong> formes<br />
extérieures. Etre moderne se traduit par le refus du pisé et de la pierre comme procédé<br />
constructif.<br />
Moderne, c’est vivre avec son temps et se projeter dans l’avenir ce qui implique de<br />
s’appuyer sur sa mémoire, de le revendiquer et de vivre sa modernité sereinement. Il<br />
n’y a pas de contradiction entre aller prier dans une mosquée vénérable de quelques<br />
siècles et le faire dans une mosquée neuve.<br />
Il est intéressant de constater que pour l’espace de prestige que représente la<br />
mosquée, il soit trop souvent choisi de :<br />
108<br />
• détruire en reconstruisant par-<strong>des</strong>sus ;<br />
• de choisir <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x de m<strong>au</strong>vaise qualité, mis en œuvre par déf<strong>au</strong>t ou de<br />
façon peu professionnelle ;<br />
• de faire un choix démagogique qui vient lutter contre un passé dont on a honte.<br />
Une expérience récente de restitution<br />
A Assa, nous avons, en tant qu’architecte, mené deux rest<strong>au</strong>rations qui s’appuient<br />
sur une démarche de restitution fidèle, réalisées à faible coût et en partenariat avec la<br />
population locale. <strong>Les</strong> actions de rest<strong>au</strong>ration sont inscrites dans la réhabilitation totale<br />
du Ksar de 7 hectares. Ces deux mosquées très ruinées n’avaient pas encore été rasées<br />
2 Pour rest<strong>au</strong>rer la Qasba qui se trouve en face du tombe<strong>au</strong> de Moulay Ali Chérif, à Rissani, le groupe El Omrane<br />
et le Ministère de l’Habitat ont procédé à <strong>des</strong> enquêtes individuelles <strong>des</strong> habitants du lieu à rest<strong>au</strong>rer sur leurs<br />
envies et besoins. Evidemment cette enquête a montré que ces habitants désiraient de vivre dans une modernité<br />
rêvée, celle de la ville. Aucune réflexion n’a été menée pour réfléchir à améliorer les mo<strong>des</strong> d’habiter particuliers<br />
à ces régions. Une vulgaire transposition, par déf<strong>au</strong>t, <strong>des</strong> équipements <strong>des</strong> villes s’est faite jour foncièrement<br />
inadaptée et criante de vulgarité. Pourtant, il existait <strong>des</strong> modèles : les rest<strong>au</strong>rations réfléchies menées dans les<br />
années 1970 par le PAM dans certains qsours voisins proposaient une réadaptation <strong>des</strong> formes anciennes qui<br />
<strong>au</strong>jourd’hui a perduré jusqu’à <strong>au</strong>jourd’hui en s<strong>au</strong>vant un site historique.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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et reconstruites en ciment. Une fois la rest<strong>au</strong>ration largement avancée permettant de<br />
montrer le bâtiment en phase d’achèvement, de nombreux habitants curieux sont venus<br />
visités le chantier. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>tres lignages du Ksar sont alors venus nous demander de<br />
procéder sans tarder à la rest<strong>au</strong>ration <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres mosquées dont Timzgida Idaw Mellil<br />
et même de reprendre la façade de la zawya-mère, toutes rasées et reconstruites en<br />
ciment. Cette demande, mémorielle et symbolique, trouve son ancrage dans le besoin<br />
<strong>des</strong> commun<strong>au</strong>tés de retrouver le prestige d’antan par <strong>des</strong> formes anciennes certes,<br />
mais certainement pas archaïques car reconnues à l’échelle nationale et internationale<br />
comme porteuses d’une identité et d’une culture spécifique.<br />
Lors <strong>des</strong> actions premières de rest<strong>au</strong>ration du Ksar, la démarche archéologique de<br />
restitution doublée du contrôle <strong>des</strong> doyens loc<strong>au</strong>x, a été choisie. <strong>Les</strong> premiers trav<strong>au</strong>x<br />
de rest<strong>au</strong>ration qui ont été entrepris reposent donc sur <strong>des</strong> bases scientifiques soli<strong>des</strong><br />
qui privilégient les traces anciennes et l’<strong>au</strong>thenticité <strong>au</strong> spectaculaire. Il a été choisi la<br />
prudence et non la précipitation de façon à connaître les spécificités urbanistiques,<br />
spatiales, d’ambiance, les procédés et les typologies <strong>des</strong> espaces loc<strong>au</strong>x avant de<br />
commencer à les protéger 3 . De même, une grande attention a été accordée <strong>au</strong>x qualités<br />
esthétiques <strong>des</strong> différents éléments composant le Ksar d’Assa et qui lui donnent une<br />
atmosphère et une ambiance particulières. La relation entre les édifices <strong>au</strong> sein du Ksar<br />
qui les contient est elle <strong>au</strong>ssi constamment questionnée.<br />
Chaque mosquée possède en effet sa typologie particulière issue de diverses mises<br />
en œuvre, du programme et d’une époque. Il f<strong>au</strong>t y être très attentif. Nous avons trouvé<br />
à Assa, une grande cohérence qu’il ne f<strong>au</strong>drait fragiliser lors de la rest<strong>au</strong>ration en ne la<br />
4<br />
Exemples flagrants du patrimoine sacré d’Assa : détériorations et de <strong>des</strong>tructions doublées d’adjonctions<br />
parasites et transformations abusives ou dépourvues de sensibilité qui portent atteinte à son <strong>au</strong>thenticité.<br />
3 Cf. l’ensemble <strong>des</strong> Etu<strong>des</strong> préliminaires portant sur la Requalification du Qsar d’Assa commanditée par le Maître<br />
d’ouvrage : Agence Pour le Développement Economique et Social <strong>des</strong> Provinces du Sud du Roy<strong>au</strong>me, mai 2006.<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
109
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 110<br />
comprenant pas et en introduisant <strong>des</strong> formes exogènes. C’est pour cela que conscients<br />
de la fragilité de ces sites, les h<strong>au</strong>ts responsables internation<strong>au</strong>x insistent sur une<br />
protection active «contre toutes détériorations, en particulier contre celles qui résultent<br />
d’un usage inapproprié, d’adjonctions parasites et de transformations abusives ou<br />
dépourvues de sensibilité qui porteront atteinte à son <strong>au</strong>thenticité ainsi que celles dues<br />
à toutes formes de pollution 4 ».<br />
110<br />
Notre démarche est la même que celle appliquée dans les <strong>au</strong>tres espaces du Ksar 5 :<br />
Lors <strong>des</strong> phases de rest<strong>au</strong>ration, nous procédons toujours selon la même méthode :<br />
1. retrouver le plan originel, le restituer avec les doyens s’il le f<strong>au</strong>t. En comprendre les<br />
étapes d’évolution. Identifier les besoins actuels. Historique/confrontation<br />
2. identifier la(es) bon(s) procédé(s) à utiliser avec les maalmines,<br />
3. déterminer les désordres et pathologies du bâtiment,<br />
4. restituer si possible le plan initial dans les règles de l’art. Hypothèses et maquette.<br />
Essais grandeur nature.<br />
Recommandations et protocoles de rest<strong>au</strong>rations<br />
Fort de notre expérience à Assa, nous sommes en mesure de pouvoir donner comme<br />
premières recommandations la méthode que nous avons scrupuleusement appliquée à<br />
Assa :<br />
1. Ne jamais détruire<br />
2. Ne pas construire sur une mosquée ancienne mais construire à côté ou plus loin<br />
3. Recenser les mosquées anciennes avec <strong>des</strong> dates de fondation attestant l’importance<br />
historique du lieu. Dresser un historique sans occulter les traditions orales et les pratiques<br />
locales. Rechercher tous les écrits possibles.<br />
4. Dresser un état <strong>des</strong> lieux sous forme de plans, y compris <strong>des</strong> plans de détails de points<br />
caractéristiques. Etablir un relevé photographique complet, <strong>des</strong> faça<strong>des</strong> et <strong>des</strong> détails.<br />
Retrouver les formes originelles (entretiens avec les doyens, recherches de photographies plus<br />
ou moins anciennes, maquettes, comparaison avec d’<strong>au</strong>tres sites comparables).<br />
4 «Définitions» internationales données par les Recommandations concernant la s<strong>au</strong>vegarde <strong>des</strong> ensembles<br />
historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine (UNESCO, 1976).<br />
5 Depuis plus d’une vingtaine d’année, le Qsar d’Assa s’est progressivement vidé de ses habitants. Seules six<br />
maisons sont encore quotidiennement occupées. Le départ de la majeure partie <strong>des</strong> habitants traditionnels a<br />
engendré une dynamique de désaffection et de délabrement. Sans être remplacées, les populations ont quitté le<br />
Qsar pour bénéficier <strong>des</strong> commodités de la ville nouvelle qui dispose de l’ensemble <strong>des</strong> boutiques (<strong>au</strong>cune<br />
épicerie dans le Qsar) et de l’accessibilité par <strong>au</strong>tomobile, <strong>des</strong> écoles et <strong>des</strong> administrations. La nouvelle ville<br />
tourne le dos <strong>au</strong> Qsar édifié sur le rocher de la rive droite : la nouvelle extension s’est éloignée de l’Oued,<br />
<strong>au</strong>jourd’hui encombrée <strong>des</strong> «gens du qsar», venus élever, sur la rive g<strong>au</strong>che, un habitat <strong>au</strong>toconstruit en terre puis<br />
en béton de ciment. Un nouve<strong>au</strong> mode constructif urbain d’origine exogène a été importé dans les nouve<strong>au</strong>x<br />
quartiers, morcelés en avenues et lotissements et symbolisant l’accession à une nouvelle vie, elle fait figure<br />
localement de progrès et d’avancée technologique.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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5. Fixer <strong>des</strong> priorités (pour établir <strong>des</strong> phases de rest<strong>au</strong>ration du plus abîmé <strong>au</strong> mieux conservé<br />
ou pour s<strong>au</strong>ver en priorité les éléments caractéristiques fragilisés).<br />
6. Sensibiliser et expliquer la démarche de restitution eu égard à l’historicité de l’islam en ce<br />
lieu. Transmettre l’idée que l’ancienne mosquée est un témoin de l’histoire, veiller à ne pas<br />
l’abîmer.<br />
7. Rest<strong>au</strong>rer selon les plans origin<strong>au</strong>x, en faisant appel <strong>au</strong>x doyens loc<strong>au</strong>x et <strong>au</strong>x artisans loc<strong>au</strong>x<br />
pour satisfaire cette contrainte. Rest<strong>au</strong>rer et restituer impliquent donc l’utilisation <strong>des</strong><br />
procédés loc<strong>au</strong>x et l’intervention <strong>des</strong> maalmines loc<strong>au</strong>x.<br />
8. Améliorer les procédés en cas de nécessité (étanchéité) en respectant toujours la compatibilité<br />
<strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x (la ch<strong>au</strong>x et non le ciment pour le bâtit en terre) pour prévenir toute pathologie<br />
exogène <strong>au</strong>x procédés loc<strong>au</strong>x.<br />
Cette méthode très respectueuse est d’<strong>au</strong>tant plus probante que le coût de<br />
rest<strong>au</strong>ration en milieu rural est moindre que dans une cité et qu’il est donc moins cher<br />
de rest<strong>au</strong>rer avec les procédés loc<strong>au</strong>x que de faire venir <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x exogènes et de<br />
les mettre en œuvre 6 . Il est vrai cependant que la restitution est plus longue et moins<br />
facile à mettre en œuvre ; cependant, placée entre les mains <strong>des</strong> doyens d’une<br />
commun<strong>au</strong>té, elle permet de resserrer le lien social tout en donnant une très grande<br />
fierté à ceux qui la mettent en œuvre.<br />
Nous pouvons également ajouter que cette action a été connue dans toute la région<br />
<strong>au</strong> point que ce modèle, compris de tous, est en train de se diffuser. <strong>Les</strong> habitants<br />
d’Assa sont heureux de recevoir <strong>des</strong> délégations de personnes désireuses de s’informer<br />
en rencontrant tous les acteurs de cette expérience.<br />
Conclusion<br />
En conclusion, il apparaît que, sans revenir à l’éternel débat entre le qâdim et le jadîd<br />
(ou la querelle <strong>des</strong> anciens et <strong>des</strong> modernes), il est ici démontré comment il est simple et<br />
peu onéreux de rest<strong>au</strong>rer les mosquées du Sud marocain. Ces deux exemples prouvent<br />
que <strong>des</strong> actions de rest<strong>au</strong>ration comme de réhabilitation peuvent associer l’identité<br />
locale, la mémoire, l’histoire et les besoins actuels <strong>des</strong> commun<strong>au</strong>tés.<br />
Cependant, à l’échelle du roy<strong>au</strong>me, seule une action commune interministérielle<br />
entre le Ministère <strong>des</strong> Habous et celui de la Culture peut durablement inverser la<br />
tendance qui est à la <strong>des</strong>truction du patrimoine architectural sacré. L’action de<br />
sensibilisation qui s’appuie sur <strong>des</strong> propositions concrètes en montrant <strong>des</strong> modèles<br />
réalisés peut ensuite être associée à la force du cadre réglementaire.<br />
6 La mosquée de Sîdi El Wali, dont il ne restait qu’un pan de mur et le mihrab, a nécessité, pour être restituée à<br />
l’identique, moins de 200 journées-hommes de travail pour <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x loc<strong>au</strong>x disponibles sur place (pierre<br />
gratuite, transport à assurer), bois de palme et ch<strong>au</strong>x à acheter. Un coût dérisoire inférieur <strong>au</strong> tiers de ce que cela<br />
<strong>au</strong>rait coûté en béton de ciment armé ou en parpaings pour un résultat très apprécié localement.<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
111
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 112<br />
Puissent ces exemples se diffuser dans le Sud marocain qui recèle d’un patrimoine<br />
mineur de grand intérêt comme d’architectures sacrées majeures.<br />
Nous avons choisi six <strong>au</strong>tres lieux emblématiques et merveilleusement respectueux<br />
du local pour illustrer l’idée que nous devons à tout prix éviter les <strong>des</strong>tructions qui se<br />
multiplient actuellement partout.<br />
112<br />
5<br />
6<br />
7<br />
Le palmier transperce le plafond, Zawya Sidi<br />
L’arbi El Houarri.<br />
La mosquée de Goulmima rénovée à la manière<br />
fassia (tuiles vertes et jamour de cuivre) alors<br />
qu'elle figurait parmi les plus belles mosquées à<br />
piliers octogon<strong>au</strong>x de la région.<br />
La mosquée de Tarfaya re<strong>des</strong>sinée, flanquée de tuiles<br />
vertes et de créne<strong>au</strong>x exogènes. L'intérieur très<br />
sombre ne respecte pas le plan initial et menace de<br />
devenir un lieu insalubre (humidité et obscurité, pas<br />
de ventilation).<br />
La Zawya de 8 siècles d’Assa rasée puis remplacée<br />
par une mosquée neuve en son emplacement.<br />
Là-encore tuiles vernissées, minaret et rose exogènes.<br />
8 9<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Travées de la Mosquée d’Ouled<br />
Driss (Bas-Dra)
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 113<br />
10<br />
La Zawya d'Imi n'Tatelt et les <strong>au</strong>mônes de Tayfa n'Ibril,<br />
le patrimoine immatériel de la zawya.<br />
Le mihrab de la mosquée-oratoire de Tagadirt Tizourgan, Idaw Gnidif,<br />
Ayt Baha, rest<strong>au</strong>rée dans les règles de l'art par les propriétaires.<br />
11<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
113
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 114<br />
114<br />
12<br />
Avant Après<br />
Mosquée Sidi El Wali, étapes de la rest<strong>au</strong>ration dans les règles<br />
de l'art. Ruinée <strong>au</strong> trois quart, elle est restituée à l'identique<br />
grâce <strong>au</strong>x nombreux témoignages <strong>des</strong> doyens loc<strong>au</strong>x.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 115<br />
13<br />
La mosquée Timzgida ufella avant puis pendant la rest<strong>au</strong>ration. Accolée <strong>au</strong>x remparts<br />
désormais rest<strong>au</strong>rés, elle est progressivement restituée à partir <strong>des</strong> bases <strong>des</strong> fondations<br />
corroborée <strong>des</strong> témoignages loc<strong>au</strong>x et d'un écrit colonial (O. du Puig<strong>au</strong>de<strong>au</strong>).<br />
Un patrimoine sacré en péril ...<br />
115
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 116<br />
Bibliographie indicative :<br />
1951. Drague, Georges [Spillman], Esquisse d’histoire religieuse du <strong>Maroc</strong>. Paris, J. Peyronnet.<br />
1981. Eickelman, Dale F., Moroccan Islam, tradition and society in a Pilgrimage Center, 1976<br />
University of Texas Press.<br />
2001. El-Alaoui, Nargys. Le soleil, la lune et la fiancée végétale. Essai d’anthropologie <strong>des</strong> rituels.<br />
Aix-en-Provence, Edisud.<br />
1988. Hammoudi, Abdellah. La victime et ses masques, essai sur le sacrifice et la mascarade <strong>au</strong><br />
Maghreb, Paris, Seuil.<br />
2003. Hell, Bertrand. Le tourbillon <strong>des</strong> génies (Au <strong>Maroc</strong> avec les Gnawa). Paris, Flammarion.<br />
1981. Jamous, Raymond. Honneur & Baraka (<strong>Les</strong> structures traditionnelles dans le Rif, Paris,<br />
Cambridge, Maisons <strong>des</strong> Sciences de l’Hommes et Cambridge University Press.<br />
2000. Kenssoussi, Jaafar (dir.). Sagesse et splendeur <strong>des</strong> arts islamiques, hommage à Titus<br />
Burckhardt, (5ème Session <strong>des</strong> Mawsimiyât, mai 1999), Marrakech, El Qobba Zarqa (édition<br />
bilingue).<br />
2002. Moussaoui, Abderahmane. Espace et sacré <strong>au</strong> Sahara. Ksours et oasis du Sud-Ouest algérien,<br />
Paris, CNRS.<br />
1987. Mezzine, Larbi. Le Tafilalt (Contribution à l’Histoire du <strong>Maroc</strong> <strong>au</strong>x XVII et XVIIIe siècles),<br />
Faculté <strong>des</strong> Lettres et Sciences Humaines de Rabat,<br />
2001. Naji, Salima. Art et architectures berbères (Vallées présahariennes), Aix-en-Provence, Edisud.<br />
2003. Naji, Salima. Portes du Sud marocain, Aix-en-Provence, Edisud.<br />
2006. Naji, Salima. Greniers de l’Atlas, patrimoines du Sud marocain, Aix-en-Provence, Edisud.<br />
2006. Naji, Salima pour l’Agence Pour le Développement Economique et Social <strong>des</strong> Provinces du<br />
Sud du Roy<strong>au</strong>me. Etu<strong>des</strong> préliminaires portant sur la Requalification du Qsar d’Assa, une<br />
réhabilitation <strong>au</strong> service <strong>des</strong> habitants,<br />
Cahier A : Rapport de présentation et prescriptions, Plaquette <strong>des</strong> intentions ; Cahier B : Etat <strong>des</strong> lieux<br />
et pré-diagnostic, Cahier C : Sources ; Cahier D : Catalogue raisonné du vocabulaire<br />
architectural d’Assa et Cahier de prescriptions et recommandations spécifiques <strong>au</strong> Ksar<br />
d’Assa ; Cahier E : Note de recommandations relative à l’Esquisse du schéma<br />
d’assainissement du Ksar s<strong>au</strong>vegardé. Plans, cartes et <strong>au</strong>tres documents iconographiques.<br />
2007. Naji, Salima. «Le triangle et la fibule. Espaces féminins à Imi n’Tatelt, Anti-Atlas» in<br />
Femmes d’Orient, Femmes d’Occident : Espaces, mythes et symboles, Paris, L’Harmattan,<br />
pp. 79-98.<br />
1977. Pascon, P<strong>au</strong>l. Le Haouz de Marrakech, (2 tomes) Coédition C.U.R.S. et I.N.A., Rabat,<br />
C.N.R.S., Paris.<br />
1984. Pascon, P<strong>au</strong>l (dir.). La maison d’Iligh et l’histoire sociale du Tazerwalt, Rabat, SMER.<br />
1922. Lévi-Provençal, Evariste. <strong>Les</strong> historiens <strong>des</strong> Chorfa. Paris, Maisonneuve et Larose.<br />
1990. Rachik, Hassan. Sacré et sacrifice dans le H<strong>au</strong>t-Atlas marocain, Afrique-Orient, Casablanca.<br />
1976. Unesco. Recommandations concernant la s<strong>au</strong>vegarde <strong>des</strong> ensembles historiques ou<br />
traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine.<br />
116<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 117<br />
LE MINARET<br />
Origine et variété esthétique<br />
Azzedine RHADDIOUI<br />
Plasticien, Enseignant à l’Ecole Nationale<br />
d’Architecture<br />
Avant d’entamer une étude exh<strong>au</strong>stive sur le Minaret qui va pratiquement évoluer à<br />
travers les siècles selon les régions, un aperçu sur son origine s’avère nécessaire pour<br />
mieux saisir la répartition spatiale de chacun <strong>des</strong> éléments qui compose la mosquée.<br />
D’abord, la mosquée que l’on appelle masjid signifiant se prosterner est toujours<br />
réservée à <strong>des</strong> lieux de culte particulièrement sacrés, à l’image de la Kaaba, de la<br />
coupole du Rocher (Qoubbat as-Sakhra) et de la maison du Prophète Mohammad<br />
(PSL), devenue ultérieurement la Mosquée de Médine:<br />
• Ce type de maison a été déterminé par la cour à ciel ouvert entourée d’une<br />
enceinte de briques crues et à l’intérieure de l’enceinte existaient diverses<br />
chambres <strong>des</strong> épouses du Prophète (PSL);<br />
• Un portique fait de troncs de palmier, couvert de feuilles de palmes et de terre<br />
faisait office d’une première salle de prière, en direction de Masjid Al Aqsa (la<br />
Mosquée la plus éloigné qui se trouve à Jérusalem);<br />
• Un second portique, sensiblement plus grand, notifie enfin la direction définitive<br />
pour les prières, orienté sud vers la Kaaba. Le type de la mosquée à cour,<br />
largement dominant dans le monde arabe fut crée.<br />
<strong>Les</strong> plus anciens exemples attestés, et non conservés, de ce schéma agrandi sont les<br />
mosquées de Basra (665) et de Koufa (670) en Irak. Toutefois ces premières<br />
réalisations ont été dépourvues du Mihrab, du Minaret et du Minbar à plusieurs<br />
marches. Seule la direction du mur de la qibla était obligatoire.<br />
C’est seulement sous les Omeyya<strong>des</strong>, que l’on ajoutait après le minaret, une niche<br />
creusée dans le mur (mihrab) qui accentue la nef centrale, plus h<strong>au</strong>te et plus large que<br />
les <strong>au</strong>tres travées parallèles <strong>au</strong> mur de la direction. Le minbar a été accolé à droite du<br />
mihrab et construit en dur qui remplace le siège bas et mo<strong>des</strong>te à deux degrés dont le<br />
Prophète (PSL) utilisait en face d’une assistance <strong>des</strong> fidèles. A savoir que ce type de<br />
LE MINARET - Origine et variété esthétique<br />
117
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 118<br />
petit minbar est encore préservé dans de nombreuses mosquées, lors <strong>des</strong> réunions<br />
<strong>au</strong>tour d’un faquih ou d’un intervenant extérieur pour les besoins d’un cours religieux.<br />
Plus tard, l’époque Omeyyade sera caractérisée par le minaret unique, sur plan<br />
carré, trapu et massif. À de rares exceptions près, il est encastré dans le mur d’enceinte,<br />
avec une prédilection pour le côté nord de la cour, par exemple dans la mosquée de<br />
Basra, en Syrie, ou encore dans la mosquée Sidi Oqba à Kairouan.<br />
Le sujet spécifique de notre intervention est le Minaret qui est sans nul doute l’un<br />
<strong>des</strong> éléments incontournables de la mosquée qui ont le plus marqué les cités arabes. Il<br />
a été le repère visuel permettant <strong>au</strong>x étrangers de se diriger vers le centre <strong>des</strong><br />
agglomérations.<br />
Le minaret a conservé son identité spécifique, celle du h<strong>au</strong>t duquel est lancé l’appel<br />
à la prière quotidienne. Cependant, du point de vue esthétique une variante régionale<br />
lui donne un cachet particulier : Le minaret d’Orient musulman est différent de celui<br />
de l’Occident musulman. Plusieurs types de minarets peuvent coexister. L’aspect<br />
formel, l’utilisation de certains matéri<strong>au</strong>x, les éléments du décor ou l’épigraphie nous<br />
donne <strong>au</strong>tant de renseignements qu’une empreinte digitale : Une région peut être ainsi<br />
déterminée.<br />
Il est à savoir que le minaret trouve d’abord son origine dans la Kaaba, <strong>au</strong> <strong>des</strong>sus<br />
de laquelle, BILAL le compagnon du Prophète a déclamé les louanges à Dieu<br />
Omniprésent. Comme il a été souligné précédemment, la tradition veut que l’appel à<br />
la prière soit lancé à h<strong>au</strong>te voix, à partir d’une h<strong>au</strong>teur élevée ou dégagée et être visible<br />
et identifié de loin.<br />
L’influence du Minaret central de la grande mosquée de Damas fut déterminante :<br />
de forme parallélépipédique et prenant l’appellation “Minaret Issa” en hommage <strong>au</strong>x<br />
chrétiens qui ont voulu partagé leur lieu de culte, dès le début de la présence<br />
musulmane.<br />
Ensuite, c’est à la mosquée Zakariya à Halab où a été conçu le prototype du minaret<br />
maghrébin qui est <strong>au</strong>ssi de forme parallélépipédique mais de h<strong>au</strong>teur élancée.<br />
Nous pouvons citer <strong>au</strong>ssi les minarets <strong>des</strong> Gran<strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> de Kairouan, de la<br />
Zatouna à Tunis, de la Koutoubia à Marrakech, de Hassan à Rabat, de la Giralda de<br />
Séville, de Mansourah non loin de Tlemcen, qui sont parmi d’<strong>au</strong>tres plus spécifique <strong>au</strong><br />
<strong>Maroc</strong> tant par le choix <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x que du décor.<br />
Si l’objectif est de proposer un recueil panoramique <strong>des</strong> minarets <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, à travers<br />
les villes et les régions, nous pouvons déjà montrer les spécificités particulières et aider<br />
les urbanistes, les architectes à plus de créations sans pour <strong>au</strong>tant trahir notre<br />
patrimoine. Il a été souvent établi que sans les contraintes formelles point d’innovation.<br />
118<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 119<br />
L’étude du minaret du <strong>Maroc</strong> pour sa réhabilitation peut être divisée en trois<br />
phases :<br />
• Une partie exh<strong>au</strong>stive devra s’attachera à l’historique et <strong>au</strong>x prototypes <strong>des</strong><br />
minarets ;<br />
• Une seconde partie devra faire l’inventaire <strong>des</strong> minarets les plus déterminants et<br />
enrichie d’une large documentation;<br />
• Une troisième partie sera relative à une définition générale de quelques concepts<br />
plastiques dont le but est d’orienter les créateurs à plus d’apports et de variétés<br />
pour ne pas tomber dans le piège d’une répétition lassante qui ne peut que<br />
scléroser notre héritage artistique et le savoir faire de nos maîtres artisans.<br />
Ce sont là, quelques critères qui puissent aider à mieux saisir les spécificités du<br />
minaret en général et celui de notre région en particulier.<br />
Cette réflexion, espérons le, sera l’occasion de susciter un large débat et l’envie de<br />
mener <strong>des</strong> recherches plus approfondies.<br />
LE MINARET - Origine et variété esthétique<br />
119
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 120<br />
120<br />
1 2<br />
4 5<br />
6 7 1- Minaret Al Arousse “Issa” (Damas)<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
2- Minaret de l’Est (Damas)<br />
3<br />
3- Minaret de Zakariya, façe Sud<br />
(Halab)<br />
4- Minaret Kaïrouan (Tunisie)<br />
5- Minaret de Samarra (Irak)<br />
6- Minaret Al Karawiyine (Fès)<br />
7- Minaret Ibn Touloun (Le Caire)
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 121<br />
8<br />
12<br />
13<br />
14 15<br />
9 10<br />
11<br />
8- Minaret Koutoubiya<br />
(Marrakech)<br />
9, 10, 11 - Minaret Hassan<br />
(Rabat)<br />
12- Partie basse du minaret<br />
Mansourah (Près de<br />
Tlèmcen)<br />
13- Minaret Grande mosquée<br />
(Tlèmcen)<br />
14- Minaret de la Mosquée du<br />
Chah (Ispahan)<br />
15- Minaret Soulaïmanyé<br />
(Istamboul)<br />
LE MINARET - Origine et variété esthétique<br />
121
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 122<br />
122<br />
16<br />
19<br />
17 18<br />
20 21<br />
22 23 24<br />
16- L’un <strong>des</strong> minarets du Taj Mahal (Agra)<br />
17- Mosquée de Lahore<br />
18- Minaret de la Grande Mosquée (Rabat)<br />
19- Minaret de la mosqée My. El Mekki (Rabat)<br />
20- Minaret de la mosquée Al Irfane (Rabat)<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
21- Minaret de la mosquée Badr (Rabat)<br />
22- Minaret de la Grande Lalla Soukaïna (Rabat)<br />
23- Minaret de la mosqée Outaïba (Rabat)<br />
24- Minaret de la mosquée Ryad (Rabat)
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 123<br />
LA MOSQUEE,<br />
un repère dans la ville<br />
Hassan KHARMICH<br />
Enseignant Chercheur à l’Ecole Nationale d’Architecture,<br />
Rabat<br />
L’objet de cette communication est la définition de la place de la mosquée dans le<br />
contexte urbain marocain. Nous proposons comme point de départ de reconstituer le<br />
rôle de la mosquée dans l’organisation socio-culturelle et spatiale de la ville<br />
traditionnelle pour s’acheminer vers le nouve<strong>au</strong> statut de cette institution cultuelle dans<br />
la ville d’<strong>au</strong>jourd’hui.<br />
A la quête de cette véritable signification de la mosquée dans la ville, on tentera de<br />
rechercher si la place qu’occupe la mosquée dans la ville actuelle et son rôle<br />
structurant l’espace et la société sont en continuité ou en rupture avec le modèle<br />
traditionnel ou si l’on assiste à l’émergence de nouve<strong>au</strong>x modèles de références plus<br />
marqués par la «neutralité» de la mosquée dans le tissu urbain ?<br />
1- La mosquée dans la ville traditionnelle<br />
- La mosquée, un témoin de la production de la citadinité musulmane<br />
De tout temps, l’unité éminente de la ville doit sa s<strong>au</strong>vegarde à la Grande Mosquée,<br />
vers laquelle tout conflue, et de laquelle tout reflue, comme si elle était un cœur.<br />
Dans la cité traditionnelle, anti-coloniale, la mosquée représentait une composante<br />
spatiale essentielle qui organisait et déterminait les mouvements <strong>des</strong> croyants. <strong>Les</strong><br />
déplacements se faisaient en direction <strong>des</strong> mosquées de résidence ou vers celles à<br />
proximité du lieu de travail, plusieurs fois par jour et une fois par semaine le vendredi<br />
vers la mosquée à khütba.<br />
<strong>Les</strong> fidèles avaient l’occasion de se rencontrer à l’heure de la prière. Ces lieux<br />
moment, étant propice à l’échange, à la consultation, à la concertation. La mosquée à<br />
prône du vendredi rassemblait les habitants de plusieurs quartiers ou de la totalité de<br />
la ville, donnant lieu à une maximisation de l’interaction sociale et à<br />
l’accomplissement de la vie commun<strong>au</strong>taire.<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
123
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 124<br />
En plus de son rôle de cristallisation de la foi, la mosquée fut réconfortée par<br />
d’<strong>au</strong>tres attributions. Elle faisait office également de siège de gouvernement politique,<br />
de commandement militaire, de tribunal, de pôle de médiatisation de l’information et<br />
de concertation avec la population. C’était un lieu privilégié où les décisions, les<br />
informations et les savoirs se diffuseraient et où la politique et le religieux<br />
s’enchevêtraient étroitement.<br />
124<br />
- La mosquée, un structurant spatial<br />
Tout en étant un h<strong>au</strong>t lieu de la foi, de la spiritualité et de la maximisation <strong>des</strong><br />
interactions sociales, la mosquée participait amplement dans la structuration de l’espace.<br />
A partir de la grande mosquée, toute la configuration du tissu urbain et son agencement,<br />
prenaient sens et signification. La conception urbanistique de la cité, dans son ensemble,<br />
exprimait «la réalité d’un idéal citadin islamique et de ses lieux privilégiés» 1 .<br />
Médina de Rabat <strong>Les</strong> Oudaya à Rabat<br />
En effet, c’est à partir de la grande mosquée, en tant que point névralgique dans la<br />
cité, que toutes les activités de production et de services se structuraient suivant une<br />
hiérarchie spatiale «où l’on voyait volontiers l’expression d’une valorisation<br />
préférentielle de certaines professions nobles, en rapport plus ou moins étroit avec le<br />
culte» 2 . <strong>Les</strong> souks et les métiers les plus propres et les plus nobles occupaient<br />
Médina de Rabat<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
La mosquée<br />
un point névralgique<br />
dans la cité<br />
La mosquée<br />
un pivot d'organisation<br />
fonctionnelle<br />
1 Saïd Mouline : La ville et la maison arabo-musulmanes, in B.E.S.M, n° 147-148, 1981, (pp. 1-13).<br />
2 Xavier De Planhol : Forces économiques et composantes culturelles dans les structures commerciales <strong>des</strong> villes<br />
islamiques, un Espace Géographique, n°4, 1980, (pp 315-322).
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 125<br />
l’entourage immédiat de la grande mosquée, tandis que les activités les plus<br />
salissantes, les plus bruyantes et les malodorantes étaient reléguées à la périphérie.<br />
C’est <strong>au</strong>ssi en proximité étroite de la grande mosquée que se regroupaient les formes<br />
les plus h<strong>au</strong>tes de l’étude et du savoir en l’occurrence les médersas, les résidences<br />
d’étudiants, la grande bibliothèque et les librairies. Ces fondations à caractère culturel<br />
constituaient, avec la grande mosquée, une sorte d’université permettant l’acquisition<br />
<strong>des</strong> sciences religieuses, de la grammaire, de la rhétorique et de la logique.<br />
Il paraît ainsi, que la place du sacré dans l’espace est centrale. Elle est le pivot d’une<br />
organisation spatiale harmonieuse qui, à partir de la mosquée, se subdivise du centre à<br />
la périphérie, en bâtisses consacrées <strong>au</strong> commerce, à l’artisanat, <strong>au</strong>x habitations, <strong>au</strong>x<br />
équipements collectifs,…<br />
L’emprunte du sacré est manifeste dans la localisation de la grande mosquée, qui<br />
constitue le centre spirituel de la cité : enclos sacré, situé <strong>au</strong> cœur de la ville, à partir<br />
duquel l’ensemble du rése<strong>au</strong> urbain prend toute sa signification. Autour d’elle on<br />
trouve de multiples activités artisanales et commerciales, groupées en marchés<br />
spécialisés pour la production ou la vente d’une même variété de marchandises<br />
Cœur de la cité, la mosquée est <strong>au</strong>ssi une unité qui définit l’organisation spatiale de<br />
la ville. En effet, la construction d’un nouve<strong>au</strong> quartier est définie par la portée de voix<br />
du muzzein qui du h<strong>au</strong>t de son minaret, prononce quotidiennement les cinq appels à la<br />
prière. La répartition du tissu urbain se trouve en quelque sorte ponctuée par cette<br />
portée de voix du muzzein, qui oscillait entre 65 et 80 mètres 3 .<br />
Le fait également que les<br />
mosquées soient implantées<br />
en croisement <strong>des</strong> voies et<br />
organisées <strong>au</strong>tour <strong>des</strong> quelques<br />
places dotées souvent de<br />
fontaines, d’arbres…leur<br />
attribue une image de repère<br />
urbain.<br />
En somme, la représentation de l’espace et de ses fonctions dans la ville obéissait à<br />
une stricte hiérarchie de valeur : tout s’organisait en fonction de la proximité ou de<br />
l’éloignement de la mosquée : localisation <strong>des</strong> activités de production ou d’échange,<br />
variation <strong>des</strong> prix <strong>des</strong> biens immobiliers, articulation <strong>des</strong> rapports soci<strong>au</strong>x et de<br />
voisinage.<br />
3 Mohammed Sijjilmassi : Fès : cité de l’art et du savoir, 1991.<br />
Une répartition régulière<br />
<strong>des</strong> mosquées dans la<br />
médina de Meknès<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
125
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2- La mosquée dans la ville moderne<br />
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- La mosquée, un équipement dans la ville<br />
Autrefois, la mosquée occupait une place centrale dans la vie urbaine, elle devient,<br />
<strong>au</strong>jourd’hui, un simple lieu de culte, déconnectée <strong>des</strong> problèmes de la société, et un<br />
simple équipement, moins structurant l’espace. La hiérarchie <strong>des</strong> espaces dans la ville<br />
obéit dorénavant à l’influence d’<strong>au</strong>tres facteurs structurant : rése<strong>au</strong> de mobilité et de<br />
déplacement, activités modernes de production et d’échange, administration politique,<br />
nouve<strong>au</strong>x centres de pouvoir et de décision, etc.<br />
<strong>Les</strong> effets de l’urbanisation rapide qu’a connue la ville marocaine ont joué dans le<br />
même sens. La pénétration de l’économie moderne a provoqué le déplacement <strong>des</strong><br />
centres d’activités et d’échange de la médina où tout s’organisait à partir de la grande<br />
mosquée en fonction d’une hiérarchie de valeur, vers la ville coloniale où tout<br />
s’agençait de part et d’<strong>au</strong>tre <strong>des</strong> grands boulevards, pour s’acheminer vers une<br />
organisation diffuse à partir de certaines polarités secondaires, situées en périphérie et<br />
spécialisées dans <strong>des</strong> segments d’activités.<br />
Désormais, ce n’est plus la mosquée avec son minaret et ses cinq appels à la prière<br />
qui régulent les rythmes urbains et déterminent les rapports entre composantes<br />
spatiales, c’est plutôt Marjane, Aswak Assalam, le Mega Mall, Mac Donald’s, etc. qui<br />
deviennent les repères et les identifiants tant spatial que social. Ces formes de la<br />
modernisation de l’espace et de la société, ont entraîné <strong>des</strong> changements profonds <strong>des</strong><br />
comportements et <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> de caractère religieux qui sont en même temps les<br />
fondements de la vie matérielle dans la ville.<br />
Mosquée à Plaisance - Meknès Mosquée à Bellevue - Meknès<br />
Ainsi, l’évolution de la société urbaine et l’organisation de son espace se réfèrent<br />
plus à <strong>des</strong> normes urbaines plus fonctionnalistes, plus rentières et où le profane<br />
l’emporte, assez souvent, sur le sacré et où la logique de la modernisation prime sur<br />
l’organisation traditionnelle commun<strong>au</strong>taire. Aujourd’hui, même si la mosquée<br />
continue à meubler l’espace urbain et à drainer un nombre considérable de fidèles<br />
surtout le vendredi, pendant le Ramadan et lors fêtes religieuses, elle ne matérialise<br />
plus cette instance à partir de laquelle toute la ville prend sens et signification.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
La mosquée<br />
un vecteur d'animation<br />
et de mixité sociale
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Ceci dit, dans certains cas, la construction d’une mosquée <strong>au</strong> milieu de certains<br />
quartiers hétérogène en terme de typo-morphologie et de contenu social, peut rendre<br />
ces lieux de culte <strong>des</strong> pôles d’animation, de sociabilité, de mixité et de brassage social.<br />
La mosquée Anouar - Meknès la mosquée Belleaire - Meknès<br />
La mosquée un<br />
catalyseur d'intégration<br />
urbaine et sociale<br />
Par ailleurs, dans les centralités modernes émergentes, la mosquée cohabite<br />
parfaitement avec <strong>des</strong> édifices dédiés <strong>au</strong>x nouvelles technologies de l’information et<br />
de communication, à la franchise de distribution et de services, etc.<br />
Cette compétitivité territoriale, où tradition et contemporanéité se chev<strong>au</strong>chent et<br />
interagissent, détermine largement la nouvelle identité de l’espace urbain marocain. Et<br />
par le même truchement définit la place de la mosquée dans le nouve<strong>au</strong> contexte urbain<br />
et dans la nouvelle cartographie <strong>des</strong> équipements collectifs.<br />
De fait, la mosquée est confrontée à de nouve<strong>au</strong>x défis spatio-temporels,<br />
l’inscrivant dans une échelle plus planétaire que locale. Elle doit traduire par son rôle,<br />
son architecture, sa forme son adhésion à la nouvelle ère du temps. Une ère qui renvoie<br />
à la fois à l’<strong>au</strong>thenticité de la pratique et à la contemporanéité <strong>des</strong> préoccupations<br />
socioculturelles et politiques.<br />
Cohabitation de deux repères : un centre d'appel à proximité de la mosquée Badr à l'Agdal à Rabat<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
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128<br />
- Vers une reconquête de la mosquée<br />
L’attention particulière octroyée à la mosquée en tant qu’institution d’encadrement<br />
social et de symbole de la prééminence de l’Islam, a donnée lieu à la multiplication de<br />
la construction de mosquées tout en veillant à leur embellissement, pour y attirer la<br />
foule. La symbolique étatique représentée par «<strong>des</strong> mosquées imposantes, dotées<br />
parfois d’esplana<strong>des</strong>, coïncide dans ce cas avec la volonté de rassemblement de la<br />
commun<strong>au</strong>té» 4 : car la prière dans une mosquée est d’<strong>au</strong>tant plus sanctifiante que celleci<br />
permet de réunir le maximum de fidèles.<br />
L’équipement <strong>des</strong> mosquées en paraboles diffusant <strong>des</strong> émissions religieuses,<br />
l’usage <strong>des</strong> mosquées comme lieu de lutte contre l’analphabétisme sont, entre <strong>au</strong>tres,<br />
<strong>des</strong> mesures qui peuvent restituer à la mosquée toute sa vocation sociale et culturelle<br />
et toute son importance dans la ville.<br />
Par ailleurs, l’architecture, l’agencement <strong>des</strong> espaces de la mosquée, l’esthétique,<br />
l’ornementation, la volumétrie et les gabaries, le choix <strong>des</strong> matéri<strong>au</strong>x, l’intégration <strong>des</strong><br />
nouvelles technologies de construction, sont également <strong>des</strong> aspects à considérer d’une<br />
manière systémique pour une reconquête de ce h<strong>au</strong>t lieu de la foi et de lui redonner<br />
toute la place qui lui revient dans notre contexte marocain.<br />
En dernier, l’intégration de la mosquée dans son contexte temporel, social et<br />
culturel est, <strong>au</strong>jourd’hui, plus qu’une nécessité, c’est une urgence. La ville et la vie<br />
dans la ville marocaine n’<strong>au</strong>ront de sens et de signification que si on restitue à la<br />
mosquée son rôle en tant que repère spatial et identifiant social et qu’on synchronise<br />
les normes urbaines et architecturales et les prescriptions religieuses.<br />
4 Mohamed Naciri : La mosquée, un enjeu dans la ville, in Lamalif n°192, 1987, (pp. 48-52).<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
La mosquée<br />
et son minaret : identifiant<br />
et repère dans la ville
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EDIFICATION DES MOSQUÉES EN RAPPORT<br />
AVEC LES NOUVELLES EXIGENCES DE LA<br />
MOBILITÉ DES USAGERS<br />
INTRODUCTION :<br />
Mohammed Achour<br />
Architecte, urbaniste,<br />
professeur d’architecture, E N A.<br />
Il est sans conteste que la nature de la mobilité <strong>des</strong> habitants dans la ville a été<br />
profondément affectée par les changements survenus depuis une quinzaine d’années<br />
dans la société globale. Ces changements concernent en premier les moyens de<br />
transport et de communication, les infrastructures routières et <strong>au</strong>ssi les systèmes de<br />
déplacement. Par conséquent, les pratiques spatiales <strong>des</strong> habitants s’adaptent<br />
<strong>au</strong>jourd’hui à ces évolutions, ce qui se traduit par de nouvelles tendances de la mobilité<br />
qui ont à leur tour un impact direct sur la ville et ses composantes.<br />
A l’évidence, cela impose un renouvellement et une mise à jour <strong>des</strong> normes<br />
d’édification de tous les éléments constitutifs de la ville, notamment les lieux de culte<br />
et précisément les mosquées.<br />
Dès lors, nous proposons dans cette communication de mettre en lumière l’impact<br />
<strong>des</strong> nouvelles tendances de la mobilité <strong>des</strong> habitants sur la localisation <strong>des</strong> mosquées<br />
dans la trame urbaine ainsi que les nouvelles logiques qu’elles imposent dans<br />
l’organisation de ces lieux de culte.<br />
A cette fin, nous allons analyser, à travers <strong>des</strong> cas concrets de mosquées situées à<br />
Rabat, le rapport de la localisation <strong>des</strong> mosquées et organisation eu égard <strong>au</strong>x<br />
nouvelles mobilités <strong>des</strong> usagers, à leurs besoins en déplacements et à leurs possibilités<br />
de se rendre d’un lieu de la ville à un <strong>au</strong>tre.<br />
En effet, les pratiques spatiales <strong>des</strong> habitants s’adaptent <strong>au</strong>x évolutions récentes <strong>des</strong><br />
moyens de déplacement, notamment <strong>au</strong>x t<strong>au</strong>x d’équipement en <strong>au</strong>tomobile <strong>des</strong><br />
ménages et <strong>au</strong> développement <strong>des</strong> infrastructures routières. De ce fait, les distances<br />
parcourues ont sensiblement <strong>au</strong>gmenté et les lieux fréquentés sont devenus de plus en<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
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plus éloignés du lieu de résidence. Ceci, à l’évidence <strong>au</strong>gmente l’intensité <strong>des</strong> flux<br />
dans la ville et y rend la mobilité quotidienne plus accrue.<br />
La démocratisation de l’usage de l’<strong>au</strong>tomobile, permet <strong>au</strong>jourd’hui la réalisation de<br />
trajets plus longs sur <strong>des</strong> durées plus courtes, ce qui encourage et stimule les<br />
déplacements <strong>des</strong> habitants entre différents lieux de la ville.<br />
Dans le même sens, la vitesse <strong>des</strong> transports devenue plus performante encourage<br />
les gens à aller plus loin et avoir une préférence pour l’espace. Tel appétit <strong>au</strong>gmente<br />
les distances parcourues et <strong>au</strong>ssi les espaces de stationnements.<br />
Par ailleurs, nous constatons <strong>au</strong>jourd’hui une détérioration <strong>des</strong> mécanismes d’identité,<br />
d’appartenance et de commun<strong>au</strong>té sous l’influence <strong>des</strong> possibilités de déplacement.<br />
La notion d’appartenance à un quartier et la notion de voisinage, qui s’appuyaient<br />
sur la proximité physique, tendent à disparaître. Du fait, <strong>Les</strong> relations sociales sont de<br />
moins en moins corrélées avec la proximité et nécessitent <strong>des</strong> déplacements de plus,<br />
alors qu’<strong>au</strong>paravant les gens qui avaient <strong>des</strong> relations sociales, <strong>des</strong> intérêts et <strong>des</strong><br />
enjeux communs voisinaient dans le même lieu de la ville.<br />
La notion d’équipement de proximité (mosquée du quartier, boulangerie du<br />
quartier, etc.) a disparu elle <strong>au</strong>ssi. Alors qu’<strong>au</strong>paravant les gens cherchaient le pain<br />
dans la boulangerie du quartier et priaient dans la mosquée de la rue, <strong>au</strong>jourd’hui du<br />
moment où les moyens de transports permettent le déplacement facile, les gens<br />
choisissent leur boulangerie ou leur mosquée en fonction de l’accessibilité facile, en<br />
fonction de la voie de liaison rapide, ou encore en fonction du stationnement aisé. <strong>Les</strong><br />
usagers choisissent <strong>au</strong>ssi leurs mosquées en fonction de la capacité d’accueil et non<br />
plus la contiguïté.<br />
CONSTAT :<br />
En effet, comme on peut le constater, sous l’effet de ces évolutions, <strong>Les</strong> gens ne<br />
fréquentent plus la mosquée du quartier ou la plus proche, mais plutôt la mosquée la<br />
plus accessible facilement en voiture, c’est à dire celles limitrophes <strong>au</strong>x voies rapi<strong>des</strong>.<br />
Car du moment où l’on prend sa voiture, les gens préfèrent emprunter les voies faciles<br />
et non encombrées même si la mosquée est plus éloignée que celle du quartier où l’on<br />
habite si cette dernière est localisée dans un endroit difficilement accessible ou une<br />
trame viaire étroite.<br />
Nous constatons <strong>au</strong>ssi, que les mosquées les plus convoitées, surtout pendant le<br />
mois du Ramadan, sont les mosquées dotées de parkings de stationnement pour les<br />
voitures ou du moins celles situées dans une zone dont la trame viaire permet le<br />
stationnement facile.<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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D’<strong>au</strong>tre part, vue que les gens peuvent se déplacer facilement grâce <strong>au</strong>x moyens de<br />
transport, ils convoitent les mosquées qui disposent de cours (SAHN) permettant<br />
l’extension de la capacité d’accueil de la salle de prière, ou celles qui disposent d’une<br />
galerie extérieure couverte ou semi couverte pouvant servir de lieu de prière extérieur<br />
mais protégé <strong>des</strong> intempéries et à l’abri <strong>des</strong> nuisances de la rue, dans le cas de la<br />
saturation de la salle de prière. <strong>Les</strong> usagers préfèrent <strong>au</strong>ssi les mosquées dotées<br />
d’esplanade extérieure minérale située à l’avant de la salle de prière de façon à servir<br />
d’extension de celle-ci.<br />
Nous constatons <strong>au</strong>ssi que les mosquées qui sont dotées de jardins extérieurs ou de<br />
pelouses sont préférées à celles qui n’ont <strong>au</strong>cune extension possible et sont par<br />
conséquent plus convoitées que d’<strong>au</strong>tres.<br />
Tout cela, évidemment est c<strong>au</strong>sé par les possibilités de se déplacer facilement, grâce<br />
<strong>au</strong>x moyens de transport individuels, et <strong>au</strong>ssi collectifs (transport en commun) grâce<br />
<strong>au</strong>x infrastructures routières, grâce à l’évolution de la vitesse de déplacement devenue<br />
performante. Bref à c<strong>au</strong>se <strong>des</strong> nouvelles tendances de la mobilité <strong>des</strong> usagers.<br />
Par conséquent, l’édification <strong>des</strong> mosquées doit tenir compte de ces évolutions afin<br />
de répondre <strong>au</strong>x nouvelles exigences <strong>des</strong> usagers.<br />
ETUDE DE CAS :<br />
Nous prenons pour illustrer ces constats trois exemples exemplatifs pouvant servir<br />
de référence dans la normalisation <strong>des</strong> mosquées afin de les mettre en adéquation avec<br />
les pratiques de la mobilité <strong>des</strong> usagers.<br />
<strong>Les</strong> affirmations tirées de ces trois exemples émanent <strong>des</strong> résultats d’une enquête<br />
faite <strong>au</strong>près <strong>des</strong> usagers <strong>des</strong> mosquées dans le cadre d’une étude domiciliée à l’ENA<br />
et qui traite dans un de ses volets du rapport entre le temps <strong>des</strong> usagers et les<br />
caractéristiques <strong>des</strong> équipements socio- publics (entre <strong>au</strong>tre les mosquées).<br />
Pour ce faire, nous avons soumi un questionnaire à un échantillon d’usagers <strong>des</strong><br />
mosquées. La question principale était : quels sont les facteurs de facilitation que vous<br />
ressentez à la fréquentation <strong>des</strong> mosquées dont vous faites usage ?<br />
<strong>Les</strong> facteurs qui en ressortent et qui sont en rapport étroit avec la mobilité <strong>des</strong><br />
usagers peuvent être regroupés dans les trois indicateurs de facilitation à la<br />
fréquentation <strong>des</strong> mosquées suivants : 1) l’accessibilité (rapport à la voirie) 2) le<br />
stationnement (parcage de la voiture) 3) l’extension de la capacité d’accueil (le<br />
SAHN et l’esplanade).<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
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LA MOSQUEE ASSOUNNA (Rabat)<br />
Le premier exemple est celui de la mosquée ASSOUNNA construite et achevée<br />
en 1785, puis refaite plusieurs fois. Située à l’extrémité nord de l’avenue <strong>des</strong> Touarga,<br />
elle s’élève actuellement entre les bâtiments de l’office <strong>des</strong> phosphates et le collège My<br />
youssef.<br />
Cette mosquée est fréquentée d’une manière spectaculaire les jours du vendredi<br />
ainsi que pendant les mois du ramadan. En effet, les gens y viennent même de quartiers<br />
très loin (grâce justement, à ces moyens de transports et cette nouvelle culture de la<br />
mobilité) et ce, pour les raisons suivantes :<br />
Tout d’abord pour <strong>des</strong> raisons d’accessibilité. Cette mosquée est située dans un<br />
endroit stratégique de la ville daignant plusieurs voies rapi<strong>des</strong> et localisée près de<br />
plusieurs <strong>des</strong>sertes en transports collectifs. L’accessibilité y est facile en voiture sans<br />
être obligé d’entrer dans <strong>des</strong> voies secondaires de distribution du quartier (existence de<br />
voiries de liaison rapide). La mosquée est édifiée en île et les voitures peuvent tourner<br />
<strong>au</strong>tour d’une manière fluide et très facile.<br />
Deuxièmement le stationnement. La mosquée ASSOUNNA est entourée de voies<br />
larges permettant le stationnement facile même si elle n’est pas dotée d’une aire de<br />
stationnement particulière.<br />
Aussi, l’existence à proximité de la mosquée ASSOUNNA de parkings de<br />
stationnement de certains équipements voisins (par exemple, lycée Moulay Youssef, le<br />
ministère <strong>des</strong> PTT, etc.) permet le stationnement facile <strong>au</strong> moment <strong>des</strong> prières.<br />
132<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Troisièmement l’extension de la capacité d’accueil. La mosquée ASSOUNNA est<br />
dotée d’une esplanade extérieure bien située par rapport à la salle de prière (à l’avant).<br />
Cette esplanade minérale en partie <strong>au</strong>gmente la capacité d’accueil de la mosquée ce qui<br />
encourage les gens de venir de très loin.<br />
Cependant, cette esplanade n’est séparée <strong>des</strong> voies de circulation par <strong>au</strong>cune limite<br />
de protection ni <strong>au</strong>cune transition la protégeant de l’<strong>au</strong>tomobile quand elle sert<br />
d’espace de prière (qui doit être en principe calme et paisible).<br />
Aussi, la mosquée ASSOUNNA, dispose d’une immense cour (SAHN) rectangulaire<br />
et plus large que profonde, située en avant de la salle de prière qui permet le<br />
prolongement de celle ci ainsi que l’extension de la capacité d’accueil de la mosquée.<br />
Ce SAHN est entouré d’une galerie et de trois porches d’entrée pouvant servir d’espace<br />
de prière protégé <strong>des</strong> intempéries en plus du SAHN à ciel ouvert. Alors que nous<br />
constatons l’absence du SAHN dans la plupart <strong>des</strong> nouvelles mosquées contemporaines.<br />
LA MOSQUEE LALA SOUKAYNA (Rabat)<br />
Le deuxième exemple est celui de la mosquée LALA SOUKAYNA. Construite en<br />
1988, cette mosquée se situe sur un terrain très dégagé <strong>au</strong> bord d’un tissu résidentiel<br />
de villas à basse densité, entre le quartier Agdal et le quartier Hay Riad.<br />
Elle se présente dans le paysage urbain en tant qu’événement repère dans la voie<br />
rapide de liaison entre Hay Riad et le centre ville. Son accessibilité est très aisée. Elle<br />
s’entoure de jardins et un grand parking pour les voitures.<br />
Cette mosquée est fréquentée et préférée par les usagers d’une manière prodigieuse<br />
le jour du vendredi pour les raisons suivantes :<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
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Premièrement pour les raisons d’accessibilité facile. Le fait qu’elle soit langée par<br />
une avenue principale, une voie pendulaire importante fait d’elle une mosquée très<br />
fréquentée, très convoitée et très connue <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la ville car facile d’accessibilité<br />
sans entrer dans le tissu du quartier.<br />
Deuxièmement le stationnement. <strong>Les</strong> dimensions de son parking (malgré les<br />
problèmes pratiques d’accès (sens unique, sens interdit, etc.) et la possibilité de<br />
stationner facilement tout <strong>au</strong>tour le long de l’avenue qui la longe, encourage les gens<br />
à la fréquenter. <strong>Les</strong> fidèles y viennent de tous les quartiers de la zone, alors qu’il y a<br />
d’<strong>au</strong>tres mosquées dans les environs.<br />
Troisièmement l’extension de la capacité d’accueil. Par ailleurs, si la mosquée<br />
LALA SOUKAYNA est dotée d’un SAHN très petit, elle dispose par contre d’un<br />
porche de l’entrée principale et d’une galerie d’arca<strong>des</strong> sous forme d’enceinte à<br />
l’intérieur de laquelle sont aménagés de petit riads. Ce porche et cette enceinte<br />
occupent le rôle de boudoir <strong>au</strong>tour de l’édifice et d’isolation visuelle vis-à-vis de<br />
l’extérieur, comme ils servent <strong>au</strong>ssi de prolongement de la salle de prière <strong>des</strong> trois<br />
cotés derrière le “Mihrab”.<br />
<strong>Les</strong> jardins <strong>au</strong>tour (végétal : pelouse et minéral : esplanade dallée) font que la<br />
capacité d’accueil de cette mosquée est aisément extensible et très encourageante. C’est<br />
ce qui explique sa fréquentation les jours du vendredi et pendant le mois de ramadan.<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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LA MOSQUEE de la CGI à Hay Riad (Rabat)<br />
Le troisième exemple c’est celui de la mosquée de la CGI située à Hay Riad à<br />
proximité de l’avenue Annakhil connue par le mail central.<br />
Depuis l’achèvement de sa construction en 2002, cette mosquée est préférée par les<br />
habitants de Hay Riad, par ceux qui y travaillent mais <strong>au</strong>ssi par d’<strong>au</strong>tres usagers qui<br />
viennent d’<strong>au</strong>tres quartiers voisins, par exemple Guich <strong>des</strong> Oudaya .En effet, elle est<br />
très fréquentée alors qu’il y a d’<strong>au</strong>tres mosquées dans la zone, par exemple : la<br />
mosquée SAYF, la mosquée ARRIDOUANE, la mosquée KARRAKCHOU. <strong>Les</strong><br />
raisons de ce «succès» sont :<br />
Premièrement l’accessibilité facile. Cette mosquée est connectée à la double voie<br />
de l’avenue Annakhil (voie de liaison rapide) d’une manière facile grâce <strong>au</strong>x deux<br />
connexions perpendiculaires, ce qui encourage les gens à la fréquenter alors que dans<br />
le même quartier il y a deux <strong>au</strong>tres mosquées, la mosquée ARRIDOUANNE et la<br />
mosquée KARRAKCHOU, mais qui sont noyées dans le tissu <strong>des</strong> villas et par<br />
conséquent difficilement accessibles, à c<strong>au</strong>se de l’étroitesse <strong>des</strong> rues qui les entourent.<br />
Deuxièmement le stationnement abondant. Cette mosquée est dotée d’un parking<br />
et de places de stationnement facile tout <strong>au</strong>tour, alors que la mosquée ARRIDOUANE<br />
est située dans un tissu dense et une trame serrée qui ne permet pas le parcage facile. En<br />
effet, grâce à sa localisation près d’un jardin et d’un ministère, la mosquée de la CGI<br />
offre une commodité en terme de parkings qui la rend attractive pour les usagers<br />
motorisés, qui sont de plus en plus pressés et cherchent de plus en plus le parcage facile.<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
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Troisièmement l’extension de la capacité d’accueil. En effet, même si la mosquée<br />
de la CGI de Hay Riad ne dispose pas de SAHN, elle est entourée <strong>des</strong> trois cotés d’une<br />
galerie plus large que celle de LALA SOUKAYNA, ce qui permet l’extension de la<br />
salle de prière à l’abri <strong>des</strong> intempéries même quand il pleut ou quand il fait très ch<strong>au</strong>d.<br />
Cette donnée constitue à elle seule une motivation pour les fidèles le jour du<br />
vendredi et rend la mosquée attractive, drainant ainsi une tranche d’usagers non<br />
forcément locale mais de plus en plus nomade et excentrée.<br />
Cette mosquée présente <strong>au</strong>ssi une <strong>au</strong>tre motivation importante pour les usagers :<br />
elle est dotée d’un jardin et d’une esplanade extérieurs entourés d’un mur de clôture,<br />
qui servent le vendredi et pendant le ramadan de prolongement de la salle de prière. Le<br />
fait qu’elle soit entourée par un mur de clôture, dissocie cette esplanade de l’espace<br />
public de circulation piétonne et carrossable et lui procure de la quiétude et de la<br />
sérénité.<br />
CONCLUSION :<br />
Au regard de ces nouvelles exigences, les normes d’édification <strong>des</strong> mosquées<br />
doivent être plus soucieux de leur environnement dans son rapport à la mobilité <strong>des</strong><br />
usagers.<br />
Alors que les déterminants de leur localisation se ramenaient en la proximité <strong>des</strong><br />
centres de quartiers ou l’insertion dans les quartiers, <strong>au</strong>jourd’hui, l’accessibilité <strong>au</strong>x<br />
princip<strong>au</strong>x axes routiers (<strong>au</strong>toroutes, roca<strong>des</strong>, échangeurs, Etc.), et les conditions de<br />
stationnement, sont devenues <strong>des</strong> déterminants dans le choix de localisation de ces<br />
lieux de culte.<br />
<strong>Les</strong> infrastructures de transports (support de la mobilité) doivent désormais être<br />
considérées comme l’un <strong>des</strong> princip<strong>au</strong>x éléments structurants de la distribution spatiale<br />
de ces lieux dans la ville. L’accessibilité (possibilité d’atteindre ou de quitter un lieu<br />
donné facilement et rapidement) est devenue un critère important de localisation <strong>des</strong><br />
mosquées.<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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<strong>Les</strong> besoins d’accès <strong>au</strong>x usagers de plus en plus motorisés, font que ces lieux<br />
doivent être situés et localisés de manière à offrir la commodité en termes d’accès de<br />
la voiture, <strong>des</strong> moyens de transport publics et de stationnement. Cherchant la bonne<br />
<strong>des</strong>serte, ils doivent se détacher <strong>des</strong> contraintes liées <strong>au</strong>x centres villes, tel que les<br />
encombrements et les difficultés d’accessibilité.<br />
En plus, les mosquées doivent viser <strong>au</strong>jourd’hui, une tranche d’usagers non<br />
forcement locale, mais de plus en plus nomade et constamment mobile. Ceci remet en<br />
question le critère classique d’équipement de quartier et de mosquée de quartier pour<br />
devenir les équipements et les mosquées de la ville.<br />
Ainsi la localisation de ces lieux de culte doit désormais s’acheminer, sous l’effet<br />
de la mobilité <strong>des</strong> usagers, vers un décentrement par rapport <strong>au</strong> cœur <strong>des</strong> quartiers. <strong>Les</strong><br />
endroits de prédilection sont les carrefours <strong>des</strong> grands flux pendulaires, les grands axes<br />
<strong>au</strong>toroutiers ou les usagers motorisés peuvent s’offrir une accessibilité aisée et un<br />
stationnement facile.<br />
D’<strong>au</strong>tre part, face à cette nouvelle culture de la mobilité et cette facilité de se<br />
déplacer, les normes d’édification <strong>des</strong> mosquées (pour être en commodité avec les<br />
exigences du moment) doivent prévoir l’extension facile de la salle de prière et par<br />
conséquent de la capacité d’accueil de la mosquée. Le retour <strong>au</strong> SAHN (car nous<br />
constatons la disparition du SAHN dans les nouvelles mosquées) en est une solution,<br />
mais d’<strong>au</strong>tres formules du prolongement de la salle de prière peuvent être retenues.<br />
Comme on a pu le constater précédemment, l’extension peut se faire par <strong>des</strong> espaces<br />
tournés vers l’intérieur, mais <strong>au</strong>ssi extravertis permettant l’étalement à l’extérieur tout<br />
en restant à l’abri <strong>des</strong> nuisances urbaines : le porche d’entrée, la galerie extérieure,<br />
l’esplanade ou le jardin entouré de mur de clôture.<br />
C’étaient là quelques-uns <strong>des</strong> princip<strong>au</strong>x faits dégagés par notre analyse de la<br />
mosquée eu égard <strong>au</strong>x nouvelles tendances de la mobilité <strong>des</strong> usagers, simple<br />
introduction à cet univers particulier qu’est l’édification de ces lieux de culte.<br />
In fine, nous pouvons dire que les signes d’une nouvelle stratégie en matière<br />
d’édification <strong>des</strong> mosquées sont présents. Notre espoir est que ces éléments suscitent<br />
<strong>des</strong> réflexions et stimulent <strong>des</strong> recherches ultérieures.<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
137
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 138<br />
138<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 139<br />
I- Introduction :<br />
EQUIPEMENT EN MOSQUÉES :<br />
NOUVELLES NORMES URBAINES<br />
M. Abdelaziz Derouiche<br />
Directeur <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong><br />
Ministère <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong> Affaires Islamiques<br />
Depuis <strong>des</strong> années, les normes urbaines en matière d’équipement en mosquées<br />
n’avaient pas changé et peu a été fait pour les changer.<br />
Or, la logique arithmétique de ces normes mises de l’avant par les planificateurs<br />
urbaines n’avait pas facilité un développement normal du rése<strong>au</strong> <strong>des</strong> mosquées en<br />
plusieurs zones urbaines.<br />
En effet, en matière d’infrastructure religieuse, malgré les progrès réalisés, la<br />
situation reste préoccupante. En témoignent l’insuffisance <strong>des</strong> mosquées dans<br />
plusieurs périmètres urbaines et la multiplication <strong>des</strong> lieux de prières de quartiers à la<br />
place <strong>des</strong> moquées structurées.<br />
❚ Quels types d’aménagements urbains faciliteraient donc la mosquée ?<br />
❚ Comment faire pour que ces aménagements urbains permettent la satisfaction <strong>des</strong><br />
besoins <strong>des</strong> populations en équipements cultuels ?<br />
❚ <strong>Les</strong> efforts et le financement seront-ils réellement orientés vers un développement<br />
normal <strong>des</strong> infrastructures religieuses ?<br />
A cet effet, Le département chargé <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong> Affaires Islamiques a procédé<br />
depuis 2003, à <strong>des</strong> investigations et étu<strong>des</strong> qui visent de :<br />
• Produire une série d’analyses quantitatives en vue d’établir un diagnostic, <strong>au</strong>ssi<br />
précis que possible, de la situation <strong>des</strong> équipements cultuels <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de quelques<br />
entités urbaines.<br />
• Mettre en évidence <strong>des</strong> différents nive<strong>au</strong>x de <strong>des</strong>sertes <strong>des</strong> populations, ainsi que<br />
<strong>des</strong> déséquilibres et <strong>des</strong> déficits qui en découlent.<br />
• Elaborer de nouvelles normes urbaines en matière d’équipements cultuels en<br />
étroite concertation avec la direction de l’urbanisme.<br />
Il f<strong>au</strong>t noter que malheureusement, nous ne disposons pas de toutes les données<br />
et les outils pour opérer une analyse minutieuse <strong>des</strong> différents aspects <strong>des</strong> mosquées. En<br />
effet, les techniques et les métho<strong>des</strong> statistiques sur les mosquées ne sont pas encore<br />
bien développées.<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
139
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 140<br />
Néanmoins, la présente communication propose d’abord la présentation <strong>des</strong><br />
résultats préliminaires <strong>des</strong> éb<strong>au</strong>ches <strong>des</strong> investigations et étu<strong>des</strong> sur les mosquées du<br />
grand Casablanca, puis donne un aperçu <strong>des</strong> principales tendances de la nouvelle grille<br />
normative en matière d’équipement en mosquée.<br />
II - Indicateurs socio-spati<strong>au</strong>x :<br />
L’évaluation de la situation <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national et <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la région du grand<br />
Casablanca fait ressortir quelques indicateurs socio-spati<strong>au</strong>x sur les mosquées.<br />
2.1/ les indicateurs démographiques :<br />
140<br />
• Evolution de la population 1994/2004<br />
Année Effectif Variation<br />
1994 26.073.717<br />
2004 29.891.708<br />
• T<strong>au</strong>x moyen d’accroissement de la population = 1,4%.<br />
• Volume de variation en tenue d’effectif = 417.764 habitants/an.<br />
• T<strong>au</strong>x d’urbanisation élevé = 51,4%.<br />
• Structure de l’armature urbaine nationale en pleine mutation par le dynamisme qui<br />
caractérise de nombreuses :<br />
▲ Petites et moyennes villes.<br />
▲ Nouvelles villes.<br />
▲ Bores péri- urbains.<br />
• Agglomérations d’habitation rurale en plein développement.<br />
2.2/ les indicateurs d’évaluations <strong>des</strong> nive<strong>au</strong>x de dotations <strong>des</strong> régions<br />
en équipement cultuel :<br />
<strong>Les</strong> régions Oued Eddahab-Lagouira, Laayoune-Boujdour, le grand Casablanca et<br />
Rabat-Sala-Zemmour-Zaer ont un ou deux mosquées pour 5.000 habitants.<br />
<strong>Les</strong> régions qui ont entre 3 à 7 mosquées, pour 5000 habitants, sont : Guelmim-Es-<br />
Semara, Chaouia-Ouardigha, Orientale, Meknès-Tafilalet, fès-Boulemane.<br />
<strong>Les</strong> régions où le nombre <strong>des</strong> mosquées, pour 5000 habitants, est supérieur à 7<br />
mosquées sont : Souss Massa-Draa, Gharb Chrarda Beni-Hsen, Marrakech-Tensift-<br />
Alhaouz, Doukkala-Abda, Tadla-Azilal, Taza-Alhoceima-Taounate, Tanger-Tetouan.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
3.817.991
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 141<br />
Ces différences régionales réelles et importantes, nous incitent, dans le futur, à<br />
chercher les princip<strong>au</strong>x paramètres explicatifs de cette variabilité.<br />
Aussi, la région du grand Casablanca nous interpelle t-elle non seulement par son poids<br />
démographiques mais <strong>au</strong>ssi et particulièrement par son déficit en équipement cultuel.<br />
R. Oued Dahab<br />
Lagouira<br />
Situation <strong>des</strong> équipements cultuels<br />
<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> régional<br />
R. Laâyoune<br />
Smara<br />
R. Goulmim Smara<br />
R. Doukkala<br />
Abda<br />
R. Grand<br />
Casablanca<br />
R. Marrakech<br />
Tansift El-Haouz<br />
R. Rabat Salé<br />
Zemmour<br />
Zaër<br />
R. Tanger<br />
Tétouan<br />
R. Gharb Chrarda<br />
Beni Hsen<br />
R. Chaouia<br />
Wardigha<br />
R. Tadla<br />
Azilal<br />
R. Souss Massa<br />
Darâa<br />
R. Taza Hoceima<br />
Taounate<br />
R. Fès<br />
Boulman<br />
R. Meknès<br />
Tafilalet<br />
Nombre <strong>des</strong> mosquées pour<br />
5000 habitants<br />
1 - 2<br />
3 - 4<br />
5 - 6<br />
7 - 8<br />
9 - 10<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
R. de l’Est<br />
141
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 142<br />
2.3/ les indicateurs spati<strong>au</strong>x :<br />
L’analyse spatiale <strong>des</strong> mosquées de la grande Casablanca a fait appel à <strong>des</strong><br />
polygones de theissen :<br />
L’aire géographique de chaque mosquée ou sa zone de service (S) est définie par un<br />
polygone de Theissen formé par les médianes correspondantes.<br />
La zone d’influence d’une mosquée peut être <strong>au</strong>ssi matérialisée par un cercle de<br />
même surface que celle de son polygone de theissen.<br />
Son rayon R= √ — S/π, dénomé ici rayon de service, correspond à la distance<br />
maximale que parcours un prieur pour accéder à la mosquée.<br />
L’application du principe <strong>des</strong> polygones de theissen à la répartition géographique<br />
<strong>des</strong> mosquées de vendredi et <strong>des</strong> cinq prières du grand Casablanca aboutit à la<br />
configuration matérialisée dans la carte N°1.<br />
L’interprétation cartographique <strong>des</strong> nive<strong>au</strong>x <strong>des</strong> <strong>des</strong>serts <strong>des</strong> populations en<br />
mosquées fait donc ressortir trois zones principales :<br />
• Zone de répartition, normale <strong>des</strong> mosquées avec <strong>des</strong> rayons de service variant<br />
entre 200 et 400 m. (Carte n° 2)<br />
• Zone de déficits en infrastructures religieuses avec <strong>des</strong> rayons de service qui<br />
avoisinent 600 m. (Carte n° 3)<br />
142<br />
Médiane (BC)’<br />
Mosquée A<br />
B<br />
Médiane (AB)’<br />
Aire géographique ou zone<br />
de service de la mosquée A<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
B<br />
A<br />
C<br />
C<br />
Soient A, B et C trois mosquées<br />
voisines réparties aléatoirement.<br />
R<br />
A<br />
Médiane (AC)’<br />
Zone d’influence<br />
de la mosquée A,<br />
de rayon R
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 143<br />
• Zone d’absence d’équipements cultuels structurés dont les rayons de service <strong>des</strong><br />
mosquées sont supérieurs à 1000 m. (Carte n° 4)<br />
Depuis la période coloniale, la ville de Casablanca a bénéficié <strong>des</strong> infrastructures<br />
urbanistiques liées essentiellement à la fonction de capital. La fonction cultuelle<br />
constituait un enjeu extérieur <strong>au</strong> développement économique, social et urbain, et<br />
L’impact liée à ce mode de planification urbaine est l’insuffisance <strong>des</strong> lieux de culte de<br />
qualité et accessible dans plusieurs quartiers de la ville.<br />
Le manque et l’insuffisance <strong>des</strong> mosquées dans plusieurs zones urbaines se sont<br />
traduits par la multiplication <strong>des</strong> salles de prières.<br />
En effet, la région du grand Casablanca qui totalise à elle seule environ 50% du<br />
nombre de salle de prière dans notre pays. Cette multiplication reste donc un<br />
phénomène spécifique à cette région, et les conclusions de l’analyse spatiale de ses<br />
mosquées ne peuvent être extrapolés à d’<strong>au</strong>tre région.<br />
Ce phénomène est facilement appréhendé par l’intégration <strong>des</strong> salles de prières dans<br />
l’analyse par les polygones de theissen.<br />
D’après les cartes N° 5 et 6, l’implantation <strong>des</strong> salles de prières a conduit à un net<br />
rétrécissement <strong>des</strong> zones de manque ou d’insuffisance de mosquées. Par conséquent,<br />
<strong>Les</strong> équipements en mosquées s’avèrent comme une demande incompressible. où en<br />
absence de mosquées les populations construisent <strong>des</strong> salles temporaires de prières.<br />
Nonobstant, d’après la carte N°6 quelques zones d’absence de mosquées subsistent<br />
et ne semblent pas être envahies par <strong>des</strong> salles de prières.<br />
L’hypothèse de l’incompressibilité de la demande en mosquées est-il affecté par<br />
cette dernière observation ? La recherche profonde par la comparaison de la carte <strong>des</strong><br />
mosquées (avec salle de prière) et la carte <strong>des</strong> zones ouvertes à l’aménagement a<br />
dévoilé que les zones reliquats de manque <strong>des</strong> mosquées correspondent à <strong>des</strong> zones<br />
nouvellement ouvertes à l’aménagement. (Carte N° 7).<br />
Ce constat montre <strong>au</strong>ssi que l’approche méthodologique de l’analyse spatiale <strong>des</strong><br />
mosquées par les polygones de theissen est un modèle fiable.<br />
L’<strong>au</strong>tre question qui se pose pour les salles de prières est de savoir si leur présence<br />
est corrélée <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de p<strong>au</strong>vreté et <strong>au</strong>x types d’habitat.<br />
Dans la carte N°9, les sales de prières sont corrélées avec la ceinture de p<strong>au</strong>vreté<br />
qui entoure Casablanca, mais cette corrélation n’est pas vérifiée par tout.<br />
La carte N°10 montre que les salles de prière se multipliaient essentiellement dans<br />
les zones d’habitat de type social ou sommaire. Par contre, les quartiers d’habitat<br />
modernes accusent <strong>des</strong> déficits importants en infrastructures religieuses.<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
143
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 144<br />
144<br />
Carte N°1 :<br />
Zones de service <strong>des</strong> mosquées de vendredi et <strong>des</strong> cinq prières du grand Casablanca<br />
Rayon de la zone de service<br />
<strong>des</strong> mosquées<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 145<br />
Carte N°2 :<br />
Zones de répartition normale <strong>des</strong> mosquées<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
145
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 146<br />
146<br />
Carte N°3 :<br />
Zones d’insuffisance de mosquées<br />
Rayon de la zone de service<br />
<strong>des</strong> mosquées<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 147<br />
Carte N°4 :<br />
Zones d’absence de mosquées<br />
Rayon de la zone de service<br />
<strong>des</strong> mosquées<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
147
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 148<br />
148<br />
Carte N° 5 :<br />
Zones de service <strong>des</strong> mosquées et <strong>des</strong> salles de prières<br />
Zone reliquats d'absence<br />
de mosquées<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 149<br />
Carte N° 6 :<br />
L’infrastructure <strong>des</strong> mosquées avec et sans salles de prières<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
149
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 150<br />
150<br />
Carte N° 7 :<br />
Superposition de la carte <strong>des</strong> mosquées et la carte <strong>des</strong> zones ouvertes à l’aménagement<br />
Superposition parfaite de zones<br />
d’absence <strong>des</strong> mosquées et <strong>des</strong><br />
zones ouvertes à l’aménagement<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 151<br />
Carte N° 8 :<br />
La présence de salles de prière est-elle corrélée <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de p<strong>au</strong>vreté ?<br />
Il n’existe pas de corrélation significative.<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
(Source HCP)<br />
151
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 152<br />
152<br />
Carte N° 9 :<br />
La présence de salles de prière est-elle corrélée <strong>au</strong> types d’habitats ?<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
les salles de prière se multipliaient essentiellement dans les zones d’habitat<br />
de type social ou sommaire.
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 153<br />
2.4/ Indicateurs de dispersion<br />
<strong>Les</strong> données relatives <strong>au</strong>x différents paramètres de mesure (surface de la mosquée,<br />
son rayon d’influence, la prise en charge de la gestion) ont fait l’objet d’une analyse<br />
<strong>des</strong>criptive pour la tendance centrale et de dispersion afin d’estimer et de décrire les<br />
performances <strong>des</strong> différentes séries.<br />
- Comment varie la Surface <strong>des</strong> mosquées ?<br />
surface <strong>des</strong> mosquées<br />
Minimum Maximum Moyenne Ecart type<br />
25 6.500 380 732<br />
La surface moyenne <strong>des</strong> mosquées est de 400 m2 , mais elle dénote une très grande<br />
variabilité (Ecart type = 732 m).<br />
Répartition du nombre <strong>des</strong> mosquées par classe de superficie<br />
Surface de la mosquée Effectif Pourcentage Pourcentage cumulé<br />
Moins de 50 m 2 288 32% 32%<br />
50 à 100 m 2 172 19% 51%<br />
100 à 150 m 2 95 11% 62%<br />
150 à 200 m 2 58 6% 68%<br />
200 à 300 m 2 50 6% 74%<br />
300 à 500 m 2 62 7% 81%<br />
500 à 1000 m 2 86 10% 90%<br />
1000 m 2 et plus 89 10% 100%<br />
Total 900 100%<br />
On constate que 51% <strong>des</strong> mosquées ont <strong>des</strong> surfaces moins de 100 m 2 .<br />
Répartition de surface <strong>des</strong> mosquées selon le type<br />
Surface de la<br />
mosquée<br />
<strong>Mosquées</strong> Prises en charge par salle de prière Total<br />
<strong>Les</strong> habous <strong>Les</strong> bienfaiteurs<br />
Effectif % ligne Effectif % ligne Effectif % ligne Effectif<br />
1 à 50 m2 3 1% 15 5% 270 94% 288<br />
50 à 100 m2 4 2% 36 21% 132 77% 172<br />
100 à 150 m2 4 4% 37 39% 54 57% 95<br />
150 à 200 m2 2 3% 30 52% 26 45% 58<br />
200 à 300 m2 4 8% 24 48% 22 44% 50<br />
300 à 500 m2 21 34% 34 55% 7 11% 62<br />
500 à 1000 m2 44 51% 37 43% 5 6% 86<br />
1000 m2 et plus 57 64% 32 36% 0 0% 89<br />
Total 139 15% 245 27% 516 57% 900<br />
La surface <strong>des</strong> mosquées est un paramètre qui varie considérablement en fonction<br />
de l’agent qui prend en charge sa gestion.<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
153
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 154<br />
Ces valeurs moyennes semblent refléter les dimensions optimales dans une<br />
répartition normale <strong>des</strong> mosquées. <strong>Les</strong> étu<strong>des</strong> initiées par la direction <strong>des</strong> mosquées a<br />
permis de prendre en compte ces dimensions nouvelles dans la planification urbaine en<br />
terme de notion de temps et de mobilité.<br />
On constate que pour les mosquées qui ont une surface moins que 50 m 2 , 94% <strong>des</strong><br />
mosquées sont <strong>des</strong> salles de prière prises en charge par les bienfaiteurs. Ainsi, la<br />
dernière ligne du table<strong>au</strong> indique que dans les mosquées qui ont une surface de 1000 m 2<br />
et plus, 64 % sont <strong>des</strong> mosquées prises en charge par le ministère <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong><br />
Affaires Islamiques et que 36 % sont <strong>des</strong> mosquées prises en charge par les bienfaiteurs.<br />
154<br />
- Comment varie le rayon <strong>des</strong> zones d’influence <strong>des</strong> mosquées ?<br />
L’étude statistique <strong>des</strong>criptive et de dispersion de la série <strong>des</strong> rayons de la zone de<br />
service <strong>des</strong> mosquées montre ce qui suit :<br />
Minimum Maximum Moyenne Ecart type<br />
Rayon de service<br />
44 3.292 298 274<br />
Le rayon moyen de l’aire géographique de l’ensemble <strong>des</strong> mosquées est de 300<br />
mètres. Pour les mosquées de vendredi le rayon moyen est de 600 mètres.<br />
Distribution de rayon de service selon la classe de superficie<br />
Rayon de service Fréquence Pour cent Pourcentage cumulé<br />
moins de 100m 117 13% 13%<br />
100 à 200m 246 27% 40%<br />
200 à 300m 210 23% 64%<br />
300 à 400m 123 14% 77%<br />
400 à 500m 95 11% 88%<br />
500 à 600m 42 5% 93%<br />
600m et plus 67 7% 100%<br />
Total 900 100%<br />
On constate alors que plus de 64% <strong>des</strong> mosquées <strong>au</strong> grand Casablanca ont un rayon<br />
d’influence moins de 300m, et que 36% <strong>des</strong> mosquées ont un rayon d’influence<br />
strictement supérieur à 300m.<br />
Répartition de rayon de theissen selon le type <strong>des</strong> lieux du culte<br />
Rayon de service les mosquées <strong>Les</strong> salles de prières Total<br />
Effectif % ligne Effectif % ligne Effectif<br />
1 à 100m 24 21% 93 79% 117<br />
100 à 200m 73 30% 173 70% 246<br />
200 à 300m 108 51% 102 49% 210<br />
300 à 400m 62 50% 61 50% 123<br />
400 à 500m 53 56% 42 44% 95<br />
500 à 600m 26 62% 16 38% 42<br />
600m et plus 38 57% 29 43% 67<br />
Total 384 43% 516 57% 900<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 155<br />
On constate que pour les zones géographiques qui ont un rayon de servitude moins<br />
de 100m, 79% <strong>des</strong> lieux du culte sont <strong>des</strong> salles de prière. Et pour les zones<br />
géographiques qui ont un rayon de service entre 100m et 200m, 70% sont <strong>des</strong> salles de<br />
prière. Et pour le rayon de service entre 200m et 600m, on trouve que les salles de<br />
prière présentent moins de 50% <strong>des</strong> lieux du culte. Ainsi, la dernière ligne du table<strong>au</strong><br />
indique que les zones géographiques qui ont un rayon de theissen de 600m et plus,<br />
57% <strong>des</strong> lieux du culte sont <strong>des</strong> mosquées.<br />
2.5/ les indicateurs socio-spati<strong>au</strong>x :<br />
On cherche à trouver, par l’analyse en composantes multiples ACM, <strong>des</strong> relations<br />
entre les variables suivantes :<br />
• Surface de la mosquée.<br />
• Rayon d’influence de la mosquée.<br />
• Agent qui prend en charge sa gestion.<br />
La figure suivante nous donne une typologie plane <strong>des</strong> modalités de réponses<br />
relatives <strong>au</strong>x trois variables précédents.<br />
• Groupe 1 (<strong>Mosquées</strong> prise en<br />
charge par le MHAI) :<br />
- Surface >100 m 2<br />
- Rayon d’influence > 200 m 2<br />
• Groupe 2 (<strong>Mosquées</strong> prise en<br />
charge par les bienfaiteurs) :<br />
- Surface >100 m 2<br />
- Rayon d’influence > 200 m 2<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
155
1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 156<br />
<strong>Les</strong> contributions de l’axe 1 et 2 peuvent résumer le fait que les salles de prières et<br />
les mosquées prises en charges par les bienfaiteurs sont caractérisées par <strong>des</strong> petites<br />
surfaces variant entre 1 et 100 m 2 et <strong>des</strong> zones géographiques ayant un rayon de service<br />
moins de 200m. Par contre les mosquées prises en charges par le ministère <strong>des</strong> habous<br />
et <strong>des</strong> affaires islamiques sont caractérisées par une surface plus grande qui dépassent<br />
500m 2 et un rayon d’influence de 200m et plus.<br />
Ainsi, les informations obtenues à partir de l’ACM infirme la dispersion et<br />
l’hétérogénéité qui caractérise la construction <strong>des</strong> mosquées.<br />
Nonobstant une réalité semble se dégagé, plus la surface de la mosquée est grande<br />
plus son rayon d’influence est grand.<br />
Autrement dit, pour une zone déterminée, la construction d’une petite mosquée qui<br />
ne répond pas <strong>au</strong>x besoins spati<strong>au</strong>x de sa population va se traduire inéluctablement par<br />
la construction d’<strong>au</strong>tres petites mosquées dans la même zone. Ce comportement<br />
conduit à un surcoût <strong>des</strong> investissements de base pour la construction et l’équipement<br />
de ces mosquées, et la multiplication <strong>des</strong> charges fixes de gestions d’un nombre élevé<br />
de mosquées.<br />
- Quelle est cette relation entre le rayon d’influence de la mosquée et sa<br />
taille ?<br />
On effectue une régression multiple <strong>des</strong> séries de données collectées afin de<br />
déterminer la relation mathématique entre la variable expliquée (rayon<br />
d’influence) et les variables explicatives (densité de la population et surface de la<br />
mosquée).<br />
<strong>Les</strong> résultats <strong>des</strong> régressions multiples par <strong>des</strong> équations de régression et les divers<br />
coefficients y afférents :<br />
Pour les mosquées prises en charge par le ministère :<br />
156<br />
❚ Ln(rayon)=1,97+0,30 ln(population)+0,15 ln(surface de la mosquée); R 2 = 0,68.<br />
C’est une relation croissante qui confirme que plus la surface de la mosquée est<br />
grande plus sa zone d’influence et plus grande.<br />
Pour les mosquées prises en charge par les bienfaiteurs :<br />
❚ La surface est presque constante (243 mètre carré) quelque soit les valeurs <strong>des</strong><br />
deux <strong>au</strong>tres variables. <strong>Les</strong> bienfaiteurs semblent construire <strong>des</strong> petites et<br />
moyennes mosquées quelques soit la densité de la population de la zone<br />
<strong>des</strong>servie.<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Pour les salles de prières prises en charge intégralement par les<br />
bienfaiteurs :<br />
❚ Ln(rayon)=2,56+0,3 ln(population)+0,02 ln(surface de la mosquée) ; R 2 = 0,48.<br />
Cette régression multiple traduit les tendances, croissance du rayon du service de la<br />
salle de prière en fonction de sa surface.<br />
III. Normes urbaines en matière d’équipement cultuel<br />
3.1. Principales caractéristiques <strong>des</strong> équipements cultuels<br />
Contrairement <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres équipements collectifs, les équipements cultuels se<br />
distinguent, entre <strong>au</strong>tres, par les caractéristiques principales suivantes :<br />
• Statut juridique particulier : les mosquées et leurs dépendances sont par nature<br />
Habous public.<br />
- Tous les édifices de culte musulman sont constitués Habous <strong>au</strong> profit de la<br />
commun<strong>au</strong>té musulmane et ne pourront faire l’objet d’une appropriation<br />
privative.<br />
- Leur gestion et leur fonctionnement sont assurés par le ministère <strong>des</strong> Habous et<br />
<strong>des</strong> Affaires islamiques dans les conditions fixées par les règlements en vigueur.<br />
• Besoin incompressible :<br />
- Le déficit en lieux de culte musulman s’exprime souvent par l’édification de<br />
salles de prières ou <strong>au</strong>tres lieux de cultes.<br />
- La programmation <strong>des</strong> mosquées de surfaces exiguës s’exprime par la<br />
multiplication, dans le même quartier, de nouvelles petites mosquées.<br />
• Financement multiple : Le financement de la construction <strong>des</strong> mosquées s’opère<br />
par plusieurs agents :<br />
- Etat.<br />
- Habous.<br />
- Bienfaiteurs.<br />
3.2. Limites <strong>des</strong> anciennes normes urbaines<br />
Type d’équipement<br />
Nombre d’habitants<br />
Par équipement<br />
Surface en m 2<br />
Mosquée de quartier 5.000 1.000<br />
Mosquée de vendredi 15.000 3.000<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
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L’application partielle ou arithmétique de ses normes s’est traduite dans certains cas<br />
par :<br />
• Une insuffisance d’équipements cultuels dans plusieurs zones ouvertes à<br />
l’aménagement.<br />
• Des surfaces attribuées <strong>au</strong>x mosquées, souvent exiguës, ne prennent pas en<br />
compte la densité réelle de populations.<br />
• Une répartition spatiale irrégulière.<br />
• Une m<strong>au</strong>vaise localisation.<br />
3.3. Nouvelles normes urbaines en matière d’équipements cultuels<br />
158<br />
La nouvelle base normative en matière d’équipements cultuels vise :<br />
• La création <strong>des</strong> espaces mieux nantis en mosquées.<br />
• La garantie d’un meilleur accès <strong>des</strong> populations <strong>au</strong>x équipements cultuels (en<br />
termes de distance de marche et de temps)<br />
• L’optimisation de l’utilisation du foncier urbain.<br />
Population cible :<br />
Une part importante de la tranche d’âge supérieure à 15 ans.<br />
Localisation :<br />
<strong>Les</strong> mosquées devront être localisées à l’intérieur de la zone présentant la<br />
concentration de population la plus importante du quartier ou du douar.<br />
Accessibilité :<br />
1/ <strong>Mosquées</strong> de quartier : devraient être accessible à pieds pour la population cible<br />
à une distance de 300 m.<br />
2/ <strong>Mosquées</strong> de vendredi : devraient être accessible à pieds pour la population cible<br />
à une distance de 600 m.<br />
3/ Mossala ELAID : un espace mossala couvrant une zone suffisamment grande <strong>au</strong><br />
nive<strong>au</strong> de chaque préfecture ou province ou même à proximité <strong>des</strong> grands<br />
groupements d’habitations. L’espace ainsi réservé pourrait toutefois avoir un<br />
caractère pluridisciplinaire ou modulatoire.<br />
Surface du terrain :<br />
<strong>Les</strong> terrains réservés <strong>au</strong>x équipements cultuels doivent renfermer en plus <strong>des</strong><br />
espaces de prière plusieurs dépendances nécessaires à savoir :<br />
• Minaret ;<br />
• Patio ;<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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• Logements Imam et Muazzen ;<br />
• Ecole coranique ;<br />
• Loc<strong>au</strong>x de commerces et d’habitations de location pour générer <strong>des</strong> revenus<br />
suffisants pour couvrir les charges de fonctionnement de la mosquée.<br />
1/ <strong>Mosquées</strong> de vendredi : La superficie varie selon la densité moyenne de la<br />
population à l’intérieur de l’aire géographique de la mosquée. (zone d’influence)<br />
Formule<br />
SV = 29 x D<br />
2/ <strong>Mosquées</strong> de quartiers : La superficie varie selon la densité de la population de<br />
l’aire géographique de la mosquée ;<br />
Formule<br />
SQ = 3.6 x D<br />
Normes architecturales :<br />
Hypothèses retenues<br />
Z : Zone d'influence de la mosquée :<br />
Z = 1.200m x 1.200m= 144 Ha<br />
D : Densité moyenne de la population dans le quartier<br />
(habitant / hectare)<br />
Pt : Population totale dans la zone = Z x D<br />
PM : Population cible = 20% Pt = 1/5 x Z x D<br />
Surface unitaire nécessaire = 1 m 2 / prieur<br />
SV : Surface à attribuer à la mosquée de vendredi :<br />
SV = 1/5 x Z x D = 29 x D<br />
Hypothèses retenues<br />
Z : Zone de servitude de la mosquée :<br />
Z = 600m x 600m= 36 Ha<br />
D : Densité moyenne de la population dans le quartier<br />
(habitant / hectare)<br />
Pt : Population totale dans la zone = Z x D<br />
PM : Population cible = 10% Pt = 1/10 x Z x D<br />
Surface unitaire nécessaire = 1 m2 / prieur<br />
SQ : Surface à attribuer à la mosquée de quartier :<br />
SQ = 1/10 x Z x D = 3.6 x D<br />
- Forme régulière de la parcelle.<br />
- La longueur de la parcelle la plus perpendiculaire possible à la direction de la «kibla».<br />
- Surface minimale requise est de 200 m 2 quelque soit la densité de populations.<br />
- Parking.<br />
- Aménagement extérieur.<br />
- Intégration de la mosquée dans le tissu urbain.<br />
- Programmation <strong>des</strong> mosquées de vendredi comme équipement structurant <strong>des</strong><br />
quartiers.<br />
- Préservation du cachet architectural de notre pays.<br />
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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RECOMMANDATIONS<br />
<strong>Les</strong> recommandations suivantes ont émané de ce colloque :<br />
1- Collecter et recueillir les normes juridiques pour la construction <strong>des</strong> mosquées dans<br />
un manuel exh<strong>au</strong>stif comprenant les dispositions <strong>des</strong> mosquées, les fatwas et les<br />
jurisprudences.<br />
2- Intégrer <strong>des</strong> questions se rapportant <strong>au</strong>x mosquées dans la planification<br />
urbanistique, l’aménagement de places consacrées <strong>au</strong>x rites islamiques dans la<br />
planification urbaine, et l’encouragement <strong>des</strong> promoteurs immobiliers et <strong>au</strong>tres<br />
opérateurs à contribuer volontairement à la construction et à l’équipement <strong>des</strong><br />
mosquées.<br />
3- Inviter les chercheurs marocains à redoubler d’efforts afin d’établir <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>, <strong>des</strong><br />
<strong>des</strong>criptions, et analyses pour faire connaître l’importance et les caractéristiques de<br />
notre patrimoine culturel architectural et religieux, et contribuer à sa préservation.<br />
4- Préserver le modèle marocain <strong>au</strong>thentique dans l’architecture <strong>des</strong> mosquées.<br />
5- Respecter l’architecture locale dans la construction <strong>des</strong> mosquées.<br />
6- Préserver les sites religieux et historiques situés dans les villes et les campagnes.<br />
7- Promouvoir la tenue de colloques thématiques sur les mosquées.<br />
8- Elaborer un lexique sur l’architecture <strong>des</strong> mosquées <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>.<br />
9- Etablir un plan exh<strong>au</strong>stif sur l’architecture <strong>des</strong> mosquées comprenant les bases<br />
théoriques scientifiques et techniques et les démarches pratiques en impliquant les<br />
spécialistes, les chercheurs, les établissements, les instituts et les universités.<br />
10- Constituer une commission représentant le Ministère <strong>des</strong> Habous et <strong>des</strong> Affaires<br />
Islamiques et ses partenaires spécialisés dans le thème de ce colloque en vue<br />
d’établir un guide de référence sur l’architecture <strong>des</strong> mosquées qui sera le thème<br />
du prochain colloque prévu avant la fin de cette année après son adoption.<br />
La Mosquée, un repère dans la ville<br />
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<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>
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Texte du message adresse à Sa Majeste Mohammed VI,<br />
que dieu l’assiste, à l’occasion de l’organisation<br />
du colloque sur :<br />
«LES SPECIFICITES ARCHITECTURALES<br />
DES MOSQUEES DU ROYAUME DU MAROC»<br />
Au nom d Allah, le Cl ment et le Mis ricordieux.<br />
Que la Pri re et la Paix soient avec le Dernier <strong>des</strong> Messagers d Allah.<br />
Sa Majest , Amir Al Mouminine, Mohammed VI, Que Dieu perp tue<br />
votre tr ne, Vous assiste et Vous garde pour Votre peuple d vou . Que<br />
la Paix, la B n diction et la Cl mence d Allah soient avec Vous.<br />
A l occasion de la cl ture <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x du colloque scientifique consacr<br />
<strong>au</strong>x Sp cificit s architecturales <strong>des</strong> mosqu es du Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong> ,<br />
organis Rabat, le lundi 2 Joumada II, 1428 de l H gire, correspondant<br />
<strong>au</strong> 18 juin 2007, sous le H<strong>au</strong>t patronage de Votre Majest , le serviteur de<br />
Votre Majest ch rifienne, Votre Ministre <strong>au</strong>x Habous et <strong>au</strong>x Affaires<br />
islamiques, a l honneur, en son nom et <strong>au</strong> nom <strong>des</strong> participants ce<br />
colloque, et apr s le renouvellement de notre loyalisme et de notre fid lit ,<br />
de pr senter votre Majest l expression de notre gratitude et de notre<br />
reconnaissance pour avoir permis l organisation de cette rencontre<br />
scientifique, la premi re du genre dans notre pays et de l avoir entour e de<br />
votre sollicitude, Ce qui a eu un impact agr able sur les participants et a<br />
couronn ses trav<strong>au</strong>x de succ s.<br />
Majest ,<br />
Ce colloque, organis dans le cadre de la c l bration de la journ e <strong>des</strong><br />
mosqu es , dont vous avez donn le coup d envoi Marrakech, le jour de<br />
l anniversaire de la naissance du proph te (Mouloud), a connu la<br />
participation d une pl iade d Oul mas, de chercheurs marocains et de gens<br />
qui s int ressent ce domaine. Ils ont pr sent un ensemble de trav<strong>au</strong>x<br />
s rieux et <strong>des</strong> recherches novatrices dans le domaine. Ces trav<strong>au</strong>x ont mis<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> du Roy<strong>au</strong>me du <strong>Maroc</strong><br />
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 164<br />
en vidence <strong>des</strong> aspects importants de l histoire <strong>des</strong> mosqu es, en faisant<br />
ressortir les fondements, les sp cificit s architecturales et les<br />
caract ristiques uniques <strong>des</strong> d corations <strong>des</strong> mosqu es du Roy<strong>au</strong>me.<br />
164<br />
Majest ,<br />
<strong>Les</strong> gran<strong>des</strong> r alisations sous Votre r gne, dans le domaine de la<br />
construction <strong>des</strong> Maisons de Dieu, et Votre sollicitude continue, pour ceux<br />
qui s en occupent, ainsi que tous ces chantiers ouverts dans toutes les<br />
r gions du <strong>Maroc</strong> pour l dification de minarets et de mihrabs o r gnera<br />
la parole de Dieu, sont <strong>des</strong> actions qui viennent consolider le grand difice<br />
religieux qu a commenc Votre P re, Qu Allah soit satisfait de Lui, et dont<br />
la Mosqu e Hassan II constitue le meilleur exemple de gloire.<br />
Que Dieu Vous garde, Majest , comme il garde le Saint Coran et Vous<br />
pr serve comme refuge pour cette nation attach e la dynastie alaouite, de<br />
mani re ce que Vous lui r g n riez sa religion et que Vous la conduisiez<br />
sur le chemin de la grandeur et de la gloire. Que Dieu Vous comble en la<br />
personne de Son Altesse Royale le Prince H ritier Moulay Hassan et qu il<br />
pr serve son Altesse royale, le Prince Moulay Rachid, ainsi que tous les<br />
membres de Votre illustre famille royale. Allah entend et r pond l appel<br />
de ceux qui le prient.<br />
Fait à Rabat le lundi 2 joumada II, 1428 correspondant <strong>au</strong> 18 juin 2007<br />
Le Ministre de Votre Majesté <strong>au</strong>x Habous et <strong>au</strong>x affaires islamiques<br />
Ahmed TAOUFIQ<br />
<strong>Les</strong> <strong>Spécificités</strong> <strong>Architecturales</strong> <strong>des</strong> <strong>Mosquées</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>