HUITIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE Rapport ... - Unctad

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05.07.2013 Views

- 11 - 35. Pendant la décennie écoulée, il y a eu un assouplissement général des restrictions à la possibilité, pour les résidents, d'emprunter à l'étranger, ainsi qu'à l'accès des non-résidents aux marchés financiers nationaux. En outre, de nombreux gouvernements ont encouragé leurs résidents à posséder des dépôts en devises dans les banques du pays. Cette libéralisation a beaucoup accéléré la substitution de devises étrangères à la monnaie nationale et, dans quantité de pays, les dépôts en devises ont fini par être supérieurs aux dépôts en monnaie nationale. 36. La libéralisation financière externe est parfois considérée comme un moyen d'accroître les capitaux disponibles et de faire baisser les taux d'intérêt dans le pays. Toutefois, il est possible de se procurer des ressources extérieures sans libéraliser le financement externe, par les voies officielles. En outre, l'emprunt illimité à l'étranger peut être dangereux, comme l'a amplement démontré l'expérience de quelques pays d'Amérique latine où le libre accès aux marchés des capitaux a déclenché une accumulation massive de dette extérieure privée, provoquant finalement des faillites et une crise financière généralisées. 37. Dans la plupart des pays en développement, l'instabilité monétaire et financière, de même que les incertitudes économiques et politiques, sont plus marquées que dans les pays développés. En outre, les carences structurelles de leurs établissements et marchés financiers font que les investissements dans leurs actifs financiers nationaux sont plus risqués que dans les pays développés. En conséquence, lorsqu'on laisse la concurrence s'exercer librement, il faut que les actifs en monnaie nationale offrent des taux d'intérêt réels nettement plus élevés que ceux des actifs libellés dans les principales monnaies convertibles. En outre, puisque les épargnants tendent à diversifier leurs portefeuilles dans une certaine mesure, quel que soit le taux d'intérêt offert, ils seront toujours enclins à placer une partie de leur épargne dans des monnaies et des pays plus sûrs. L'offre de taux d'intérêt encore plus élevés sur les actifs en monnaie nationale n'empêchera pas cette diversification; au contraire, elle peut être interprétée comme annonciatrice de perturbations et, par conséquent, accélérer la substitution de monnaies étrangères à la monnaie nationale et la fuite des capitaux. Les investisseurs étrangers sont souvent hypersensibles aux signes d'instabilité politique et économique, et un rapatriement soudain de l'épargne peut provoquer ou aggraver l'instabilité. 38. L'ouverture financière diminue "l'autonomie d'action", c'est-à-dire l'efficacité des instruments d'intervention dont un gouvernement dispose pour atteindre ses buts. La possibilité pour tout un chacun de passer de la monnaie nationale à des monnaies étrangères rend la politique monétaire plus hasardeuse et fait qu'il est moins facile de déconnecter les taux d'intérêt intérieurs de ceux qui sont pratiqués sur les marchés mondiaux. Il est impossible d'empêcher complètement la substitution des monnaies et les fuites de capitaux en imposant des restrictions si l'économie est en état de déséquilibre macro-économique et d'incertitude aigus sous l'effet de politiques erronées et/ou de chocs extérieurs. Mais la déréglementation peut les accélérer considérablement. Si les pays qui se trouvent dans des conditions macro-économiques et des situations de paiement analogues ne sont pas en proie à des fuites de capitaux de même ampleur, c'est souvent parce que le contrôle des capitaux et l'efficacité administrative dans l'application des restrictions diffèrent.

- 12 - 39. Le développement économique exige une certaine isolation financière, même si la stabilité est assurée et la croissance en cours. Tout à fait indépendamment des problèmes de contrôle sur la masse monétaire, le taux de change et la balance des paiements, l'incapacité d'un pays en développement de decoupler lui-même les taux d'intérêt au niveau national diminue singulièrement la marge de manoeuvre dont le gouvernement dispose pour faire de ses politiques financières une partie intégrante de sa politique d'industrialisation afin d'aider les entreprises nationales à surmonter leur handicap en matière de productivité sur les marchés internationaux. Si les entreprises des pays en développement doivent acquitter des taux d'intérêt réels supérieurs à ceux de leurs concurrents du monde développé, ils doivent recourir encore davantage aux dévaluations monétaires et aux réductions de salaires réels, ce qui ne peut que nuire à la stabilité macro-économique, à la productivité de la main-d'oeuvre et à la paix sociale. Il n'est donc pas surprenant que la plupart des pays d'Asie qui ont récemment réussi à s'industrialiser aient résisté aux pressions internationales visant à obtenir leur ouverture financière. h) Conclusions 40. Le rôle principal des politiques financières dans la mobilisation des ressources des pays en développement consiste à faire en sorte que les ressources soient réparties au coût le plus bas possible aux fins d'investissement dans les domaines ayant le taux de rendement social le plus élevé, sans pour autant diminuer le volume de ces ressources. Les considérations générales ne sont pas de mise quand il s'agit de savoir comment les politiques financières devraient être menées dans les différents pays, mais un certain nombre de facteurs demandent à être pris en considération : - La stabilité macro-économique est une nécessité, car l'instabilité conduit à l'incertitude, fait monter les taux d'intérêt et raccourcit les horizons temporels. La stabilité macro-économique exige notamment un resserrement du contrôle monétaire et une discipline financière plus rigoureuse dans les secteurs public et privé. En revanche, il ne faudrait pas user abondamment de la politique monétaire quand la stabilité des prix est perturbée par des chocs extérieurs; l'ajustement voulu devrait résulter d'une combinaison judicieuse de politiques budgétaires et monétaires, ainsi que de politiques des prix et des revenus, toutes fondées sur un large consensus social. Il est particulièrement important de se rappeler que la libéralisation financière n'est pas un remède contre la stagnation et l'instabilité; - Il convient de prêter une grande attention à l'organisation du système financier et du financement des entreprises, car elle a un rapport direct avec l'industrialisation, le développement et la stabilité. L'expérience montre qu'il n'y a pas un type unique de système financier qui convienne à tous les pays et à toutes les époques. Pour la plupart des pays en développement, un système de financement fondé sur les banques, banques d'affaires et banques de dépôts, paraît plus approprié que le système fondé sur les marchés des capitaux. Il se prête mieux à l'exercice d'un contrôle, considération importante puisqu'une intervention dans l'affectation des crédits est souvent nécessaire

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39. Le développement économique exige une certaine isolation financière, même<br />

si la stabilité est assurée et la croissance en cours. Tout à fait<br />

indépendamment des problèmes de contrôle sur la masse monétaire, le taux de<br />

change et la balance des paiements, l'incapacité d'un pays en développement de<br />

decoupler lui-même les taux d'intérêt au niveau national diminue<br />

singulièrement la marge de manoeuvre dont le gouvernement dispose pour faire<br />

de ses politiques financières une partie intégrante de sa politique<br />

d'industrialisation afin d'aider les entreprises nationales à surmonter leur<br />

handicap en matière de productivité sur les marchés internationaux. Si les<br />

entreprises des pays en développement doivent acquitter des taux d'intérêt<br />

réels supérieurs à ceux de leurs concurrents du monde développé, ils doivent<br />

recourir encore davantage aux dévaluations monétaires et aux réductions de<br />

salaires réels, ce qui ne peut que nuire à la stabilité macro-économique, à la<br />

productivité de la main-d'oeuvre et à la paix sociale. Il n'est donc pas<br />

surprenant que la plupart des pays d'Asie qui ont récemment réussi à<br />

s'industrialiser aient résisté aux pressions internationales visant à obtenir<br />

leur ouverture financière.<br />

h) Conclusions<br />

40. Le rôle principal des politiques financières dans la mobilisation des<br />

ressources des pays en développement consiste à faire en sorte que les<br />

ressources soient réparties au coût le plus bas possible aux fins<br />

d'investissement dans les domaines ayant le taux de rendement social<br />

le plus élevé, sans pour autant diminuer le volume de ces ressources.<br />

Les considérations générales ne sont pas de mise quand il s'agit de savoir<br />

comment les politiques financières devraient être menées dans les différents<br />

pays, mais un certain nombre de facteurs demandent à être pris en<br />

considération :<br />

- La stabilité macro-économique est une nécessité, car l'instabilité<br />

conduit à l'incertitude, fait monter les taux d'intérêt et raccourcit<br />

les horizons temporels. La stabilité macro-économique exige notamment<br />

un resserrement du contrôle monétaire et une discipline financière plus<br />

rigoureuse dans les secteurs public et privé. En revanche, il ne<br />

faudrait pas user abondamment de la politique monétaire quand la<br />

stabilité des prix est perturbée par des chocs extérieurs; l'ajustement<br />

voulu devrait résulter d'une combinaison judicieuse de politiques<br />

budgétaires et monétaires, ainsi que de politiques des prix et des<br />

revenus, toutes fondées sur un large consensus social. Il est<br />

particulièrement important de se rappeler que la libéralisation<br />

financière n'est pas un remède contre la stagnation et l'instabilité;<br />

- Il convient de prêter une grande attention à l'organisation du système<br />

financier et du financement des entreprises, car elle a un rapport<br />

direct avec l'industrialisation, le développement et la stabilité.<br />

L'expérience montre qu'il n'y a pas un type unique de système financier<br />

qui convienne à tous les pays et à toutes les époques. Pour la plupart<br />

des pays en développement, un système de financement fondé sur les<br />

banques, banques d'affaires et banques de dépôts, paraît plus approprié<br />

que le système fondé sur les marchés des capitaux. Il se prête mieux à<br />

l'exercice d'un contrôle, considération importante puisqu'une<br />

intervention dans l'affectation des crédits est souvent nécessaire

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