HUITIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE Rapport ... - Unctad

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05.07.2013 Views

- 37 - des efforts opiniâtres et des initiatives spéciales prises par des donateurs pour mobiliser des ressources additionnelles devant la grave situation économique de la région, les apports nets de ressources ont stagné en termes réels depuis 1985 à des niveaux très inférieurs au niveau record de 1982. Les transferts globaux nets sont restés positifs, mais plus modestes. En Asie, la situation du financement est devenue de plus en plus complexe et diverse. Les économies nouvellement en voie d'industrialisation ont transféré des ressources à l'extérieur, ce qui est dû à leur maturité économique croissante associée à une bonne performance sur le plan du commerce et de l'épargne. Un certain nombre de pays de l'Asie du Sud-Est ont spontanément diminué leur recours au financement extérieur grâce à une capacité d'exportation renforcée et à une politique prudente d'emprunt. Au contraire, l'Inde et la Chine sont devenues de gros consommateurs de capitaux extérieurs, en particulier de source privée, pendant la majeure partie de la décennie. 127. Les changements globaux constatés dans l'ampleur et la composition des courants financiers étaient inextricablement liés à la crise de la dette. Depuis 1982, une interaction étroite s'est instaurée entre l'offre de capitaux extérieurs et les difficultés de service de la dette rencontrées par les pays en développement, tout particulièrement ceux qui étaient fortement tributaires des apports de capitaux privés. Une première régression des flux financiers nets a aggravé les problèmes de service de la dette qui, à leur tour, ont découragé de nouvelles entrées de capitaux. La crise de la dette a également nui au financement public du développement. Les pays qui ont été contraints d'accumuler des arriérés auprès des institutions financières multilatérales en raison de leurs graves problèmes d'endettement ont été privés de la faculté d'emprunter à ces institutions. Un certain nombre de bailleurs de fonds ont appliqué la même politique à l'égard des pays qui avaient accumulé des arriérés au titre de leur dette bilatérale. Ce qui est plus important encore, la dégradation de la situation économique de nombreux pays à revenu intermédiaire lourdement endettés et le retard pris dans la négociation de prêts à l'appui des réformes ont pesé sur le volume des apports financiers multilatéraux aux conditions du marché. Toutefois, les répercussions de la crise de la dette sur les flux financiers ont été quelque peu atténuées par les efforts accomplis par la Banque mondiale et le FMI pour lever des fonds supplémentaires, en particulier à l'intention des pays de l'Afrique subsaharienne écrasés par leur dette. 128. La fuite des capitaux est un autre facteur qui a exercé une influence négative sur l'offre de ressources extérieures dans les années 80. Le phénomène semble avoir sensiblement diminué ces dernières années, mais il faut y voir une manifestation du désordre financier existant, étroitement liée aux difficultés de service de la dette rencontrées par les pays en développement. Il est donc peu probable que la tendance s'inverse sensiblement tant qu'une solution durable n'aura pas été trouvée à la crise de la dette. 129. La crise de la dette explique deux autres caractéristiques importantes du financement du développement dans les années 80 : le rééchelonnement de la dette et les prêts à l'ajustement. Le problème de la dette a pris une ampleur telle que le rééchelonnement, qui était au départ un dispositif isolé, hors série, destiné à régler un problème temporaire de liquidité, est devenu un élément clé confirmé du système financier international. Au cours de la période 1987-1990, le rééchelonnement a permis de répondre à des besoins de

- 38 - liquidité de 36 milliards de dollars par an en moyenne, chiffre légèrement supérieur à celui des paiements du service de la dette effectués par tous les pays en développement ayant eu récemment des difficultés à assurer ce service. 130. En même temps, les prêts à l'ajustement se sont beaucoup développés, un volume croissant d'aide extérieure, y compris le rééchelonnement de la dette, devenant subordonné à la performance macro-économique et à des réformes de structure dans les pays bénéficiaires. Dans l'évolution des prêts à l'ajustement et le dialogue de politique économique qui leur était associé, un certain nombre de questions fondamentales ont été posées quant à la portée de ce dialogue et aux conditions nécessaires pour en assurer le succès. Par le processus de prêts à l'ajustement et le lien établi entre ces prêts et le rééchelonnement de la dette, le FMI et la Banque mnondiale sont devenus la cheville ouvrière du systène de financement du développement, et l'aide financière hors projets a pris une place de plus en plus importante dans les opérations multilatérales et bilatérales. 131. Il est généralement admis que beaucoup de pays en développement doivent procéder à un ajustement radical et à des réformes profondes pour relancer la croissance et engager un processus de développement durable, notamment en privilégiant un secteur d'exportation dynamique et compétitif. Toutefois, les progrès accomplis en matière d'ajustement et de relance ont été ambivalents. Dans de nombreux pays qui avaient exécuté des programmes d'ajustement structurel, la réduction de l'inflation et des déficits extérieurs a été réalisée au prix de reculs de l'investissement et de la croissance. D'autre part, les programmes d'ajustement ont eu des conséquences sociales négatives dans plusieurs pays, sous l'effet de la récession économique et de compression des dépenses sociales de l'Etat. Différents avis ont été exprimés quant aux types de politiques et de moyens pouvant amener des transformations de structure et quant au rythme de leur application. On a en outre fait observer qu'il faut prêter une attention particulière à l'environnement économique et social de chaque pays et à l'interaction des mesures visant à provoquer une réforme à plus long terme avec les objectifs d'un équilibre macro-économique à court terme J21./. 132. Du fait de la liaison établie entre les prêts à l'ajustement de la Banque mondiale et les mécanismes du FMI, la double conditionnalité s'est beaucoup développée de manière informelle, surtout dans les pays à faible revenu où les deux institutions utilisent la même variable de politique économique dans leurs programmes. Cette pratique a suscité des inquiétudes quant à la possibilité d'une pression concertée sur le pays emprunteur et à l'apparition d'une sorte de "cartellisation" des prêteurs. On a craint également une extension progressive du contrôle du Fonds sur les prêts de la Banque, ce qui risquerait de causer des retards excessifs dans le versement de l'aide financière. b) Les besoins de ressources financières dans les années 90 133. Pendant les années 90, le système de coopération financière internationale devra faire face à un certain nombre de problèmes majeurs. L'un des objectifs prioritaires est de soutenir les efforts visant à favoriser la reprise de la croissance et la stabilité macro-économique dans les pays en développement surendettés. Il supposerait à la fois une réforme de politique

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liquidité de 36 milliards de dollars par an en moyenne, chiffre légèrement<br />

supérieur à celui des paiements du service de la dette effectués par tous les<br />

pays en développement ayant eu récemment des difficultés à assurer ce service.<br />

130. En même temps, les prêts à l'ajustement se sont beaucoup développés, un<br />

volume croissant d'aide extérieure, y compris le rééchelonnement de la dette,<br />

devenant subordonné à la performance macro-économique et à des réformes de<br />

structure dans les pays bénéficiaires. Dans l'évolution des prêts à<br />

l'ajustement et le dialogue de politique économique qui leur était associé, un<br />

certain nombre de questions fondamentales ont été posées quant à la portée de<br />

ce dialogue et aux conditions nécessaires pour en assurer le succès. Par le<br />

processus de prêts à l'ajustement et le lien établi entre ces prêts et le<br />

rééchelonnement de la dette, le FMI et la Banque mnondiale sont devenus la<br />

cheville ouvrière du systène de financement du développement, et l'aide<br />

financière hors projets a pris une place de plus en plus importante dans les<br />

opérations multilatérales et bilatérales.<br />

131. Il est généralement admis que beaucoup de pays en développement doivent<br />

procéder à un ajustement radical et à des réformes profondes pour relancer la<br />

croissance et engager un processus de développement durable, notamment en<br />

privilégiant un secteur d'exportation dynamique et compétitif. Toutefois, les<br />

progrès accomplis en matière d'ajustement et de relance ont été ambivalents.<br />

Dans de nombreux pays qui avaient exécuté des programmes d'ajustement<br />

structurel, la réduction de l'inflation et des déficits extérieurs a été<br />

réalisée au prix de reculs de l'investissement et de la croissance. D'autre<br />

part, les programmes d'ajustement ont eu des conséquences sociales négatives<br />

dans plusieurs pays, sous l'effet de la récession économique et de compression<br />

des dépenses sociales de l'Etat. Différents avis ont été exprimés quant aux<br />

types de politiques et de moyens pouvant amener des transformations de<br />

structure et quant au rythme de leur application. On a en outre fait observer<br />

qu'il faut prêter une attention particulière à l'environnement économique et<br />

social de chaque pays et à l'interaction des mesures visant à provoquer une<br />

réforme à plus long terme avec les objectifs d'un équilibre macro-économique<br />

à court terme J21./.<br />

132. Du fait de la liaison établie entre les prêts à l'ajustement de la Banque<br />

mondiale et les mécanismes du FMI, la double conditionnalité s'est beaucoup<br />

développée de manière informelle, surtout dans les pays à faible revenu où les<br />

deux institutions utilisent la même variable de politique économique dans<br />

leurs programmes. Cette pratique a suscité des inquiétudes quant à la<br />

possibilité d'une pression concertée sur le pays emprunteur et à l'apparition<br />

d'une sorte de "cartellisation" des prêteurs. On a craint également une<br />

extension progressive du contrôle du Fonds sur les prêts de la Banque, ce qui<br />

risquerait de causer des retards excessifs dans le versement de l'aide<br />

financière.<br />

b) Les besoins de ressources financières dans les années 90<br />

133. Pendant les années 90, le système de coopération financière<br />

internationale devra faire face à un certain nombre de problèmes majeurs.<br />

L'un des objectifs prioritaires est de soutenir les efforts visant à favoriser<br />

la reprise de la croissance et la stabilité macro-économique dans les pays en<br />

développement surendettés. Il supposerait à la fois une réforme de politique

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