HUITIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE Rapport ... - Unctad

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05.07.2013 Views

- 31 - En revanche, dans les pays créanciers, les lois et réglementations nationales pourraient être mises plus efficacement à profit pour favoriser une réduction appropriée de la dette et de son service 11/. b) Dette bilatérale publique 107. La dette bilatérale publique a triplé ces dix dernières années. Ayant atteint 318 milliards de dollars en 1990, elle représentait environ un tiers de l'encours total de la dette des pays en développement, contre un quart en 1980. Son importance croissante est imputable dans une large mesure aux opérations de restructuration de la dette en cours : reprise par des organismes de garantie publics de créances détenues par des créanciers privés, capitalisation des intérêts en relation avec les rééchelonnements, accumulation des arriérés d'intérêts et emprunts bilatéraux dans le cadre du plan Brady. Toutefois, ce gonflement aurait été un peu plus fort si les pays débiteurs (pour la plupart des pays à faible revenu) n'avaient pas bénéficié, conformément à la résolution 165 (S-IX) du Conseil du commerce et du développement, de l'annulation de quelque 11 milliards de dollars de dette d'APD contractée auprès des pays membres du CAD pendant la période 1978-1990. 108. Depuis le début de la crise de la dette, la fréquence des réunions du Club de Paris (où se fait généralement le rééchelonnement de la dette due à des gouvernements des pays membres de l'OCDE) n'a cessé d'augmenter : 21 accords par an en moyenne ont été conclus en 1989-1990, contre 16 les six années précédentes. La moyenne annuelle des montants consolidés est passée de 5 milliards de dollars en 1984-1985 à 17 milliards en 1989-1990. La plupart des pays sollicitant un rééchelonnement se sont adressés à plusieurs reprises au Club de Paris. Cette accélération des rééchelonnements de la dette publique témoigne de la persistance des problèmes rencontrés par de nombreux pays débiteurs et aussi par la vision à court terme adoptée par le Club de Paris, selon laquelle la période de consolidation (celle où les paiements du service de la dette à rééchelonner viennent à échéance) était le plus souvent, jusqu'à une date récente, de 12 à 18 mois. En outre, le service de la dette dû sur les montants précédemment rééchelonnés représentait une proportion croissante du montant consolidé, ce qui prouvait que les modalités des accords de rééchelonnement initiaux n'étaient pas celles qui convenaient. D'ailleurs, parmi les pays demandant un rééchelonnement figuraient plusieurs pays nouveaux - 12 depuis 1988, soit beaucoup plus que le nombre de débiteurs ayant pu s'émanciper des opérations du Club de Paris ces dernières années. Pour la plupart des pays sollicitant un rééchelonnement, l'allégement de la dette consenti par le Club de Paris est devenu la principale source de financement extérieur exceptionnel. 109. Le Club de Paris a beaucoup amélioré ses méthodes depuis quelques années, tout particulièrement à la suite de l'Accord de Toronto de juin 1988 qui a offert aux créanciers publics toute une gamme d'options touchant la dette bilatérale publique des pays à faible revenu 12/ : remise partielle du service de la dette; prolongation des périodes de remboursement; taux d'intérêt privilégiés. L'Accord de Toronto a marqué un grand progrès dans la stratégie de la dette, en ce sens que, pour la première fois, les gouvernements des pays créanciers ont admis la nécessité d'un allégement à des conditions de faveur pour une dette publique qui elle-même, n'avait pas été contractée à des conditions de faveur.

- 32 - 110. La mise en oeuvre des options de Toronto a fait apparaître un certain nombre de lacunes. L'allégement qu'elles permettent est extrêmement limité. Le total de l'élément de libéralité, pour les trois options est de 20 %, soit un tiers de l'élément de libéralité moyen qui s'attache aux nouveaux engagements de prêts publics récemment accordés aux pays à faible revenu fortement endettés 13/. 111. Autre raison du peu d'effets des mesures : seuls peuvent être pris en compte les paiements au titre du service de la dette dont l'échéance tombe pendant les courtes périodes de consolidation, si bien qu'il faut toujours recourir à des rééchelonnements en cascade, qui prennent du temps. En outre, des créanciers ont financé le coût des mesures d'allégement de la dette en prélevant des fonds sur leur budget d'aide, ce qui a atténué le caractère additionnel des mesures de Toronto. 112. Reconnaissant de plus en plus l'insuffisance des conditions de Toronto, quelques créanciers du Club de Paris ont été amenés à envisager des propositions audacieuses pour donner un souffle nouveau au principe d'une réduction de la dette des pays à faible revenu. À la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, en septembre 1990, les Pays-Bas ont demandé l'annulation de la totalité de la dette bilatérale publique des PMA et autres pays à faible revenu lourdement endettés. Peu après, à la Réunion des ministres des finances du Commonwealth tenue à Trinité-et-Tobago, le Royaume-Uni a proposé que les créanciers du Club de Paris annulent en une seule fois les deux tiers de l'encours de la dette contractée par les pays remplissant les conditions requises, le solde étant rééchelonné sur 25 ans (y compris un délai de grâce de cinq ans) et les paiements d'intérêts capitalisés pendant les cinq premières années. De plus, le plan de remboursement serait établi en fonction de la capacité d'exportation du pays débiteur. Les critères d'admission au bénéfice de cet arrangement, appelés "conditions de Trinité-et-Tobago", seraient identiques aux conditions de Toronto. 113. Au Sommet de Londres, le Groupe des Sept est convenu de la nécessité d'adopter en faveur des pays les plus pauvres des mesures d'allégement supplémentaire "allant bien au-delà de l'allégement déjà accordé au titre de l'initiative de Toronto". Il reste cependant un certain nombre de questions à régler : - L'ampleur de la réduction de dette. La mise en oeuvre de la proposition du Royaume-Uni contribuerait beaucoup à concilier les obligations au titre du service de la dette de nombreux bénéficiaires éventuels et leur capacité de remboursement. Pour plusieurs bénéficiaires, toutefois, la charge de la dette serait encore trop lourde 14/. Les créanciers publics - ceux du Club de Paris et les autres - pourraient considérer une réduction des deux tiers de la dette comme un repère et prendre en faveur de ces pays des mesures supplémentaires telles qu'un pourcentage de réduction plus élevé (pouvant aller jusqu'à 100 %, comme le préconise la proposition néerlandaise) et une augmentation des apports d'APD. Pour certains pays, il faudrait en outre un refinancement à des conditions de faveur du service de la dette multilatérale, ainsi qu'une réduction des créances des banques commerciales;

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En revanche, dans les pays créanciers, les lois et réglementations nationales<br />

pourraient être mises plus efficacement à profit pour favoriser une réduction<br />

appropriée de la dette et de son service 11/.<br />

b) Dette bilatérale publique<br />

107. La dette bilatérale publique a triplé ces dix dernières années. Ayant<br />

atteint 318 milliards de dollars en 1990, elle représentait environ un tiers<br />

de l'encours total de la dette des pays en développement, contre un quart<br />

en 1980. Son importance croissante est imputable dans une large mesure aux<br />

opérations de restructuration de la dette en cours : reprise par des<br />

organismes de garantie publics de créances détenues par des créanciers privés,<br />

capitalisation des intérêts en relation avec les rééchelonnements,<br />

accumulation des arriérés d'intérêts et emprunts bilatéraux dans le cadre du<br />

plan Brady. Toutefois, ce gonflement aurait été un peu plus fort si les pays<br />

débiteurs (pour la plupart des pays à faible revenu) n'avaient pas bénéficié,<br />

conformément à la résolution 165 (S-IX) du Conseil du commerce et du<br />

développement, de l'annulation de quelque 11 milliards de dollars de dette<br />

d'APD contractée auprès des pays membres du CAD pendant la période 1978-1990.<br />

108. Depuis le début de la crise de la dette, la fréquence des réunions du<br />

Club de Paris (où se fait généralement le rééchelonnement de la dette due à<br />

des gouvernements des pays membres de l'OC<strong>DE</strong>) n'a cessé d'augmenter :<br />

21 accords par an en moyenne ont été conclus en 1989-1990, contre 16 les<br />

six années précédentes. La moyenne annuelle des montants consolidés est passée<br />

de 5 milliards de dollars en 1984-1985 à 17 milliards en 1989-1990. La plupart<br />

des pays sollicitant un rééchelonnement se sont adressés à plusieurs reprises<br />

au Club de Paris. Cette accélération des rééchelonnements de la dette publique<br />

témoigne de la persistance des problèmes rencontrés par de nombreux pays<br />

débiteurs et aussi par la vision à court terme adoptée par le Club de Paris,<br />

selon laquelle la période de consolidation (celle où les paiements du service<br />

de la dette à rééchelonner viennent à échéance) était le plus souvent, jusqu'à<br />

une date récente, de 12 à 18 mois. En outre, le service de la dette dû sur les<br />

montants précédemment rééchelonnés représentait une proportion croissante du<br />

montant consolidé, ce qui prouvait que les modalités des accords de<br />

rééchelonnement initiaux n'étaient pas celles qui convenaient. D'ailleurs,<br />

parmi les pays demandant un rééchelonnement figuraient plusieurs pays nouveaux<br />

- 12 depuis 1988, soit beaucoup plus que le nombre de débiteurs ayant pu<br />

s'émanciper des opérations du Club de Paris ces dernières années. Pour la<br />

plupart des pays sollicitant un rééchelonnement, l'allégement de la dette<br />

consenti par le Club de Paris est devenu la principale source de financement<br />

extérieur exceptionnel.<br />

109. Le Club de Paris a beaucoup amélioré ses méthodes depuis quelques années,<br />

tout particulièrement à la suite de l'Accord de Toronto de juin 1988 qui a<br />

offert aux créanciers publics toute une gamme d'options touchant la dette<br />

bilatérale publique des pays à faible revenu 12/ : remise partielle du service<br />

de la dette; prolongation des périodes de remboursement; taux d'intérêt<br />

privilégiés. L'Accord de Toronto a marqué un grand progrès dans la stratégie<br />

de la dette, en ce sens que, pour la première fois, les gouvernements des pays<br />

créanciers ont admis la nécessité d'un allégement à des conditions de faveur<br />

pour une dette publique qui elle-même, n'avait pas été contractée à des<br />

conditions de faveur.

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