HUITIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE Rapport ... - Unctad

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05.07.2013 Views

- 55 - Dans le cas des exportations traditionnelles, comme les produits de base, les exportateurs des pays en développement ont généralement besoin d'un financement après l'expédition. Normalement, les banques nationales ou internationales accordent des crédits à court terme (crédits relais) de 90 à 180 jours, sur présentation de lettres de crédit, de documents commerciaux, de récépissés d'entrepôt, etc. La plupart de ces exportations étant destinées aux pays développés, les banques connaissent souvent l'importateur ou sa banque et peuvent facilement se renseigner sur leur solvabilité. Naturellement, les choses sont plus compliquées si l'importateur est une entreprise d'un pays en développement, car l'importateur et sa banque ne sont pas toujours connus de l'exportateur et de sa banque. Cela dit, jusqu'à l'apparition de la crise de la dette en 1981, qui a gravement compromis l'accès des pays en développement au crédit, les difficultés de financement des exportateurs de produits traditionnels tenaient le plus souvent à des problèmes de coût. Ces dernières années, toutefois, même pour des exportations traditionnelles comme les céréales, la durée des crédits nécessaires est passée à six mois ou un an. 190. La situation est fort différente pour les exportations non traditionnelles. Dans ce cas, l'exportateur a généralement besoin d'un financement en devises avant l'expédition et d'un financement ultérieur, et n'est pas toujours en possession des documents commerciaux dont dépend l'accès au crédit. Qui plus est, il a besoin d'un financement à moyen ou long terme pour une période pouvant aller jusqu'à cinq ans. Quand il exporte vers un autre pays en développement, son partenaire, l'importateur, est généralement inconnu de sa banque ou de l'organisme national de crédit à l'exportation. L'exportateur peut lui-même être un nouveau-venu, ou exporter vers un nouveau marché dont on ignore les risques. Il présente donc un risque tout à fait différent du risque à couvrir dans le cas d'un exportateur traditionnel, et il a besoin de types de financement différents aux divers stades de la production et de l'exportation. 191. Dans la plupart des pays du tiers monde, l'infrastructure financière n'est pas suffisamment développée pour répondre aux besoins des exportateurs de produits non traditionnels. Le système de financement du commerce souffre souvent de graves lacunes, et quand les institutions accordent des crédits à l'exportation, ces derniers sont soumis à des conditions de garantie très strictes et ne représentent qu'un faible pourcentage de la valeur des transactions. En outre, les ressources que les pays en développement peuvent consacrer au financement des exportations, surtout les ressources en devises, sont limitées et manifestement insuffisantes. Ce problème est lié au sous-développement et il ne sera pas facile de le résoudre à court terme. 192. Les banques internationales qui finançaient auparavant les exportations traditionnelles ne souhaitent guère octroyer des crédits à l'exportation à moyen ou à long terme, et encore moins des crédits avant l'expédition. Lorsqu'elles y consentent, c'est qu'il s'agit de clients qu'elles connaissent et avec lesquels elles entretiennent des relations ou de maisons de négoces importantes et réputées. De surcroît, dans les cas typiques, elles évaluent aussi le risque crédit en fonction du risque pays, notamment pour le commerce entre pays en développement. 193. Les pays en développement doivent résoudre ce problème s'ils veulent réussir à libéraliser leur commerce et à augmenter leurs exportations. Cependant, comme ils ne sont pas en mesure, dans l'immédiat, d'accroître

- 56 - suffisamment leur épargne, d'affecter davantage de ressources au financement des exportations au détriment d'autres activités ni d'augmenter sensiblement leurs recettes en devises, la solution doit venir de la coopération internationale. Cette coopération peut se réaliser à l'échelon régional ou interrégional et avec le concours de leurs partenaires des pays développés. Il va sans dire que l'expansion du commerce profite à tous et que la croissance des échanges entre pays en développement entraîne une augmentation du commerce mondial. Cette coopération peut être entreprise à l'échelon national, mais une coopération interrégionale promet d'être plus féconde en termes de profits, d'épargne, de coûts-avantages et d'éventuelles additionnantes. 194. L'analyse qui précède met en lumière les problèmes rencontrés et les diverses lacunes de 1'infrastructure pour le financement du commerce dans les pays en développement. On constate que 16 pays en développement seulement possèdent des organismes spécialisés dans le financement du commerce. Dans la plupart des cas, ce sont les banques centrales ou les banques commerciales qui s'en occupent. Or non seulement ces institutions ne sont pas spécialistes en la matière, mais elles considèrent que le financement du commerce n'est qu'une activité subsidiaire par rapport à d'autres objectifs ou ne présente qu'un intérêt secondaire par rapport à d'autres modes d'utilisation des actifs. Le crédit commercial offert est limité : il ne porte que sur 0,5 à 20,6 % des exportations vers d'autres pays en développement, et se situe dans la plupart des cas dans une fourchette de 10-16 % du volume des transactions. Les exportateurs des pays en développement sont donc nettement désavantagés dans ce domaine. En outre, le crédit est généralement accordé uniquement aux exportateurs directs. Il est subordonné à d'importantes garanties et, pour l'essentiel, prend la forme d'un financement à court terme (180 jours au maximum). Si le crédit à court terme peut convenir pour les exportations traditionnelles, il ne répond absolument pas aux besoins de exportateurs de produits non traditionnels. Et quand l'importateur est une entreprise d'un autre pays en développement, l'accès au financement est tout à fait aléatoire. 195. Les difficultés liées au financement des échanges par des institutions commerciales ne sont atténuées ni par l'intervention de l'Etat dans la grande majorité des pays, ni par les banques internationales qui accordent la préférence à leurs clients traditionnels ou aux négociants offrant des garanties suffisantes. Autrement dit, ces banques peuvent aider de grosses entreprises, de vieux clients ou des importateurs établis dans le pays de leur siège, mais pas les petits négociants et ceux qui exportent vers de nouveaux marchés ou vers d'autres pays en développement. Qui plus est, toutes les banques internationales, lorsqu'elles évaluent la solvabilité d'un emprunteur, tiennent compte non seulement du risque de crédit, mais encore du risque par pays, de sorte qu'une opération commerciale qui pourrait être financée dans le cas d'un exportateur d'un pays développé risque de ne pas l'être s'il s'agit d'un exportateur d'un pays en développement. 196. La question se pose donc de savoir si les pays en développement peuvent résoudre individuellement ces problèmes. Si l'on admet que l'insuffisance de l'épargne (par rapport aux besoins d'investissement) est un problème pour tous ces pays, toute augmentation des sommes consacrées au financement des exportations doit nécessairement se faire au détriment de l'investissement privé ou des dépenses publiques, ou provenir d'un excédent de la balance de base. C'est peut-être une possiblité pour quelques pays nouvellement

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suffisamment leur épargne, d'affecter davantage de ressources au financement<br />

des exportations au détriment d'autres activités ni d'augmenter sensiblement<br />

leurs recettes en devises, la solution doit venir de la coopération<br />

internationale. Cette coopération peut se réaliser à l'échelon régional ou<br />

interrégional et avec le concours de leurs partenaires des pays développés.<br />

Il va sans dire que l'expansion du commerce profite à tous et que la<br />

croissance des échanges entre pays en développement entraîne une augmentation<br />

du commerce mondial. Cette coopération peut être entreprise à l'échelon<br />

national, mais une coopération interrégionale promet d'être plus féconde en<br />

termes de profits, d'épargne, de coûts-avantages et d'éventuelles<br />

additionnantes.<br />

194. L'analyse qui précède met en lumière les problèmes rencontrés et les<br />

diverses lacunes de 1'infrastructure pour le financement du commerce dans les<br />

pays en développement. On constate que 16 pays en développement seulement<br />

possèdent des organismes spécialisés dans le financement du commerce. Dans la<br />

plupart des cas, ce sont les banques centrales ou les banques commerciales qui<br />

s'en occupent. Or non seulement ces institutions ne sont pas spécialistes en<br />

la matière, mais elles considèrent que le financement du commerce n'est qu'une<br />

activité subsidiaire par rapport à d'autres objectifs ou ne présente qu'un<br />

intérêt secondaire par rapport à d'autres modes d'utilisation des actifs.<br />

Le crédit commercial offert est limité : il ne porte que sur 0,5 à 20,6 % des<br />

exportations vers d'autres pays en développement, et se situe dans la plupart<br />

des cas dans une fourchette de 10-16 % du volume des transactions.<br />

Les exportateurs des pays en développement sont donc nettement désavantagés<br />

dans ce domaine. En outre, le crédit est généralement accordé uniquement aux<br />

exportateurs directs. Il est subordonné à d'importantes garanties et, pour<br />

l'essentiel, prend la forme d'un financement à court terme (180 jours au<br />

maximum). Si le crédit à court terme peut convenir pour les exportations<br />

traditionnelles, il ne répond absolument pas aux besoins de exportateurs de<br />

produits non traditionnels. Et quand l'importateur est une entreprise d'un<br />

autre pays en développement, l'accès au financement est tout à fait aléatoire.<br />

195. Les difficultés liées au financement des échanges par des institutions<br />

commerciales ne sont atténuées ni par l'intervention de l'Etat dans la grande<br />

majorité des pays, ni par les banques internationales qui accordent<br />

la préférence à leurs clients traditionnels ou aux négociants offrant des<br />

garanties suffisantes. Autrement dit, ces banques peuvent aider de grosses<br />

entreprises, de vieux clients ou des importateurs établis dans le pays de leur<br />

siège, mais pas les petits négociants et ceux qui exportent vers de nouveaux<br />

marchés ou vers d'autres pays en développement. Qui plus est, toutes les<br />

banques internationales, lorsqu'elles évaluent la solvabilité d'un emprunteur,<br />

tiennent compte non seulement du risque de crédit, mais encore du risque par<br />

pays, de sorte qu'une opération commerciale qui pourrait être financée dans<br />

le cas d'un exportateur d'un pays développé risque de ne pas l'être s'il<br />

s'agit d'un exportateur d'un pays en développement.<br />

196. La question se pose donc de savoir si les pays en développement peuvent<br />

résoudre individuellement ces problèmes. Si l'on admet que l'insuffisance de<br />

l'épargne (par rapport aux besoins d'investissement) est un problème pour tous<br />

ces pays, toute augmentation des sommes consacrées au financement des<br />

exportations doit nécessairement se faire au détriment de l'investissement<br />

privé ou des dépenses publiques, ou provenir d'un excédent de la balance de<br />

base. C'est peut-être une possiblité pour quelques pays nouvellement

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